L’auteur de cet ouvrage est l’évangéliste américain bien connu Reuben A. Torrey qui, au début de ce siècle, a été entre les mains de Dieu l’instrument de nombreux réveils à travers le monde.
Homme ferme et sans détours, bourru de manières, saisissant les foules par sa logique irréfutable et le solide fondement scripturaire de ses enseignements, Torrey refusa toujours de laisser écrire sa biographie par crainte de détourner au profit de l’homme quelque chose de la gloire qui ne revient qu’à Dieu
Nous nous bornerons donc à dire que, reçu Docteur en Théologie, il fut consacré à l’âge de vingt-deux ans dans une église congrégationaliste, puis partit pour l’Allemagne après quatre ans de ministère afin d’y compléter et approfondir ses études. Il y fut séduit quelque temps par la théologie nouvelle et par l’apparence et les prétentions scientifiques de la critique moderne, mais il reconnut bientôt que l’ancienne et simple conception absolument évangélique du christianisme est la seule qui change la vie, apporte la pleine, satisfaction de l’intelligence et du cœur, et soit efficace pour triompher du péché.
Il a résumé lui-même son message en disant : « Je prêche quatre grandes vérités : je prêche la Bible entière, de la première à la dernière page, acceptant tout et ne rejetant rien ; —je prêche la doctrine de l’expiation, c’est-à-dire le salut par la puissance du sang de Jésus-Christ ; —je prêche que le Saint-Esprit est une personne ; —je prêche la puissance de la prière. »
A son retour d’Allemagne, il fonde à Minneapolis une église congrégationaliste, mais semble appelé au ministère d’évangéliste plutôt qu’à celui de pasteur {Eph 4.11} et organise dans cette ville même, pendant six ans des réunions dans de vastes salles et dans des théâtres. Ce travail lui vaut l’affection du célèbre évangéliste Moody qui l’appelle, en 1889, à diriger son Institut biblique de Chicago. Cinq ans plus tard une importante église de Chicago le place à sa tête ; déjà florissante, elle prend entre ses mains un splendide essor. Tout en menant de front ces deux activités, il consacre chaque année cinq mois à de grandes tournées d’évangélisation, au cours desquelles des centaines d’âmes entrent dans la vie et la joie du Seigneur.
En 1898, un petit groupe de chrétiens commence à se réunir à l’Institut biblique, le samedi soir, de 9 à 10 heures, pour prier, leur nombre s’accroît progressivement jusqu’à ce que trois à quatre cents personnes s’assemblent chaque semaine pour demander à Dieu un grand réveil mondial. Ce fardeau devint si lourd, au cœur du Dr Torrey et de quelques autres, qu’après cette réunion ils continuaient, en petit comité, à crier à Dieu jusque tard dans la nuit. Une nuit, le Dr Torrey se surprit, au sein de ce petit noyau, à prier Dieu de l’envoyer prêcher l’Evangile autour du monde afin que des milliers d’âmes se donnent à Christ en Chine, au Japon, en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Tasmanie, aux Indes, en Angleterre, en Ecosse, en Irlande, en Allemagne et en Amérique même. Cette prière pouvait sembler insensée de la part d’un homme placé à la tête d’une importante église et directeur d’un Institut biblique, mais le Seigneur n’allait pas tarder à la justifier. Moins d’une semaine après, l’exaucement survint, aussi extraordinaire que la prière elle-même. A l’issue d’une réunion de prière de son église, Torrey fut abordé par deux étrangers qui, au nom des églises unies de Melbourne, l’invitèrent à entreprendre là-bas une campagne de réveil. Depuis plusieurs mois on les avait envoyés à la recherche d’un homme qui put mener une telle campagne et ils étaient maintenant persuadés d’avoir trouvé en Torrey le serviteur que Dieu avait désigné.
Saisi d’un si prompt exaucement, Torrey hésita, objecta l’impossibilité où il était de délaisser ses responsabilités à Chicago, mais la réponse fut catégorique : « Vous viendrez. Nous vous y amènerons par la prière ».
Effectivement, après quelques mois, le Dr Torrey reçut un télégramme par lequel on lui demandait de câbler sa réponse ; de cette réponse, affirmative, allait dépendre le destin éternel de près de cent mille âmes !
C’est en Avril 1902 que le Dr Torrey et son compagnon, le chanteur Charles M. Alexander, commençaient cette mission à Melbourne au cours de laquelle, en quatre semaines, huit mille âmes se donnèrent à Jésus Christ. Pendant six mois, ils passèrent de ville en ville jusqu’à ce que l’Australie entière fut évangélisée et l’Eglise australienne, sanctifiée tout à nouveau.
Mais la semence d’une moisson plus grande encore allait être jetée parmi cette population exultante de la joie du salut. Torrey avait déjà publié le présent ouvrage qui rassemble une série d’instructions familières destinées à introduire des réunions de prière et dans lequel revient à plusieurs reprises une locution merveilleusement expressive et malheureusement intraduisible : « Pray through ». Cette expression évoque le forage d’un tunnel ou le lent travail d’un outil qui perce une plaque d’acier. « To pray through » c’est prier avec cette persévérance inlassable qui use l’obstacle, avec cette puissance irrésistible qui se fraye un passage au travers de montagnes de difficultés, jusqu’à se faire jour de l’autre côté sur le pur azur de la communion avec Dieu, là où tous les exaucements sont rendus possibles.
Une dame de Melbourne ayant lu ce livre, fut saisie par la force de l’expression et commença à organiser ses amis en cercles de prière déterminés à prier ainsi. Le mouvement s’étendit à travers la ville et bientôt il y eut, à Melbourne, plus de mille sept cents de ces cercles. Peu après, cette dame rentra en Angleterre. et y rapporta l’histoire des groupes de prière. L’idée fut adoptée avec enthousiasme et bientôt l’Angleterre et l’Irlande en furent aussi parsemées. En 1904, il y avait, à travers le monde, trente mille chrétiens dont la prière quotidienne était « Réveille ton œuvre, ô Dieu ! ». C’est certainement là le principal secret du merveilleux réveil qui éclata au pays de Galles et des grands mouvements de l’Esprit qui produisirent d’authentiques réveils de Pentecôte à travers de monde vers cette époque. De proche en proche, des invitations parvinrent au Dr Torrey et c’est ainsi qu’il parcourut effectivement la Chine, le Japon, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, la Tasmanie, l’Inde, puis l’Angleterre, l’Irlande, l’Ecosse, le Pays de Galles, pour finalement atteindre l’Amérique, soit à peu près exactement le plan qu’il s’était tracé dans cette prière des premières heures d’un certain dimanche matin !
On comprendra maintenant pour quelles raisons il nous a paru que c’est par cet ouvrage qu’il convenait d’inaugurer la série des publications de la Mission « Prière et Réveil », dont le but est d’aider par tous les moyens à l’éclosion d’un réveil, encore plus impérieusement nécessaire à notre époque qu’il pouvait l’être il y a cinquante ans.
Au début de ce siècle, une traduction française, libre et abrégée de cet ouvrage, a déjà été donnée en Suisse par le pasteur Ed. Thouvenot, mais les deux éditions parues en sont depuis fort longtemps épuisées. Nous avons voulu donner ici un texte nouveau, aussi près que possible de l’original dont nous reproduisons les répétitions et les accumulations d’arguments. Qu’on veuille bien nous en excuser. Nous ne prétendons pas faire œuvre littéraire, mais nous avons voulu respecter la forme même d’expression du Dr Torrey qui, si elle est empreinte du génie particulier à la langue anglaise, est plus encore marquée du sceau de l’Esprit qui inspire l’auteur. Celui-ci ne se propose pas, en effet, d’écrire un traité édifiant sur la prière, mais de fournir aux chrétiens, à partir de la Parole de Dieu, des mobiles puissants qui les incitent à prier avec foi et persévérance, selon la ligne même des desseins de Dieu.
Nous pensons que Dieu peut à nouveau se servir de ce livre pour susciter, parmi les chrétiens de langue française, un mouvement analogue à ceux qu’il a déjà suscités à travers le monde, et c’est la prière que nous formons au moment où nous le mettons entre les mains du public.
SEPTEMBRE 1948.
« PRIERE ET REVEIL ».