Les philosophes de la haute antiquité n’arrivaient point à l’incertitude et au doute, encore moins les Chrétiens qui ont embrassé la philosophie véritable, et auxquels l’Écriture impose l’obligation de chercher et d’examiner, afin de découvrir où est la vérité. Mais les philosophes modernes de la Grèce, emportés par le désir de la vaine gloire, n’aboutissent, dans leurs éternelles discussions, qu’à une stérile loquacité. Contemplez, au contraire, la philosophie barbare. Repoussant, dès l’origine, tout esprit de contention, « cherchez, dit-elle, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira ; demandez, et il vous sera donné. » Or, le discours qui procède par interrogations et par réponses frappe, si je ne me trompe, à la porte de la vérité au moyen de l’investigation et de l’examen. La barrière qui faisait obstacle à l’esprit est-elle tombée, alors s’engendre la contemplation scientifique. Oui, la porte s’ouvre devant ceux qui frappent avec ces dispositions. Oui, Dieu récompense, par le don sacré de la connaissance et de la compréhension auxquelles ils aspirent, les hommes qui l’interrogent ainsi sur les Écritures. Leur intelligence s’illumine des lumières qui résultent de l’examen. Impossible, en effet, de trouver sans chercher ; de chercher sans examiner ; d’examiner sans écarter les ombres et les voiles, afin que l’investigation mette en évidence l’objet de ses recherches ; impossible enfin de s’appliquer à de scrupuleuses investigations sans recevoir le prix de ses efforts, c’est-à-dire la connaissance de la vérité qui motivait l’examen. Ainsi donc, à celui qui cherche, de trouver ; mais aussi à celui qui est préalablement convaincu qu’il ne sait pas, de chercher ! Conduit par un tendre et saint désir vers la beauté, il la cherche avec amour, sans contestations jalouses, fermant son cœur aux suggestions de la vaine gloire, interrogeant, répondant, et pesant avec attention les arguments qui lui sont donnés. Cette marche méthodique est rigoureusement nécessaire, non pas seulement dans l’étude des saintes Écritures, mais même dans les connaissances les plus vulgaires, afin que la découverte aboutisse à quelque résultat dont l’utilité soit incontestable. Renvoyons à un autre théâtre et aux oreilles de la multitude ces hommes de bruit et de vanité dont la bouche ne connaît qu’un flux de paroles digne des places publiques. Tel n’est pas le disciple et l’ami de la vérité. Pacifique, et totalement dégagé de lui-même dans les recherches qui ont pour résultat la démonstration scientifique, il n’apporte à la compréhension de la vérité d’autre passion que le désir de la connaître.