Le sujet que nous avons à vous présenter aujourd'hui est extrêmement délicat.
Fallait-il même l'aborder dans ces conférences où nous désirons passionnément travailler à l'édification et non à la subversion de nos auditeurs ?
Cependant, après avoir cherché à connaître la vérité sur l'homme et sur le monde, n’était-il pas normal de poursuivre notre étude par nos investigations sur l'Église ?
Dans l'état actuel de la chrétienté, au sein des divisons qui la déchirent et avec les préjugés qui dominent, la route à prendre pour entrer dans un tel sujet est semée de périls et de difficultés.
Nous voudrions pourtant y avancer avec une âme sereine, dépouillée de tout esprit sectaire, et vous parler de ce peuple — qui est « dans le monde » sans être « du monde » — avec un cœur large et généreux, mais aussi avec fidélité. Nous serons ainsi amenés à dire certaines vérités qui vous heurteront peut-être, mais, croyez-le bien, elles n'enlèvent rien à la charité que nous désirons manifester à tous les hommes.
Nous aimerions aussi vous en parler avec joie, car vous présenter la destinée de l'Église, c'est vous entretenir de la grande espérance chrétienne, de notre espérance !
Cet exposé aura donc la force d'un témoignage.
Nous considérerons tout d'abord ce qu'est l'Église, puis nous examinerons son développement, sa situation actuelle dans le monde, après quoi nous pourrons envisager sa destinée.
Si nous interrogeons les hommes, nous recevons les réponses les plus diverses. La confusion est telle dans le domaine religieux et l'ignorance des vérités bibliques si profonde, que des multitudes ont seulement des notions très incomplètes, vagues, ou souvent totalement erronées au sujet de l'Église.
1. Nous rencontrons premièrement ceux pour qui l’Église est un édifice de pierre cathédrale, temple, chapelle, le lieu où l’on va rendre visite au « bon Dieu », célébrer son culte ou écouter un sermon.
2. Viennent ensuite ceux dont l'intelligence repousse un tel abus de langage, mais pour qui la seule véritable Église du Christ est l’Église romaine. N'est-elle pas la plus ancienne, la plus unie et la plus nombreuse ? En dehors d'elle, on ne trouverait que des rassemblements d'hérétiques, tous divisés les uns contre tes autres. Donc, « hors de Rome, pas de salut », s'écrient certains, alors que d'autres, mieux informés, admettent pourtant que des personnes sincères puissent faire partie de « l’âme de l'Église » quoique détachées du corps organisé.
3. Parmi ceux qui font de leur séparation avec l’Église catholique la pierre de touche de leur fidélité, plusieurs en arrivent également à ne voir « l’Église » que dans les membres de leur communauté ou de leur association cultuelle à laquelle ils se rattachent par la naissance, la conversion ou d'autres circonstances. La plupart du temps, ces milieux défendent une doctrine particulière. Leur erreur, leur hérésie, n'est pas d'introduire nécessairement dans leur enseignement des éléments extrabibliques, mais d'isoler, de retirer artificiellement de son contexte un élément particulier de vérité, qu'elles érigent en absolu. Ce particularisme et cet exclusivisme font inévitablement de ces dénominations des groupements sectaires, dont les dirigeants deviennent souvent de véritables petits papes.
4. Il se trouve également des hommes ayant une vision plus large. Certains voient l'Église dans l'ensemble des croyants de tous les âges et identifient l’« Ekklesia » du Nouveau Testament à l'Assemblée du désert de l'ancienne loi. L'Église en serait la simple continuation.
5. D'autres pensent au contraire que la vocation de l'Église est totalement distincte de celle d'Israël, et que l'Église est formée de tous ceux qui, depuis la Pentecôte, ont accepté l'Évangile et son nés à une vie nouvelle, cherchant désormais à marcher dans ce monde comme le Christ Lui-même a marché. Pour eux, l’Église véritable trouverait sur la terre son expression visible dans le rassemblement des vrais croyants, réunis au nom de Jésus dans un même lieu.
6. Il faut signaler encore ceux pour qui l'Église serait composée de tous les baptisés, de tous ceux qui acceptent le christianisme comme religion officielle, quels que soient leur credo et leur position vis-à-vis du Christ.
7. Enfin, vous avez aussi ceux qui, faisant preuve d'une plus grande largeur encore, voient l'Église dans la grande synthèse de toutes les religions, dans le rassemblement de tous les hommes de bonne volonté : Hindouistes, Musulmans, Juifs, Catholiques, Orthodoxes, Protestants, se proposant le réarmement moral du monde.
Si le problème était d'ordre médical, nous consulterions des livres de médecine. S'il était d'ordre juridique, nous étudierions un code, des recueils de lois. Puisqu'il est d'ordre religieux et essentiellement chrétien, il est normal que nous consultions la Bible.
Dès lors, connaissant nos sources, il vous sera facile d'examiner et de contrôler si nos assertions correspondent à l’enseignement du Christ et de Ses apôtres.
La lecture de L'Ancien Testament nous permet de constater que le monde s'y trouve divisé en deux grands groupes distincts :
D'un côté « les Nations », ayant pour règle de conduite la raison humaine et la conscience, peuples idolâtres privés de la connaissance du vrai Dieu.
D'autre part « Israël ». Ce peuple élu marche au milieu des nations à la lumière d'une révélation divine ; il possède la loi d'un Dieu Unique et Tout-Puissant, mais a beaucoup de mal à l'accomplir, à se maintenir à la hauteur de ses privilèges.
Les premières pages du Nouveau Testament nous montrent les Juifs, descendants d'Israël, et les Romains, représentants des nations, rassemblés sur la terre de Palestine.
Jusqu'alors ennemis, ils se mettent d'accord pour crucifier Jésus-Christ, le seul être ayant accompli parfaitement la Loi, Celui qui aurait dû être leur sujet de gloire. Les Juifs le livrent à Pilate, et ce dernier, qui aurait dû protéger la vie d'un innocent, violente sa conscience et fait mourir comme un criminel le Fils unique et éternel de Dieu.
Dès lors Juifs et Nations, réunis à la Croix, sont manifestement coupables du plus abominable des crimes : ensemble ils ont tué Dieu manifesté en Jésus-Christ.
Puisque la connaissance de la loi divine et la voix de la conscience n'ont pu empêcher les hommes de suivre leurs passions, il ne reste plus qu'un espoir à ces hommes perdus : LA GRÂCE ET LA MISÉRICORDE DIVINES.
Cette grâce, Dieu l'a fait proclamer par les disciples du Christ ressuscité. Aussi, dès le livre des Actes des Apôtres, nous voyons un troisième groupe surgir dans le monde.
Il est formé de ceux qui acceptent le salut en Jésus-Christ et qui, croyant à l'Évangile, se convertissent au Seigneur.
Ils sont tirés des deux premiers groupes et deviennent ici-bas « un peuple qui porte Son Nom » ! (Actes 15.14).
Le monde est dès lors divisé en trois groupes que saint Paul distingue nettement dans sa lettre aux Corinthiens : « Ne soyez en scandale, ni aux Juifs, ni aux Grecs (nations), ni à l'Église de Dieu ». (1 Corinthiens 10.32).
C'est dans l'Évangile selon saint Matthieu que nous rencontrons pour la première fois le mot « église », en grec « Ekklesia ». Jésus se trouve alors dans la région de Césarée de Philippe. Il vient de poser à Ses disciples une question très précise : « vous, qui dites-vous que je suis » ? (Matthieu 16.13-20).
Simon Pierre Lui répond sans hésiter : « TU ES LE CHRIST, LE FILS DU DIEU VIVANT » !
Jésus lui déclare alors : « tu es bienheureux, Simon, fils de Jonas, car ce ne sont pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais Mon Père qui est dans les cieux ».
La confession que l'apôtre Pierre vient de faire n'est pas sortie de son cœur naturel. Il a parlé sous l'inspiration de Dieu. Son témoignage au sujet du Christ est donc infaillible.
Puis Jésus ajoute : « et moi aussi, je te dis que tu es Pierre, et que sur ce roc-là, je bâtirai mon Église, et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle » !
Jésus parle donc de Son Église comme d'une réalité future, distincte d'Israël, bâtie par Lui-même et triomphante de la mort.
Il est inutile de discuter sur le sens des paroles que Jésus dit à Pierre, car tout exégète sérieux reconnaît que « le Christ est le fondement irremplaçable de Son Église » (R.P. A. Durand S.J.).
Après la résurrection du Christ, devant les Chefs du peuple assemblés à Jérusalem, l'apôtre Pierre lui-même s'écrie avec force : « Jésus est la pierre rejetée par vous qui bâtissez, et qui est devenue la principale de l'angle ». (Actes 4.11).
Dans sa première épître, écrite beaucoup plus tard, il nous montre que son sentiment n'a pas changé : « approchez-vous de Lui, dit-il, pierre vivante, rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu ; et vous-mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d'offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ ». (1 Pierre 2.4-5).
Et maintenant, que l'Église de Jésus-Christ soit aussi celle de Pierre, cela va de soi, puisque Pierre et les apôtres sont les premières pierres vivantes de l'édifice.
Ainsi, faire partie de l'Église de Pierre, ce n'est pas naître simplement dans le système qui se réclame de son nom, mais c'est accepter la confession de l'apôtre, c'est partager sa foi au sujet du Christ.
Pour savoir ce qu'est l'Église, il faut donc connaître le Christ, car l'Église n'existe que par Lui et en Lui.
Là où le Christ se trouve il y a l'Église. En dehors de Lui il n'y a pas d'Église, seulement des communautés, des associations, mais non l'Église qui est « Son Corps », organisme vivant et non organisation. (Eph 1.22).
L'Église, dans la pensée de Dieu, ne devait pas être UN SIMPLE TROUPEAU de brebis rassemblées autour d'un berger, mais le Corps même de Jésus-Christ, chaque croyant étant pour sa part un de ses membres. (1 Corinthiens 12.27).
Ce « Corps », formé de membres unis vitalement à la Tête glorieuse, ne pouvait être manifesté qu'après ta mort et la résurrection du Christ.
La mort du Sauveur allait rendre possible notre identification au Christ. En elle nous trouvons par la foi la fin de notre vie propre et, dans la résurrection de Jésus, le principe et la puissance qui nous permettent de marcher « en nouveauté de vie ». (Romains 6.4).
C'est à la Pentecôte que les disciples furent « baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul Corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres, et qu'ils furent tous abreuvés d'un seul Esprit ». (1 Corinthiens 12.13; Actes 2.1-4).
En envoyant le Saint-Esprit sur terre, « le Fils du Dieu vivant » accomplissait Sa promesse faite à Pierre et Il fondait Son Église.
Par le canal de Son apôtre, l'Évangile fut annoncé avec puissance, et le royaume de Dieu ouvert à des multitudes d'âmes, à Jérusalem d'abord, puis à Césarée. Ainsi, parmi les Juifs, puis au sein des païens, Pierre voyait se réaliser cette autre promesse du Maître : « Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux ».
C'est donc par la prédication de l'Évangile que « le Seigneur ajoutait chaque jour à l'Église ceux qui devaient être sauvés ». (Actes 2.47).
En acceptant Jésus-Christ ils ne devenaient pas membres d'une organisation particulière, mais « d’un organisme vivant » et se trouvaient liés au Christ et les uns aux autres, par le baptême du Saint-Esprit. Leur unité était « l'unité de l'Esprit » qu'ils avaient non pas à créer, mais « à garder, par le lien de la paix ». (Eph 4.3).
Quant à sa mission, l'Église n'avait pas à christianiser le monde, mais à l'évangéliser, Dieu choisissant ainsi « du milieu des nations un peuple qui portât Son Nom ».
Elle avait, non à s'installer sur la terre, mais à « servir le Dieu vivant et vrai » et, en attendant le retour du Christ, sa seule et « bienheureuse espérance », à accepter de souffrir ici-bas pour son Maître pendant le temps de Son absence.
MAIS SI L'ÉGLISE AUJOURD'HUI EST HUMILIÉE DANS LE MONDE, SA DESTINÉE EST DE RÉGNER AVEC CHRIST ET D'ÊTRE SEMBLABLE À LUI.
La lecture du Nouveau Testament vous permettra de constater que l'Église est envisagée sous différents aspects :
1. Dans ses relations avec Dieu, c'est LA FAMILLE DU PÈRE CÉLESTE, LE PEUPLE DE DIEU, composée de tous ceux qui ont reçu le Christ et qui sont devenus ainsi « enfants de Dieu ». Les enfants d'un même Père sont donc, les uns pour les autres, « des frères ». On devient membre de cette famille par la nouvelle naissance. (Eph 3.14-15; 1 Pierre 2.10).
2. Dans ses relations avec le Fils, c'est LE CORPS DE CHRIST. Le Chef de l'Église, Tête du Corps, est dans la gloire. Mais tous ceux qui sont unis à Lui par une foi vivante sont ici-bas les membres de Son Corps. Comme le corps n'est pas sans la tête, et la tête sans le corps, le Christ total, C'EST JÉSUS ET L'ÉGLISE. Toucher à un membre sur la terre, c'est toucher à la tête qui est dans le ciel. Liés ainsi au Christ, dépendant directement de Lui, les croyants sont également liés intimement les uns aux autres de telle manière que « si un membres souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui ». (1 Corinthiens 12.12-27; Eph 1.23; Colossiens 1.18).
3. Dans ses relations avec LE SAINT-ESPRIT, c'est UN TEMPLE SPIRITUEL. Le Christ est est la pierre angulaire, les apôtres, les pierres de fondation et chaque âme arrachée au inonde par l'Évangile en devient « une pierre vivante ». L'édifice se construit dans le monde, mais est distinct du monde. Quand la dernière pierre sera posée, quand le dernier des élus sera manifesté, alors l'Église sera achevée et Christ pourra accomplir pour elle ce qu'il a promis. (Eph 2.19-22; 1 Corinthiens 3.16-17).
4. Dans ses rapports avec LE MONDE, l'Église est la MAISON DE DIEU, « la colonne et l'appui de la vérité ». Ceux qui composent cette maison auront une ligne de conduite très précise et ne se conformeront point « au présent siècle » mais rendront témoignage à la vérité, manifestant qu'ils sont étrangers ici-bas, « bourgeois des cieux, gens de la maison de Dieu ». (1 Tim 3.14-16).
5. Enfin, envisagée dans SA MARCHE SUR LA TERRE, et dans SON ATTENTE, l'Église est L'ÉPOUSE DU CHRIST, qui, telle une fiancée, se prépare pour le jour des noces, et se réjouit d'être totalement à son Bien-Aimé. (Eph 5.25; Apocalypse 1.7-8; 2 Corinthiens 11.2).
Il ne nous est pas possible de vous faire ici un cours d'histoire ecclésiastique. Nous nous bornerons à vous présenter quelques brèves remarques que vous pourrez vous-mêmes contrôler à la lumière de la Bible et de l'Histoire.
Partis dès la Pentecôte à la conquête des âmes, les apôtres accomplirent fidèlement leur mission. Des communautés vivantes se formèrent où régnait la charité du Christ. Ceux qui acceptaient l'Évangile, se repentaient, confessaient leurs péchés et étaient ensuite baptisés au nom de Jésus-Christ.
Sans appui humain, mais revêtus de puissance et de dons surnaturels, les premiers chrétiens avaient tout en commun et se recevaient les uns les autres comme le Christ les avaient reçus.
Persécutés par les Juifs et les païens, ils supportaient tout, enduraient tout, espéraient tout. Prenant à la lettre l'enseignement du Christ, ils défendaient Sa cause non avec des armes charnelles, mais spirituelles, persuadés que leur sang versé ferait fructifier l'Évangile. Ils étaient véritablement les disciples du Crucifié et trouvaient leur joie à être estimés dignes de partager Son sort.
Mais les chrétiens ne devaient pas être toujours persécutés.
Quand, en l'an 312, l'empereur Constantin fit profession de se convertir, dans des circonstances sur lesquelles nous ne pouvons nous étendre ici, le christianisme qui venait d'être encore affreusement persécuté par Dioclétien et Galérius, devint subitement religion d'État.
Dès lors, l'Église pouvant s'appuyer sur le bras séculier, vit peu à peu le bras de Dieu lui être retiré. Ses dons surnaturels disparurent et tandis que sa puissance temporelle s'accentuait, parallèlement sa puissance spirituelle diminuait.
Peu à peu l'Église officielle perdit de vue sa vocation céleste et sa véritable mission sur la terre ; elle s'organisa dans le monde en puissance temporelle, régna sur les rois et les royaumes, s'asseyant sur un trône là où le Christ n'avait eu qu'une Croix.
Devenue romaine, l'Église catholique et apostolique s'éloigna peu à peu de la vie de Jésus et de l'enseignement des apôtres. La simplicité du Christ et la pauvreté des Siens furent remplacés par le faste, la pompe et les richesses d'un monde corrompu qui, sous le couvert du christianisme, vivait dans l'injustice, l'égoïsme, l'orgueil et la souillure.
La conversion de Constantin n'avait pas changé le monde, mais changé, hélas, la vie de l'Église !
Vous connaissez la suite. Toute infidélité du peuple de Dieu conduit au schisme et aux divisions. L'histoire d'Israël se répéta pour l'Église.
Quand de son sein des voix s'élevèrent pour réclamer une réforme de l'Église, elles ne furent pas écoutées.
Excommuniés, persécutés par celle qui devait être « la colonne et le soutien de la vérité », ces croyants, revenus peu à peu à l'Évangile, s'organisèrent ; leurs communautés voulaient être, non une nouvelle église, mais une expression de l'Église véritable, telle que Jésus l'avait envisagée dans ces paroles : « Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là, au milieu d'eux » ! (Matthieu 18.20).
Pour eux, l'Église officielle qui les persécutait, employant les mêmes moyens que les païens d'autrefois, devenait à leurs yeux, infidèle et mondaine et trahissait les ordres du Christ, plus soucieuse de maintenir son pouvoir, son train et sa gloire, que de servir Jésus auprès du peuple.
Hélas, dans ces communautés issues de la Réforme, bien vite le mal fit aussi son apparition !
Abandonnant leur soumission totale aux Écritures, plusieurs sombrèrent dans le libéralisme et le rationalisme.
Après le grand schisme vint la dispersion des chrétiens en nouveaux groupements dissidents, plus ou moins fidèles à la Parole de Dieu.
Une constatation s'impose. PAR SES INFIDÉLITÉS, L'ÉGLISE A PERDU SON UNITÉ VISIBLE.
Des âmes, qui se réclament toutes du Christ, suivent le rite orthodoxe, ou le rite romain, d'autres encore une forme de culte issue du protestantisme.
IL N'Y A PAS UNE ÉGLISE POSSÉDANT L'UNITÉ EN FACE D'AUTRES ÉGLISES DIVISÉES.
IL Y A UNE ÉGLISE QUI A PERDU SON UNITÉ VISIBLE ET DONT LES MEMBRES SONT DISPERSÉS ÇA ET LÀ DANS DIVERS GROUPES RELIGIEUX, CATHOLIQUES, ORTHODOXES, OU PROTESTANTS.
Dans la confusion actuelle et le mélange des vrais et des faux chrétiens, que l'on rencontre dans toutes les églises et communautés, « DIEU SEUL CONNAÎT CEUX QUI SONT SIENS ».
Cette parole de saint Paul nous rassure. Dieu voit les siens partout et n'en oublie aucun.
Toutefois, pour que nous sachions avec qui marcher dans ce monde, l’Écriture ajoute :
« QU'IL SE RETIRE DE L'INIQUITÉ QUICONQUE PRONONCE LE NOM DU SEIGNEUR ». (2 Tim 2.19).
Ainsi, dans ces jours difficiles, un chemin nous est tracé et des compagnons nous sont donnés.
À la suite de Timothée, nous sommes exhortés par saint Paul à poursuivre « la justice, la foi, la charité et la paix avec ceux qui invoquent le Seigneur d'un cœur pur ». (2 Tim 2.22).
Pour ceux-là, la promesse de Jésus se réalise encore : « LÀ OÙ DEUX OU TROIS SONT ASSEMBLÉS EN MON NOM, JE SUIS LÀ, AU MILIEU D'EUX ».
D'après cet enseignement du Maître, la notion chrétienne d'une église ne réside donc ni dans le grand nombre, ni dans telles ou telles institutions. Deux ou trois croyants unis par la prière sont une Église, à laquelle appartiennent tous les privilèges du plus grand corps ecclésiastique.
Dans ce monde occupé par Satan, la persécution pourra surgir à nouveau, les édifices religieux pourront être fermés, mais l'Église subsistera toujours dans la clandestinité et les deux ou trois chrétiens authentiques, qui se réuniront dans une cave, une grange ou les grottes des montagnes, pour invoquer ensemble le nom du Seigneur, seront toujours dans leur témoignage une expression visible de l'Église invisible.
Comme autrefois Pierre sur la montagne de la transfiguration, les chrétiens ont cru devoir dresser trois tentes.
Dieu n'a que faire de nos toiles imperméables dans lesquelles nous vivons sans contact avec nos frères. Sous une même nuée glorieuse II continue à rassembler dans l'unité et dans la charité tous ceux qui ne se réclament plus d'une tradition ou du nom d'un homme, si pieux fût-il, mais qui ne voient au milieu d'eux personne que JÉSUS SEUL. Ils n'entendent plus d'autre voix que celle du Père disant à tous : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-Le ». (Matthieu 17.1-8).
Là où retentit encore cette voix, là où le Fils est écouté, là encore vit et témoigne l'Église en attendant le retour de son Chef : Celui qui lui rendra son unité visible en rassemblant sur les nuées du ciel tous ceux qui, dans tous les milieux, ont reçu Sa Parole et manifestent Sa nature.
Alors, la Tête et le Corps seront vus pour la première fois dans leur glorieuse unité.
Celui qui lit la Bible avec attention n'est nullement surpris de l'état actuel de la chrétienté.
Loin de se laisser écraser par la situation affligeante du monde religieux, il se ressaisit ; il met à profit le temps si court qui lui reste pour témoigner auprès de tous les hommes de l'amour de Jésus, du « seul soit donné sous le ciel parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés ». (Actes 4:12).
Dans les Écritures, il a découvert que cette corruption du christianisme constatée aujourd'hui dans le monde était prévue et annoncée par Jésus et Ses apôtres.
Il s'aperçoit que la désintégration, la désunion, le scandale, l'impuissance, se trouvaient déjà en germe dans les communautés primitives. Seule l'action puissante du Saint-Esprit les empêchait de se développer rapidement.
Hélas, quand les apôtres disparurent, quand la persécution cessa, l'Église confessante perdit de vue sa vocation céleste et s'associa au monde ! La profession chrétienne sans vie réelle était née. L'apparence, la forme de la piété était conservée, mais ce qui en fait la force était renié. (1 Tim 3.5).
Une étude objective des paraboles de Jésus nous amènerait à reconnaître que le Christ avait annoncé ce changement, qui se produirait dans le Royaume des Cieux, c'est-à-dire dans cette période où le Roi est absent et où Ses serviteurs travaillent en vue de l’établissement du Royaume de Dieu. (Matthieu 13.1-51).
1. Par la parabole du Semeur, Jésus montre clairement que le monde entier ne se convertira pas par la prédication de l'Évangile. Sur quatre terrains qui reçoivent la semence, un seul produit du fruit.
2. Dans la parabole de l'Ivraie, semée parmi le blé, Jésus prévoit le mélange des vrais et des faux chrétiens et enseigne qu'il n'appartient pas aux disciples d'arracher l'ivraie, de peur qu'ils ne déracinent en même temps le blé. Ce travail de séparation sera accompli, par les anges, au temps de la moisson.
3. Dans la parabole du Grain de moutarde devenu un grand arbre dans les branches duquel les oiseaux viennent demeurer, Jésus prédit les progrès extraordinaires du christianisme. D'abord faible plante, il fut méprisé ; devenu fort de sa vraie force, une force céleste, il fut haï et persécuté. Rien cependant ne put l'empêcher de grandir et de s'affermir, si bien que le monde voulut traiter alliance avec lui. L'arbre ecclésiastique devint alors un abri confortable pour ces oiseaux impurs et odieux dont nous parle l’Apocalypse. Dans le sein même du grand arbre toute espèce de doctrines et de personnages trouvèrent place et abritèrent leur trafic impur.
4. La parabole du Levain placé par une femme dans une pâte pure nous donne le même enseignement. Jamais dans l'Écriture le levain ne représente l'Évangile, mais toujours quelque chose de mauvais. Aujourd'hui, la chrétienté est arrivée à son apogée. La pâte est entièrement levée, mais les foules ne veulent plus manger de ce pain.
5. Dans une autre parabole, Jésus nous montre un filet jeté dans la mer et ramassant des poissons de toute espèce, bons et mauvais, dont la séparation n'a lieu qu'à la consommation des siècles. Ici encore, nous retrouvons ce mélange qui caractérise la chrétienté.
6. Enfin, si l’on considère la parabole des « Dix Vierges », on est convaincu que Jésus n'a pas voulu laisser ignorer aux Siens l'histoire douloureuse de ceux qui se réclament de Son nom sans avoir Sa vie. (Matthieu 25.1-13).
Comme nous avons eu l'occasion de le constater, les prophéties de Jésus s'accomplirent rapidement.
Les apôtres dénonçaient déjà avec force le mal qui agissait au sein des premières communautés chrétiennes.
Saint Paul, écrivant aux Thessaloniciens, les avertissait que « le mystère d'iniquité opérait déjà », mystère qui devait aboutir à la fin des temps à l'Antichrist et à l'apostasie de la chrétienté.
Enfin, saint Jean, dans son Apocalypse, nous présente deux tableaux extraordinaires, deux femmes, qui sont deux villes. (Apocalypse 17 à 22)
1. La première est la fiancée fidèle, l'Épouse de l'Agneau, du Roi des rois. Sur la terre, elle monte du désert, s'appuyant sur son invisible Bien-Aimé, fatiguée, lasse peut-être, elle demeure pourtant fidèle.
C'est l'Église de Dieu acquise par le sang du Christ, c'est la cité céleste, la Jérusalem d'En-Haut, vue des cieux comme un astre de cristal transparent et pur. Ceux qui en font partie sont nés de Dieu.
Sa destinée est d'être enlevée vers Dieu pour régner à jamais avec son Époux. C'est là sa bienheureuse espérance.
Refusant de s'associer au monde, elle travaille dans le monde, mais n'est pas du monde. Aussi doit-elle partager le mépris et l'oubli dans lesquels est tenu son Chef glorieux. Cette cité trouve cependant son expression ici-bas dans les « deux ou trois » pour lesquels Christ, l'Agneau divin, est devenu le Temple.
2. L'autre femme nous est présentée sous les traits d'une prostituée vêtue de pourpre et d'écarlate, et assise sur une bête monstrueuse. Sur le front de la femme on peut lire : « mystère, Babylone la grande » !
C'est la cité terrestre, la fausse Église dont l'existence a commencé dès les jours apostoliques et qui atteint son apogée à la fin des temps. C'est le christianisme corrompu, associé au monde, à ce système représenté par une Bête. Compromise avec elle, sa fin est d'être foulée aux pieds et brûlée.
Amis, êtes-vous une pierre de Jérusalem, ou de Babylone ?
Revenez à l'Évangile et bien vite vous comprendrez que tout ce qui appartient au Christ fait partie du premier symbole, de la véritable Église universelle et apostolique, de « la Jérusalem céleste » dont la glorieuse espérance est certaine.
Vous saisirez aussi que tout ce qui n'est au Christ que de nom, donc faussement, appartient à Babylone dont l'espérance de régner sur le monde est vaine.
Alors, avec tous ceux qui, en tout lieu, s'humilient, se préparent et se sanctifient, dans la communion de l'Esprit et de l'Épouse, vous direz avec force : « Amen, Viens Seigneur Jésus » !