Fais-nous connaître le Père

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Que cherchez-vous ?

Aimeriez-vous vivre continuellement dans la paix ? Avoir un cœur débordant d'amour ? Être animé d'une foi qui voit toutes choses – y compris les échecs et les pertes – à la lumière de la souveraineté bienveillante de Dieu ? Posséder une espérance qui ne faiblit pas, même au milieu des circonstances décourageantes ?

Si ce sont les aspirations profondes de votre cœur, ce livre est pour vous.

Nombreux sont ceux qui voudraient changer et qui répondraient oui à toutes ces questions, mais peu d'entre eux y croient vraiment. Après des années d'efforts et d'échecs répétés, ils se sont installés dans une espèce de désespoir tranquille, aspirant à changer tout en étant convaincus qu'ils n'y arriveront jamais. Alors ils prennent place sur les bancs de leur église dimanche après dimanche, soupirant en silence, résignés sur leur sort.

J'étais de leur nombre. J'essayais désespérément de changer. Je priais, j'implorais Dieu, le suppliant d'opérer une transformation en moi. En vain. Je voulais devenir le genre de personne dont il est question dans le Sermon sur la montagne – quelqu'un qui aime ses ennemis et ne s'inquiète jamais de rien. Mais lorsque je regardais à mon propre cœur, je me rendais compte que non seulement je n'aimais pas mes ennemis, mais qu'en plus je me faisais du souci pour tout.

L'espoir revint lorsque, grâce à deux mentors merveilleux, je compris que le changement passait par l'exercice de l'âme. Richard Foster et Dallas Willard me firent profiter de leurs connaissances précieuses, l'un dans le domaine des disciplines spirituelles et l'autre par la compréhension du royaume de Dieu. Dès lors, le but de ma vie fut de trouver la réponses à cette question : comment pouvons-nous devenir comme Christ ?

Le problème n'est pas que nous ne voulons pas ou n'essayons pas de changer. Il vient de ce que nous n'exerçons pas notre âme. On ne nous a jamais enseigné de modèle fiable de transformation.

La paix et la joie dans un aéroport

Craig fait partie des personnes qui expérimentèrent notre programme de formation. Au bout d'un certain temps, il commença à remarquer des changements réels dans son comportement face à sa famille, ses amis et ses collègues. Son métier de concepteur de parcs zoologiques l'amène à beaucoup voyager. Un jour, son collègue et lui rentraient d'Allemagne. Arrivés à l'aéroport d'Atlanta, ils découvrirent que leur correspondance aurait plusieurs heures de retard. Les heures passèrent et on finit par annoncer que le vol était annulé. Pour eux, cela signifiait qu'ils ne pourraient pas rentrer chez eux ce soir-là et qu'il devraient passer la nuit à Atlanta.

L'agacement monta d'un cran dans le hall de l'aéroport. Tous les passagers durent faire la queue pour changer leurs réservations. Pendant qu'ils attendaient avec les autres, Craig et son collègue entendaient les propos peu amènes tenus à la jeune femme au comptoir, qui faisait pourtant de son mieux pour leur venir en aide. Quand vint leur tour, Craig regarda l'hôtesse, lui sourit et dit : « Je vous promets de ne pas être désagréable. » Le visage de l'employée s'éclaira et elle dit doucement : « Merci. »Leur échange fut cordial et il put trouver deux places sur un vol pour le lendemain. Alors qu'ils quittaient le hall, Craig sourit malgré sa déception de ne pas pouvoir rentrer chez lui le soir même.

Son collègue, qui l'avait observé attentivement, fit remarquer : « Craig, cela fait longtemps que je te connais. Il y a un an, ce contretemps y'aurait mis dans une colère folle et tu te serais défoulé sur cette jeune femme.

– Tu as raison, lui répondit Craig. Mais j'ai changé. Je sais désormais qui je suis et où je suis. Je suis un homme en qui Christ demeure et je vis dans le royaume d'un Dieu qui m'aime et qui prend soin de moi. Je suis déçu, mais cela ne m'empêche pas d'être en paix. Nous rentrerons demain. Nous ne pouvons rien y changer et la colère n'arrangerait rien. Nous avons plus qu'à tirer le meilleur parti de cette tournure inattendue des événements. »

Son ami secoua la tête d'un air abasourdi.

« Je ne sais pas ce que tu as mangé ou bu, fit-il. En tout cas, tu as vraiment changé ! »

Ce n'était pas ce que Craig avait mangé ou bu qui avait produit ce changement, mais ce qu'il avait fait et pensé au cours de l'année écoulée. Donnant suite à son désir de devenir un autre homme, il s'était engagé dans un groupe d'apprentissage et de réflexion. S'il avait progressé, c'était uniquement grâce au Saint-Esprit.

Sa volonté n'y était pour rien.

Concept erroné : c'est notre volonté qui nous permet de changer

Les personnes désireuses de changer un aspect de leur comportement font souvent appel à leur volonté et à leurs efforts personnels. Elles échouent presque toujours. Environ quatre-vingt quinze pour cent des résolutions du Nouvel An sont oubliées avant la fin du mois de janvier. La plupart des gens imputent leur échec à un manque de volonté. Ils pensent qu'ils sont trop faibles et se sentent coupables.

C'est regrettable. La raison de leur échec n'est pas un manque de volonté. La volonté est la capacité qu'a l'homme de choisir ; elle n'a aucun pouvoir. Nous nous demandons par exemple si nous devons opter pour une chemise rouge ou une bleue. Nous finissons par choisir la bleue et notre volonté est le pivot sur lequel nous avons pris notre décision. Mais en tant que telle, elle ne fait rien. Si je pouvais regarder en vous, je ne la trouverais pas. Elle ne se situe pas à droite de votre vésicule biliaire ! Ce n'est pas un organe ou un muscle qui peut se développer ou s'atrophier.

La volonté ressemble davantage à une bête de somme, qui se contente de réagir à des impulsions données par autrui. Un cheval ne choisit pas où il va aller, mais il prend la direction que le cavalier lui indique. La volonté a un fonctionnement identique. La différence est qu'au lieu d'avoir un seul cavalier, elle en a plusieurs. Elle est soumise essentiellement à trois types d'influences : celle de la pensée, celle du corps et celle du contexte social. Premièrement, nos pensées engendrent des émotions, qui mènent à des décisions ou des actions. Deuxièmement, le corps est un ensemble complexe de rouages et d'impulsions internes qui se répercutent sur la volonté. La plupart de nos mécanismes corporels fonctionnent sans aide mais, lorsque le corps a un besoin (nourriture, eau), il le fait connaître à la pensée au travers de sensations (la faim, la soif) et lui demande de transmettre ce message à la volonté : « Trouve quelque chose à manger, à boire. » Troisièmement, la volonté réagit à notre contexte social, à notre entourage. On parle alors de « pression des pairs ».

La volonté n'est ni forte ni faible. À l'image du cheval, on ne lui demande qu'une chose : obéir aux ordres du cavalier (de la pensée, influencée par le corps et le contexte social). C'est pourquoi le changement de comportement – ou son absence – n'est en aucun cas une question de volonté. Le changement se produit lorsque ces autres facteurs d'influence sont modifiés. La bonne nouvelle est que nous avons une emprise sur eux. Lorsque nous adoptons de nouvelles idées, de nouvelles pratiques et de nouveaux cadres sociaux, le changement est assuré.

Le récit de Jésus : nous changeons par indirection

Jésus comprenait les mécanismes du changement. C'est la raison pour laquelle il enseignait au moyen d'histoires. Il utilisait le récit pour communiquer sa compréhension de Dieu et du monde : « Le royaume de Dieu est semblable à un grain de moutarde… », « Un homme avait deux fils… » Si nous adoptons les récits de Jésus concernant la personne de Dieu, nous aurons une vision correcte de Dieu et nous produirons spontanément des actes justes ; et l'inverse est également vrai. Nous changeons, non pas en faisant appel à notre volonté, mais en modifiant notre façon de penser, ce qui se répercutera forcément sur nos actes. Nous changeons indirectement. Nous faisons tout notre possible pour être en mesure de réussir là où nous échouerions si nous nous y prenions directement. Ce processus s'appelle l'indirection.

Peyton Manning, le quarterback de l'équipe qui remporta le quarante et unième Super Bowl, pratiquait l'indirection. Le fameux soir de la finale, il pleuvait et la balle était glissante. Rex Grossman, le quarterback de l'équipe adverse, la laissa échapper plusieurs fois. Peyton Manning, en revanche, ne commit aucune maladresse. Quelques semaines après le Super Bowl, un journaliste découvrit qu'il s'était exercé régulièrement tout au long de l'année à attraper des ballons mouillés – bien que les entraînements de son équipe aient généralement lieu en salle – pour être prêt au cas où la finale se déroulerait sous la pluie. Manning avait fait tout son possible (en s'exerçant à récupérer des ballons mouillés) pour être en mesure de réussir là où il aurait échoué sans cette préparation (bien jouer malgré la pluie).

Il ne suffit pas d'affirmer notre désir de changer. Nous devons reconsidérer ce que nous pensons (nos récits), nos actes (les disciplines spirituelles) et les personnes avec qui nous interagissons (notre contexte social). Si nous modifions ces trois points – et nous le pouvons, le changement se produira naturellement. C'est pourquoi Jésus a dit que son « joug » était aisé. Si nous avons les mêmes pensées que lui, et ce ne sera pas difficile. Si on avait demandé à Peyton Manning après le Super Bowl s'il avait éprouvé des difficultés à jouer avec un ballon mouillés, il aurait probablement répondu : « Non. Je m'y entraîne constamment tout au long de l'année. » Nous avons là une illustration parfaite de l'indirection.

Je suis convaincu qu'il existe une méthode fiable pour changer nos cœurs. Elle n'est ni compliquée ni difficile. Elle ne dépend pas de la volonté. La première étape est le triangle de la transformation. Il comporte quatre démarches essentielles :

  1. changer les histoires dans notre esprit,
  2. adopter des pratiques nouvelles,
  3. dans la réflexion et le dialogue avec ceux qui suivent le même cheminement et
  4. tout cela sous la direction du Saint-Esprit.
Adopter les récits de Jésus

Le Saint-Esprit

Pratiquer des exercices de l'âme
Participer à la communauté

Figure 1 : Les quatre composantes de la transformation

Première étape : changer nos récits

Nous sommes des créatures qui vivons par nos récits. Dès notre plus tendre enfance, nos parents nous ont raconté des histoires qui nous ont aidés à appréhender la vie telle qu'elle est, ou qu'elle devrait être. Nous éprouvons une attirance naturelle pour elles et les abandonnons rarement avant leur conclusion, parce qu'une histoire est quelque chose de passionnant. L'enseignement de Jésus s'est fait essentiellement au travers de paraboles. Une des raisons en est peut-être que celles-ci sont faciles à retenir. Peut-être ne nous rappelons pas beaucoup de Béatitudes (voire aucune !) mais personne n'a oublié l'histoire du fils prodigue.

Chaque fois que nous vivons une expérience importante – qui nous marque profondément – nous la transformons en histoire. Une des ces expériences était peut être un anniversaire précis de votre enfance, où vous avez reçu exactement le cadeau souhaité. Vous ne vous souvenez pas de tous les détails de la fête. Ce que vous avez gardé en mémoire, c'est un récit : qui était là, ce que vous avez ressenti, comment était le gâteau.

Le récit est « la fonction centrale de l'esprit humain ». Nous « rêvons et rêvassons en récit, nous nous souvenons, nous anticipons, espérons, croyons, planifions, apprenons, haïssons, et aimons à travers des récits. » En fait, il nous est impossible de faire autrement. Nous sommes des créatures narratives. Nos histoires nous aident à gérer notre monde, à comprendre le bien et le mal, et à donner un sens à notre vécu : « Et la morale de l'histoire… »

Il existe plusieurs sortes de récits. Les récits familiaux sont ceux que nous apprenons de notre famille proche. Nos parents nous transmettent leur conception du monde ainsi que leur système éthique au travers d'histoires. Des questions clés telles que « Qui suis-le ? », « Pourquoi suis-je sur terre ? » « Ai-je de la valeur ? » trouvent très tôt leur réponse sous la forme de récits. Les récits culturels sont ceux que nous intégrons en grandissant dans une région particulière du monde. Notre culture nous transmet des valeurs (ce qui est important, qui est celui qui réussit) par des histoires et des images. Les Américains, par exemple, acquièrent la valeur de l'individualisme farouche au travers des histoires de leur passé (la Révolution, les pionniers). Il existe également des récits religieux, des histoires que nous attendons du haut de la chaire, à l'école du dimanche ou que nous lisions dans des livres religieux. Ceux-là nous aident à comprendre qui est Dieu, ce qu'il attend de nous et comment nous devrions vivre. Il y a enfin les récits de Jésus, les histoires et les images auxquelles Jésus a recours pour nous révéler le caractère de Dieu.

Nos histoires nous façonnent. En fait, une fois en place, qu'elles soient justes ou non, elles déterminent en grande partie notre comportement. À partir du moment où elles sont stockées dans notre esprit, elles ne sont généralement plus remises en question jusqu'à notre mort.

Et voici ce que je tiens à souligner : elles dirigent (et souvent détruisent) notre vie. C'est pourquoi il est essentiel de ne pas se tromper de récit.

Une fois que nous « retrouvons » ces récits dans notre esprit, nous pouvons les comparer à ceux de Jésus. Parce que Jésus est le Fils de Dieu existant de toute éternité, nul ne connaît le Père ou la nature et le sens de la vie mieux que lui. Les récits de Jésus sont la vérité. Il est lui-même la vérité. Le secret consiste donc à adopter ses récits.

Jésus nous a révélé le Père. Le Nouveau Testament montre un Dieu vibrant de bonté, de puissance, d'amour et de beauté. Connaître le Dieu de Jésus, c'est connaître la vérité sur la personne de Dieu.

Pour changer, nous devons d'abord modifier notre façon de penser. En introduction à son tout premier sermon, Jésus dit : « Repentez-vous [métanoia] car le royaume des cieux est proche. » Metanoia désigne un changement de mentalité. Jésus savait que la transformation commence dans la pensée.

L'apôtre Paul, de même, écrit : « Ne vous laissez pas modeler par le monde actuel, mais laissez-vous transformer par le renouvellement de votre pensée, pour pouvoir discerner la volonté de Dieu : ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait » (Romains 12.2, SEMEUR).

Il est possible que nos récits familiaux, culturels et même religieux aient leurs sources dans le royaume de ce monde. En tant que disciples de Christ, nous sommes appelés à nous attacher à « à ce qui est en haut, et non sur la terre » (Colossiens 3.2). Et surtout, nous devons avoir en nous la pensée de Jésus : « Ayez en vous la pensée qui était en Christ-Jésus » (Philippiens 2.5). Adopter les récits de Jésus est une façon d'acquérir la pensée de Christ. Une fois les bons récits en place, le changement débutera. Mais ce n'est là que la première étape.

Deuxième étape : pratiquer des exercices de l'âme

Une fois les bons récits bien installés dans notre pensée, nous devons les intégrer à tous les aspects de notre personne au moyen d'activités spécifiques. Celles-ci ont pour objectif de rendre ces récits réels non seulement dans notre pensée, mais également dans notre corps et notre âme. Vous pouvez employer l'expression « disciplines spirituelles » pour évoquer ces activités, mais pour ma part, je préfère parler d'« exercices de l'âme ». La raison en est que les « disciplines spirituelles » ne sont en fait pas spirituelles du tout. Beaucoup de chrétiens, qui pensent à tort qu'elles le sont, les pratiquent comme des activités isolées, en espérant qu'elles les rendront plus « spirituels », quel que soit le sens donné à ce terme. Elles n'obéissent à aucun but spécifique, sinon à un désir légaliste de gagner la faveur de Dieu ou des autres. Les disciplines spirituelles relèvent du domaine de la sagesse et non de la justice. Ce sont des pratiques sages qui forment et transforment notre cœur.

Les sportifs comprennent bien la nécessité de l'exercice. Ils courent, soulèvent des poids et travaillent sans relâche pour être au meilleur de leur forme au moment de la compétition. D'ailleurs, dans plusieurs passages du Nouveau Testament, Paul établit un parallèle entre notre vie chrétienne et l'entraînement d'un sportif (1 Corinthiens 9.25 ; 1 Timothée 4.7-8 ; 2 Timothée 2.5). Lorsque nous pratiquons les disciplines spirituelles comme des exercices de l'âme, notre but est de changer notre manière de vivre.

Les disciplines spirituelles visent un effet thérapeutique. Les personnes qui suivent une physiothérapie font des étirements et des flexions pour augmenter la capacité de leur corps. De la même manière, nous pratiquons des exercices de l'âme (même s'il font un peu mal) parce que nous voulons améliorer notre fonctionnement. Ils sont un aspect essentiel de notre transformation.

Troisième étape : participer à la communauté

Les êtres humains sont des êtres en relation. De même que la Trinité éternelle (Père, Fils et Saint-Esprit) vit en communauté, nous qui sommes à l'image de Dieu avons aussi été créés pour vivre et aimer en communauté. Malheureusement, les chrétiens abordent souvent la formation spirituelle sur une base extrêmement individualiste. Nous avons tendance à considérer notre croissance chrétienne comme une démarche personnelle plutôt que communautaire.

La formation spirituelle est plus efficace et plus profonde dans le contexte d'un groupe. L'influence des autres nous stimule et nous encourage (Hébreux 10.24).

Quatrième étape : l'œuvre du Saint-Esprit

Le Saint-Esprit est souvent le membre de la Trinité qui reçoit le moins d'attention. Nous adressons nos prières à Dieu le Père, et lorsque nous lisons la vie de Jésus dans les Évangiles, nous n'avons aucun mal à l'imaginer sous une forme humaine. Mais le Saint-Esprit est rarement au premier plan dans nos vies.

J'ai acquis la conviction que cette situation ne contrariait pas l'Esprit de Dieu. Son but est d'attirer nos regards vers le Père et le Fils, et non sur lui-même. Cependant, tout ce qui nous arrive dans notre vie chrétienne est son œuvre. Lorsque nous sommes en recherche, c'est le Saint-Esprit qui nous dirige doucement vers Jésus. Il orchestre les événements de nos vies dans le seul but de faire de nous des disciples de Christ. Il intervient dans notre quotidien de façon subtile, et souvent nous ne discernons même pas son action. Il est néanmoins bien présent et agissant. Et il est un facteur essentiel du changement.

Le Saint-Esprit et les récits. Jésus promit à ses disciples qu'après son ascension, Dieu le Père leur enverrait le Saint-Esprit pour les enseigner et les diriger : « Mais le consolateur, le Saint-Esprit que le Père enverra en mon nom, c'est lui qui vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que moi je vous ai dit » (Jean 14.26). Le Saint-Esprit est notre maître invisible qui dirige nos regards vers Jésus et nous rappelle ses paroles. Dans ce sens, il est celui qui nous aide à échanger nos propres récits contre ceux de Jésus. Il nous détourne des conceptions erronées et les remplace par la vérité. « Quand il sera venu, lui, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité » (Jean 16.13).

Même notre conversion dépend de l'œuvre du Saint-Esprit. « Nul ne peut dire : Jésus est le Seigneur ! si ce n'est par le Saint-Esprit » (1 Corinthiens 12.3). Notre décision de suivre Jésus et de l'accepter comme Seigneur et Sauveur n'est possible que parce que le Saint-Esprit nous a conduits dans cette vérité. Lorsque nous remplaçons un récit erroné comme « Dieu est un juge sévère déterminé à nous punir » par le récit de Jésus qui présente Dieu comme un « Abba », le Père plein d'amour, cela aussi est l'œuvre du Saint-Esprit.

Paul écrit : « C'est l'Esprit Saint qui fait de vous des enfants de Dieu et qui nous permet de crier à Dieu : ‘Abba, ô mon Père !’ (Romains 8.15-16, FRANÇAIS COURANT). Dans d'autres versions de la Bible, il est dit que l'Esprit « rend témoignage à notre esprit » (COLOMBE). Le Saint-Esprit change nos récits erronés en rendant témoignage de la vérité. Nos deux relations les plus importantes sont d'une part, celle que nous avons avec Jésus en tant que Seigneur (en grec Kyrios) et de l'autre, celle qui nous unit à Dieu comme notre Père (Abba en araméen, la langue de Jésus). C'est uniquement grâce à l'œuvre du Saint-Esprit, qui nous révèle ces récits de vérité, que nous découvrons Jésus comme notre Seigneur et Dieu comme notre « Abba, Père ».

L'Esprit et l'exercice de l'âme. Le Saint-Esprit est à côté de nous, en nous et autour de nous pendant que nous pratiquons des exercices de l'âme. Sans son action, ceux-ci seraient dénués de toute valeur. Lorsque nous ouvrons la Bible et que nous commençons à lire lentement et à être à l'écoute de Dieu, l'Esprit illumine notre intelligence et nous donne une parole directe de la part de Dieu. Même la prière, dont nous pensons souvent qu'elle émane de nous, est en réalité l'œuvre du Saint-Esprit : « De même aussi l'Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu'il convient de demander dans nos prières. Mais l'Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables » (Romains 8.26). Quand nous prions, nous ne le faisons pas seuls. C'est le Saint-Esprit qui nous y a poussés de façon subtile ; il nous a précédés, puis il prie avec nous et pour nous.

Quand nous pratiquons la solitude ou le silence ou que nous sommes engagés dans un service, c'est l'Esprit qui nous aide et nous encourage. Lorsqu'une nouvelle révélation se fait jour en nous pendant notre temps de prière ou de méditation, là encore, c'est le Saint-Esprit qui nous murmure des vérités qui nous transforment. Sa voix est facile à discerner et souvent nous en entendons seulement l'écho. Mais plus nous nous approcherons de Dieu au travers des exercices de l'âme, plus notre capacité à l'entendre augmentera. Cependant, tous ces exercices et activités seraient inutiles sans la présence et l'œuvre du Saint-Esprit.

Le Saint-Esprit et la communauté. Le Saint-Esprit est comme un chef d'orchestre, dirigeant notre vie communautaire de prière, de louange et d'adoration. Mais à la différence d'un chef d'orchestre humain, le Saint-Esprit confie à chacun de nous des dons qu'il veut que nous utilisions pour le bien de tous (voir 1 Corinthiens 12). Lorsque nous entendons un sermon qui touche notre cœur, le Saint-Esprit est à l'œuvre, non seulement pour inspirer le prédicateur, mais aussi pour ouvrir nos oreilles et nous rendre réceptifs.

Le Saint-Esprit était très présent dans le livre des Actes à l'époque où la jeune Église chrétienne apprenait à vivre en communauté et à poursuivre le ministère de Jésus-Christ. Une de mes histoires préférées est celle du choix et de l'envoi de Barnabas et de Saul (Paul) : « Pendant qu'ils célébraient le culte du Seigneur et qu'ils jeûnaient, le Saint-Esprit dit : ‘Mettez-moi à part Barnabas et Saul pour l'œuvre à laquelle je les ai appelés.’ Après avoir jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir » (Actes 13.2-3). Remarquez le contexte : les croyants étaient ensemble (en communauté), occupés à célébrer le culte et à jeûner (pratiquer des disciplines spirituelles) quand le Saint-Esprit leur parla. Il aurait pu s'adresser directement à n'importe lequel d'entre eux, mais il préféra le faire à la communauté dans son ensemble. Après quoi, ils imposèrent les mains à Barnabas et Saul et les envoyèrent en mission.

Lorsque nous nous retrouvons dans la communion fraternelle, là encore le Saint-Esprit est à l'œuvre, souvent de façon imperceptible, dans le seul but de nous conduire vers un amour plus profond de Jésus et du Père. Un jour, alors que j'utilisais ce matériel dans un groupe, je me sentis poussé à m'arrêter et à consacrer les quinze dernières minutes de notre temps à prier par petits groupes de trois. J'encourageai les participants à indiquer brièvement leurs sujets de prière, avant de confier ces requêtes au Seigneur. Au bout de quelques minutes à peine, j'entendis des sanglots monter de plusieurs endroits de la salle. Cela faisait quinze semaines que nous travaillions ensemble, mais ce fut seulement lorsque nous nous ouvrîmes les uns aux autres et que nous laissâmes le Saint-Esprit nous conduire que nous pûmes vivre la véritable communauté.

La transformation : le fruit de l'Esprit

L'attitude de Craig dans cet aéroport d'Atlanta n'était rien d'autre qu'une manifestation du fruit de l'Esprit. L'apôtre Paul énumère les qualités qui résultent de l'œuvre du Saint-Esprit en nous : « Mais le fruit de l'Esprit est : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi » (Galates 5.22-23). Il ne sert à rien de serrer les dents pour devenir patient. La bonté ne résulte pas d'un effort de volonté de notre part. Nous ne pouvons pas nous forcer à la générosité. Ce « fruit » est l'œuvre du Saint-Esprit. Comme sur un arbre, il se développe naturellement de l'intérieur vers l'extérieur.

Quand le Saint-Esprit a suffisamment corrigé nos récits, notre façon de penser change. Peu à peu, nous croyons en un Dieu bon et aimant, qui est aussi un Dieu fort et puissant, et nous lui accordons notre confiance. Nous prenons conscience que Jésus a mené une vie parfaite et que nous ne pouvons pas imiter, qu'il a offerte au Père pour nous. Nous n'avons donc plus besoin de chercher à mériter l'amour et la faveur de Dieu. Et les exercices de l'âme augmentent en nous l'assurance que Dieu est à l'œuvre. Il se produit alors un changement intérieur, qui se manifeste par notre comportement extérieur.

À présent, si notre vol est annulé, nous pouvons inspirer profondément et nous rappeler qui nous sommes. Comme Craig, nous pouvons supporter ces contretemps avec joie, paix, patience et bonté.

Venez et vous verrez

J'aime beaucoup l'histoire de la rencontre de Jésus avec André et Simon, deux anciens disciples de Jean-Baptiste. Voyant qu'ils le suivaient, Jésus leur posa cette question révélatrice : « Que cherchez-vous ? Ils lui dirent : Rabbi – ce qui se traduit : Maître – où demeures-tu ? Il leur dit : Venez et vous verrez. Ils allèrent et virent où il demeurait ; ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là » (Jean 1.38-39).

Jésus leur demanda simplement ce qu'ils cherchaient. C'est une question essentielle, que nous devrions nous poser continuellement. Que voulons-nous vraiment ? Ce que nous désirons au plus profond de notre être, ce que nous recherchons ardemment, détermine la façon dont nous organisons notre vie.

Remarquez la réponse étrange et apparemment illogique des disciples à la question qui leur est posée : « Rabbi… où demeures-tu ? » Mais Jésus connaît leurs cœurs. Il sait qu'ils le suivent parce qu'ils aspirent à une autre vie, dont ils espèrent qu'il pourra leur montrer le chemin. Il leur dit simplement : « Venez et vous verrez. » Cette invitation répond aux deux questions : celle qui porte sur l'endroit où il demeure et celle qui concerne leur aspiration profonde. Jésus sait que, s'ils le suivent, ils trouveront un sens à leur vie.

Jésus vous a appelé à être un de ses disciples. Si ce n'était pas le cas, vous ne seriez pas en train de lire ce livre. Le Saint-Esprit vous a conduit jusqu'ici, grâce à votre désir d'une vie plus profonde, d'une foi plus authentique et d'une espérance plus ferme dans le Dieu qu'il connaît. Jésus vous a invité à devenir l'un de ses apprentis. Non pas à cause de votre force ou de vos compétences, mais parce qu'il sait que si vous apprenez à penser comme il pense et à vivre comme il a vécu, vous découvrirez une existence extraordinaire et passionnante. Vous êtes peut-être incapable de déplacer des montagnes ou de marcher sur l'eau, mais je suis convaincu que vous pouvez apprendre à être patient et bon, à pardonner à ceux qui vous ont fait du tort et à bénir vos ennemis et prier pour eux. Ce sont là des miracles tout aussi grands que de marcher sur l'eau.

Puissiez-vous vous éprendre du Dieu que Jésus connaît !

Exercice pour l'âme

Le sommeil

L'épuisement est aujourd'hui l'ennemi numéro un de la formation spirituelle du chrétien. Nous vivons au-delà de nos moyens, à la fois financièrement et physiquement. Par conséquent, nous négligeons une des activités (ou non-activités) essentielles de l'être humain, à savoir le sommeil. De nombreuses études ont montré qu'une personne a besoin d'une moyenne de huit heures de sommeil par nuit pour rester en bonne santé. Cela veut dire que Dieu a voulu que l'être humain passe un tiers de sa vie à dormir. Voilà qui est pour le moins étonnant ! Nous avons été conçus pour passer une part importante de notre existence à ne rien faire. Le non-respect de cette règle a une répercussion négative sur notre santé, nous prive d'une partie de notre énergie et nuit à notre productivité. Il n'est pas rare par ailleurs que d'autres pâtissent de notre fatigue. Le manque de sommeil cause chaque année plus d'accident de la circulation que l'alcool.

Dans son excellent livre Rest, le docteur Siang-Yang Tan cite Arch Hart : « Nous avons besoin de davantage de repos aujourd'hui que jamais auparavant dans l'Histoire ». Le docteur Tan montre qu'en 1850, nous dormions en moyenne neuf heures et demie par nuit. En 1950, ce chiffre était descendu à huit. Et aujourd'hui, nous dormons moins de sept heures. Nous sommes tombés en deçà du temps de sommeil nécessaire et nous en payons le prix à plusieurs niveaux. Une enquête réalisée par l'Institut national du sommeil a montré que quarante-neuf pour cent des adultes avaient des problèmes liés au sommeil et qu'un sur six souffrait d'insomnie chronique. Une amie médecin m'a confié qu'une majorité des ordonnances qu'elle délivrait pour ses patients concernait des problèmes liés au sommeil.

Dans le cadre d'une autre étude menée par l'Institut national de la santé mentale, les participants étaient autorisés à dormir autant qu'ils voulaient. On constata une durée moyenne de sommeil de huit heures et demie par nuit. Ceux qui s'étaient prêtés à l'enquête reconnurent s'être sentis plus heureux, moins fatigués, plus créatifs et plus productifs. Dieu a voulu que nous soyons les intendants de notre corps – corps, âme et esprit. Commençons donc à prendre soin de notre corps, qui a apparemment besoin de sept à huit heures de sommeil par nuit. Faute de quoi notre fatigue aura des répercussions dans d'autres domaines de notre vie.

Quel rapport, me direz-vous, avec la formation spirituelle du chrétien ? L'être humain n'est pas simplement une âme hébergée dans un corps. Notre corps et notre âme font un. Si l'un souffre, l'autre souffre aussi. Dans notre recherche de la croissance spirituelle, nous ne pouvons pas négliger l'aspect physique. En fait, le mépris de notre corps entrave nécessairement notre progression. Tout ce que nous faisons dans notre vie, y compris les exercices de formation spirituelle, nous le faisons avec et dans notre corps. Si celui-ci n'est pas suffisamment reposé, notre énergie sera moindre et notre capacité à prier, à lire la Bible, à entrer dans la solitude et à mémoriser l'Écriture sera diminuée d'autant.

J'ai voulu montrer dans ce chapitre que dans la croissance spirituelle, notre action et celle de Dieu se conjuguent. Nous y avons notre part, mais nous comptons sur Dieu pour nous donner ce qui est nécessaire à notre changement. Le sommeil est un exemple parfait de la combinaison de la discipline et de la grâce. Vous ne pouvez pas forcer votre corps à dormir. Le sommeil est un acte d'abandon, une déclaration de confiance. En dormant, nous reconnaissons que nous ne sommes pas Dieu (qui ne dort jamais), et c'est là une bonne nouvelle. Nous ne pouvons pas nous obliger à dormir, mais nous pouvons créer les conditions favorables au sommeil.

J'ai également souligné que les disciplines spirituelles n'ont pas pour but de gagner la faveur de Dieu. Ce sont plutôt des pratiques sages au travers desquelles Dieu peut nous enseigner, nous former et nous guérir. Le sommeil, par conséquent, est une sorte d'« anti-discipline ». Pratiquez-la pendant tout le temps que vous travaillerez sur ce livre (puis, je l'espère, pour le reste de votre vie !). Vous n'arriverez jamais à un stade où vous pourrez vous passer de sommeil.

La discipline du sommeil

Au moins une fois par semaine dormez tout votre saoul. Choisissez un jour où vous pouvez faire la grasse matinée et efforcez-vous de dormir, ou au moins de rester au lit, jusqu'à ce que vous vous sentiez complètement reposé. Sollicitez une aide extérieure si des membres de votre famille ont besoin de vous.

Si un tel exercice vous est impossible, voici une autre suggestion : essayez de dormir un minimum de sept heures par nuit, au moins trois fois par semaine. Cela impliquera peut-être que vous avanciez votre heure de coucher. Voici quelques conseils pour vous aider à vous endormir :

  1. Couchez-vous tous les soirs à la même heure.
  2. Ne pratiquez pas d'activités de nature à augmenter le stress (par exemple regarder la télévision ou passer du temps à l'ordinateur) juste avant d'aller au lit.
  3. Évitez les stimulants comme le café ou les aliments épicés le soir.
  4. Ne vous forcez pas à vous endormir. Si vous n'avez pas sommeil, lisez un livre, méditez un Psaume, écoutez de la musique douce ou levez-vous pour regarder par la fenêtre, jusqu'à ce que vous sentiez le sommeil venir. Tant que votre corps n'est pas prêt pour dormir, il ne sert à rien de vous tourner et de vous retourner dans votre lit.
  5. Si vous vous réveillez au milieu de la nuit mais que rien ne vous oblige à vous lever, restez au lit. Donnez à votre corps une chance de se rendormir.

Malgré ces conseils, il se peut que vous n'arriviez pas à dormir suffisamment. Dans ce cas, peut-être est-il bon de consulter votre médecin pour voir s'il y a une explication médicale à vos insomnies. Vous pouvez aussi vous adresser à un expert du sommeil qui pourra vous donner des conseils plus précis. Un psychothérapeute pourra éventuellement déterminer si un problème émotionnel sous-jacent vous empêche de dormir.

Pour la réflexion

  1. Avez-vous réussi à pratiquer la discipline du sommeil au cours de cette semaine ? Si oui, racontez comment vous avez procédé et ce que vous avez ressenti.
  2. Que vous a appris cet exercice, sur Dieu ou sur vous-même ?

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