L'amour est sans aucun doute le plus grand de tous les fruits de l'Esprit. Il occupe dans l'énumération de Galates 5.22-23 la première place, et cela est juste et inévitable. Car l'amour dans sa perfection, semble comprendre presque tous les fruits de l'Esprit, et les fait resplendir comme des reflets de sa gloire suprême.
Définir l'amour parfait — et dans sa maturité le fruit de l'Esprit n'est pas autre chose — c'est là une tache qui dépasse toute' plume et toutes paroles humaines. Paul s'en, rapproche beaucoup dans 1 Cor 13, mais alors il écrivait sous l'inspiration de l'Esprit. Dieu est amour, et par conséquent vouloir définir l'amour, c'est vouloir défini l'infini.
Un jour, dans la région du centre ouest de l'Amérique, j'essayai de décrire l'Océan Atlantique à une vieille dame qui, de sa vie, n'avait vu la mer. Je suis certain d'avoir complètement échoué. Elle reçut sans doute une idée vague de quelque grand lac, mais c'est tout. — J'ai toujours ce même sentiment d'impuissance lorsque je commence à parler de l'amour de l'Esprit.
Mais ce travail nous sera facilité, si nous notons quelques contrastes, et particulièrement les différences subtiles mais essentielles, entre l'amour purement humain (qui n'est pas ce que la Bible entend par le « fruit de l'esprit ») et l'amour véritablement spirituel, résultat direct de ce que nous sommes devenus participants de la nature divine par la régénération. Toute étude approfondie du fruit de l'Esprit nous ramène directement aux vérités fondamentales de la Nouvelle Naissance. C'est de la vie nouvelle reçue alors — la « loi de l'Esprit de vie en Jésus-Christ » — que naît tout fruit de l'Esprit.
Le fruit de l'Esprit est tout aussi surnaturel que ses dons, il ne résulte pas d'une amélioration de notre caractère naturel ; mais d'une vie spirituelle nouvelle reçue d'en haut. Ses possibilités sont étonnantes et glorieuses. Il est accessible à ceux chez qui l'on s'attendrait le moins à le voir, de même que les dons spirituels sont communiqués aux personnes pour lesquelles le monde n'a que mépris,
a) l'amour pour nos ennemis
L'amour humain aime ce qui est à lui, il grandit dans une atmosphère d'amitié, il est soutenu par des démonstrations d'affection réciproques. L'amour naturel ne persiste qu'en de rares occasions là où, selon toute apparence, rien n'est donné en retour.
Mais le fruit de l'Esprit dépasse tout cela, car il produit l'amour pour nos ennemis. Il est plus qu'une tolérance négative ; activité positive, il nous pousse à faire du bien à ceux qui nous maltraitent et nous persécutent. C'est un des traits les plus remarquables de l'Evangile de Christ qu'il nous commande un tel amour, (Mat 5.46-47) et le commandement même implique, comme toujours, la grâce pour l'accomplir. Cette grâce nous est donnée par l'Esprit de Christ en nous.
Notre Seigneur fut toujours Lui-même l'Exemple parfait de son enseignement. L'amour, fruit de l'Esprit, fut pleinement révélé lorsqu'il priait à Golgotha « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font ».
Pour apporter à l'Eglise la preuve de la possibilité certaine pour le Saint-Esprit de produire ce même amour dans les disciples, nous avons l'exemple d'Etienne priant pendant que ses ennemis le lapidaient : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ». Echo de Golgotha !
b) Cet amour ne change pas
Une des protestations les plus courantes de l'amour humain, est la suivante : « Je vous aimerai toujours ». Combien de fois, cependant, les années qui passent et les circonstances qui changent refroidissent notre amour. Nous déclarons en toute sincérité, et avec beaucoup de ferveur pendant notre jeunesse que notre amour durera toujours, mais nous ne connaissons pas nos propres cœurs. C'est pour cette raison qu'avec l'âge, hommes et femmes ont tendance à devenir cyniques vis-à-vis de tout amour, s'ils n'ont pas trouvé le sec et de l'amour, fruit de l'Esprit Eternel. Cette découverte est comme une révélation.
Cet élément d'invariabilité dans l'amour de Christ fut merveilleusement manifesté envers Pierre après son reniement. Simon aurait pu chanter avec une rare compréhension : « Oh ! quel amour insondable ! » On peut dire que Barnabas aussi manifesta ce fruit de l'Esprit dans la ténacité avec laquelle il retint auprès de lui le jeune Marc jusqu'à ce que ce disciple vacillant fut devenu « utile » (Actes 15.30 ; 2Tim. 4.11). Ce même fruit peut souvent, de nos jours, sauver une vie, et parfois un ministère.
c) Cet amour se sacrifie
L'amour humain se rapproche le plus de l'amour de Dieu sur ce point. Car même l'amour naturel, lorsqu'il est réel, prouve sa profondeur par la promptitude à se sacrifier pour l'objet aimé, parfois même jusqu'à la mort. « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ».
Et cependant, l'amour divin fait mieux. « Quelqu'un peut-être mourrait pour un homme de bien. Mais Dieu prouve son amour envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore des pêcheurs, Christ est mort pour nous ». (Romains 5.7-8). L'amour suprême accomplit le plus grand de tous les sacrifices, pour ceux qui en sont suprêmement indignes. C'est une forme différente pour dire que l'amour divin s'étend même à ses ennemis, mais nous la mentionnons spécialement ici parce qu'elle est l'essence même de tout ministère véritablement chrétien . « Le bon Berger donne Sa vie pour Ses brebis » n'est pas seulement écrit de Christ, mais doit être aussi vrai pour tout bon berger des brebis de Dieu.
Rien n'est plus nécessaire chez un serviteur de Christ que cet aspect particulier du fruit de l'Esprit. Dans bien des localités, l'œuvre de Dieu languit non pas faute de dons spirituels, mais parce qu'il manque quelqu'un qui veuille bien y apporter un peu d'amour et d'esprit le sacrifice. Peu de dons font beaucoup s'ils sont accompagnés d'une grande charité. L'amour, le dévouement de tout vrai missionnaire, exercés dans un pays malsain envers un peuple naturellement peu aimable, sont les plus belles démonstrations de ce fruit de l'Esprit. Cependant, là ou règne un amour réel, le sacrifice est à peine aperçu, et jamais mentionné.
Nous avons un jour visité, ma femme et moi, la mission de Pentecôte d'une petite ville d'Orient, où l'air était tellement irrespirable que nous étions heureux de pouvoir grimper au sommet de la colline pour trouver un peu de fraîcheur et vaincre la nausée. Pourtant, le dévoué missionnaire parlait toujours du lieu de sa demeure avec un véritable enthousiasme, et le considérait comme un des plus beaux coins de la terre. L'amour transforme.
Bien des parents spirituels parmi ceux qui se sont consacrés avec le même dévouement, le même esprit de sacrifice, à l'œuvre du pasteur chez nous, pourraient dire avec Paul : « Nous aurions voulu non seulement vous donner l'Evangile de Dieu, mais encore nos propres vies, tant vous nous étiez devenus chers ». (1 Thess 2.8).
L'amour humain peut en se sacrifiant manquer de sagesse. L'Esprit de Dieu fera de nous des personnes non seulement dévouées, mais sages.
d) L'Amour divin est parfois disciplinaire
L'amour humain n'est jamais plus près d'échouer à la tâche qu'au moment où il a pour devoir de châtier. Chaque « enfant gâté » en est la preuve. « Le Seigneur châtie celui qu'il aime », et tous les parents ont besoin du fruit de l'Esprit pour agir en cela d'une manière agréable à Dieu. La grande difficulté, pour la plupart d'entre nous, est de garder le juste milieu entre la colère et la faiblesse. Châtier avec un amour sincère est tout un chef-d'œuvre.
C'est ici le facteur primordial de toute discipline dans l'Eglise. La discipline doit régner dans nos assemblées (1 Cor. 5.2) mais cet amour divin que peut seul produire le fruit de l'Esprit est une nécessité absolue pour atteindre le but : édifier et non détruire. Certaines tentatives sincères d'établir une discipline dans l'Eglise ont fait plus de mal que de bien : il manquait l'amour.
L'amour que donne le Saint-Esprit s'élève au dessus de tout intérêt personnel. Une de ses caractéristiques infaillibles est « de se réjouir de la vérité », plus précieuse pour l'amour divin que tous les liens de l'affection naturelle.
Nous pouvons citer le cas très triste où le fils d'un pasteur avait péché moralement dans l'assemblée. Le jeune homme ne se repentit pas, et le devoir du pasteur était, selon toute évidence, de le retrancher de l'assemblée, jusqu'à ce qu'il « rentrât en lui-même », comme l'enfant prodigue. Mais le pasteur ne remplit pas son devoir, et ce fut un grand préjudice au témoignage rendu pour Dieu en ce lieu. Cette situation était extrêmement pénible. Chacun d'entre nous aurait pu échouer de la même manière, mais ce fait nous révèle la nécessité d'agir parfois avec fermeté, et la possibilité qui nous en est donnée par le fruit de l'Esprit. Voyez comment l'amour Divin insista sur la mort de l'enfant de David, tout en pardonnant librement le péché dont cette mort était le châtiment. (2 Samuel 1.12-14).
Il a été dit que « l'amour est aveugle » Ce n'est vrai que de l'amour humain. L'amour, fruit de l'Esprit, a les yeux ouverts à tout, agit en conséquence et continue toujours d'aimer.
Paul exprime un idéal rempli de beauté en adressant aux Colossiens l'exhortation suivante ; « par dessus toutes choses, revêtez-vous de la charité, qui est le lien de la perfection » (Col 3.14).
Ce verset de l'Ecriture me fait toujours penser à la courroie solide que je mets autour de ma valise pour voyager. J'emporte toutes sortes de choses, les unes dures, les autres fragiles, les unes grandes, les autres petites, les unes faciles « à fourrer » dans les coins, les autres guère commodes ; mais ma grande courroie de cuir les maintient toutes ensemble en une union parfaite.
Ainsi en est-il de l'Eglise. Nous présentons une si grande diversité de personnalités et de caractères que l'union semble souvent une impossibilité, mais le fruit de l'Esprit, l'amour de Dieu, peut accomplir cette œuvre en nous.
Nous avons pensé parfois que les dons de l'Esprit amèneraient inévitablement l'union. Sans doute en serait-il ainsi si les dons spirituels étaient accompagnés du fruit de l'Esprit. Mais les sentiments qui gouvernent notre propre esprit, l'état dans lequel il se trouve, peuvent influencer de telle manière la révélation et la manifestation du Saint-Esprit que Christ même peut être prêché par esprit de dispute, et les « langues » devenir « l'airain qui raisonne ». Seuls les fruits et les dons agissant ensemble en une sainte association peuvent amener cette union.
Grâces soient rendues à Dieu qui nous promet dans Sa Parole la victoire finale. Nous parviendrons tous à « l'unité de la foi, à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ » (Eph. 4.13). Les dons spirituels exercés avec amour contribuent toujours à cette fin.
Lorsque je visitai Stockholm pour la première fois en 1930, je vis la grande salle de l'assemblée « Filadelfia » en voie de construction. Les ouvriers étaient partout au travail, l'échafaudage entourait le bâtiment et les bruits résonnaient de toutes parts. Bien des fois depuis cette époque en contemplant le bel édifice entièrement achevé où se pressaient des milliers d'adorateurs, je me suis remémoré les paroles si souvent mal interprétées qui terminent le chapitre 13 de la première épître aux Corinthiens. Car à Stockholm seul comptait et devait être permanent, non les bruits ou l'échafaudage de la construction, mais le bâtiment. Cependant les bruits et l'échafaudage étaient indispensables pour le construire et l'achever.
Ainsi en est-il de l'édifice spirituel de Dieu dans l'Eglise, et cette illustration nous aide à comprendre les desseins de Dieu dans les dons spirituels. En fin de compte, seule importe notre édification à l'image de Christ, se manifestant par le Irait de l'Esprit. Le but des dons spirituels est d'amener à maturité ce fruit éternel. Un jour les dons « passeront » mais pas avant que leur œuvre soit terminée. Mais ce jour arrivera seulement lorsque la manifestation finale du fruit de l'Esprit dans sa plénitude sera visible chez tous les enfants de Dieu, quand nous verrons le Seigneur. Alors, resplendissant au dessus de tout, demeurera « la plus grande de ces choses : La Charité ».