Ils le servent nuit et jour dans son Temple.
Certaines notions erronées ont la vie dure parmi les croyants ! Pour la plupart d’entre eux, est « serviteur de Dieu » l’homme qui consacre sa vie à un ministère donné au sein de la communauté ou dans une œuvre, comme si ce beau titre était réservé aux pasteurs, aux missionnaires, aux diacres ou aux anciens. En vérité, tout chrétien est (ou devrait être) un serviteur de Dieu, qu’il soit dans la rue ou à genoux dans sa chambre, devant son ordinateur ou sa machine, à la cuisine ou en promenade, à la maison ou à l’église. Tous, jeunes et vieux chrétiens, hommes et femmes — oui TOUS — ont été élus pour servir Dieu « dans le secret » d’abord, dans le foyer et l’église ensuite, puis dans le monde comme témoins du Dieu vivant.
Il est une autre notion à revoir. Lorsqu’il est question de service, on pense aussitôt à certaines tâches précises, plus ou moins ponctuelles, confiées aux bonnes volontés de la paroisse. Par exemple : visiter les malades et les veuves, secourir les pauvres, servir aux tables, annoncer l’Evangile, témoigner… comme si Dieu pouvait se contenter d’une petite action par-ci par-là, d’une ou deux visites par semaine rendues à des malades, d’une heure d’enseignement hebdomadaire à l’école du dimanche, d’une distribution de tracts deux ou trois fois par an… Bien sûr que non ! Le Seigneur en attend davantage. Infiniment. Il veut être servi vingt-quatre heures sur vingt-quatre. C’est notre vie tout entière qu’il réclame pour lui. Et c’est à chacun de nous qu’il appartient de lui consacrer son temps, ses forces, son intelligence ainsi que toute activité au cours de ses journées. Le souhait de l’apôtre n’est-il pas que chaque enfant de Dieu soit ou devienne un serviteur à plein temps puisqu’il précise : Quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu (1 Corinthiens 10.31) ?
« Il n’empêche, rétorqueront certains, qu’il faut bien distinguer les serviteurs ‘à plein temps’ de ceux qui exercent une profession. Si les premiers peuvent se consacrer entièrement à l’œuvre de Dieu, les autres doivent se rendre à l’usine, à l’atelier ou au bureau cinq ou six jours par semaine pour subvenir aux besoins du foyer. Par la force des choses, ces derniers, de loin les plus nombreux, ne peuvent s’adonner qu’occasionnellement au service du Maître. N’en était-il pas de même en Israël où une tribu sur douze était mise à part pour donner son temps à l’Eternel ? »
Erreur encore si l’on en croit l’Ecriture qui, par la voix des apôtres, recommande, en particulier aux salariés de tous les temps, de travailler comme servant le Seigneur et non des hommes, sachant que chacun recevra du Seigneur l’héritage pour récompense. Servez Christ le Seigneur… dans toutes vos activités (Colossiens 3.23-24 ; voir Ephésiens 6.6). Ce qui signifie clairement qu’à tout moment le chrétien est (ou devrait être) au service de Dieu (1). Même dans sa vie professionnelle, que ce soit à l’usine, au bureau ou dans les champs, le croyant est au service de deux maîtres : son patron sur la terre, le Seigneur dans le ciel ; cet employé sera d’autant plus motivé qu’il s’attendra à recevoir deux salaires comme fruit de son travail : l’un en billets de banque et l’autre en biens impérissables et merveilleux dans l’au-delà ; si bien que ces chrétiens devraient être rangés parmi les ouvriers les mieux rétribués de la terre. Mais le savent-ils ? Ainsi, les moindres gestes, paroles ou actions au cours de la journée sont autant d’occasions de Le servir, des occasions bénies de rendre à Dieu, à tout moment, un culte qui l’honore et le réjouisse. Insigne faveur que de pouvoir Lui offrir sans cesse un sacrifice de louange… (Hébreux 13.15) !
(1) Rappelons ici que le verbe ‘servir’, dans l’original, signifie : remplir une fonction sacerdotale, célébrer un culte (Hébreux 9.9 ; 12.28). Le chrétien devrait être, durant toute sa vie, un sacrificateur du Dieu vivant (3.12), s’offrant lui-même en sacrifice et faisant de chaque acte de sa vie un culte en esprit et en Vérité, Selon Romains 12, le zèle déployé par l’enfant de Dieu devrait être en effet plein de ferveur spirituelle : Ayez du zèle… Soyez fervent d’esprit. Servez le Seigneur (v. 11 — variante : Conformez-vous aux besoins du moment. Ce qui suppose le souci constant de vivre dans l’intimité du Seigneur).
Mais cette offrande de tous les instants est-elle réalisable dans ce monde qui nous accapare ? Sûrement pas si nous négligeons d’accomplir en priorité ce que nous appellerons le service « dans le secret », un service négligé mais indispensable, parce qu’il conditionne toutes nos activités et fait de chaque parole ou geste « un vrai service de Dieu ».
Pénétrons-nous de cette pensée : le Seigneur veut être servi, adoré, présent sur tous les plans de l’existence humaine. Le frère Laurent l’avait compris qui déclarait : « Le temps de l’action n’est pas différent de celui du recueillement, car je possède Dieu aussi tranquillement dans le tracas de ma cuisine où quelquefois plusieurs personnes me demandent en même temps des choses différentes, que si j’étais à genoux devant l’autel. Il n’est pas nécessaire d’avoir de grandes choses à faire pour servir Dieu. Je retourne ma petite omelette dans la poêle pour l’amour de Dieu ; quand elle est achevée, si je n’ai rien à faire, je me prosterne par terre et adore mon Dieu de qui m’est venue la grâce de la faire, après quoi je me relève plus heureux qu’un roi. »
Dieu connaît parfaitement les situations de chacun ; il ne s’attend pas à ce qu’une mère de famille nombreuse ou l’ouvrier qui part de grand matin et rentre très tard le soir à la maison, passe autant de temps dans la prière qu’un retraité inoccupé et en bonne forme. Et pourtant, le Seigneur donne de l’imagination à quiconque est déterminé à le rencontrer et à le servir, en dépit même des lourdes charges qui lui sont imposées.
Dans un passé assez lointain, j’eus l’occasion de converser avec une maman de neuf enfants, une femme sereine quoique fort occupée. Elle me disait avec une naïveté si bienfaisante : « Deux fois par semaine, j’ai une montagne de chaussettes à repriser. Pendant que j’enfile l’aiguille, je pense à mon Sauveur ; je le loue et l’adore avec joie. Je lui cite les noms de ceux qui ont besoin de sa grâce… Ce sont des moments bénis qui illuminent ce fastidieux travail ».
Si je considère le comportement de cette maman ou celui du frère Laurent, je dois admettre qu’il est possible de servir à la fois Dieu et son prochain dans les tâches les plus banales, même si elles paraissent n’avoir aucun rapport avec l’honneur de Dieu. A vrai dire, il n’existe — ou ne devrait exister — aucune cloison étanche entre le labeur quotidien et l’adoration que réclame notre Seigneur. Comme en témoigne la législation biblique, Dieu exige (le mot n’est pas trop fort) être servi sur tous les plans de l’existence humaine. A ce sujet, « il est significatif de noter que l’hébreu de l’Ancien Testament a un même terme pour désigner le travail, le service et le culte. Ce qui veut dire que tout ce que font les croyants peut et devrait être un acte cultuel accompli pour l’honneur de Dieu » (2) Quoi que vous fassiez en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui, à Dieu le Père (Colossiens 3.17).
(2) Vocabulaire biblique (Delachaux et Niestlé)
Soit que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu (1 Corinthiens 10.3).