Nous avons dit plus haut que les bases et les espérances de la foi chrétienne se trouvent liées ensemble dans la doctrine de la résurrection de Christ et de ses membres. C’est ce qui résulte bien clairement de l’enseignement de Paul, 1re Corinth. XV, et en particulier des versets 12-22. L’Apôtre nous prêche aussi les mêmes choses dans plusieurs endroits de son Épître aux Romains. Ainsi pour ce qui concerne la personne même du Christ (dont la divinité et l’humanité sont des dogmes essentiels de la foi), Paul nous apprend que Jésus a été déclaré Fils de Dieu en puissance selon l’Esprit de sanctification, par sa résurrection d’entre les morts ; et que quant à ce qui nous regarde, Il est ressuscité pour notre justification. Rom. I, 4 ; IV, 25. Plus loin, nous montrant la gloire du Christ ressuscité comme l’objet de notre espérance, il nous apprend que Dieu nous a prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, afin que celui-ci soit le premier-né entre plusieurs frères, Rom. VIII, 28. Ici, comme on le voit, une double consolation est offerte à l’Église. Dans la résurrection de Jésus et la gloire actuelle dont il jouit, elle a une évidence irrécusable de la justice de son Sauveur, justice si parfaite que celui qui l’a accomplie a pu s’asseoir, sans le souiller, sur le trône de Dieu même, et qu’imputée au pécheur, celui-ci en devient riche de la justice de Dieu, Rom. III, 21-25. 2 Cor. V, 21. Mais dans cette gloire, l’Église contemple aussi le résultat de cette justice, ou plutôt la récompense que le Christ a reçue en tant que juste, Philip. II, 6-11 ; et participante, comme elle l’est en croyant, des souffrances et de l’obéissance de Christ, elle a une arrhe non-seulement de sa propre résurrection, mais encore de l’héritage glorieux de ce Jésus dont elle-même est l’accomplissement, Éphés. I, 14-22 ; car Jésus a fait celle prière pour elle : Père, ma volonté est que là où je suis ceux que tu m’as donnés y soient aussi, après avoir dit quelques versets plus haut : Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, Jean, XVII, 24, 22. — Ainsi le croyant trouve ici de quoi raffermir en même temps sa soi et son espérance. Par l’Esprit nous attendons de la foi l’espérance de la justice, selon ce qui est écrit, Galates, V, 5 : ce passage, souvent mal compris, s’explique aisément par ce qui vient d’être dit. L’espérance de la justice est le futur et heureux partage de ceux qui sont eux-mêmes justice de Dieu en Christ, 2 Corinth. V, 21 ; c’est ce qu’ils attendent maintenant par la patience, Rom. VIII, 24 : en d’autres termes, c’est la gloire qui est la récompense des souffrances et de l’obéissance de Jésus ; gloire qui est l’héritage des enfants de Dieu, et dont ils ont l’arrhe par l’habitation de l’Esprit en eux depuis qu’ils ont cru. Voilà ce que la foi aux promesses de Dieu leur fait attendre ; et c’est par l’Esprit que cette attente est entretenue, parce que ce Consolateur a glorifié Christ en eus, Jean, XVI, 13, 14. L’Église n’espère pas la justice, car elle l’a. Voilà son privilège sur la terre, Rom. V, 1. 1 Corinth. VI, 11 : voilà ce qu’elle a trouvé en trouvant Christ qui a été mort et qui est maintenant vivant aux siècles des siècles. Mais, encore dans l’exil, elle se console par l’assurance qu’elle entrera un jour dans la joie de son Seigneur et de son Époux qu’elle voit glorifié à la droite du Père, et dont son affaire ici-bas est de contempler la gloire pour être transformée à la même image par l’Esprit qui la lui a manifestée, 2 Corinth. III, 18.