Comment prier

II – ADRESSER LES PRIÈRES « À DIEU »

Nous venons d’avoir un aperçu sur l’importance extraordinaire de la prière et son irrésistible puissance ; nous en venons maintenant directement à l’examen de la question : Comment prier avec puissance.

1. — Au chapitre 12 des Actes des Apôtres, {Ac 12.1} il est fait mention d’une prière qui l’emporta auprès de Dieu et obtint de grands résultats. Au verset 5 de ce chapitre, le mode et la méthode de cette prière sont décrits en quelques mots : « L’Eglise ne cessait d’adresser pour lui des prières à Dieu ». {Ac 12.5}

La première chose à noter dans ce verset est l’expression : « à Dieu ». La prière qui a de la puissance est celle que l’on adresse à Dieu.

« Mais, diront certains, toute prière n’est-elle pas adressée à Dieu ? »

Non. Beaucoup de prières publiques ou privées ne sont pas offertes à Dieu. Pour qu’une prière soit réellement offerte à Dieu, il faut que, d’une façon positive et consciente nous nous approchions effectivement de Dieu quand nous prions; il faut que nous ayons positivement et vivement conscience de ce que Dieu se penche sur nous et nous écoute tandis que nous prions. Or, dans beaucoup de nos prières, la pensée de Dieu n’entre en réalité que pour une très faible part. Notre esprit est absorbé par les choses dont nous avons besoin et non par la pensée du Père puissant et tendre dont nous les attendons. Souvent même il arrive que nous ne sommes occupés ni de ce besoin ni de Celui à qui nous nous adressons, mais notre pensée erre çà et là à travers le monde. Il n’y a aucune puissance dans ce genre de prière. Mais quand nous entrons réellement dans la présence de Dieu, quand nous Le rencontrons réellement face à face dans la prière, quand c’est réellement de Lui que nous cherchons à obtenir l’objet de nos requêtes, alors il y a de la puissance.

Si donc nous voulons prier de la bonne manière, il nous faut avant tout veiller à ce que nous ayons réellement audience auprès de Dieu, que nous ayons réellement accès jusqu’en Sa présence même. Avant qu’un mot de requête ait été présenté, nous devons avoir nettement et vivement conscience que nous nous adressons à Dieu et croire qu’il prête l’oreille à notre requête et se dispose à nous accorder la chose que nous Lui demandons. Ceci n’est possible que par la puissance du Saint-Esprit : aussi est-ce au Saint-Esprit qu’il faut regarder pour nous conduire réellement dans la présence de Dieu, et ne point nous hâter d’ouvrir la bouche avant qu’Il nous ait effectivement conduits jusque là.

Un soir, un chrétien très actif vint à une petite réunion de prière que je dirigeais. Avant de nous agenouiller pour prier, je prononçai quelques mots dans le sens de ce oui précède, recommandant à tous ces amis de s’assurer avant de prier et pendant qu’ils prieraient, qu’ils étaient réellement en la présence de Dieu, qu’ils avaient positivement à l’esprit la pensée de Dieu, leur recommandant enfin d’être plus occupés de Lui que de leurs requêtes. Quelques jours plus tard, je rencontrai ce même chrétien et il me dit que cette simple pensée avait entièrement renouvelé sa conception et son expérience de la prière.

Si donc nous voulons prier de la bonne manière, deux mots doivent pénétrer jusqu’au fond de nos cœurs : « à Dieu ».

2.—Un second secret de la prière efficace est exprimé dans le même verset 5 du chapitre 12 des Actes, {Ac 12:5} par ces mots : « ne cessait ». Une autre version rend « ne cessait d’adresser » par « faisait d’instantes prières ». (D.). Ni l’une ni l’autre des deux traductions ne donne toute la force de l’expression grecque originale. Le mot signifie littéralement « d’une façon tendue à l’extrême ». C’est un mot qui peint une attitude et qui est merveilleusement expressif. Il représente l’âme sous la tension d’un ardent et pressant désir. « Intensément » le traduirait peut-être plus exactement qu’aucun autre mot français. C’est le même terme qui, appliqué à notre Seigneur, a été traduit par « instamment » quand il est dit de Lui « Etant en agonie, il priait plus instamment, et sa sueur devint comme des grumeaux de sang qui tombaient à terre ». {Lu 22.44}

Nous lisons dans Heb 5.7, que « dans les jours de sa chair », Christ « présenta des prières et des supplications avec de grands cris et avec larmes ». Dans Ro 15.30, Paul exhorte les saints qui sont à Rome à combattre avec lui dans leurs prières. Et le mot traduit par « combattre » est celui qui s’appliquait aux jeux athlétiques anciens et à la lutte. En d’autres termes, la prière qui l’emporte auprès de Dieu est celle où nous faisons passer toute notre âme, tendue vers Dieu dans l’agonie d’un intense désir. Beaucoup de nos prières modernes sont vides de puissance parce que le cœur n’y est pas. Nous nous précipitons en la présence de Dieu, nous égrenons à la hâte une série de requêtes, nous nous relevons d’un bond et nous sortons. Au bout d’une heure, si quelqu’un nous demandait ce pour quoi nous avons prié, nous serions bien en peine de répondre... Si nous mettons si peu de cœur dans nos prières, nous ne pouvons attendre que Dieu mette beaucoup de cœur à y répondre.

On entend beaucoup parler de nos jours du repos de la foi, mais il est aussi une chose qui s’appelle le combat de la foi, dans la prière aussi bien que dans l’action. Ceux qui voudraient nous donner à entendre qu’ils ont atteint quelque sublime sommet de la foi sereine, pour cette simple raison qu’ils ignorent tout de l’agonie dans la lutte et dans la prière, ceux-là ont certainement dépassé leur Maître, et dépassé aussi les plus puissants vainqueurs pour Dieu par l’action et la prière, que l’Histoire chrétienne ait connus à travers les âges. Quand nous apprendrons à nous approcher de Dieu avec une intensité de désir telle qu’elle étreigne notre âme, alors nous ferons l’expérience d’une puissance dans la prière que beaucoup d’entre nous ignorent aujourd’hui. Mais comment atteindrons-nous cette ardeur dans la prière ?

En nous évertuant à nous y élever par nos propres efforts?—Non!—La vraie méthode est mise en évidence dans Ro 8.26 : « De même aussi, l’Esprit vient en aide à notre faiblesse. Car nous ne savons pas ce que nous devons demander, pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous par des soupirs inexprimables. » (VS.). L’ardeur que nous nous efforçons de produire dans l’énergie de la chair a un effet répulsif; mais l’ardeur produite en nous par la puissance du Saint-Esprit, au contraire, est agréable à Dieu. Nous dirons donc, une fois de plus, que si nous voulons prier de la bonne manière, il faut nous attendre à l’Esprit de Dieu pour nous enseigner à prier.

C’est ici qu’il convient de parler du jeûne. Il nous est dit que Daniel tourna sa face « vers le Seigneur Dieu, afin de recourir à la prière et aux supplications, en jeûnant et en prenant le sac et la cendre ». {Da 9.3} Certains pensent que le jeûne était réservé à l’Ancienne Alliance ; mais qu’on veuille bien lire Ac 14.23 et aussi Ac 13.2,3 et l’on verra qu’il était pratiqué par les hommes fervents des temps apostoliques.

Si nous voulons prier avec puissance, il faut joindre le jeûne à la prière. Cela ne veut pas dire, il va de soi, que nous devions jeûner chaque fois que nous prions ; mais il est, dans notre travail comme dans notre vie privée, des moments critiques et des circonstances exceptionnelles, où des hommes véritablement fervents se refuseront même la satisfaction d’appétits naturels, satisfaction parfaitement justifiée en d’autres circonstances, pour pouvoir s’adonner entièrement à la prière. Il y a une puissance spéciale dans une telle façon de prier. Chaque événement important dans la vie ou dans le service devrait être affronté de cette manière. Il n’y a rien qui puisse plaire à Dieu dans le fait de renoncer dans un esprit purement pharisaïque et légaliste à des choses agréables. Mais il n’en est pas moins réel qu’il y a de la puissance dans cette authentique ferveur et dans cette ferme détermination à obtenir dans la prière les choses dont nous sentons impérieusement le besoin ; cela nous amène à laisser de côté toutes choses, même les plus légitimes et les plus nécessaires en soi, afin de tourner notre face vers Dieu pour Le rencontrer et obtenir de Lui des bénédictions.

3.—Un troisième secret de la vraie manière de prier est révélé dans ce même verset du livre des Actes, {Ac 12.5} par ce mot : « l’Eglise ».

L’union dans la prière s’accompagne de puissance. Il est vrai que la prière individuelle est puissante, mais la puissance est largement accrue lorsqu’il v a union dans la prière. Dieu trouve Ses délices dans l’unité de ceux qui forment Son peuple, et par tous les moyens cherche à insister sur ce point, aussi prononce-t-Il une bénédiction spéciale sur la prière de plusieurs faite dans l’unité. Nous lisons dans Mt 18.19 : « Si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour quelque chose que ce soit qu’ils demanderont, cela leur sera fait par mon Père qui est dans les cieux. » (L.). Cette unité toutefois doit être réelle. Le passage qui vient d’être cité ne dit pas: Si deux d’entre vous s’accordent pour demander n’importe quoi, mais bien : si deux d’entre vous s’accordent pour quelque chose que ce soit qu’ils demandent. Deux personnes pourraient être d’accord pour demander une même chose, sans qu’il y eut pourtant entre elles un réel accord en ce qui concerne l’objet de leurs requêtes. L’une par exemple demanderait la chose parce qu’elle en a véritablement le désir, l’autre simplement pour faire plaisir à la première. Mais quand il y a accord réel, quand l’Esprit de Dieu amène deux croyants à une parfaite harmonie concernant ce qu’il leur arrive de demander à pieu, quand l’Esprit dépose sur deux cœurs un seul et même fardeau, il y a dans une telle prière, quelle qu’elle soit, une puissance absolument irrésistible.

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