Les grandes choses que Dieu fait pendant cette période entière ont toutes un caractère préparatoire. De grands et nombreux changements ont lieu, des révolutions s’accomplissent, mais toutes ces choses ne sont que les diverses dispensations de la providence de Dieu pour préparer la venue de Christ. C’est cela surtout que Dieu se propose dans tout ce qu’il fait à l’égard de son Église. Elle se trouve sous diverses dispensations, elle passe par une grande variété de circonstances avant la venue de Christ ; mais toutes ces choses ont lieu pour préparer cet événement. Dieu sauve des hommes durant toute cette période, bien que le nombre des sauvés soit fort peu considérable en comparaison de ce qu’il sera plus tard ; tout cela a lieu par anticipation. Tous ceux qui sont sauvés avant la venue de Christ ne sont que les prémices de la moisson future. Dieu délivre souvent son Église et son peuple avant la venue de Christ, mais ce ne sont là que des symboles, des signes avant-coureurs de la grande délivrance qu’il se propose d’accomplir. L’Église, durant cette période, jouit de la lumière de la révélation ; elle possède dans une certaine mesure la lumière de l’Évangile. Mais ces révélations partielles ne sont que des gages de la grande lumière que doit apporter Celui qui viendra pour être la lumière du monde. Toute cette période est comme le temps de ténèbres pendant lesquelles l’Église, il est vrai, n’est pas complètement privée de toute lumière, mais ce n’est en quelque sorte que la lumière de la lune et des étoiles, fort peu éclatante en comparaison de celle du soleil et obscurcie par beaucoup de ténèbres. Le premier ministère, qui a été glorieux, ne l’a pas été autant que le second, qui l’emporte de beaucoup en gloire (2 Corinthiens 3.10). A la vérité, l’Église était en possession de la lumière du soleil, mais elle lui arrivait en quelque sorte comme réfléchie par la lune et les étoiles. Pendant tout ce temps, l’Église est dans un état de minorité. « Or, je dis que, pendant tout le temps que l’héritier est un enfant, il n’est en rien différent du serviteur, quoiqu’il soit maître de tout. Mais il est sous des tuteurs et des curateurs jusqu’au temps déterminé par le père. Nous aussi, lorsque nous étions des enfants, nous étions asservis sous les rudiments du monde (Galates 4.1-3). »
Pour plus d’ordre et de clarté, je subdiviserai cette période en six époques :
- — De la chute au déluge.
- — Du déluge à la vocation d’Abraham.
- — De la vocation d’Abraham à Moïse.
- — De Moïse à David.
- — De David à la captivité de Babylone.
- — De la captivité de Babylone à l’Incarnation.
Bien que cette époque soit la plus éloignée de l’incarnation de Christ, cette grande œuvre commence déjà.
Dès que l’homme tombe, Christ commence ses fonctions de Médiateur. Il entreprend ce dont il s’est chargé dès avant la fondation du monde. De toute éternité il s’était engagé, avec le Père, à agir comme Médiateur entre Lui et l’homme, aussitôt que l’occasion le demanderait. Le temps est maintenant venu. Christ, le Fils éternel de Dieu, révèle son caractère de Médiateur, et se présente immédiatement devant le Père, comme Médiateur entre sa sainte et infinie majesté offensée et l’humanité pécheresse. Son interposition est acceptée, et ainsi la colère de Dieu ne fait pas venir sur l’homme toutes les conséquences de la surprenante malédiction qu’il a attirée sur lui.
Il est manifeste que Christ commença à remplir les fonctions de Médiateur, entre Dieu et l’homme, immédiatement après la chute, puisque aussitôt après il y eut un déploiement de miséricorde envers l’homme. Dieu usa de miséricorde en patientant et en ne détruisant pas l’homme comme il détruisit les anges après leur chute. Or, il n’y a pas de miséricorde exercée envers les hommes déchus, si ce n’est par le moyen d’un Médiateur. Si Dieu, dans sa miséricorde, n’avait pas retenu Satan, celui-ci se serait immédiatement emparé de sa proie. Christ commence son rôle d’intercesseur en faveur de l’homme aussitôt après qu’il est tombé ; car il n’y a d’autre miséricorde pour l’homme déchu que celle qui est obtenue par l’intercession de Christ. Dès ce moment, Christ entre dans l’exercice de toutes ses fonctions et se charge de prendre soin de l’Église. Il entreprend d’instruire l’humanité en sa qualité de prophète ; d’intercéder pour l’homme déchu en sa qualité de sacrificateur ; de gouverner l’Église et le monde en sa qualité de roi. A partir de ce jour, il se charge de défendre son peuple contre tous ses ennemis. Dès le moment où Satan, le grand ennemi de Dieu, a vaincu et perdu l’homme, le soin de lui résister et de le vaincre est confié à Christ. Il entreprend de se rendre désormais maître de son adversaire subtil et puissant. Il est alors choisi capitaine des armées de l’Éternel, capitaine de leur salut. A l’avenir, le gouvernement du monde, avec tout ce qui s’y rattache, est dévolu au Fils de Dieu ; l’homme ayant péché, Dieu n’a plus de rapport immédiat avec l’humanité qui a apostasié et s’est révoltée contre Lui. Désormais il n’agira plus que par l’intermédiaire d’un Médiateur, soit qu’il s’agisse d’instruire les hommes, de les gouverner ou de leur accorder quelques faveurs.
C’est pourquoi quand nous lisons, dans l’histoire sacrée, ce que Dieu fit de temps en temps pour son Église et pour son peuple, comment il se révéla, nous devons entendre ces choses comme s’appliquant spécialement à la seconde personne de la Trinité. Quand il est question d’apparitions de Dieu après la chute, sous quelque forme visible ou sous quelque symbole de sa présence, nous devons ordinairement, sinon dans tous les cas, comprendre tout cela du Fils de Dieu. « Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est au sein du Père, est Celui qui nous l’a révélé (Jean 1.18). » C’est pourquoi il est appelé « l’image du Dieu invisible (Coloss.1.15) ; » ce qui veut dire que bien que Dieu le Père soit invisible, pourtant Christ est son image ou sa représentation, au moyen de laquelle on le voit.
Ce monde ne fut pas seulement dévolu à Christ pour en prendre soin et le gouverner en vue de la rédemption, mais aussi, à certains égards, l’univers entier. Dès ce moment les anges lui sont soumis dans ses fonctions de Médiateur, ainsi qu’on le voit par l’histoire biblique, qui nous parle d’eux comme d’esprits administrateurs dans les affaires de l’Église.
C’est pourquoi il est permis de supposer qu’immédiatement après la chute d’Adam il fut proclamé dans les cieux, au milieu des anges, que Dieu avait le dessein de racheter l’homme déchu, que Christ s’était chargé du rôle de Médiateur entre Dieu et l’homme, et qu’ils eussent à lui obéir dans l’exercice de ses fonctions. De même qu’en entrant dans cette charge, il fut solennellement installé roi du ciel, pour être désormais en qualité de Dieu-Homme, comme la lumière, le soleil des cieux (Apocalypse 21.23). Ainsi, cette première révélation aux anges fut en quelque sorte comme l’aurore de celle qui devait avoir lieu ici-bas. Quand Christ monta aux cieux, après sa passion, et s’assit solennellement sur son trône, alors le soleil se leva dans les cieux et même l’Agneau qui est la lumière de la nouvelle Jérusalem.
D’abord après cela, l’Évangile fut pour la première fois révélé sur la terre, en ces mots : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, et entre ta semence et la semence de la femme ; cette semence te brisera la tête, et tu lui briseras le talon (Genèse 3.15). » Nous devons supposer que Dieu proclama son intention de racheter l’homme déchu, premièrement dans les cieux et ensuite sur la terre. Le fait que les anges sont des esprits administrateurs aux ordres du Médiateur exigerait qu’il en fût ainsi ; car il fallut qu’aussitôt que Christ commença son œuvre de Médiateur les anges fussent prêts pour lui obéir. En sorte, que la lumière apparut d’abord dans les cieux pour se faire jour sur la terre bientôt après. Par ces paroles, Dieu déclara qu’il y avait une autre garantie pour l’homme après la perte de la première. Ce fut là la première révélation de l’alliance de grâce, la première aurore de la lumière de l’Évangile sur la terre.
Avant la chute, ce monde était en jouissance d’une lumière éclatante provenant de la connaissance de Dieu, de sa gloire et de sa faveur. Mais quand l’homme tomba cette lumière s’éteignit tout-à-coup, et le monde retomba dans une obscurité complète, une obscurité plus profonde que celle qui existait au commencement du monde (Genèse 1.2), une obscurité mille fois plus irrémédiable que la précédente. Les hommes et les anges étaient impuissants pour trouver un moyen de dissiper ces ténèbres. Elles se montrèrent dans toute leur obscurité lorsque Adam et sa femme s’aperçurent qu’ils étaient nus, et cousirent des feuilles de figuier pour se couvrir ; lorsque, entendant la voix de Dieu, qui marchait dans le jardin, ils se cachèrent parmi les arbres quand Dieu les appela pour la première fois à rendre compte, et dit à Adam : Qu’as-tu fait ? N’as-tu pas mangé du fruit de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? Nous pouvons supposer qu’alors leur cœur fut saisi de honte et de terreur. Toutefois, ces paroles de Dieu (Genèse 3.15) furent les premières lueurs de la lumière de l’Évangile après cette affreuse obscurité. Avant cela il n’y avait pas le moindre rayon de lumière pour les consoler, pas la moindre espérance. Ce fut une révélation obscure, il est vrai, mais intelligible de l’Évangile ; à la vérité Dieu ne la donna pas directement à Adam et à Ève, mais elle était contenue dans ce qu’il dit au serpent. Il y avait dans ces paroles « la semence de la femme » la déclaration non équivoque d’intentions miséricordieuses, quelque chose comme la faible lueur de lumière apparaissant à l’orient quand le jour commence à poindre. Cette promesse miséricordieuse fut faite avant même que la sentence n’eût été prononcée contre Adam et Ève, par égard pour eux, de peur qu’ils fussent écrasés par une sentence de condamnation, n’ayant rien qui leur permît d’espérer.
Un grand objet que Dieu se propose dans l’œuvre de la rédemption est encore plus clairement mis en lumière, savoir que tous les ennemis de Dieu doivent être foulés aux pieds par son Fils. Le dessein de Dieu est ici révélé pour la première fois. Satan, sans doute, triompha beaucoup de la chute de l’homme, supposant qu’il avait renversé les desseins que Dieu s’était proposés par la création ; mais, par ces paroles, Dieu lui déclara ouvertement qu’après tout il ne triomphera pas, mais que la semence de la femme remportera sur lui une victoire complète.
Cette révélation de l’Évangile fut le premier acte de Christ comme prophète. Depuis la chute de l’homme à l’incarnation de Christ, Dieu s’occupe de ces choses qui doivent préparer la venue de Christ le rédempteur, qui en sont les signes précurseurs et les arrhes. Une de ces choses préparatoires était d’annoncer, de promettre cette rédemption, comme il le fait d’âge en âge jusqu’à la venue de Christ. Telle fut la première promesse et sa première prédiction.
Bientôt après, les sacrifices furent institués pour être un type permanent du sacrifice de Christ, jusqu’au moment où il viendra lui-même s’offrir à Dieu. Les sacrifices ne furent pas institués par la loi lévitique ; ils faisaient déjà partie du culte que Dieu avait institué dès le commencement. Il est dit que les patriarches Abraham, Isaac et Jacob offrirent des sacrifices, et avant eux Noé et Abel ; et ils étaient d’institution divine, car ils faisaient partie du culte de Dieu que son Église offrait par la foi et qu’il acceptait. Cela prouve qu’ils étaient d’institution divine, car les sacrifices ne font pas partie du culte naturel. La lumière naturelle n’enseigne pas aux hommes à offrir des animaux en sacrifice à Dieu ; et, puisqu’ils n’étaient pas enjoints par la loi naturelle, ils doivent, puisqu’ils étaient acceptables aux yeux de Dieu, avoir été offerts en vertu de quelque institution ou commandement positif ; car Dieu a déclaré son horreur pour un culte qui se célèbre sans sa volonté et qui ne repose que sur des préceptes humains (Ésaïe 29.13). De plus, un culte qui n’a pas pour garantie une institution divine, ne saurait être offert par la foi là où il n’y a pas de commandement. Les hommes ne sont pas autorisés à compter sur l’acceptation de Dieu pour les choses qu’il n’a pas déterminées et qu’il n’a pas promis d’accepter. De là nous concluons que l’usage d’offrir des sacrifices à Dieu fut institué bientôt après la chute ; car la Bible nous enseigne qu’Abel offrit les premiers-nés de son troupeau (Genèse 4.4), et que Dieu accepta son offrande (Hébreux 11.14). Rien, dans le récit, n’indique que l’institution fût établie seulement au moment où Abel offrit ce sacrifice à Dieu ; il paraît, au contraire, qu’il ne fit que se conformer à un usage déjà existant.
Il est très probable que les sacrifices furent institués, d’abord après que Dieu eut révélé l’alliance de grâce (Genèse 3.15), comme la fondation sur laquelle devait reposer la pratique des sacrifices. Cette promesse de grâce fut la première pierre apportée à la construction de ce magnifique édifice, l’œuvre de la rédemption ; l’institution des sacrifices, pour être un type du grand sacrifice, fut la seconde.
La première chose rapportée après que Dieu eut prononcé sa sentence de malédiction contre le serpent, l’homme et la femme, c’est qu’il leur fit des habits de peaux et les revêtit. On croit généralement qu’il s’agit de peaux d’animaux offerts en sacrifice ; car il n’est question, jusqu’après le déluge, d’aucune autre coutume pouvant occasionner la mort des animaux, si ce n’est pour les offrir en sacrifice. Avant le déluge, les hommes n’avaient pas l’habitude de faire de la chair des animaux leur nourriture ordinaire. Avant la chute, les fruits des arbres du paradis servirent à la nourriture de l’homme ; après cela, ce furent les produits des champs (Genèse 3.18). La permission de faire de la chair des animaux leur nourriture ordinaire ne leur fut donnée qu’après le déluge. « Tout ce qui se meut et qui a vie vous sera pour viande ; je vous ai donné toutes ces choses comme l’herbe verte (Genèse 9.3). » De sorte qu’il est probable que les peaux desquelles Adam et Ève furent revêtus étaient celles des animaux sacrifiés. En les revêtant ainsi, Dieu donna une vive image de ce qui devait arriver plus tard quand ils seraient revêtus de la justice de Christ. Ils ne s’étaient pas procuré eux-mêmes ces vêtements, Dieu les leur donna. Il est écrit que Dieu leur fit des robes de peau et les en revêtit, comme pour dire que la justice dont nous sommes revêtus vient de Dieu. Lui seul peut recouvrir la nudité de l’âme.
Nos premiers parents, qui étaient nus, furent revêtus aux dépens des animaux qu’il fallut mettre à mort pour leur procurer des vêtements. Christ aussi fut mis à mort pour recouvrir nos âmes du manteau de sa justice. Le tabernacle, dans le désert, qui représente l’Église, était couvert de peaux de béliers teintes en rouge ; elles semblaient avoir été plongées dans le sang, pour signifier que la justice de Christ s’obtiendrait par les souffrances mortelles au milieu desquelles il a versé son sang précieux.
Nous avons déjà remarqué que la lumière dont l’Église jouit depuis la chute de l’homme jusqu’à la venue de Christ, fut un peu, comme celle qui nous éclaire pendant la nuit, une lumière qui ne vient pas directement du soleil, mais qui est réfléchie par la lune et les étoiles ; elle était une image de Christ, le soleil de justice qui devait se lever plus tard. Ils obtinrent cette lumière de deux sources principales : les prédictions de la venue de Christ ; les types et les ombres qui préfiguraient sa venue et la rédemption qu’il devait accomplir. La promesse dont nous avons parlé leur était venue par cette première voie ; l’institution des sacrifices par la seconde. De même que la promesse de Genèse 3.15, fut le premier rayon de lumière, après la chute, obtenu prophétiquement, ainsi l’institution des sacrifices fut la première allusion typique. Christ donna la première en qualité de prophète, la seconde en qualité de sacrificateur.
L’institution des sacrifices fut un grand pas fait pour préparer la venue de Christ et l’œuvre rédemptrice ; car les sacrifices de l’Ancien Testament furent le principal de tous les types de Christ et de sa rédemption. Ils servirent à développer, dans l’esprit des membres de l’Église visible, l’idée de la nécessité d’un sacrifice propitiatoire qu’il fallait offrir à Dieu en satisfaction du péché, et ainsi ils préparèrent la voie pour l’Évangile qui révèle ce grand sacrifice, non seulement à l’Église visible, mais au monde entier. En effet, c’est à cette institution des sacrifices que remonte l’usage de toutes les nations d’offrir à leurs dieux des victimes expiatoires pour leurs péchés. Cette coutume se trouve chez les nations même les plus barbares. C’est là une grande preuve de la vérité de la religion révélée ; car aucun peuple, si ce n’est celui des Juifs, ne peut dire comment il en est venu à cet usage, ni indiquer le but qu’on se proposait en faisant des sacrifices aux dieux. La lumière de la nature ne leur a enseigné rien de semblable. Elle ne leur enseigna pas que les dieux étaient affamés et se nourrissaient de viandes qu’on leur offrait en sacrifice ; pourtant, tous les peuples avaient cette coutume. Le fait ne peut être expliqué qu’en admettant qu’ils la tirèrent de Noé, qui l’avait reçue de ses ancêtres, à qui Dieu l’avait donnée comme un grand type du sacrifice de Jésus-Christ. Quoi qu’il en soit, par ce moyen, toutes les nations crurent à la nécessité d’une expiation ou sacrifice expiatoire, et ainsi elles furent préparées à recevoir la grande doctrine évangélique d’une expiation et d’un sacrifice de Jésus-Christ.
Bientôt après la chute, Dieu commença à sauver des hommes en vertu de la rédemption de Christ. Et Jésus, qui venait d’entrer dans ses fonctions de Médiateur entre Dieu et les hommes, agit en les sauvant en qualité de roi, comme, en instituant les sacrifices, il avait agi en qualité de sacrificateur, et en qualité de prophète en annonçant pour la première fois la rédemption. La rédemption commença à apparaître dans cette prédiction comme une prophétie, dans les sacrifices comme un type ; et quand des hommes sont sauvés, nous avons déjà ses premiers fruits.
Il est probable par conséquent qu’Adam et Ève furent les prémices de la rédemption par Christ : on le voit à la manière dont Dieu les traite, lorsqu’il les console après leur réveil et leurs terreurs. Ils sont réveillés, rougissent de leur crime ; puis leurs yeux sont ouverts, ils s’aperçoivent qu’ils sont nus et cousent des feuilles de figuier pour couvrir leur nudité. Il en est de même du pécheur alors qu’il commence à s’apercevoir de ses péchés : il cherche à recouvrir la nudité de son âme du manteau d’une prétendue propre justice. Alors ils sont de nouveau terrifiés et réveillés, en entendant la voix de Dieu qui s’avance pour les condamner. Les feuilles de figuier n’ayant pas répondu au but, ils courent se cacher parmi les arbres du jardin, parce qu’ils sont nus ; ils n’osent pas se fier à leurs feuilles de figuier, qui sont insuffisantes pour cacher leur nudité aux yeux de Dieu. Alors ils sont encore troublés par la voix de Dieu qui les appelle pour rendre compte. Mais pendant qu’ils sont saisis de crainte, ainsi qu’il est permis de le supposer, tremblants et étonnés en présence de leur juge, ne sachant d’où leur viendra la moindre lueur d’espérance, Dieu lui-même se charge de les encourager pour les préserver contre les terribles conséquences du désespoir, en leur laissant entrevoir son dessein de miséricorde, avant même de prononcer contre eux de sentence. Et lorsqu’ensuite il a prononcé contre eux un jugement qui, nous pouvons bien le supposer, augmente encore leur crainte, il a soin de les encourager de nouveau ; il leur montre qu’il ne les a pas complètement abandonnés, en se chargeant de leur faire des habits pour couvrir leur nudité. Dieu montre aussi qu’il accepte les sacrifices qu’ils lui offrent, comme type de ce qu’il leur avait promis, quand il a dit : La semence de la femme écrasera la tête du serpent. Et il y a tout lieu de croire que nos premiers parents crurent à cette promesse et la reçurent avec joie. Ève montre clairement son espérance et sa confiance en cette promesse, quand elle dit, à l’occasion de la naissance de Caïn : « J’ai acquis un homme par l’Éternel (Genèse 4.1) ; » c’est-à-dire, Dieu, qui m’a promis que ma semence écraserait la tête du serpent, me donne maintenant une preuve, une garantie de sa promesse, en m’accordant un fils. Elle confesse ouvertement qu’elle a acquis un enfant par l’Éternel, et elle espère que la semence promise descendra de lui, son fils aîné. Cependant elle fut trompée en ceci, comme Abraham le fut à l’occasion d’Ismaël, Isaac à l’occasion d’Esaü, et Samuel au sujet du fils premier-né de Jessé. Ce qu’elle dit à l’occasion de la naissance de Seth exprime surtout son espérance et la confiance qu’elle a en l’accomplissement de la promesse de Dieu : « Car Dieu m’a donné un autre fils au lieu d’Abel que Caïn a tué (Genèse 4.25). »
Ainsi, il est très probable, sinon évident, que de même que Jésus-Christ commença ses fonctions aussitôt après la chute de l’homme, il commença aussi immédiatement à faire produire à l’œuvre de rédemption ses heureux effets ; il s’opposa à son grand ennemi, le diable, qu’il avait entrepris de détruire en rachetant ces deux premiers prisonniers ; il renversa ses plans immédiatement après son triomphe, en lui enlevant les prisonniers qu’il venait de faire. Il a beau croire les posséder, eux et leur postérité, Christ, le rédempteur, lui montre bientôt qu’il s’est trompé. Il le lui montre en délivrant ces premiers captifs et en lui donnant de bonne heure un exemple de l’accomplissement de cette menace : « La semence de la femme écrasera la tête du serpent, » et, par là, un présage de son triomphe sur tous ses ennemis.
Nous avons ensuite un autre exemple dans la rédemption de l’un de leurs enfants, « d’Abel le juste, » comme l’Écriture l’appelle. Il fut peut-être le premier admis dans le ciel, par suite de la rédemption faite par Jésus-Christ ; du moins, il est le premier racheté dont la mort est mentionnée. Il fut en réalité le premier recueilli dans les cieux ; jusque-là les effets de la rédemption de Christ avaient consisté à convertir et à justifier les hommes ; à sa mort, on vit, pour la première fois, que leur glorification serait aussi un de ses fruits ; à sa mort, les anges commencèrent leur mission d’esprits administrateurs chargés d’introduire les âmes des rachetés dans la gloire. En lui, ils eurent la première occasion de contempler, spectacle magnifique s’il en fût, un membre de la race déchue, qui par la chute avait été plongé dans un abîme de péché et de misère, introduit dans le ciel, rendu participant de la gloire céleste, ce qui était un événement infiniment plus important que s’ils l’avaient vu rentrer dans le paradis terrestre. Ainsi, ils contemplèrent les effets de la rédemption chrétienne dans les honneurs et la félicité qui furent accordés à de pauvres pécheurs.
Une autre dispensation remarquable de Dieu, en faveur de la grande œuvre de la rédemption ce fut l’envoi extraordinaire du Saint-Esprit, par l’intermédiaire de Jésus-Christ, aux jours d’Enos. Nous lisons : « Il naquit aussi un fils à Seth, et il l’appela Enos. Alors on commença d’appeler du nom de l’Éternel (Genèse 4.26). » Le sens de ces paroles est très controversé. Nous ne saurions supposer que le sens soit : Les hommes prièrent alors pour la première fois. La prière est un des devoirs de la religion naturelle : la piété y conduit tout naturellement les hommes. Elle est l’essence même de la piété, et nous ne pouvons admettre que, pendant plus de deux cents ans, les hommes pieux aient vécu sans prière. C’est pourquoi quelques théologiens pensent que cela veut dire que le culte public fut alors célébré pour la première fois, ou qu’on commença d’appeler du nom de l’Éternel dans des assemblées publiques. Quoi qu’il en soit, il faut nécessairement admettre qu’il se passa quelque chose de nouveau dans l’Église concernant l’invocation du nom de Dieu ; que ce devoir, d’une manière ou d’une autre, fut accompli plus soigneusement que par le passé, ce qui doit avoir eu lieu par suite d’une effusion remarquable de l’Esprit de Dieu.
Si les hommes furent alors, pour la première fois, poussés à se réunir dans des assemblées publiques afin de s’aider mutuellement à rechercher Dieu, comme ils ne l’avaient jamais fait auparavant, cela nous conduit à rechercher une cause extraordinaire ; et elle ne peut avoir été autre que les influences extraordinaires du Saint-Esprit de Dieu, qui sont toujours accompagnées d’une grande augmentation de l’esprit de prière. Quand l’Esprit de Dieu commence à opérer dans le cœur des hommes, il les pousse immédiatement à invoquer le nom du Seigneur. Il en fut ainsi de Paul dont il est dit, après que l’Esprit de Dieu l’eut arrêté : voilà, il prie. Il en a été ainsi à l’occasion de tous les remarquables effets du Saint-Esprit mentionnés dans l’Écriture, et il en sera de même aux derniers jours.
Il est prédit que le Saint-Esprit sera répandu comme un esprit de grâce et de supplication (Zacharie 12.10). « Même alors je changerai aux peuples leurs lèvres en des lèvres pures, afin qu’ils invoquent tous le nom de l’Éternel, pour le servir d’un même esprit (Sophonie 3.9). »
Et quand il est dit : Alors on commença d’appeler du nom de l’Éternel, cela ne peut signifier autre chose que : Ce fut la première occasion remarquable où la chose se fit, ce fut le commencement de l’œuvre de Dieu. C’est là le sens dans lequel cette expression est ordinairement employée dans l’Écriture. Ainsi, « et Saül bâtit un autel à l’Éternel ; ce fut le premier autel qu’il bâtit à l’Éternel (1 Samuel 14.35). » En hébreu il y a, comme on peut le voir à la marge : Il commença à bâtir cet autel à l’Éternel. Ainsi, « comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut qui, ayant premièrement commencé d’être annoncé par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’avaient ouï (Hébreux 2.3) ? »
Il est bon d’observer ici que, depuis la chute de l’homme jusqu’à aujourd’hui, l’œuvre de la rédemption a surtout porté ses fruits par suite des remarquables envois de l’Esprit de Dieu. Bien qu’il y ait une constante influence du Saint-Esprit de Dieu accompagnant toujours la célébration du culte, cependant les plus grandes choses qui ont été faites, pour l’accomplissement de cette grande œuvre, ont toujours été le résultat d’une grande effusion du Saint-Esprit, à certaines époques particulièrement favorisées, comme nous le verrons plus clairement dans la suite de cette histoire. Cet envoi du Saint-Esprit aux jours d’Enos est le premier dont il soit fait mention. Quelques personnes avaient jusque-là été sous l’influence de Dieu, mais à cette époque il jugea bon de recueillir une moisson entière. De sorte que nous voyons ce grand édifice, dont Dieu posa les fondements immédiatement après la chute, continué et s’élevant plus haut qu’auparavant.
Nous ne devons pas passer sous silence la vie sainte d’Hénoc. Nous avons lieu de croire qu’il fut un plus grand saint qu’aucun de ceux qui l’avaient précédé. De sorte, qu’à cet égard aussi l’œuvre de la rédemption se développa et progressa. Pour ce qui est des effets dans l’Église visible en général, nous avons déjà vu qu’ils furent plus remarquables du temps d’Enos que précédemment. Il est probable qu’Hénoc fut un des saints appartenant à cette moisson, car il vécut dans les jours d’Enos. Pour ce qui est du degré de développement auquel cette œuvre parvint dans le cœur des individus, elle est plus avancée chez Hénoc que chez aucun autre avant lui. Il fut un monument surprenant de la rédemption par Jésus-Christ et de l’efficacité de sa grâce.
Du temps d’Hénoc Dieu révéla la venue de Christ plus clairement qu’il ne l’avait fait jusque-là : « Desquels aussi Hénoc, septième homme après Adam, a prophétisé, en disant : Voici, le Seigneur est venu avec ses saints, qui sont par millions, pour juger tous les hommes et pour convaincre tous les méchants d’entre eux de toutes leurs méchantes actions qu’ils ont commises méchamment, et de toutes les paroles injurieuses que les pécheurs impies ont proféré contre Lui (Jude 1.14-15). »
Cette prophétie ne semble pas concerner un avènement de Jésus-Christ plutôt qu’un autre, mais elle s’applique en général à la venue de Christ dans son royaume, et elle trouve son accomplissement dans le premier aussi bien que dans le second avènement, et, au fait, dans chaque révélation remarquable que Christ a donnée de lui-même, dans le monde, pour le salut de son peuple et la destruction de ses ennemis. Elle ressemble sous ce rapport à plusieurs autres prophéties de l’Ancien Testament, et en particulier à cette grande prophétie de la venue de Christ dans son royaume, dont les Juifs ont principalement tiré les idées du royaume des cieux : « Un fleuve de feu sortait et se répandait de devant Lui ; mille milliers le servaient, et dix mille millions assistaient devant Lui ; le jugement se tint, et les livres furent ouverts (Daniel 7.10). »
Et, bien qu’il ne soit pas improbable qu’Hénoc, en faisant cette prophétie, ait eu particulièrement en vue la destruction prochaine de l’ancien monde par le déluge, qui était un symbole remarquable de la destruction de tous ses ennemis à son second avènement, il est hors de doute qu’il porte sa vue plus loin, du type à l’antitype.
Ensuite comme cette prophétie de la venue de Christ est plus expressive qu’aucune de celles qui l’ont précédée, nous avons dans ce fait la preuve que la lumière évangélique, qui commença à poindre immédiatement après la chute, va en augmentant.
Remarquons ici, en passant, que la lumière de l’Évangile augmente, que l’œuvre de la rédemption progresse, pour ce qui concerne l’Église en général, depuis sa formation jusqu’à la fin du monde, d’après une méthode qui ressemble beaucoup au développement de la même œuvre, et à l’augmentation de la même lumière dans chaque chrétien, depuis sa conversion jusqu’à son entrée dans la gloire. Quelquefois cette lumière brille d’un très vif éclat, d’autres fois elle s’obscurcit, pendant un temps la grâce prévaut, d’autres fois elle semble rester longtemps languissante ; aujourd’hui la corruption prévaut, plus tard la grâce prévaudra de nouveau. Mais en général la grâce va en augmentant, le règne de Dieu se forme dans le cœur, depuis le commencement jusqu’à son complet achèvement dans la gloire. Il en est de même de la grande œuvre de la rédemption en général ; elle va se poursuivant depuis le commencement, pour être parfaitement achevée à la fin du monde.
Un autre fait remarquable dans le développement de cette œuvre est l’enlèvement d’Hénoc au ciel (Genèse 5.24). Moïse, en donnant la généalogie des ancêtres de Noé, ne dit pas d’Hénoc, comme il le fait des autres : il vécut tant d’années, après quoi il mourut ; mais « il ne parut plus, parce que Dieu le prit. » Il le transporta dans les cieux, corps et âme, sans qu’il eût à passer par la mort, ainsi que cela est expliqué (Hébreux 11.5). Ce fait surprenant indique un développement de l’œuvre de la rédemption qui, à plusieurs égards, éclipse tout ce qui avait eu lieu jusque-là.
En énumérant les grandes choses que Dieu se proposait dans l’œuvre de la rédemption, j’ai fait remarquer, entre autres, que pour les élus il voulait réparer entièrement les effets de la chute, soit pour l’âme, soit pour le corps. Cet enlèvement fut le premier cas de salut pour ce qui est du corps. Il y avait déjà eu plusieurs âmes sauvées en vertu de la rédemption de Jésus-Christ, mais jusqu’alors le corps de personne n’avait été ni racheté ni actuellement sauvé. A la fin du monde, les corps de tous les rachetés doivent être sauvés ; ceux des morts seront ressuscités, ceux des vivants subiront une glorieuse transformation. Au moment de la résurrection de Christ, les corps de quelques-uns des saints sortirent de leurs sépulcres et furent glorifiésa, mais le cas d’Hénoc est le premier de tous.
a – Il y eut aussi, avant cela, l’enlèvement d’Elie.
Cet événement marque aussi une progrès sensible dans le développement de l’œuvre de la rédemption ; Dieu augmente encore la lumière évangélique en faveur de son Église ; elle reçoit une preuve manifeste de la vie à venir et des glorieuses récompenses qui sont réservées aux saints dans les cieux. Il nous est dit : « Et qui maintenant a été manifestée par l’apparition de notre Sauveur Jésus-Christ qui a détruit la mort, et qui a mis en lumière la vie et l’immortalité par l’Évangile (2 Timothée 1.10). » Tout ce qui concerne la vie à venir dans l’Ancien Testament est très obscur, quand on le compare à la révélation beaucoup plus claire, plus complète et plus abondante du Nouveau. Et pourtant, même dans ces jours-là, l’Église de Dieu eut sous ses yeux une preuve de cette vérité, alors qu’elle vit un de ses membres enlevé au ciel sans passer par la mort ; et tout nous porte à penser que l’Église de Dieu eut connaissance de ce fait comme plus tard elle connut l’enlèvement d’Elie. En même temps que cet événement mit en lumière, plus que par le passé, l’existence d’une vie à venir, il servit comme de garantie, d’arrhe, à la glorification future de tous les saints que Dieu s’est proposée par la rédemption en Jésus-Christ.
Une chose digne d’attention, c’est le soin que Dieu prend de maintenir son Église dans la famille dont Christ doit sortir, pendant les jours de décadence générale qui précèdent le déluge. Il est très probable que l’Église fut très peu de chose en comparaison du reste du monde, à partir du moment où le genre humain commença à se multiplier (Genèse 4.16) ou à partir du moment où Caïn sortit de devant la face de l’Éternel et habita au pays de Nod, c’est-à-dire dans l’exil. L’Église semble s’être principalement recrutée parmi les descendants de Seth, car Dieu choisit sa famille à la place de celle d’Abel que Caïn avait tué. Mais il n’est pas possible de croire que la postérité de Seth ait formé un cinquième de la population du monde entier, car Adam était âgé de cent trente ans à la naissance de Seth. Or, Caïn, qui semble avoir été le chef de ceux qui ne faisaient pas partie de l’Église de Dieu, était le fils aîné d’Adam ; il naquit probablement bientôt après la chute, qui eut lieu elle-même peu de temps après la création de l’homme. De sorte qu’il eut le temps d’avoir plusieurs enfants avant la naissance de Seth. Il est, de plus, probable qu’Adam et Ève avaient eu déjà avant lui plusieurs enfants, selon la bénédiction « croissez et multipliez et remplissez la terre, » et ceux-ci à leur tour pouvaient en avoir eu d’autres. L’histoire de Caïn, avant la naissance de Seth, semble impliquer que les hommes étaient très nombreux. « Voici, tu m’as chassé aujourd’hui de cette terre-ci, et je serai caché de devant ta face, et serai vagabond et fugitif sur la terre, et il arrivera que quiconque me trouvera me tuera. Et l’Éternel lui dit : c’est pourquoi quiconque tuera Caïn sera puni sept fois davantage. Ainsi l’Éternel mit une marque sur Caïn, afin que quiconque le trouverait ne le tuât point (Genèse 4.14-15). »
Ensuite nous ne devons pas oublier que tous ceux qui vivaient à la naissance de Seth avaient les mêmes chances que lui de voir leur postérité se multiplier. De sorte que tout cela rend très probable l’opinion que les descendants de Seth ne formaient qu’une très petite minorité parmi les habitants de la terre.
Mais après les jours d’Enos et d’Hénoc (car celui-ci fut enlevé au ciel avant la mort de l’autre), l’Église de Dieu perdit beaucoup en nombre, à mesure que la multitude des descendants de Seth apostasièrent et se joignirent aux méchants, principalement par suite des mariages mixtes qui eurent lieu. « Or, il arriva que quand les hommes eurent commencé à se multiplier sur la terre, et qu’ils eurent engendré des filles, les fils de Dieu, voyant que les filles des hommes étaient belles, prirent pour leurs femmes de toutes celles qu’ils choisirent. Il y avait en ce temps-là des géants sur la terre, lors, dis-je, que les fils de Dieu se furent joints avec les filles des hommes, et qu’elles leur eurent donné des enfants ; ce sont ces puissants hommes qui de tout temps ont été des gens de renom (Genèse 6.1, 2, 4). »
Il n’y a pas de doute que par les fils de Dieu il faille entendre ici les enfants de l’Église. Ils prirent des femmes d’entre les méchants, et ainsi leurs cœurs s’éloignèrent de Dieu, et il y eut une grande et continuelle apostasie. L’Église, qui avait contribué à retenir les méchants dans de certaines limites, s’affaiblit beaucoup, et partant l’iniquité prévalut. Satan, cet ancien serpent, le diable qui avait tenté nos premiers parents et qui s’était donné pour le Dieu de ce monde, s’abandonna à toute sa fureur ; l’imagination des pensées du cœur de l’homme n’était que mal en tout temps, et la terre était pleine de violence. Il semble qu’elle ait commencé par être inondée d’iniquité, comme elle le fut plus tard d’eau ; l’humanité entière était plongée dans le mal. C’est alors que Satan fit un violent effort pour détruire l’Église, et il fut sur le point de réussir. Mais, au milieu de ce déluge d’iniquité et de violence, Dieu la préserva toujours dans la famille d’où Christ devait sortir. Il ne permit pas qu’elle fût détruite, car une bénédiction reposait sur elle. Cette famille particulière était le tronc d’où devaient sortir, plus tard, plusieurs générations d’hommes justes. Aussi, bien qu’il y eût des branches retranchées, et que l’arbre eût l’air d’être détruit, néanmoins Dieu conserva le tronc en vie par sa merveilleuse grâce rédemptrice, si bien que les portes de l’enfer ne purent prévaloir contre, elle.
Ainsi, j’ai montré comment Dieu a poursuivi la grande œuvre de la rédemption pendant cette première époque, de la chute au déluge. Observons que l’histoire mosaïque, quoique très courte durant cette époque, n’en est pas moins très intelligible et très instructive. Il est encore bon de remarquer l’efficace de la rédemption par Christ, qui porta de si beaux fruits tant de siècles avant sa venue.