Histoire des Dogmes I — La Théologie Anténicéenne

Avant-propos

Ce volume est le premier d’une Histoire des dogmes dans l’antiquité chrétienne qui devait, dans le principe, être complète en un seul volume, mais que l’importance et l’abondance des matières ont obligé à diviser en trois parties. L’empressement que l’on a mis à réclamer ce premier volume m’a décidé à ne pas attendre, pour le faire imprimer, que les autres fussent prêts. Il traite d’ailleurs d’une période nettement délimitée, et constitue un tout, à la rigueur, indépendant.

La méthode adoptée dans sa composition est la méthode que j’appelle plus loin synthétique : c’est-à-dire que j’ai suivi généralement et le plus possible l’ordre des temps, en exposant à la fois toute la doctrine d’une période déterminée de la vie de l’Église, et en menant de front, pour ainsi dire, l’histoire de tous les dogmes. Cette méthode a, je le sais, l’inconvénient de contraindre les théologiens — qui désirent au contraire posséder sur un sujet déterminé les textes groupés ensemble — à parcourir, pour trouver ces textes, le volume entier. Mais, outre que cet inconvénient est inévitable, si l’on ne veut pas procéder par monographies détachées, j’y ai remédié, dans une bonne mesure, en plaçant à la fin du volume une table analytique qui permettra d’établir en peu de temps, sur tel ou tel point de doctrine, la suite des témoignages et de l’enseignement des trois premiers siècles.

Quelques personnes auraient souhaité que les textes cités le fussent toujours d’après les Patrologies grecque et latine de Migne, et avec l’indication de la page ou de la colonne qu’ils occupent. C’est un assujettissement que je n’ai pas cru devoir m’imposer. Pour utiles et précieuses que soient les éditions de Migne, elles ne sont pas toujours irréprochables ni même suffisantes, et l’indication des pages est bien superflue, dès que les ouvrages cités sont divisés en numéros assez courts. On trouvera d’ailleurs cette indication chaque fois qu’elle sera vraiment nécessaire ou utile.

[Note ThéoTEX : Il est d’autant moins nécessaire dans notre réédition d’indiquer les références précises des citations de textes anciens qu’on peut les retrouver immédiatement avec la fonction recherche de Google Books, entre autres ; nous n’avons donc pas reproduit la totalité de celles que l’édition originale porte en bas de pages. De même, la table analytique, ou index alphabétique, n’a plus de raison d’être avec un fichier numérique, et le travail demandé pour l’adapter à la nouvelle édition papier, n’aurait pas été justifié.

L’ouvrage de Tixeront fourmille de citations grecques et latines, parce qu’il écrivait dans un siècle où les théologiens sérieux étaient censés lire couramment les langues anciennes des humanités, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Cependant, d’une part, l’auteur en donne généralement le sens résumé en français, d’autre part, les services de traduction automatique et gratuite qui existent sur internet (translate.google notamment) sont suffisamment performants pour qu’un lecteur intéressé, mais sans grandes connaissances du grec et du latin, puisse deviner en grande partie le contenu d’une citation. Les vérifier toutes ralentira considérablement la lecture, mais cela n’est nullement nécessaire pour comprendre la marche du livre.]

Une note, placée au début des chapitres ou des paragraphes, énumérera les principaux travaux relatifs à l’auteur ou au sujet dont il s’agit. Il sera aisé de compléter ces listes en consultant le Répertoire des sources historiques du moyen âge, Biobibliographie, de M. Ulysse Chevalier, et la Geschichte der altkirchlichen Literatur de M. O. Bardenhewer. J’en ai exclu généralement, et sauf exception, les ouvrages un peu anciens, les simples articles de revues, et les articles aussi des dictionnaires qui sont naturellement toujours à consulter, tels que le Dictionnaire de théologie catholique, le Kirchenlexikon, la Realencyklopädie fur protestantische Theologie und Kirche, le Dictionary of Christian Biography, etc. Je me suis seulement montré un peu plus large pour les travaux français. Quant aux histoires des dogmes proprement dites, les plus importantes et les plus connues sont signalées au § 3 de l’Introduction.

La lecture de ces écrits, ou du moins de quelques-uns d’entre eux, m’a été évidemment fort utile ; mais elle n’a jamais été pour moi qu’un préliminaire à l’inspection des textes eux-mêmes. Quel que soit le jugement qu’il en porte et qu’elles lui semblent exactes ou erronées, le lecteur de ce volume est donc assuré que les analyses et les appréciations qu’il y trouvera reposent sur un examen personnel et direct des documents. C’est à eux, en définitive, qu’il en faut toujours revenir et c’est à faciliter leur étude que ce livre est surtout destiné. On ne verra donc pas dans ces pages un ouvrage complet et se suffisant à lui seul, mais bien un instrument pour des travaux ultérieurs, et un guide dans l’étude des monuments doctrinaux que nous a transmis l’antiquité chrétienne.

Lyon, décembre 1904

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