Il est capital et vital de reconnaître que la Personne de Notre Seigneur ne peut être connue et comprise en dehors de la Croix. Et il est tout aussi important de réaliser que la Croix n’est réellement comprise et appréciée à sa juste valeur que si on discerne la Personne de Christ.
Les deux vont de pair et sont mutuellement interdépendants.
Durant Sa vie sur terre, les disciples de Jésus et le peuple auraient voulu un Christ sans Croix. Ils n’en voyaient vraiment pas l’utilité. C’était contraire à leurs attentes et à leurs espoirs. Chaque fois que Jésus y faisait allusion, c’était comme si une ombre se glissait entre eux et Lui ; ils étaient offensés. Certains se révoltaient même contre cette idée.
Parallèlement à cette incapacité à discerner le sens et la valeur de la Croix, il y avait à la fois Jésus qui faisait souvent référence au Fils de Dieu, et aussi cette impossibilité de la reconnaître. Seuls un ou deux d’entre eux ont eu comme un petit éclair d’illumination, et l’ont vu tel quel, mais les nuages du doute et de l’incertitude les ont vite submergés.
L’état dans lequel on les observe lors de la Crucifixion montre bien à quel point ils n’avaient pas du tout réalisé qui Jésus était vraiment. Fait important et intéressant : le Seigneur indiquait à chaque fois que cette double incapacité à le reconnaître disparaîtrait le jour où la Croix serait un fait accompli. Jean 8.12-25 en est un bon exemple : Jésus concentre son discours sur Sa propre Personne.
Avec Nicodème dans Jean 3, c’est la même chose, il ignorait tout de la Personne de Christ : « Nous savons que Tu es un Docteur envoyé par Dieu… ». Jésus explique ensuite que pour VOIR, quelque chose doit se passer : la nouvelle naissance et une nouvelle faculté de perception. Il a amené Nicodème vers la Croix en utilisant la même phrase que dans Jean 8 : « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’Homme soit élevé, afin que celui qui croit en Lui ne périsse point mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3.14).
La Loi énonçait que ce serait la Croix qui révélerait qui est Jésus.
C’est un point essentiel où repose l’essence même de ce qu’est Christ.
Quelle est LA chose pour laquelle Christ a toute prééminence à travers toute la révélation des Écritures ? l’Union avec Dieu.
C’est ce que l’homme recherche consciemment ou inconsciemment, en tant que créature de péché. Par tous les moyens et de toutes les manières, il cherche la paix et le repos qu’il ne peut trouver nulle part ailleurs que dans une unité avec Dieu, son Créateur.
Quelque part, c’est la communion perdue à laquelle il aspire. Les caractéristiques et les marques de cette relation brisée, les résultats de sa chute, sont :
L’homme a non seulement cru et accepté un mensonge, mais ce mensonge est entré dans sa constitution même pour remplir son âme de désillusions et de ténèbres. De lui-même, il n’est pas capable de connaître la vérité. « Le cœur est corrompu par-dessus tout et en tout, qui peut le connaître (sonder) ? » (Jérémie 17.9).
On a fait croire à l’homme que s’il prenait une voie contraire à celle qui conduit vers Dieu, et que s’il utilisait son intelligence et sa raison indépendamment de Dieu, il serait « comme Dieu » ! Il a accepté le mensonge, il a pris le contrôle de son existence en prenant le parti de l’indépendance : il a été absorbé par le mensonge.
Le résultat a été et est encore un développement extraordinaire de l’épanouissement humain où l’homme est devenu un seigneur, sûr de son bon droit (comme il le pense) et aveugle sur sa condition, du fait que le fruit de sa science est l’autodestruction et la détresse.
À tel point que l’homme se pose sérieusement cette question : le développement de la science a-t-il été une malédiction plutôt qu’un avantage ?
Rappelons que depuis des années, le chômage cause bien des problèmes et des misères, du fait que la science a remplacé l’homme par la machine, et le talent humain par une production de masse. Il en est de même pour la capacité qu’a eu la science de détruire la terre et ses habitants, à une échelle telle que c’était encore impensable il y a 20 ou 30 ans. Quel type de monde aurons-nous en 2020 ou 2040 ?
L’homme s’imagine toujours en train de s’améliorer, alors que chaque processus de développement intellectuel s’accompagne d’une dégradation morale. Le genre humain continue de courir après un mensonge qui a la forme d’un tigre en train de le tailler en pièces.
Mais toute la force de ce mensonge réside dans le fait que l’homme ne le reconnaît pas : il est aveugle et dans les ténèbres quant à sa nature et son origine : c’est tout le dessein du diable opposé à Dieu.
Il en est de même pour la rébellion. On n’entend pas beaucoup parler de la période située entre la recherche de gloire d’Adam et le meurtre d’Abel par son frère Caïn. Les deux sont conduits par le même principe. Que ce soit individuellement ou collectivement, la racine de cette destruction est toujours le désir humain de posséder.
Caïn veut dire acquérir ou posséder.
Soyons tout à fait honnêtes : l’Église ne fait pas exception à cette règle.
Les chrétiens se sont divisés en des milliers de parties, dont la plupart sont méfiantes, voire opposées les unes aux autres. L’inimitié ou l’opposition entre chrétiens apparaît déjà dans le Nouveau Testament. À chaque fois, il s’agit bien de l’œuvre de l’Ennemi, mais qui a chaque fois un terrain favorable pour agir : celui de la vieille création, de la vieille nature de l’homme.
Chaque division au sein du peuple de Dieu est par essence de la même nature que les rivalités dans le monde. La division n’appartient pas à Christ : c’est une contradiction, un reniement de Christ. La rébellion est la conséquence d’une unité avec Dieu, interrompue, stoppée, brisée.
Le troisième volet de cette union brisée, c’est la mort.
Si on définit la vie comme l’ajustement parfait et l’harmonie de l’homme avec Dieu, alors l’homme en est dépourvu. Le Nouveau Testament l’assume et n’argumente pas sur ce sujet.
Au sens biblique, la mort n’est ni la cessation d’être ni l’absence d’animation de l’être. La mort n’est qu’une séparation de la source de vie véritable, avec toute l’incapacité que cette séparation implique. Et la mort spirituelle est quelque chose de puissamment actif : en effet, pour tout ce qui est en relation avec la volonté de Dieu, c’est « je ne peux pas ; je suis incapable».
Pour réaliser tous les desseins et plans de Dieu dans la création qu’Il a prévue, avoir la vie divine est capital et essentiel. L’homme, par nature, ne possède pas cette vie. L’humanisme est une des formes les plus subtiles et les plus dévastatrices du mensonge de l’Ennemi. L’homme, tel qu’il est ne peut voir le Royaume de Dieu.
Être uni avec Dieu, c’est posséder Sa Vie : cette capacité nous est communiquée par la nouvelle naissance. De cette manière, on est amené à la fois à la Personne et à la Croix de Christ.
Bien que tant de profondeurs insondables sont à explorer pour le peuple de Dieu, une choses est tout à fait claire : l’Incarnation de Christ dans un corps de chair a pour but de promouvoir l’union entre Dieu et l’homme, intention divine ultime. Mais que cela soit très clair : certainement pas une union avec l’homme pécheur, avec notre humanité déchue. Dieu a préparé ce corps comme « cette chose sainte » (Hébreux 10.5 ; Luc 1.35).
Lorsque Christ est venu dans ce monde, il a amené avec Lui une humanité bien différente de tout le reste. Il y eut alors deux humanités : l’une représentée par une Personne Unique, Jésus-Christ ; l’autre, représentée par le reste des hommes.
Même si son moteur de vie physiologique était le sang, même s’il était sujet à la fatigue, à la faim et à la soif, même s’il pouvait mourir et voir la corruption, c’est l’intervention divine et la perfection morale de Sa Nature (sa sainteté) qui ont fait qu’Il n’a jamais vu la corruption. « Tu ne souffriras pas que celui qui est saint voie la corruption » (Psaume 16.10).
La vocation de Christ était la Rédemption. Lorsque la Rédemption s’est accomplie, son corps n’était plus animé par le courant sanguin, mais par la Vie d’en haut. Ce n’était plus un corps humain, mais un corps spirituel, par conséquent, un corps glorifié.
Il nous faut être conforme, non pas à la ressemblance du corps terrestre d’avant la Résurrection, mais à celle de son Corps de Gloire. En Christ, Dieu et l’homme sont unis, même si cet homme est foncièrement différent de nous.
Par conséquent, l’union avec Dieu, révélation majeure de la Bible, se situe toujours et exclusivement en Christ. Tant qu’on n’aura pas été ressuscité avec Lui, nous aurons toujours à nous positionner dans la foi en Lui. En Christ, Dieu a été parfaitement satisfait et s’est engagé Lui-même envers Lui : c’est l’union parfaite.
En Christ a totalement disparu le triple effet et la triple marque de l’union brisée. Autrement dit, Christ est l’opposé et la négation même du mensonge, de la rébellion et de la mort. Ainsi en est-il de la révélation extraordinaire la plus spirituelle et la plus céleste de Christ dans l’Évangile de Jean : la Vie, la Lumière et l’Amour.
La lumière et la vérité sont des mots interchangeables.
Christ a fait de ces mots bien plus que des concepts ou des abstractions : Il les a faites personnelles en disant : « Je suis vie, lumière et amour ». Il n’y a plus ni ombre, ni mensonge, ni manque de transparence en Lui.
Dans Sa Nature, dans Son Attitude ou dans Sa Relation avec l’homme, il n’existe ni rébellion, ni rivalité, ni schisme, ni division, ni guerre, ni aucune séparation de la source de vie. Il a pu dire : « Je suis la Résurrection et la Vie » (Jean 11.25).
Rien d’égocentrique chez Lui. Tous les efforts du diable dans le désert étaient de flatter son ego : propre intérêt, apitoiement sur soi, auto-justification, préservation, auto-protection, réalisation de soi, indépendance, … Si le diable avait réussi dans son objectif, un autre fossé se serait creusé entre Dieu et l’homme ; le plan de rédemption aurait été réduit à néant.
Mais à un grand prix, Christ s’est laissé dépouillé, a renoncé à tout par l’épreuve du feu. Le Prince de ce monde a été vaincu. L’union fut maintenue intacte. La vie, la lumière et l’amour ont triomphé. C’est ce qui fait qu’Il est Unique.
Certains disent dans l’Évangile : « Nous voudrions voir Jésus » (Jean 12.21). À cette demande, Jésus fait une réponse qui a deux sens :
« À moins que le grain de blé ne tombe en terre et meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il portera beaucoup de fruits » (Jean 12.24).
Autrement dit : Je ne suis pas venu pour rester seul ; ce qui est vrai de Moi en union avec Mon Père, l’est aussi pour toi en Moi. Quand on en est à ce niveau, on est porté par Christ vers la Croix. « À présent, mon âme est troublée ; et que dirais-je ? Père, délivre-moi de cette heure.
Mais c’est pour cette cause que je passe par là … Si je suis retranché de cette terre, J’attirerai tous les hommes à Moi. Il dit ceci pour indiquer de quelle mort Il allait mourir » (Jean 12.27, 32-33).
On constate que l’Apôtre Paul avait couvert tout ce chemin, car il a fait cette déclaration lumineuse : « L’amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts ; et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Corinthiens 5.14-15).
Quelqu’un a librement traduit ce passage ainsi : « J’accueille l’amour de Christ ; je vois dans Sa mort unique la mort de chacun de nous déjà accomplie par le moyen de Sa mort : la mort de ce qui nous sépare de Dieu ».
Paul exprime avec force que, pour connaître réellement Christ comme Celui en qui Dieu et l’homme sont unis, il nous faut venir à la Croix et l’expérimenter.
Nous devons intégrer Sa mort à la nôtre et ensuite, par la foi, expérimenter une vie de résurrection aux lieu et place de l’ancienne vie égoïste qui a disparu.
Revenons un peu en arrière. Quel fut le vrai sens de la Croix et de ses effets ?
Ce qu’on a pu dire à propos de la Personne de Christ était tout à fait vrai, en dehors de la Croix. Pour Lui, la Croix n’était certainement pas nécessaire.
Cependant, il est arrivé un temps où Il devait devenir ce qu’Il n’était pas Lui-même. Lui qui n’avait jamais connu le péché, Il a été fait péché à notre place pour nous sauver. À cet instant, Il était comme un homme victime du mensonge de Satan et de ses ténèbres. Il a porté aussi l’hostilité de notre nature déchue et en nous représentant ainsi, Il a perdu la conscience de l’Amour du Père. Il lui restait une dernière phase à traverser : la mort. Pendant une heure terrible et interminable, Christ a été séparé de l’union avec Son Dieu : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-Tu abandonné ? » (Matthieu 27.46). Le mystère est insondable pour nous, mais le fait et la raison sont clairs et infaillibles.
Ainsi, Il mourut d’une mort atroce dans un abandon et une solitude insupportables. Mais comme Il était le Fils de Dieu et sans péché, Il n’a pu être absorbé par la mort (Actes 2.24). Parce qu’Il était saint, Il a pu surmonter l’épreuve de la colère divine. Il fut victorieux et détruisit les causes, le terrain, les conséquences, la force et le «créateur» de la mort.
Pour accomplir cela, il a fallu beaucoup plus qu’un homme, « Dieu était en Christ, en réconciliant le monde avec Lui-même » (2 Corinthiens 5.19). La Croix a rétabli pour nous en Christ une union parfaite : « Il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont en Christ Jésus » (Romains 8.1).
Cette parfaite communion, actualisée par le Saint-Esprit venu demeurer en nous, par notre foi en Christ, est le privilège de tous ceux qui sont venus à la Croix, par une nouvelle naissance, réalisant leur séparation d’avec Dieu, en aspirant à une communion restaurée et en reconnaissant la cause et la conséquence du péché.
Donc, considérant Christ crucifié comme l’auteur et l’accomplissement de notre salut, ils découvrent :
- qu’Il est bien supérieur à l’homme, même à son apogée,
- qu’on trouve Dieu en Le découvrant Lui et Lui seul.
Cela marche aussi en sens inverse : peut-on imaginer ce qu’a dû ressentir un Saul de Tarse, lui qui pensait que Jésus de Nazareth était un imposteur parmi les hommes, exécuté pour fraude et pour blasphème, quand Il a vu, sur le chemin de Damas, qu’il était en fait le Fils Éternel de Dieu, Glorifié et Exalté ?
Il lui a fallu du temps dans le désert d’Arabie pour que sa vision soit ajustée et révolutionnée.
Quand on voit la portée infinie de cette Croix, on se rend compte de la légèreté de certaines idées humaines, comme « mourir pour un idéal, pour une grande cause » et toutes les interprétations inadéquates sur la mort du Christ.
Il nous faut la Croix pour voir réellement qui est Jésus… Peu importe que Satan ait toujours essayé de dévaloriser Jésus à nos yeux ! Peu importe qu’il ait tenté de toutes ses forces de nous faire dévier du vrai sens de la Croix ! Il suffit de reconnaître la source de notre inspiration et de notre aveuglement : parce que la Croix n’a pas été bien comprise, les chrétiens connaissent le manque d’amour, l’hostilité, les divisions, la querelle, le préjudice et l’aveuglement spirituel. Oui, quelque part, la chair a encore beaucoup de place.
Il est impossible qu’un enfant de Dieu vraiment « crucifié », continue à rechercher ses propres intérêts, ses ambitions personnelles et avoir plein de problèmes avec d’autres enfants de Dieu. La base essentielle de vie, de lumière et d’amour, c’est la Croix, réalité à l’œuvre dans l’ancienne création et puissance de résurrection de Christ dans la nouvelle création.
Tout cela pour dire que la Croix nous amène à une union vivante avec Dieu et que si nous voulons vivre pleinement la valeur de cette union, nous allons vivre les Paroles de Christ en termes de vie, de lumière et d’amour. La qualité de notre marche avec Lui sera déterminée par l’intensité de ces 3 caractéristiques de Christ en nous.
L’Apôtre dit : « Ainsi la Parole de l’Écriture est vraie : Je détruirai la sagesse des sages, dit Dieu, Je réduirai à néant l’intelligence de ceux qui prétendent Me connaître… ».
Dieu fait de la sagesse de ce monde une folie, car c’est à cause de cette sagesse que le monde a perdu la connaissance de Dieu et ses yeux se sont fermés. La sagesse de Dieu qui se révèle à présent est considérée comme insensée, insensée aux yeux de cette vieille sagesse… Christ est Sagesse de Dieu et Puissance de Dieu.
Il y a plus de sagesse dans la folie de Dieu que dans l’intelligence humaine (1 Corinthiens 1.18-25).