Les amis de M. Edwards souhaitaient depuis longtemps voir un certain nombre de ses manuscrits publiés, mais les limitations inhérentes à toute publication posthume, ainsi que la difficulté de faire imprimer un ouvrage tant soit peu étendu dans notre jeune nation, ont longtemps eu raison de ce projet. Quant au premier obstacle, je me suis souvent demandé, et longtemps après que les manuscrits eussent été remis entre mes mains, si, gardien de l’honneur de mon glorieux ancêtre, je pourrais jamais tolérer qu’un seul d’entre eux paraisse tel quel devant la critique du monde. Me défiant toutefois de mes sentiments personnels, et incertain que mon zèle filial ne soit par trop excessif, j’ai voulu demander leur opinion à des amis, à la fois du caractère de M. Edwards et de la vérité : leur réponse a été en faveur d’une publication.
Quant au second obstacle, il a été ôté par un membre de l’Église d’Écosse, ancien correspondant de M. Edwards. Il a chargé un éditeur-libraire de cette entreprise, et lui a en particulier demandé de publier les pages qui suivent.
M. Edwards avait imaginé un ouvrage théologique d’un nouveau genre, sous la forme d’une histoire en deux parties ; dans la première il montrerait comment les événements les plus remarquables, survenus entre la chute et le temps actuel, rapportés dans les Écritures et la littérature profane, on tous concouru à préparer la Rédemption ; dans la seconde il utiliserait la prophétie pour poursuivre l’histoire de la Rédemption jusqu’à la fin du monde. M. Edwards était si enthousiasmé par ce plan, qu’il avait hésité beaucoup à accepter la présidence du Collège de Princeton, de peur que ses nouvelles obligations l’empêchent de l’exécuter.
Les linéaments de cet ouvrage sont ici proposés au public, tel qu’ils se trouvent dans une série de sermons, prêchés à Norhampton en 1739, sans intention de les voir livrés à la presse. Le lecteur voudra donc bien ne pas en attendre toute la finition que leur aurait donné l’auteur, s’il les avait écrits dans ce but.
Pour ce qui est de la qualité littéraire, considérée aujourd’hui comme si essentielle à toute publication, il est bien connu que M. Edwards ne s’en est jamais trop soucié. Toutefois, ses autres livres, bien que dépourvus des raffinements du langage, semblent posséder un solide mérite, qui leur a valu une réputation considérable. Nous espérons donc que chacun retrouvera dans celui-ci, à la fois bon sens, logique serrée, érudition scripturaire, et sincère piété. Que de plus, le plan étant inédit et les vues originales, le lecteur curieux et pieux prenne plaisir à le méditer, se fortifiant dans la foi générale en la sainte religion chrétienne, et en ses doctrines propres, et que stimulé dans son étude des livres historiques et prophétiques de la Bible, sa conversation en devienne débordante de l’Évangile.
Puisse ce volume procurer de tels heureux bénéfices à tous ceux qui le liront attentivement, c’est le désir profond et la prière de votre très humble serviteur,
New Haven, 25 février 1773
Jonathan Edwards Junior