C’est dans les écrits du Nouveau Testament qu’il faut chercher, à notre avis, les éléments essentiels de la solution de notre problème. Pour nous, comme d’ailleurs pour les partisans de la Kénose et pour la plupart de ses contradicteurs, l’étude de la doctrine biblique doit préparer et déterminer la formation du dogme chrétien. Ajoutons que, pour nous aussi, l’inspiration des écrivains sacrés est réelle mais non littérale et mécanique. Tout en proclamant l’unité de l’enseignement apostolique, nous reconnaissons la diversité des types qu’il contient et leur développement progressif. Dans toute étude de dogmatique biblique nous écartons également la méthode atomistique, qui se contente d’accumuler sur chaque point un certain nombre de passages scripturaires arrachés à leur contexte pour en faire des dicta probantia, et nous choisissons de préférence, autant qu’il est possible, la méthode organique chère aux disciples de Ritschl, sans méconnaître toutefois comme ils sont disposés à le faire, la valeur de tel ou tel texte isolé. — Nous suivrons donc la marche historique et nous examinerons successivement quelles sont les données que nous fournissent sur notre sujet, d’abord les évangiles synoptiques qui, quoique composés plus tard, nous transmettent l’impression première faite sur ses contemporains par la personne de Jésus ; puis, les divers écrits du Nouveau Testament de la période dite judéo-chrétienne ; ensuite, les épîtres de l’apôtre Paul ; enfin, l’évangile et les épîtres de saint Jean qui couronne le siècle apostolique. On le voit, le champ de notre étude s’est élargi ; ce n’est pas seulement une question particulière que nous allons traiter, c’est une sorte de Christologie biblique que nous avons à faire pour notre propre compte et en vue de la solution que nous cherchons. C’est que, Messieurs, dans un sujet de cette nature, il est impossible de détacher absolument un point particulier de l’ensemble. Soulevez un anneau d’une chaîne, la chaîne suivra toute entière. La question de la Kénosis ne peut être résolue que si celle de la préexistence personnelle de Jésus-Christ l’a été affirmativement, et de la solution de ces deux questions dépend la manière dont il faut entendre la doctrine de la divinité du Christ.