La Résurrection, vérité fondamentale de l’Évangile

USAGE QUE L’ON FAIT ORDINAIREMENT DE LA DOCTRINE DE LA RÉSURRECTION.
NÉGLIGENCE DES CHRÉTIENS À CET ÉGARD.
EFFET DE CETTE DOCTRINE SUR LE FIDÈLE.

On allègue ordinairement la résurrection de Christ comme une preuve de la vérité de Christianisme, et une démonstration évidente du plein accomplissement de l’œuvre de Jésus en sa mort : très-bons arguments en effet à présenter aux infidèles ; car Dieu lui-même nous a dit : Si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine ; et Paul déclare expressément que sa prédication est aussi vaine sans cet événement, ainsi que celle de ses compagnons d’armes. Même, ajoute-t-il, nous sommes de faux témoins de Dieu ; car nous avons rendit témoignage contre Dieu qu’il a ressuscité le Christ, 1 Corinth. XV, 14-15. Ce fait que Jésus s’est relevé d’entre les morts, est comme la pierre de l’angle qui soutient tout l’édifice de la foi, le pivot sur lequel roule pour ainsi dire la vérité des Écritures. Mais pour ceux qui ont été amenés à croire au Seigneur Jésus, pour ceux dont les espérances sont déjà assises sur le Rocher des siècles, et qui désirent éprouver dans leurs âmes régénérées la puissance ou l’efficace de la Parole de Dieu, la doctrine de la résurrection, telle que les Écritures la présentent, renferme bien plus encore que tout cela.

La misère de l’Église, la fâcheuse conséquence de son long et triste sommeil, a été et est encore, que satisfaite d’avoir conservé ou retrouvé par la grâce de Dieu cette portion de la vérité divine, elle s’est arrêtée là et n’est pas allée plus loin, comme elle l’a fait encore à l’égard de plusieurs autres doctrines. On a vu souvent dans les temps passés et actuels se réaliser spirituellement et par rapport aux fondements de la foi, l’histoire de l’arche reçue avec joie quand elle revient du pays des Philistins, puis abandonnée dans un champ, 1 Samuel, VI, 13-18 : mais avec celle différence que n’y ayant pas aujourd’hui peine de mort pour qui regarde dans l’arche ou qui cherche à pénétrer dans la moelle des doctrines Évangéliques, et ceux qui sont dépositaires de ce trésor ayant reçu l’ordre de le sonder, ils perdent à ne pas le faire, et souvent sont asséchés de soif à côté d’une source abondante. Il y a peu de Chrétiens aujourd’hui, qui non contents d’avoir reçu la paix de l’âme par le moyen de la Parole, s’emploient activement à y trouver autre chose que ce qui se rapporte directement à leur propre salut. On dirait que pour plusieurs, les incompréhensibles richesses de Christ, l’excellence de sa connaissance, la gloire dont il jouit, celle qu’il manifestera un jour, tout autant de choses qui font partie du trésor de l’âme fidèle et sont la portion de son héritage et de son breuvage, ne méritent pas de sa part une sérieuse attention. Il semblerait que Dieu n’ait révélé ces choses que pour se glorifier Lui-même, et non pour être glorifié par ceux auxquels Il Lui a plu de les révéler. Quelle coupable paresse ! et comment la justifier ?

On alléguera peut-être la nécessité d’être prudents, le danger d’aller au-delà de ce qui est écrit, la crainte de tomber dans de pures spéculations. Mais tout ce qui touche à la personne et à l’œuvre du Seigneur Jésus, de Celui qui est notre Chef et notre frère, peut-il, doit-il exciter de tels scrupules et une telle frayeur ? Appellerons-nous des spéculations, les choses merveilleuses que Dieu nous a révélées par son Esprit, et qu’Il a réservées avant tous les siècles à notre gloire ? — D’autres s’excuseront sur ce qu’il y a trop d’ouvrage à faire au dehors, sur la nécessité de ne pas le négliger, sur la joie que l’on trouve à s’employer ainsi, ou telle autre raison de ce genre. Activité le plus souvent extérieure, leur répondrons-nous, à laquelle le Seigneur eût probablement adressé le reproche qu’il fit à Marthe : activité ordinairement sans puissance réelle sur le cœur, parce qu’elle ne s’exerce pas d’une manière biblique, parce qu’elle aime le bruit et l’éclat, et qu’elle est fréquemment un fruit de l’habitude, une affaire d’entraînement, un moyen d’échapper à de certains malaises de conscience engendrés par la négligence de devoirs tout au moins aussi essentiels ; au lieu d’être l’expression de la vie croissante de Christ en nous et d’une âme pressée par l’amour de Jésus de se consacrer uniquement à son service. Vous êtes satisfaits dans votre œuvre extérieure, et dans le mouvement que vous vous donnez pour étendre, dites-vous, le règne de notre Maître ; soit. Mais il faut plus que cela à un chrétien vivant : altéré de la grâce et de la gloire du Dieu Fort, il ne peut se dire heureux et joyeux que lorsque son âme est pleine de Christ, qu’elle contemple la gloire que le Père lui a donnée, et qu’elle aperçoit tous les trésors de sagesse, de bonté, de puissance et d’amour qui ont été manifestés en Lui.

En annonçant la résurrection de Christ et en y insistant souvent comme il l’a fait dans ses Épîtres, Paul a plus que condamné la négligence des chrétiens à se nourrir de cette doctrine, et toutes les pensées que la sagesse humaine a su enfanter pour justifier cette négligence ; quant à lui-même, on voit que son âme, tout en étant assiégée par le besoin de servir son Maître au dehors, ne négligeait pas de considérer soigneusement Celui en comparaison de l’excellence de la connaissance duquel il estimait toutes choses lui être un dommage, et pour l’amour duquel il s’était privé de tout, Phil, III. 8. Ce qu’il désirait avec le plus d’ardeur, était de connaître l’efficace de la résurrection de Jésus, et de parvenir de quelque manière que ce fût à la ré surrection d’entre les morts, qui est le prix de la céleste vocation de Dieu en Jésus-Christ. Hélas ! est-ce bien là la pensée et l’affection dominante des chrétiens d’aujourd’hui ? Comprennent-ils ce langage, et aspirent-ils à la même grâce, au même but que ce bienheureux Apôtre ? Quoi qu’il en soit du reste, il est bien évident que Paul découvrait dans la résurrection de son Maître plus qu’une des bases de sa foi (Rom. I, 4), et une certitude de l’expiation des péchés (Rom. IV, 25) ; la résurrection des saints était aussi pour lui plus qu’une simple doctrine. Il voyait dans l’une le sujet, d’une espérance vive, ainsi que l’Apôtre Pierre, 1re Épître, I, 3, et la force de la vie chrétienne ; et il considérait l’autre comme le but de sa course, ou la couronne qui devait ceindre son front. Aussi afin de jouir de celle espérance, de cette vie et de cette couronne, afin de gagner Christ en un mot, regardait-il comme une ordure tous ses avantages selon la chair. Et certes si l’Église de Dieu a perdu de sa vie primitive, de son énergie spirituelle, elle ne peut espérer de la recouvrer qu’en revenant à ce qui agissait si puissamment sur l’âme de Paul, à ce que Pierre regardait comme l’aurore de la bénédiction et de la gloire ; et non pas en se bornant à une simple confession de ces deux faits que Christ est ressuscité, et que les fidèles seront un jour ressuscités par Lui. Recherchons donc, bien-aimés frères, recherchons la plénitude de la vérité à cet égard ; ne nous arrêtons pas sur les bords des voies de Dieu quand nous sommes invités à y pénétrer pour la joie de notre foi. Étudions avec prière la Parole pour recevoir instruction, et afin que nous soyons conduits en toute vérité par cet Esprit saint qui doit prendre de ce qui est à Christ pour nous l’annoncer, selon la bonne promesse du Seigneur. Il les tient toujours ses promesses : attendons-nous à l’accomplissement de celle-ci.

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