Nous voulons maintenant examiner brièvement les fondements du Pentecôtisme. Nous en décrirons les dangers, tout en montrant comment, dans ce domaine, l’on peut au nom de la Parole créer un état de choses contraire à cette même Parole. Nous voulons voir premièrement les erreurs doctrinales du Pentecôtisme ; dans le chapitre suivant, nous examinerons les dangers psychiques et physiques du Pentecôtisme, ses illusions et ses séductions spirituelles. Il s’agit donc de considérer pratiquement le Pentecôtisme au triple point de vue biblique, psychique et spirituel.
Pour juger une question d’une telle importance, notre autorité, la seule sûre et véritable, est la Parole de Dieu, mais la Parole interprétée justement. « Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a point à rougir, qui dispense droitement la Parole de la vérité » disait Saint Paul à Timothée, alors qu’il lui écrivait précisément au sujet de tous les périls et les séductions spirituelles des derniers jours (2 Timothée 2.15, V. Segond). Voilà un critère d’importance Capitale, une pierre de touche de l’erreur : « dispensant comme il faut la Parole de la vérité (V. Ostervald). Toutes les erreurs et tous les « ismes » se rendent fort de la Bible, mais d’une partie seulement de la vérité sous laquelle se cache et à laquelle se mêle l’erreur. Le faux emploi de la Parole de Dieu est la cause et le point de départ des hérésies, des séductions et des exagérations des uns comme de la mort spirituelle et du formalisme orthodoxe des autres. Chacun se réclame de « la Parole », ainsi que du « Nom du Seigneur » ; mais on se trompe en se permettant un faux emploi de l’Écriture et en en violant les lois d’interprétation.
Citons un cas, le plus fréquent et.le plus facile, mais aussi celui dont les résultats sont les plus néfastes et négatifs : sortir des phrases bibliques de leur contexte ou interpréter des versets et des passages bibliques en dehors de l’ensemble du témoignage de la Parole.
En agissant ainsi, l’on peut prouver ce que l’on veut ; l’erreur peut parader sous les formes les plus bibliques, sous l’apparence la plus spirituelle, et séduire les esprits. C’est ainsi que sont mis sous servitude mentale des chrétiens qui n’ont jamais eu l’occasion d’étudier les Écritures ou qui n’ont jamais pris la peine de le faire de la vraie façon. Là aussi, l’indifférence générale que l’on constate dans la chrétienté à l’égard de notre précieux héritage, la Bible, entraîne ses tristes résultats ; quand on viole une loi spirituelle, on en supporte fatalement les conséquences.
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Telle est l’une des promesses formelles de l’Écriture, mais qui concerne le peuple juif de la fin du règne d’Antéchrist. Cette parole lui fut donnée en vue du règne à venir et du «&nbp;rétablissement de toutes choses » : Osée 6.3 ; Zacharie 10.1, etc. ; Jacques 5.7. Elle fut accomplie partiellement au jour de la Pentecôte quand Saint Pierre prêcha aux Juifs la rémission des péchés (Actes 2.5, 14, 29, 36, 39). Alors « la pluie de la première saison » vint sur Israël en attendant le jour glorieux décrit par l’apôtre dans les versets 17 et 18 où il cite le prophète Joël annonçant « la pluie de l’arrière-saison » qui tombera en bénédiction sur ce peuple missionnaire avant l’établissement du royaume sur la terre. (Lire Joël 2.28-30.)
Prendre ces promesses pour nous, les transplanter hors du temps auquel elles appartiennent et prétendre à leur réalisation actuelle, c’est soutenir une théorie qui contredit les faits bibliques et qui précisément viole les lois d’interprétation des Saintes Écritures. Prier et agir sous cette « persuasion » signifie inviter la séduction et s’adonner aux périls spirituels (Galates 4.8, V. Ostervald). Ceux qui s’engagent sur ce chemin, qui emploient ces passages pour appuyer cette théorie, n’ont plus qu’un pas à faire pour s’ouvrir aux manifestations spirituelles mensongères que l’on appelle « la pluie de l’arrière-saison ». La vérité mal employée n’engendre pas la vérité — seulement l’erreur.
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Aussi une phrase biblique dont on à abusé et que l’on a souvent mal interprétée, et quelquefois avec les plus tristes résultats.
Nous tenons à dire ici que nous sommes les premiers à déplorer le manque de puissance de l’Église contemporaine et le besoin urgent, vital, de chaque chrétien de connaître la valeur présente, l’efficacité spirituelle et personnelle de l’Esprit de Christ qui est en lui, depuis le jour où il a connu Christ, le jour où il a cru en Lui et a été scellé du Saint Esprit qui avait été promis, selon Éphésiens 1.13.
Nous savons aussi et-nous ne cessons d’affirmer qu’il existe dans certains milieux chrétiens telle chose qu’une grande exactitude dans l’observation de la « lettre » de la Parole, accompagnée de la profession d’une grande « fidélité aux Écritures » qui insiste jusqu’au iota dans « la marche » et la description de la vie chrétienne — et cependant cette orthodoxie est souvent une forme de piété étrangère à la vie de Dieu, une « lettre qui tue », devenue la couverture qui cache des choses contraires à ce qu’enseigne la Bible. — Une profession semblable de piété tout extérieure et rigide à l’excès est une manifestation étrangère à l’Esprit de Dieu, une contre-façon de la vraie piété, et cela tout autant que le Pentecôtisme qui en est l’autre extrême. « Laodicée » est la dernière forme du mal ecclésiastique (Apocalypse 3.14-22), la pire précisément parce qu’elle se réclame de la Parole dans tous ses faits et gestes, alors que devant Dieu elle est « malheureuse, misérable, aveugle et nue ». Ce qui n’est qu’« orthodoxe » ne peut être agréable à Dieu, quelle qu’en soit l’apparente fidélité scripturaire.
Cela dit, revenons au mot grec « baptême ». Il signifie « immersion » ; et ce que représente ce terme répond certainement au désir du cœur fidèle du croyant qui voudrait être entièrement sous l’action du Saint-Esprit, immergé dans Sa puissance. On le demande au Seigneur qui est prêt à exaucer cette prière, même mal exprimée quant à sa forme. Nous sommes Ses enfants, Il est notre Père, Il a compassion de nous, Il sait ce qu’il nous faut. Il nous exauce donc non pas en raison de la forme de notre prière, mais selon le désir de nos cœurs qu’Il connaît et qu’Il approuve. Mais le baptême du Saint-Esprit comme fait historique et unique, l’acte officiel accompli une fois pour toutes il y a deux mille ans est tout autre chose. Le réclamer pour soi est contraire à l’Écriture et à ses lois d’interprétation ; se livrer à cette pensée signifie se livrer à une séduction spirituelle.
« Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous et vous serez Mes témoins… » (Actes 1.8). Cette parole est notre raison d’être et notre vocation, notre ordre de marche, notre droit d’aînesse. La promesse qu’elle contient a en vue l’évangélisation du monde, souvenons-nous-en. Mais il ne faut pas confondre le revêtement de la puissance du Saint-Esprit, décrit dans Actes 1.8, avec le soi-disant « baptême du Saint-Esprit » que réclament les pentecôtistes. Dans Éphésiens 4.4, l’apôtre dit : « Il y a un seul baptême ». Quand Jean-Baptiste annonce aux Juifs que le Messie viendra les baptiser de Saint-Esprit et de feu, il faut remarquer que si Matthieu et Luc se servent de ces termes, Marc, en rapportant le même fait, dit simplement : « Il vous baptisera du Saint-Esprit » et n’ajoute pas « et de feu ». Les deux premiers passages de Matthieu et de Luc annoncent l’acte officiel qui devait inaugurer les deux Dispensations qui allaient suivre : celle du Salut par grâce et celle du Jugement (comparez Ésaie 61.2 ; Malachie 3.1-3 et 4.1). L’Esprit de Dieu S’est manifesté par conséquent au jour de la Pentecôte, en grâce et en miséricorde, inaugurant le temps du Saint-Esprit, qui est « le temps favorable, le jour du salut ». Quand sonnera « le jour de vengeance de notre Dieu », le temps du jugement, le monde, en commençant par les Juifs, sera baptisé par le feu du jugement, exactement comme le décrit l’Apocalypse. C’est ce que font ressortir Matthieu et Luc dans leurs Évangiles, selon le dessein divin de leurs livres respectifs, Marc qui, dans son Évangile, révèle le parfait Serviteur, n’avait naturellement pas à parler de l’administration du jugement et c’est pourquoi il tait « le baptême de feu ». Répétons-le, ce terme appartient au langage prophétique, il ne concerne nullement « l’expérience » à laquelle certains se livrent en croyant recevoir le baptême du Saint-Esprit.
Pris hors de leur véritable contexte et dépourvus du sens que Dieu leur donne, le « baptême du Saint-Esprit » et le « baptême de feu » ne peuvent que créer des erreurs, des confusions et des illusions qui augmentent la persuasion propre à l’erreur. Il s’agit en effet d’une « persuasion », mot employé par l’apôtre Paul dans Galates 5.7 (V. Ostervald) et traduit parfois par « influence » ou « suggestion », termes bien explicites aussi. Celui qui est l’esclave d’une telle persuasion en est lui-même énergisé ; et par la force de sa volonté il communiquera aisément cette persuasion aux autres.
Pentecôte fut donc un jour unique, historique, qui ne se répétera pas plus que le jour de la naissance du Sauveur. Le baptême du Saint-Esprit fut le signe, la manifestation officielle, la marque et l’acte d’autorité inaugurant une fois pour toutes la nouvelle économie, et cela « premièrement pour les Juifs ».
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Mais ceci nous conduit plus loin. Comme nous venons de le dire il est immanquable qu’étant sous cette persuasion l’on en arrive à réclamer et même à imposer aux autres ce qu’on appelle « les signes et les miracles ».
« Signes et miracles », comme nous l’avons mentionné plus haut, est un terme technique des Saintes Écritures. Les Actes des apôtres démontrent clairement que les « signes et les miracles » caractérisèrent les premiers temps de l’Église, avant que l’apôtre Paul se donnât entièrement au monde païen, alors qu’il s’occupait encore de la maison d’Israël.
Il nous est dit dans 1 Corinthiens 1.22 que « les Juifs demandent des miracles ». Du temps du Sauveur de même, nous voyons les Juifs s’attendre continuellement à ce que le Messie justifie Son origine divine par des miracles (voir Matthieu 12.38-16.1). Dans Jean 14.48, le Maître leur adresse ces paroles révélatrices : « Si vous ne voyez des signes et des miracles, vous ne croyez point ». Ce fut à cause de leur incrédulité à Son égard, de leur péché et de l’orgueil de leur cœur, que le Seigneur, à mesure que s’approchait la fin de Son ministère terrestre, accomplit moins de miracles qu’au début, et que ceux qu’Il accomplit encore excitèrent même la colère des Juifs contre Lui : car la foi basée sur des miracles n’est pas la foi vraie : « Malgré tant de miracles qu’il avait faits en leur présence, ils ne croyaient pas en Lui » (Jean 12.37). L’apôtre Pierre au jour de la Pentecôte déclare : « Hommes israélites, écoutez ces paroles ! Jésus de Nazareth, cet Homme à qui Dieu a rendu témoignage devant vous, par les miracles, les prodiges et les signes qu’il a opérés par Lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes ; cet Homme livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous L’avez crucifié… » (Actes 2.22-23).
Ce terme « signes et miracles » dont nous exposons ainsi le contexte et les seules et vraies conditions n’est pas autre chose que l’accomplissement de certaines promesses messianiques de l’Ancienne Alliance où les prophètes juifs annonçaient formellement que les signes et les miracles seraient la preuve par laquelle les Juifs pourraient reconnaître leur Messie (Ésaïe 35.5-6 ; 29.18 ; cp. Matthieu 11.3-6, etc.).
Voilà pourquoi l’apôtre Paul insiste auprès des païens sur le fait que c’est par la seule parole de la foi que le païen croit et peut être sauvé (Romains 10.6 à 17). Dieu est le Dieu des miracles ; toutes choses Lui sont possibles, il est à peine nécessaire de l’affirmer. Mais les signes et les miracles appartiennent au peuple juif premièrement, et aux temps où Dieu se fait connaître à lui de cette façon, selon qu’il nous est dit dans Hébreux 1.1 : « Après avoir autrefois, à plusieurs reprises et de plusieurs manières, parlé à nos pères par les prophètes, Dieu dans ces derniers temps nous a parlé par le Fils ».
C’est en décrivant le temps où l’Évangile fut annoncé par les témoins oculaires de la vie du Seigneur, avant que le Canon du Nouveau Testament n’existât, que l’apôtre dit des premiers témoins : « Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges et divers miracles, et par les dons du Saint Esprit distribués selon Sa volonté ». Mais il ajoute que ce sont là les premiers éléments de la doctrine de Christ (Hébreux 6.1) et il exhorte les croyants à tendre plus loin et à ne pas en rester là ; car ces premiers éléments caractérisent un état d’enfance sans discernement des esprits, sans compréhension de la parole de la justice : « Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous ayez encore besoin qu’on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu ; vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d’une nourriture solide. Or, quiconque en est au lait n’a pas l’expérience de la parole de justice, car il est un enfant. Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l’usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal. » (Hébreux 5.12-14).
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Nous ne voulons pas nous arrêter à la prétention souvent émise dans les milieux pentecôtistes — prétention déplorable tant au point de vue logique que biblique — que sans ces « dons », l’on n’a « pas reçu le Saint-Esprit », l’on n’est « pas propre au service ».
Telle est l’une des causes de la confusion qui règne aujourd’hui à l’égard du Pentecôtisme et des déceptions et des tristes résultats qui, à la longue, en sont fatalement la conséquence, quand a passé la première effervescence. Et cependant nous sommes obligés de constater aujourd’hui que la grande ignorance biblique et l’ardente soif spirituelle des âmes les rendent accessibles à de telles persuasions. Et comme le dit Paul, si l’on séduit les autres, c’est qu’on est séduit soi même.
Quel est ce « don des langues » ? Nous parlerons plus loin des lois psychologiques et physiques que l’on viole en se livrant à cette « persuasion » ; pour le moment, nous nous bornerons à dire que le don des langues dont parlent les Actes des Apôtres, chapitre 2, est chose entièrement distincte et différente du prétendu « don » du mouvement de Pentecôte contemporain.
Il est vrai que Dieu peut faire toutes choses, jusqu’à faire parler une ânesse, mais seulement dans le temps et pour les besoins d’un Balaam ! Mais il est également vrai que Dieu ne veut pas faire ce qui viole les lois divines et psychologiques qu’Il a Lui-même établies ; Il ne les violera pas, même pour plaire à Ses propres enfants ! Le Pentecôtisme est coupable de ces deux violations, ses adeptes en subissent fatalement les résultats néfastes et les effets négatifs d’aveuglement et d’étourdissement, tout en étant vraiment sincères et dévoués dans ce qu’ils croient être vrai.
Le don de parler en langues étrangères qui se manifesta au jour de la Pentecôte fut accordé dans le but de répondre aux besoins uniques de cette occasion ; ce don fut employé avec intelligence et pratiqué avec ordre. Les Écritures n’existant alors qu’en hébreu et en grec, par un acte souverain du Seigneur, elles furent proclamées dans la langue de chacun, selon la sobre description d’Actes 2.4-11.
Il est important de noter quelles furent les deux occasions où le don des langues est encore mentionné dans le livre des Actes ; elles sont significatives : chapitre 10.44-46 et 19.6. Dans le premier cas, il s’agit de la première fois où l’Évangile fut annoncé aux païens : ce don fut accompagné de l’imposition des mains d’un apôtre. Ce fut un acte unique et officiel qui ne devait pas se renouveler. Le second cas se produisit lors de la conversion au christianisme d’une douzaine de prosélytes, disciples de Jean. Ils avaient é1é conduits au baptême de repentance de Jean, mais pas plus loin. Ils n’étaient donc pas sous la grâce, ni possesseurs du salut par grâce. L’apôtre leur prêcha l’Évangile, sa prédication fut accompagnée de la puissance du Saint Esprit, puis il leur imposa les mains et ils parlèrent alors en langues. Ces deux cas sont uniques et les expériences décrites dans ces passages ne se renouvelèrent plus dans toute l’histoire apostolique.
Ceci nous conduit au passage important de la première épître aux Corinthiens chapitres 12 à 14, dont la clef nous est donnée au chapitre 13, aux versets 8 à 11 qui expliquent et solutionnent tout le contexte. Ces Corinthiens, avec tous leurs dons et leurs privilèges, étaient affligés de nombreux maux spirituels. Satan les séduisait, déguisé en ange de lumière ; de soi-disants « prophètes », parlant dans leurs assemblées « au nom du Seigneur » les mettaient sous leur domination ; la plus grande confusion morale régnait au milieu d’eux. de pair avec la plus grande anarchie spirituelle.
L’un des désordres les plus saillants favorisé par cet état de choses concernait précisément le « parler en langues ». La chose juste, originelle, avait été prolongée au delà de son temps et en dehors de son cadre légitime. Le mélange qui en était résulté avait naturellement provoqué des schismes et des séductions de la pire sorte, ce « parler en langues » se glissait au milieu de manifestations de vraie vie et de puissance spirituelle ; mais la mesure de vérité sous laquelle se dissimule l’erreur ne peut jamais justifier l’erreur, au contraire, elle en augmente le danger.
Il en est de même de nos jours ; nul ne doute que des âmes puissent trouver le salut dans certains milieux pentecôtistes, mais ceci est dû, non pas au pentecôtisme et à ses manifestations, mais seulement à la mesure dans laquelle l’Évangile a été annoncé et accepté à côté des erreurs qu’il ne justifie pas ; n’oublions pas que dans de tels cas le mélange subsiste ensuite dans l’âme du jeune croyant.
C’est ici la signification véritable du chapitre 13 de la première épître aux Corinthiens qui déclare que l’amour est supérieur et plus désirable que tous les autres dons. Aussi lisons-nous à la fin de ce même chapitre cette parole de toute importance et qui a précisément en vue le parler en langues, chose légitime au début de l’Église, mais dont l’emploi non justifié eut plus tard des conséquences funestes ; « La charité ne périt jamais ; les prophéties prendront fin, la connaissance disparaîtra. Car nous connaissons en partie et nous prophétisons en partie, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra. « Lorsque j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant ; lorsque je suis devenu homme, j’ai fait disparaître ce qui était de l’enfant. » (1 Corinthiens 13.8-11). Ceci revient à dire que même le parler en langues authentiques était « parler en enfant ».
Quand l’Église était dans son enfance, elle pensait, elle jugeait, elle parlait en enfant ; mais devenue majeure, ayant les instructions apostoliques des Écritures du Nouveau Testament en mains, il lui fallait mettre de côté ce qui appartenait à l’enfance pour lui permettre d’arriver à penser, à juger, à parler en « homme fait ». Telles sont les exhortations de l’apôtre Paul. Le vrai don des langues était un signe propre à l’enfance de l’Eglise. C’est pourquoi son imitation qui fascine de nos jours certains croyants est simplement la preuve d’un état d’enfance spirituelle, et non pas de progrès réels et de vérité saine. De là les exagérations, les prétentions aussi illogiques, malsaines, qu’anti-scripturaires et dangereuses dans leurs résultats.
Il nous est dit que les dons spirituels accordés par le Seigneur aux membres de Son corps se reconnaissent du fait « qu’ils sont pour l’utilité commune » (1 Corinthiens 12.11), pour la croissance de l’ensemble et pour le bien des âmes. C’est précisément ce que ne sont ps les manifestations contemporaines du « parler en langues ». Il ne devrait pas être nécessaire de dire que le don de s’exprimer en telle langue devrait être destiné aux pays où celte langue est parlée. Il n’est ni logique, ni selon les lois divines que telle langue étrangère que l’on prétend parler après la réception du « baptême du Saint-Esprit » trouble la paix, servant seulement à satisfaire la curiosité et à nourrir certains besoins d’émotions fortes et de séductions spirituelles dans un pays où cette langue n’est pas comprise !
De même, si ce « parler en langues » était un don véritablement divin, il serait simplement logique que ceux qui prétendent en être les possesseurs, allassent l’exercer dans les pays où l’on parle cette langue ; il est étrange que l’on n’ait jamais remarqué qu’un Anglo-Saxon allant en France ou en Suisse Romande ait reçu « le don » du français… ce serait au moins utile !
Comme nous le disons plus haut, la sobre et sainte déclaration du texte inspiré d’Actes 2 suffit pour nous donner de saisir une fois pour toutes quelles étaient les conditions et les circonstances spéciales qui nécessitèrent la manifestation du vrai don des langues : « Ils furent tous remplis du Saint-Esprit et se mirent à parler en d’autres langues selon que l’Esprit leur donnait de s’exprimer. Or, il y avait en séjour à Jérusalem des Juifs, hommes pieux de toutes les nations qui sont sous le ciel. Au bruit qui eut lieu, la multitude accourut et elle fut confondue parce que chacun les entendait parler dans sa propre langue » (Actes 2.4-6). De plus l’explication que donne l’apôtre Pierre dans les versets 12 à 16, relient le fait qui venait de s’accomplir à la promesse faite au peuple juif pour cette occasion unique.
Mais hélas, quand une attitude est dictée par une idée préconçue, un préjugé, un dessein arrêté, non seulement on ferme les yeux à ce que dit l’Écriture, mais on lui fait dire ce qu’elle ne dit pas.
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Trois faits sont à noter à ce sujet :
Premièrement. — La Parole divine s’explique clairement au sujet du grand problème de la maladie et des infirmités du corps.
Deuxièmement. — Dans ce domaine, l’Église et les chrétiens ont été infidèles et cela souvent parce qu’ils ignoraient la puissance de Dieu pour guérir quand telle est Sa volonté. Trop souvent-ils n’ont pensé qu’au secours humain, oubliant le secours divin et se livrant alors à des voies sans issue et à des situations douloureuses qui auraient pu être différentes.
Troisièmement. — On a souvent mal interprété le simple mais clair enseignement du Nouveau Testament : les promesses de secours dans certains cas, la puissance divine donnant guérison quand telle est la volonté de Dieu. Souvent on s’est servi d’une façon abusive des passages se rapportant à la guérison du corps ; on a prolongé les lignes, on en a tiré pour soi-même une sorte de système légal, et ce qui est pire, on a imposé ce système aux autres, allant même jusqu’à déclarer que si le chrétien est malade, c’est « à cause de son péché » ; que s’il n’est pas guéri, « c’est par manque de foi ». (Évidemment, manque de foi du pauvre malade et non pas de celui qui prétend posséder le don de guérison… un fait qui ne manquerait pas d’humour si ses conséquences n’étaient si tragiques et cruelles.)
Nous croyons du fond de notre cœur à la puissance du Seigneur pour guérir les malades. Nous l’avons constaté chez les autres ; nous l’avons expérimenté pour nous-mêmes à maintes reprises. Nous ne voulons rien céder de notre assurance, de notre conviction, de notre témoignage personnel à ce sujet.
Nous croyons aussi, et pour les mêmes raisons, qu’il existe telles choses que les « puissances de mort » (Hébreux 2.14) qui attaquent le corps du croyant fidèle, oppriment et cherchent à écraser son esprit, à flétrir et à épuiser ses forces physiques. Nous savons qu’il y a des puissances d’oppression et de dépression, des dominations mortelles et des esprits méchants, avec lesquels l’Église du Dieu Vivant, le Corps mystique de Jésus-Christ aura toujours plus à lutter à mesure que s’approche la fin de l’économie de la Grâce, comme nous en avertit solennellement le Nouveau Testament. Combien souffrent de tels combats, sans en reconnaître ni la source, ni la nature et encore moins, hélas, le moyen de délivrance qu’offre le Nom et l’Autorité du Seigneur. Cette ignorance est souvent la cause que tel croyant dévoué, souffrant de la sorte, se livre à ce qu’il pense être l’acceptation de la « volonté du Seigneur », et entre ainsi dans une situation qui est la volonté de l’ennemi ; c’est ainsi que quelques-uns sont tombés dans la neurasthénie et parfois se sont livrés à des traitements psychiques qui ne sont certainement ni justes, ni le moyen d’une délivrance réelle et durable.
L’Écriture nous enseigne ces choses sans aucun son confus ; nombreux sont ceux qui en ont expérimenté les effets à maintes reprises et dans diverses circonstances ; et grâce à Dieu ils ont aussi expérimenté la puissance glorieuse du seul Nom devant lequel les démons reculent, les chaînes se rompent, l’esprit d’oppression et de ténèbres est chassé pour faire place à un esprit de paix, un « manteau de louanges ».
Mais en même temps nous avons aussi vu et touché du doigt les effets meurtriers et cruels d’une certaine « marche de foi » pour le corps, qui fait des victimes et impose à autrui des expériences aussi tragiques que contraires à la volonté de Dieu. Les situations ainsi créées sont terribles ; les effets parfois mortels. Mais hélas, ces pratiques échappent au contrôle des lois civiles qui mettraient vite fin à ces abus abrités sous le nom de la religion — ce qui est en réalité un vrai trafic d’âmes d’hommes.
Combien nombreux sont les cas où tel ou tel chrétien malade fut mis sous cette loi de prétendue « marche de foi », excluant toute médecine et inter- disant le secours de tout médecin. Il est vrai que par l’action d’une persuasion mentale exercée sur autrui, et cela dans une atmosphère créant une certaine exaltation, il peut y avoir soulagement momentané, du fait de l’espérance trompeuse qui s’empare alors du malade ; mais le mal subsiste et s’enracine. Puis vient de moment où l’on est forcé de voir les choses telles qu’elles sont ; le médecin n’a plus qu’à déclarer que le mal est avancé à un point où son intervention est rendue inutile ! Évidemment, comme nous le disons plus haut, aux dires de ceux qui ont agi d’une façon aussi coupable, le malade « manquait de foi », ou ce qui est plus cruel encore « avait des interdits dans sa vie… » Et la victime s’en va, après avoir enduré des souffrances inutiles et des angoisses mortelles, mais les vrais coupables échappent.
Il est certain que chacun est libre d’avoir ses propres convictions et de faire ses propres expériences ; mais nul n’a le droit d’imposer de telles expériences aux autres. Nombreux sont les abus de ce genre que nous avons constatés ; nombreuses sont les victimes que nous avons essayé d’aider, mais dans quelques cas la fausse « marche de foi » avait déjà accompli son œuvre néfaste. Nombreuses sont aussi les occasions où nous avons eu le devoir et le privilège de dévoiler et de mettre fin à de tels états de choses. C’est ce qui nous permet de parler aujourd’hui, comme nous le faisons ici en résumé seulement, mais avec conviction et certitude.
Nous traiterons plus loin, en parlant des lois psychiques, les causes de certaines guérisons apparentes ; mais nous voulons souligner ici la nécessité d’aborder cette question avec un jugement bien équilibré, ce qu’il faut en toutes choses. L’Esprit-Saint nous communique cet équilibre et nous permet de « dispenser les Écritures comme il faut ».
L’apôtre Paul a révélé à l’Église le don de guérison. Lui-même, à maintes reprises a mis à l’épreuve la puissance du Seigneur dans ce domaine. Cepen- dant dans 2 Corinthiens 1.9-10, il affirme avoir été assiégé par des puissances spirituelles qui le menaçaient de mort. Ailleurs il dit avoir été malade : « Pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de l’excellence de ces révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair… c’est pourquoi je me plais dans les faiblesses… car quand je suis faible, c’est alors que je suis fort. » (2 Corinthiens 12.7-10). « Vous savez que ce fut à cause d’une infirmité de la chair que je vous ai prêché pour la première fois l’Évangile. Et, mis à l’épreuve par ma chair, vous n’avez témoigné ni mépris, ni dégoût… » (Galates 4.13-14). N’a-t-il pas encouragé son fils spirituel à user de fortifiants ? « Ne continue pas à ne boire que de l’eau ; mais fais usage d’un peu de vin à cause de ton estomac et de tes fréquentes indispositions. » (1 Timothée 5.23). N’a-t-il pas été contraint de laisser uni de ses importants collaborateurs « malade à Milet » (2 Timothée 3.20) ? Était-ce manque de foi de sa part, ou présence d’interdit ? qui oserait l’affirmer ? C’est dans ce domaine que l’inconséquence va de pair avec l’erreur chez ceux qui prétendent posséder les dons apostoliques sans suivre l’exemple ni accepter les conditions apostoliques. Il est reconnu que bien souvent, tout en faisant pour les autres une loi de ce dont Dieu ne fait pas de loi, ils font eux-mêmes usage de remèdes, tout en se gardant de les nommer ainsi. Ils savent suppléer à leurs déficits physiques mieux qu’ils ne le pensent… il suffit de dire qu’en cas de besoin, on ne se fait pas de scrupule de porter un dentier !
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6° Avant de parler des dangers psychiques du Pentecôtisme, citons encore une erreur doctrinale qui est souvent la base et le point de départ de toute cette suite d’erreurs et d’illusions spirituelles. Nous parlons de la théorie qui sépare la conversion de la régénération, assignant à chacune de ces expériences une époque différente.
Les déclarations du Nouveau Testament sont simples et claires. Elles ne laissent subsister aucun équivoque. Pour ne pas se laisser induire en erreur, il suffit de se souvenir de ce que nous avons dit plus haut au sujet du danger de sortir des passages bibliques de leur contexte et de s’approcher des Écritures avec une idée préconçue.
Écoutons l’apôtre Paul : « Si quelqu’un n’a pas l’Esprit de Christ, il n’est point à Lui » (Romains 8.11), « En Lui vous aussi, après avoir entendu la parole de vérité, l’Évangile de votre salut, en Lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis » (Éphésiens 1.13). Ecoutons le Seigneur Lui-même : « En vérité, en vérité, Je vous le dis, celui qui écoute Ma Parole et qui croit à Celui qui M’a envoyé a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie » (Jean 5.24).
La conversion — l’acte de l’homme — et la régénération — l’acte de Dieu — ne peuvent être séparés de fait et de cause, sans contredire les Écritures ou bien les tordre. Le faux usage et l’interprétation erronée du chapitre 6 des Romains sont souvent à la base de cette erreur et deviennent le point de départ d’une vie chrétienne qui perpétue ensuite un mélange spirituel de vrai et de faux. Le chapitre 6 des Romains ne concerne pas la régénération du croyant mais sa sanctification en Christ, à qui il est uni dans Sa mort et Sa résurrection.
Nous insistons donc sur ce fait. S’il est inadmissible, selon les Écritures, de s’arroger le droit de dogmatiser auprès d’autrui quant à deux expériences différentes dans ce domaine, il est également très dangereux de séparer ce que Dieu a uni et de livrer les âmes à une immanquable recherche et attente de nouvelles expériences, « bénédictions » et grâces, en leur faisant croire que, bien que « converties », elles ne sont pas « nées de nouveau ». Dire d’un croyant qu’il n’est pas né de nouveau est à la fois prétentieux, de la part de celui qui ose l’affirmer, et nuisible, pour celui qui est ainsi critiqué. Il est certain qu’il y a des gens qui se disent convertis et qui ne le sont pas, mais ceci est tout autre chose — ils sont sous l’impression d’une émotion, d’un moment d’enthousiasme ; ou bien ce qui est, hélas, souvent le cas, ils sont sous l’action de la persuasion et de la volonté propres de tel prédicateur, dont la soi-disant « puissance » est tout, sauf celle du Saint-Esprit, pour ceux qui savent le discerner.
Dire que l’on peut être « converti » sans être « né de nouveau » est donc une erreur fatale, bien propre à diriger les âmes vers toutes sortes de manifestations malsaines. Sous l’influence d’une telle persuasion, elles n’auront qu’un pas à faire pour chercher « le baptême du Saint-Esprit », les « dons spirituels » et même elles ne s’arrêteront pas là, car une fois que l’on s’est engagé sur ce chemin, on est toujours dans l’attente de « nouvelles expériences », jamais satisfait ni dans le repos ; l’âme mal affermie demeure ainsi ouverte aux dangers spirituels décrits dans cet article.