Comment prier

I – IMPORTANCE DE LA PRIÈRE

Au sixième chapitre de l’épître aux Ephésiens, verset 18, {Eph 6.18} nous lisons des paroles qui mettent en évidence l’extrême importance de la prière avec une force qui nous saisit et nous subjugue :

« Faites en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications. Veillez à cela avec une entière persévérance, et priez pour tous les saints. »

L’enfant de Dieu avisé qui s’arrête pour peser le contenu des mots et pour considérer le contexte est poussé à s’écrier : « Je dois prier, prier, prier. Je dois mettre toute mon énergie et tout mon cœur à la prière. Quoi que je fasse d’autre, je dois prier. »

La version de Lausanne, {1} plus forte encore s’il est possible que la précédente, donne :

« Priant en tout temps dans l’Esprit, par toutes sortes de prières et de supplications, et veillant à cela avec toute persévérance et avec supplications au sujet de tous les saints. »

Remarquez les « en tout temps », « toutes sortes de prières », « avec toute persévérance », « pour tous les saints ». Notez l’accumulation et la répétition des mots « priant », « prières », « supplications », « persévérance », « supplications » encore. Pesez enfin la force de l’expression, « veillant à cela » : plus exactement « sans vous endormir ». Paul connaissait la paresse naturelle de l’homme spécialement dans le domaine de la prière. Comme il est rare que nous priions sans relâche jusqu’à l’exaucement final. {2} Que de fois il arrive qu’une église ou un individu parvienne dans la prière jusqu’aux abords immédiats d’une grande bénédiction et, à ce moment précis, laissant aller, tombe dans l’assoupissement et abandonne le combat ! Je souhaite que ces mots : « sans vous endormir », que le verset tout entier brûlent au-dedans de nos cœurs.

Mais pourquoi donc cette prière constante, persévérante, éveillée et victorieuse est-elle si nécessaire ?

1.—C’est avant tout parce que le diable existe.

Il est rusé, il est puissant, il ne s’accorde aucun repos, il est sans cesse en train de comploter contre l’enfant de Dieu pour le faire tomber, et si l’enfant de Dieu se relâche dans la prière, le diable réussira à le prendre au piège.

C’est la pensée même exprimée par le contexte. Nous lisons au verset 12 : {Eph 6.12} « parce que ce n’est pas contre le sang et la chair qu’est notre lutte, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les dominateurs universels des ténèbres de ce siècle, contre les puissances spirituelles de la méchanceté dans les lieux célestes ». (L.). Puis au verset 13 : {Eph 6.13} « C’est pourquoi, prenez l’armure complète de Dieu, afin que vous puissiez résister dans le mauvais jour, et, après avoir tout accompli, tenir ferme ». (L.). Suit alors une description des différentes parties de l’armure du chrétien que nous devons revêtir si nous voulons tenir bon contre le diable et ses puissants artifices. Enfin Paul couronne son exposé en disant au verset 18 {Eph 6.18}, qu’à tout le reste nous devons ajouter la prière constante, persévérante, infatigable et éveillée, prière dans l’Esprit-Saint sans laquelle tout le reste ne compte pas !

2.—Une seconde raison pour prier de cette manière constante, persévérante, éveillée et victorieuse est que la prière est le moyen établi par Dieu pour obtenir toute chose et que la cause secrète de toute lacune dans notre expérience, notre vie et notre travail est la négligence de la prière.

Jacques met ceci vigoureusement en évidence au chapitre 4 et au verset 2 de son épître : « Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas ». {Jas 4.2} Ces paroles nous révèlent la vraie cause de la pauvreté et de l’impuissance de la plupart des chrétiens : la négligence de la prière.

Maint enfant de Dieu se demande : « Pourquoi donc fais-je si peu de progrès dans la vie spirituelle ? »—Dieu répond : « Négligence de la prière, vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas ! ». Maint serviteur de Dieu se demande : « Pourquoi donc mon labeur porte-t-il si peu de fruit ? »—A nouveau Dieu répond : « Négligence de la prière. Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas. »

Maint moniteur d’Ecole du Dimanche se demande : « Pourquoi vois-je si peu de conversions parmi mes élèves ? » Et Dieu répond toujours : « Négligence de la prière. Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas. »

Pourquoi donc, se demandent ensemble les assemblées et leurs conducteurs, l’Eglise de Christ gagne-t-elle si peu de terrain sur l’incrédulité, l’erreur, le péché et la mondanité ?

Une fois de plus nous entendons Dieu répondre : « Négligence de la prière. Vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas ».

3.—Une troisième raison pour prier de cette manière constante, persévérante, éveillée et victorieuse est que les Apôtres, établis par Dieu pour servir de modèles aux Chrétiens, considéraient la prière comme l’affaire la plus importante de leur vie.

Quand les responsabilités de l’Eglise primitive commencèrent à se multiplier et à fondre en foule sur eux, « les douze ayant convoqué la multitude des disciples, dirent : Il ne convient pas que nous laissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Voyez donc, frères, parmi vous, sept hommes de bon témoignage, pleins d’Esprit saint et de sagesse, que nous établirons pour ce besoin. Quant à nous, nous persévérerons dans la prière et dans le service de la parole. » {Ac 6.2-4}, (L.).

D’après ce que Paul écrit aux assemblées et aux individus, relativement à ses prières pour eux, il est évident qu’une très grande partie de son temps, de sa force et de sa pensée était consacrée à la prière. {Ro 1.9-10 ; Eph 1.15-16 ; Col 1.9 ; 1Th 3.10 ; 2Ti 1.3}

Tous les hommes de Dieu puissants, en dehors même de ceux dont nous parle la Bible, ont été des hommes de prière. Ils ont différé les uns des autres en bien des choses, mais sur ce point ils se sont tous ressemblé.

4.—Mais il est une raison encore plus importante à cette prière constante, persévérante, éveillée et victorieuse. C’est que la prière a occupé une place de tout premier plan et joué un rôle capital dans la vie terrestre de notre Seigneur.

Prenons par exemple Mr 1.35. Nous lisons : « Le matin, pendant qu’il faisait encore très sombre, il se leva, et sortit pour aller dans un lieu désert, où « il pria ». La journée précédente avait été très remplie et très mouvementée, mais Jésus écourta les nécessaires heures de sommeil afin de se lever tôt pour s’adonner à la prière, plus impérieusement nécessaire encore.

Prenons encore Lu 6.12, où nous lisons : « En ce temps-là, Jésus se rendit sur la montagne pour prier, et il passa toute la nuit à prier Dieu ». Notre Sauveur trouvait donc nécessaire, en certaines circonstances, de consacrer une nuit entière à la prière.

Les mots « prier » et « prière » sont appliqués au moins vingt-cinq fois au Seigneur dans le récit abrégé de Sa vie que nous donnent les quatre Evangiles et le fait qu’il priât est mentionné en plusieurs endroits où ces mots ne figurent pas. De toute évidence, la prière absorbait une grande partie du temps et des forces de Jésus ; aussi un homme ou une femme qui ne consacre pas beaucoup de temps à la prière ne saurait être appelé à juste titre disciple de Jésus-Christ.

5.—Il est, à la prière constante, persévérante, éveillée et victorieuse, une autre raison qui semble plus puissante encore que la précédente ; la voici : la prière est la partie la plus importante du ministère actuel de notre Seigneur ressuscité.

Le ministère de Christ ne s’est par terminé à Sa mort. Là s’acheva seulement Son œuvre expiatoire, mais lorsqu’il ressuscita et fut élevé à la droite du Père, Il entreprit, à la place, une autre œuvre tout aussi importante pour nous que Son œuvre d’expiation. Cette œuvre ne peut être séparée de Son œuvre d’expiation ; elle repose sur celle-ci comme sur son fondement même, mais elle n’en est pas moins nécessaire à l’accomplissement de notre salut.

Nous lisons ce qu’est cette grande œuvre par laquelle Il conduit notre salut à son achèvement dans Heb 7.25 : « C’est aussi pour cela qu’il peut sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder en leur faveur ». Ce verset nous dit que Jésus est capable de nous sauver parfaitement, ce qui ne signifie pas seulement qu’il peut nous sauver de l’extrême perdition, mais jusqu’à l’extrême perfection, jusqu’à l’entière plénitude du salut, l’absolue sainteté, parce qu’il n’est pas mort seulement mais qu’il est aussi « toujours vivant ». Ce verset nous dit encore pour quel dessein Il vit maintenant et c’est « d’intercéder pour nous », de prier. La prière est Sa principale activité durant cette ère et c’est par Ses prières qu’il nous sauve chaque jour.

La même pensée se retrouve dans le remarquable et triomphant défi de Paul : « Qui accusera les élus de Dieu ? C’est Dieu qui justifie ! Qui les condamnera ? Christ est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous ! ». {Ro 8.34}

Si donc nous voulons être unis à Jésus-Christ dans son oeuvre actuelle, il nous faut passer beaucoup de temps en prière, nous consacrer à la prière sérieuse, constante, persévérante, éveillée et victorieuse. Rien ne m’a fait sentir aussi vivement combien il importe de prier en tout temps, d’être constamment en prière, que cette pensée : c’est la principale occupation présente de mon Seigneur ressuscité ! Pour moi, je veux être uni à Lui, et à cette fin j’ai demandé au Père, quels que puissent être Ses autres desseins à mon égard, de faire de moi en tout cas un intercesseur, un homme qui sache prier et qui consacre beaucoup de temps à la prière.

Ce ministère de l’intercession est un glorieux et puissant ministère et tous nous pouvons y avoir part. L’homme ou la femme retenus par la maladie loin des cultes publics peuvent y avoir part ; la mère de famille affairée, la femme qui doit gagner sa vie en lavant le linge des autres, peut y avoir part, elle peut faire monter ses prières pour les saints, pour son pasteur, pour les perdus et pour les missions lointaines tandis qu’elle se penche sur la lessive, savonne et rince, et la lessive n’en sera pas plus mal faite pour cela. L’homme d’affaires surmené peut aussi y avoir part et prier tout en se hâtant d’une obligation à l’autre. Mais il va sans dire que si nous voulons conserver cet esprit de constante prière, nous devons prendre le temps—et le prendre largement—de nous enfermer seuls avec Dieu dans le secret pour ne rien faire d’autre que prier.

6.—Une sixième raison pour prier d’une manière constante, persévérante, éveillée et victorieuse est que la prière est le moyen établi par Dieu pour nous permettre d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, d’être secourus dans nos besoins.

Heb 4.16 est l’un des versets les plus simples et les plus doux de la Bible. « Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins ». Ces paroles nous montrent clairement que Dieu a établi un moyen par lequel nous pouvons rechercher et obtenir miséricorde. Ce moyen est de nous approcher avec audace, confiance, hardiesse d’expression, du trône de la grâce, le lieu très saint de la Présence de Dieu, où notre compatissant Souverain Sacrificateur Jésus-Christ est entré pour nous. {Heb 4.14-15}

C’est de miséricorde que nous avons besoin, c’est la grâce qu’il nous faut obtenir, sinon toute notre vie et tous nos efforts aboutiront à une faillite totale. Or, la prière est le moyen d’obtenir l’une et l’autre. Il y a, à notre disposition, une infinie richesse de grâce que nous pouvons expérimentalement nous approprier par la prière. Oh ! si seulement nous nous représentions la plénitude de grâce divine mise en réserve pour que nous la demandions, sa hauteur, sa profondeur, sa largeur et sa longueur, je suis sûr que nous passerions plus de temps en prière car la mesure de grâce que nous nous approprions est à la mesure de nos prières.

Qui donc ne sent pas qu’il a besoin de plus de grâce ? Eh bien ! demandez-la donc ! Soyez constants et persévérants, soyez importuns et ne vous fatiguez pas de demander. Dieu prend plaisir à nous voir mendier sa grâce avec « effronterie » car cela montre notre foi en Lui. Or, la foi Le réjouit puissamment. A cause de notre « importunité », Il se lèvera et nous donnera tout ce dont nous avons besoin. {Lu 11.8} Nous ne connaissons, pour la plupart, que de petits ruisseaux de miséricorde et de grâce tandis que nous pourrions en connaître des fleuves débordants.

7.—La raison suivante en faveur de la prière constante, persévérante, éveillée et victorieuse est que la prière au nom de Jésus-Christ est le moyen que Jésus-Christ Lui-même a établi pour que ses disciples obtiennent la plénitude de la joie.

Il déclare cela en quelques paroles simples et belles : « Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom. Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite ». {Jn 16.24} Parfaite : pleine et entière ! Qui donc ne désire pas être tout entier rempli de joie ? Eh bien ! le moyen d’être tout rempli de joie, c’est de prier au nom de Jésus-Christ ! Nous connaissons tous des chrétiens qui sont remplis de joie, qui en sont même débordants, elle rayonne de leurs yeux, elle sort en bouillonnant de leurs lèvres et s’échappe de l’extrémité de leurs doigts quand ils vous serrent la main ; entrer en contact avec eux, c’est entrer en contact avec une machine électrique chargée d’allégresse. Eh bien ! les chrétiens de cette sorte sont toujours des chrétiens qui passent beaucoup de temps en prière.

Comment se fait-il que la prière au nom de Christ apporte une telle plénitude de joie ? C’est en partie parce que nous obtenons par elle ce que nous demandons. Mais ce n’est pas là la seule raison, ni même la principale. La prière nous révèle la réalité de Dieu. Quand nous demandons à Dieu quelque chose de précis et qu’il nous le donne, oh! combien Dieu devient réel ! Il est vraiment là ! C’est une bénédiction d’avoir un Dieu qui soit une réalité et non pas seulement une idée. Je me rappelle avoir été soudain et sérieusement saisi par la maladie alors que j’étais tout seul dans mon bureau. Je me laissai tomber à genoux et criai à Dieu pour qu’il me secourût. Instantanément toute douleur me quitta : j’étais parfaitement rétabli. Ce fut comme si Dieu se fut tenu là, debout et qu’ayant étendu la main il m’eût touché. La joie d’être guéri ne fut certes pas aussi intense que la joie de rencontrer Dieu.

Il n’y a pas, sur la terre ou dans le ciel, de joie plus grande que celle de la communion avec Dieu, et la prière au nom de Jésus nous met en communion avec Lui. Le psalmiste ne parlait sûrement pas seulement d’une bénédiction future, mais aussi d’une bénédiction présente quand il disait : « Il y a d’abondantes joies devant ta face ». {Ps 16.11} Oh ! la joie inexprimable de ces moments où, dans nos prières, nous nous introduisons jusqu’en la présence de Dieu !

« Je n’ai jamais connu une telle joie dans la prière », dites-vous ?

Prenez-vous assez le temps de prier pour parvenir réellement jusqu’en la présence de Dieu ? Et pendant le temps que vous y consacrez vous livrez-vous vraiment tout entier à la prière ?

8.—Une huitième raison pour prier d’une manière constante, persévérante, éveillée et victorieuse est que, dans tous les soucis, les angoisses et les besoins de l’existence, la prière avec actions de grâces est le moyen que Dieu a établi pour que nous obtenions la délivrance de toute anxiété et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence.

« Ne vous inquiétez de rien »—dit Paul—« mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ ». {Php 4.6-7} Pour beaucoup ceci semble à première vue la description d’une vie belle, certes, mais hors de la portée du commun des mortels. Il n’en est rien. Le verset nous dit comment cette vie peut être réalisée par tout enfant de Dieu : « Ne vous inquiétez de rien » ou encore « en aucune chose n’éprouvez de l’anxiété ». Le reste du verset nous dit comment, et c’est très simple : « Mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces ». Quoi de plus clair et de plus simple que cela ? Vous n’avez qu’à vous tenir constamment en contact avec Dieu et sitôt qu’une peine ou une contrariété grande ou petite se présente, parlez-Lui en sans jamais oublier de Lui rendre grâces pour ce qu’il a déjà fait. Quel en sera le résultat ? « La paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ ».

C’est merveilleux, et aussi simple que merveilleux ! Beaucoup en font l’expérience, Dieu soit béni. Ne connaissez-vous pas quelqu’un qui soit toujours serein ? Peut-être est-ce un homme très violent de son naturel, mais les difficultés, les conflits, les revers, les privations peuvent tourbillonner autour de lui, « la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, garde son cœur et ses pensées dans le Christ, Jésus ».

Nous connaissons tous de telles personnes. Comment s’y prennent-elles ?

Elles prient, voilà tout. Ces personnes qui connaissent la paix profonde de Dieu, l’insondable paix qui surpasse toute intelligence sont toujours des hommes et des femmes qui prient beaucoup.

Quelques-uns d’entre nous laissent une activité fiévreuse refouler la prière hors de leur vie. Et quelle perte de temps, d’énergie et de force nerveuse entraîne cette perpétuelle agitation ! Une nuit de prière nous épargnera beaucoup de nuits d’insomnie. Le temps passé en prière n’est pas du temps perdu, mais du temps placé à gros intérêts.

9.—Une neuvième raison pour prier d’une manière constante, persévérante, éveillée et victorieuse, est que la prière est la méthode établie par Dieu Lui-même pour que nous obtenions le Saint-Esprit.

Sur ce point, la Bible est très claire. Jésus dit : « Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le Lui demandent ». {Lu 11.13} Des hommes de notre époque, et d’excellentes personnes entre autres, nous disent : « Il ne faut pas prier pour obtenir le Saint-Esprit ». Mais que font-ils donc de la claire déclaration de Jésus-Christ : « à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le Lui demandent ? »

Il y a quelques années, comme j’avais annoncé une allocution sur le baptême du Saint-Esprit, un frère vint à moi et me dit d’un ton pénétré :

— Ayez bien soin de leur dire qu’il ne faut pas prier pour obtenir le Saint-Esprit.

— Je ne leur dirai certainement pas cela car Jésus déclare : « A combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le Lui demandent ».

— Oh ! oui, répliqua-t-il, mais c’était avant la Pentecôte.

— Et Actes 4.31 Etait-ce avant ou après la Pentecôte ?

— Après, bien sûr !—Eh bien ! lisez.

— « Quand ils eurent prié, le lieu où ils étaient assemblés trembla ; ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils annonçaient la Parole de Dieu avec assurance ».

— Après.

— Lisez s’il vous plaît.

— « Ceux-ci, arrivés chez les Samaritains, prièrent pour eux, afin qu’ils reçussent le Saint-Esprit ».

Il ne répondit rien. Qu’aurait-il pu répondre ? Il est clair comme le jour, dans la Parole de Dieu, qu’avant la Pentecôte et après, le premier baptême comme les expériences ultérieures de plénitude du Saint-Esprit furent accordés en réponse à la prière qui les réclamait d’une façon précise. L’expérience l’enseigne également.

Sans doute, beaucoup ont reçu le Saint-Esprit au moment même où ils se sont livrés à Dieu, avant d’avoir eu le temps de prier pour cela. Mais combien en est-il qui savent que leur première expérience précise du baptême du Saint-Esprit eut lieu tandis qu’ils étaient à genoux ou prosternés devant Dieu, seuls ou en compagnie d’autres frères et qui, maintes et maintes fois depuis lors, ont été remplis du Saint-Esprit tandis qu’ils priaient.

Je sais cela d’une manière aussi certaine que je sais que ma soif a été étanchée lorsque j’ai bu de l’eau. Un matin de bonne heure, dans la salle de prière de l’Eglise de l’Avenue de Chicago où plusieurs centaines de personnes avaient prié ensemble plusieurs heures durant, le Saint-Esprit descendit d’une manière si évidente et ce lieu fut si rempli de Sa présence que personne ne put plus parler ni prier mais qu’on n’entendit plus que des sanglots de joie. Des hommes quittèrent la salle pour différents endroits, prenant le train ce matin même, et des nouvelles nous revinrent bientôt d’effusions de l’Esprit de Dieu en réponse à la prière. D’autres se répandirent dans la ville et la bénédiction de Dieu reposa sur eux. Ceci n’est qu’un fait d’expérience personnelle parmi tous ceux que je pourrais citer. Si seulement nous passions plus de temps en prière, on verrait davantage dans notre travail la plénitude de la puissance de l’Esprit.

Bien des hommes qui naguère ont travaillé manifestement dans la puissance du Saint-Esprit remplissent aujourd’hui l’air de leurs exclamations creuses et l’agitent de leurs gesticulations vaines parce qu’ils ont laissé refouler la prière hors de leur vie. Si nous voulons continuer dans la puissance de l’Esprit Saint, il nous faut passer beaucoup de temps sur nos genoux devant Dieu.

10.—Une dixième raison pour prier d’une manière constante, persévérante, éveillée et victorieuse, est que la prière est le moyen établi par Christ pour que nos cœurs ne s’appesantissent pas par les excès du manger et du boire et par les soucis de la vie et qu’ainsi le jour du retour de Christ ne vienne pas sur nous à l’improviste comme un filet.

Un des passages sur la prière les plus intéressants et les plus solennels de la Bible suit cette ligne de pensée : « Prenez garde à vous-mêmes, de crainte que vos cœurs ne s’appesantissent par les excès du manger et du boire et par les soucis de la vie, et que ce jour ne vienne sur vous à l’improviste ; car il viendra comme un filet sur tous ceux qui habitent sur la face de toute la terre. Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d’échapper à toutes ces choses qui arriveront, et de paraître debout devant le Fils de l’homme. » {Lu 21.34-36} D’après ce passage, il n’y a qu’un moyen par lequel nous puissions être prêts pour la venue du Seigneur quand Il apparaîtra : c’est par beaucoup de prière.

Le retour de Jésus-Christ est un sujet qui, de nos jours, éveille beaucoup d’intérêt et provoque de nombreuses discussions. Mais c’est une chose que de s’intéresser au retour du Seigneur et d’en parler, et tout autre chose que d’y être préparé. L’atmosphère dans laquelle nous vivons tend constamment à nous rendre impropres pour la venue de Christ. Le monde cherche à nous attirer en bas par ses jouissances et ses préoccupations. Il n’y a qu’un moyen par lequel nous puissions nous élever triomphants au-dessus de ces choses: c’est d’être constamment veillants dans la prière, c’est la prière éveillée. « Veillez » et « en tout temps » sont les mêmes expressions fortes que nous avons vues en Eph 6.18. Celui qui passe peu de temps à la prière, qui n’est pas inébranlable et constant dans la prière ne sera pas prêt pour le Seigneur quand Il viendra. Mais nous pouvons être prêts : Comment ? Prions ! Prions ! Prions !

11.—Il y a une raison encore en faveur de la prière constante, persévérante, éveillée et victorieuse, et une puissante raison : c’est ce que la prière accomplit ; après tout ce qui a déjà été dit sur ce sujet, il resterait beaucoup à dire encore.

La prière favorise notre croissance spirituelle comme presque rien d’autre ne peut le faire, ou mieux comme rien d’autre ne le fait si ce n’est l’étude biblique. Du reste, la vraie prière et la vraie étude biblique marchent la main dans la main.

C’est par la prière que mon péché, mon péché le plus caché est amené à la lumière. Lorsque, prosterné devant Dieu, je m’écrie : « Sonde-moi, ô Dieu, et connais mon cœur ! Eprouve-moi, et connais mes pensées ! Regarde si je suis sur une mauvaise voie ». {Ps 139.23-24} Dieu lance les rayons de sa pénétrante lumière jusqu’aux plus profonds replis de mon cœur et des péchés insoupçonnés sont mis en évidence. En réponse à la prière, Dieu me lave complètement de mon iniquité et me purifie de mon péché. {Ps 51.4} En réponse à la prière, mes yeux sont ouverts pour que je contemple les merveilles de la Parole de Dieu. {Ps 119.18} En réponse à la prière, j’obtiens la sagesse pour discerner les voies de Dieu {Jas 1.5} et la force pour y marcher. Quand, dans la prière, je rencontre l’Eternel et contemple Sa Face, je suis transformé à Son image, de gloire en gloire. {2Co 3.18} Chaque jour d’une vraie vie de prière me rend plus semblable à mon glorieux Seigneur.

John Welch, le gendre de John Knox, était un des plus fidèles hommes de prière que le monde ait jamais vu. Il estimait perdue toute journée dans laquelle sept ou huit heures n’avaient pas été passées, seul avec Dieu, dans la prière et l’étude de Sa Parole. Or, un vieillard disait de lui après sa mort : qu’il avait été « un type de Jésus-Christ ».

Comment parvint-il à être si semblable à son Maître ?

Sa vie de prière est la clé du mystère.

La prière est une source de puissance pour notre travail.

Si nous désirons la puissance pour un travail quelconque auquel Dieu nous appelle, que ce soit la prédication, l’enseignement, la cure d’âme, ou l’éducation de nos enfants, nous pouvons l’obtenir par la prière fervente.

J’eus un jour la visite d’une dame dont le petit garçon était absolument incorrigible. Désespérée, elle s’écriait :

Que faire avec lui ?

— Avez-vous jamais essayé la prière ? demandai-je.

Elle pensait bien l’avoir fait.

— Mais, dis-je encore, avez-vous fait de sa conversion et du changement de son caractère un sujet de prière précis et vous êtes-vous attendue à l’exaucement ?

— Je n’ai pas été si précise en cela.

Elle commença ce jour même et aussitôt il y eut un changement marqué chez l’enfant ; il grandit et devint un chrétien.

Maint moniteur d’école du dimanche a enseigné pendant des mois et des années sans voir vraiment de fruit à ses efforts ; puis, ayant appris le secret de l’intercession, il a vu s’approcher de Christ un à un ceux pour lesquels il avait plaidé avec ferveur auprès de Dieu. Maint pauvre prédicateur est devenu un puissant homme de Dieu en rejetant loin de lui toute confiance en ses dons et capacités personnels pour s’abandonner à Dieu et attendre de Lui la Puissance d’En-Haut ! John Livingstone, avec quelques frères animés des mêmes sentiments, passa une nuit en prière et entretiens spirituels devant Dieu et quand il prêcha le jour suivant dans l’Eglise de Shotts, cinq cents personnes furent converties ou purent faire dater de ce jour quelque progrès décisif dans leur vie. Prière et puissance sont inséparables l’une de l’autre.

La prière est efficace pour la conversion des âmes.

Peu de conversions s’opèrent dans le monde sans que la prière d’autrui soit intervenue. En ce qui me concerne personnellement, j’ai longtemps pensé qu’aucun être humain n’avait été pour quelque chose dans ma conversion, car je ne fus converti ni à l’église, ni à l’école du dimanche, ni au cours d’un entretien personnel avec quiconque. Je fus réveillé au milieu de la nuit et converti. Autant que je puisse me rappeler, je n’avais pas, en me couchant et en m’endormant, la moindre idée de conversion ou de quelque chose de cet ordre. Mais je fus réveillé au milieu de la nuit et converti en moins de cinq minutes. Quelques minutes plus tôt, j’étais aussi près de la perdition éternelle que n’importe qui. J’avais un pied par dessus bord, et m’appliquais à y passer l’autre. Je pensais, dis-je, qu’aucun être humain n’avait été pour quelque chose dans ma conversion, mais j’avais oublié les prières de ma mère et j’appris plus tard qu’un de mes camarades de collège avait décidé de prier pour moi jusqu’à ce que je sois sauvé.

La prière réussit souvent là où tout le reste échoue. Combien inutilement Monique prodigua-t-elle ses efforts et ses exhortations auprès de son fils, mais ses prières prévalurent auprès de Dieu et le jeune homme dissolu devint Saint Augustin, l’influent homme de Dieu. Grâce à la prière, des ennemis acharnés de l’Evangile sont devenus ses plus vaillants défenseurs, les pires scélérats de vrais enfants de Dieu et les femmes les plus dégradées les saintes les plus pures. Oh ! le pouvoir de la prière pour descendre chercher les hommes, les femmes les plus bas tombés, au plus profond de l’abîme, et les élever plus haut que les plus hautes cimes jusqu’à la communion et la ressemblance avec Dieu. C’est vraiment merveilleux. Comme nous savons mal apprécier cette arme extraordinaire !

La prière est une source de bénédictions pour l’Eglise.

L’histoire de l’Eglise est pleine de graves difficultés qu’il a fallu vaincre. Le diable hait l’Eglise et cherche par tous les moyens à enrayer ses progrès, tantôt par les fausses doctrines, tantôt par les divisions, tantôt par le relâchement dans les moeurs. Mais par la prière un chemin uni peut être frayé à travers toutes ces choses. La prière déracinera les hérésies, dissipera les malentendus, balayera les jalousies et les animosités, supprimera l’immoralité et ramènera comme une marée le flot vivifiant de la grâce divine. L’histoire le montre abondamment. Aux heures de plus sinistre augure, quand le cas de l’Eglise locale ou universelle semblait désespéré, des hommes et des femmes de foi se sont réunis pour crier à Dieu et la réponse est venue.

Il en fut ainsi au temps de Knox, il en fut ainsi au temps de Wesley et de Whitefield, il en fut ainsi au temps d’Edwards et de Brainerd, il en fut ainsi au temps de Finney, il en fut ainsi au temps des grands réveils de 1857 en Amérique, de 1859 en Irlande, et il en sera encore ainsi de nos jours. {3} Satan a disposé ses armées. La science chrétienne avec son faux Christ—une femme—lève haut la tête. D’autres qui prétendent appliquer des méthodes apostoliques parlent avec une grande assurance mais couvrent hypocritement de ces prétentions la plus extrême corruption. Des chrétiens également fidèles aux grandes vérités fondamentales de l’Evangile dardent les uns sur les autres des regards chargés d’une suspicion insufflée par Satan.

Le monde, la chair et le diable mènent grand tapage. Nous vivons une sombre époque, mais, maintenant « Il est temps que l’Eternel agisse. Ils ont annulé ta Loi ». {Ps 119.126} (L.).

Et Dieu justement s’apprête à agir, Il écoute maintenant si la voix de la prière va s’élever vers Lui.

S’élèvera-t-elle ?

S’élèvera-t-elle de votre bouche ? S’élèvera-t-elle de l’Eglise tout entière ? Je le crois fermement.


{1} Torrey cite d’après l’« Authorized Version of the Bible » mais il recourt à la « Revised Version » quand une nuance de sens est mieux rendue par cette dernière. Nous citons d’après la version Segond, la plus répandue dans nos pays de langue française. Or, presque chaque fois que le recours à une traduction plus précise se fait sentir dans l’anglais, la même nécessité se rencontre en français. Nous avons alors fait appel à une autre version française y répondant : le plus souvent la version dite de Lausanne, mais aussi Darby ou la Version Synodale, et signalé le fait entre parenthèses.—Prière et Réveil.

{2} En anglais: to pray things through. (ci Introduction).

{3} Comme le lecteur en a été informé par notre Introduction. Dieu a merveilleusement répondu à ces paroles de foi ; nous les reprenons aujourd’hui à notre compte.—Prière et Réveil.

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