Dieu était en Christ réconciliant le monde avec soi, ne leur imputant pas leurs péchés, et mettant en nous la parole de la réconciliation. Voilà les trois choses qui découlent de la venue de Dieu en Christ : réconciliant, ne pas imputant, et aussi mettant en nous la parole de la réconciliation. Sans cela, l’œuvre de la grâce restait imparfaite dans son application ; car, celui qui dans sa venue ici-bas réconciliait et n’imputait pas, ce Jésus a dû être fait péché pour nous, mourir et s’en alter : l’ouvre achevée demeurait ainsi suspendue dans son application ; et le complément de cette œuvre glorieuse de la grâce de Dieu était de commettre aux hommes la parole de cette réconciliation selon sa puissance et son bon plaisir. Il entrait ainsi, deux éléments dans le ministère : 1° une profonde conviction, un sentiment puissant de cet amour ; et 2° les dons qui rendaient capables d’annoncer aux hommes, selon leurs besoins, les richesses de cette grâce qui animait les cœurs de ceux qui l’annonçaient.
***
C’est ce que nous présente la parabole des talens (Matth. XXV). Celui qui avait cinq talens, de même que celui qui en avait deux, était poussé par la confiance que donne la grâce, par la connaissance du caractère de son maître et par la confiance que faisait naître en lui et celle connaissance de son maître et cette confiance dont il se voyait l’objet de sa part. Leurs capacités et leurs dons n’étaient pas égaux. Dieu est souverain à cet égard. Celui qui n’avait qu’un talent proportionné à sa capacité, manquait de cette confiance qu’inspire la connaissance de Dieu en Christ. Il se méprenait sur le caractère de son maître. Il était inactif à cause de l’état de son âme, comme les deux autres étaient actifs par la même raison.
***
Nous voyons ainsi que le principe du ministère est l’activité de l’amour, de la grâce, découlant de cette foi qui nous fait connaître Dieu. Toucher à cela, c’est tout renverser dans son principe fondamental. Dans son essence, le ministère découle de la connaissance individuelle du caractère du maître. La grâce connue, vivement sentie, devient la grâce active dans nos cœurs, seule vraie source, seule source possible, dans la nature des choses, d’un ministère selon Dieu.
Nous voyons de plus que c’est la souveraineté de Dieu qui donne, comme bon lui semble, soit capacité naturelle comme vase pour contenir le don, soit don selon la mesure du don de Christ, de ces trésors qui se trouvent en Lui et qu’Il a reçus pour les hommes.
Nous trouvons le ministère basé sur le même principe, quand le Seigneur dit à Pierre : « Simon Pierre m’aimes-tu ? » et, sur sa réponse, ajoute : Pais mes brebis. – Pais mes agneaux. » Ceci nous conduit à deux parties essentielles du ministère, savoir : 1° La libre activité de l’amour qui pousse à appeler les âmes ; et 2° les soins d’une charité qui ne se lasse pas pour les édifier quand elles ont été appelées.
Quant au ministère de la parole (car il y a d’autres dons), ces deux parties nous sont distinctement présentées dans le 1er chapitre de l’Épître de Saint-Paul aux Colossiens. Au v. 23, Paul est « ministre de l’Évangile prêché à toute créature sous le ciel » ; et, au v. 25, « ministre du corps de Christ, l’Église, pour accomplir la parole de Dieu. »
Comme ressorts, comme sources de tout ministère, il y a donc ces deux choses : l’amour que produit la grâce dans le cœur, l’amour qui pousse à l’activité, et la souveraineté de Dieu qui donne des dons comme bon lui semble et appelle à tel ou tel ministère ; appel qui fait du ministère une affaire de fidélité et de devoir de la part de celui qui est appelé. Ces deux principes, on peut le remarquer, supposent l’un et l’autre une entière liberté par rapport aux hommes qui ne sauraient intervenir, comme source ou autorisation du ministère, sans, d’un côté, neutraliser l’amour comme source d’activité, ou, de l’autre, empiéter sur la souveraineté de Dieu qui appelle, qui envoie, et dont l’appel fait devoir. La coopération et la discipline selon la parole restent toujours à leur place.
Tout ministère qui n’est pas fondé sur les deux principes que nous venons d’énoncer n’est pas en réalité un ministère. Il n’y a aucune source chrétienne d’activité que l’amour de Christ et l’appel de Dieu.