Passer une heure avec Sundar Singh, c'est emporter avec soi une impression inoubliable de calme et de joie. « La paix de Dieu » illumine son visage ; la simple présence de Sundar semble rayonner cette paix à l'entour. Pour lui, le ciel a déjà commencé sur la terre ; et il voudrait qu'il en fût ainsi pour chacun de nous. Il croit que c'est là l'expérience dont parle saint Paul lorsqu'il dit : « Il nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes en Jésus-Christ. » (Éph. II, 6.) L'existence de cette paix, ce « Ciel sur la terre » et la possibilité d'y atteindre, constituent aux yeux du Sadhou l'essence même du message chrétien, mis à la portée de tous. Une citation de Miss Evelyn Underhill [1] résume bien sa pensée : « Il n'est pas nécessaire d'être géographe pour comprendre le charme d'un paysage, et sans être philosophes ou théologiens, nous pouvons atteindre le ciel, si nous prenons la bonne direction ; car le ciel est un état d'esprit qui nous devient accessible lorsque nous devenons conscients du Christ intérieur. »
Dès l'instant de sa conversion, le Sadhou fut rempli de cette paix : « Lorsque je fus converti par l'apparition du Christ, une force comparable à celle de l'électricité pénétra mon âme et s'en empara. »
Il s'attendait naturellement à voir les autres chrétiens bénéficier de cette paix, qui aurait dû les transformer. Son attente fut déçue.
– Les chrétiens vous ont-ils désappointés ?
– Oui, dit le Sadhou, au début. Je pensais qu'ils devaient être des hommes exceptionnels, puisqu'ils possédaient cette paix merveilleuse.
Mais il comprit bien vite que les chrétiens avaient besoin, eux aussi, de pénétrer ce secret :
– C'est une paix admirable. Je voudrais pouvoir vous la dépeindre. Mais je ne le puis, car elle n'est pas visible pour tous. Nous ne pouvons en parler à autrui ; car il n'est pas de mots qui puissent l'exprimer. Mais, peuvent la comprendre, ceux dont les yeux spirituels ont été ouverts.
Le Sadhou se plaint parfois de ce qu'il possède imparfaitement la langue anglaise, mais en cette occurrence, la difficulté est autre.
– Je ne connais aucun mot, même dans ma propre langue, qui puisse décrire cette paix merveilleuse. Ce sont là de ces choses qui ne peuvent s'expliquer aux autres ; c'est une paix cachée.
Mais quel est le mystique, d'ailleurs, qui a jamais pu décrire ses expériences par des mots ? William James parlerait sans doute de « l'ineffabilité » comme l'un des quatre traits du mysticisme [2].
Le Sadhou fait ressortir constamment la grande différence qui existe entre la paix et la joie dont il parle d'une part, et les jouissances de la prospérité et du foyer qu'il connut dans sa jeunesse : « Le luxe de ma demeure ne pouvait me procurer cette paix. Mon âme est comme la mer. Il peut y avoir des vagues et des tempêtes à la surface, mais dans les profondeurs règne un calme inaltérable. »
Quand il constate le péché et la souffrance de l'humanité, il est douloureusement ému ; mais dans les profondeurs de son être, la paix demeure immuable. Pendant les premières années qui suivirent sa conversion, il était si frappé par le caractère inusité de cette paix qu'il l'attribuait parfois, suivant une expression un peu obscure, « à une force cachée de sa vie », voulant sans doute désigner par là, une disposition physiologique ou psychologique latente de son tempérament. Il se demandait également si ce n'était pas là un effet encore inexpliqué d'auto-suggestion. Mais nous avons vu que le jeûne, entre autres résultats, avait dissipé ce doute et convaincu Sundar que la paix dont il jouissait était d'origine divine.
Bien qu'il soit difficile de définir cette paix, il est possible de l'atteindre : « Ce monde est rempli de tristesses. Notre corps abrite la misère. À cause de cela, beaucoup prétendent que tant que nous sommes en ce monde les esclaves du corps, la joie céleste nous est interdite. Un jour, dans l'Himalaya, je dis à un compagnon de voyage :
– Il y a ici des sources d'eau chaude.
« Il crut que j'étais devenu fou et répliqua :
– Il est insensé de prétendre qu'il y ait des sources chaudes dans un pays aussi froid, où l'eau gèle.
« Je le pris par le bras et, le conduisant lui fis plonger la main dans une source. Son expérience personnelle lui permit de constater la vérité de ce que j'avais avancé. Il essaya alors de donner une explication scientifique. De même, c'est au moyen d'une expérience personnelle que nous connaîtrons la joie céleste, même en ce monde de douleur.
« Je rencontrai au Tibet un homme remarquable. Il me montra les cicatrices qui couvraient son corps. Il me dit combien il était heureux d'être persécuté pour l'amour du Christ et me conta l'histoire de sa conversion :
– La première fois que je vis un homme endurer le martyre, je réfléchis aux problèmes spirituels. Il était torturé à mort ; on l'avait cousu dans une peau de yack fraîche, et on l'avait exposé au soleil. En le regardant, je pensai : qu'y a-t-il en lui qui puisse le rendre si heureux ?
« Le Lama dit :
– Il doit y avoir un mauvais esprit en lui.
« – Si un mauvais esprit peut donner cette force merveilleuse, dis-je, je prie Dieu de me donner aussi ce mauvais esprit !
« Cela me fit réfléchir et je devins chrétien. Le martyr s'appelait Kartar Singh. Sa paix et sa joie, au milieu des tortures, étaient tellement surnaturelles que ses persécuteurs ouvrirent son cœur pour voir en quoi consistait cette paix, mais ils ne trouvèrent qu'un morceau de chair. »
Les chrétiens qui ne prennent pas possession du merveilleux trésor de paix et de joie qui s'offre à eux, ressemblent à ce mendiant dont le Sadhou entendit parler au Népal, il y a quelques années :
« Cet homme avait mendié pendant vingt et un ans. Son ambition avait été de devenir riche, et cependant il mourut pauvre. Après sa mort, on découvrit un trésor caché à l'endroit même où il était assis, où il avait mendié pendant si longtemps. Ce trésor contenait des bijoux et des richesses ayant appartenu à un roi. Le mendiant ne s'était pas douté de cet inestimable trésor. De même, de nombreux chrétiens traversent la vie sans jouir de la paix et du bonheur qu'ils peuvent atteindre en Jésus-Christ.
« Ceux qui ont reçu cette paix, cette joie, ce bonheur, n'ont pas besoin qu'on leur dise d'aller l'annoncer. Ils ne peuvent rester inactifs. J'ai souvent dit aux chrétiens :
« – Pourquoi ne prêchez-vous pas Jésus-Christ ? Si vous avez vu ces choses, vous ne pouvez vous taire. »
Le Sadhou dit que lorsqu'il parle de son expérience spirituelle en anglais, les mots « paix », « joie » et « bonheur » ne désignent pas trois sentiments différents. Dans ses discours en tamil, il ne mentionne que la paix et la joie. Il veut parler d'un seul mouvement d'âme, réunissant en une harmonie ineffable un sentiment de calme profond et immuable, qu'il nomme « Paix », accompagné d'une plénitude de vie radieuse qu'il nomme « joie » et qui, pour lui, non seulement démontré, mais réalise l'union personnelle avec le Christ.
Cette « paix » a la faculté très caractéristique de donner au Sadhou l'illumination intérieure et la clairvoyance des problèmes spirituels. Nous lui avons demandé un jour :
– Sadhuji, diriez-vous que la paix que vous possédez est celle dont parle saint Paul, cette « paix qui surpasse toute intelligence » ?
– Oui, répondit-il ; c'est une paix qui non seulement surpasse toute intelligence, mais qui illumine toute intelligence.
La paix du Sadhou présente ce caractère essentiel : Elle règne en lui, non seulement aux heures de repos et de bien-être relatifs, mais elle est plus intense encore à l'heure de la souffrance et des persécutions.
Que faire d'une religion, dit-il, qui ne serait d'aucun secours dans les circonstances difficiles ?
Nous avons demandé au Sadhou si l'expérience qu'il avait faite de la paix, l'avait aidé à comprendre des passages de la Bible. Il répondit immédiatement par la citation suivante : je suis rempli de consolation, je suis comblé de joie au milieu de toutes mes tribulations. » (II Corinthiens VII, 4.)
Parfois, dans les circonstances les plus critiques, ce sentiment de paix s'est élevé jusqu'à la triomphante allégresse, ainsi que le montre une aventure à laquelle nous avons déjà fait allusion ; le Sadhou nous la raconta lors de son séjour à Oxford :
On lui avait défendu de prêcher dans une certaine ville hindoue, sous peine d'encourir un châtiment sévère. Il passa outre ; il fut arrêté, jeté dans la prison communale avec les assassins et les voleurs. C'est en cette compagnie, dans l'affreux décor d'une geôle orientale, qu'il écrivit sur la feuille de garde de son Nouveau Testament : « La présence de Christ a changé ma prison en un ciel de bénédiction ; que fera-t-elle donc au Ciel ? »
Il se mit à prêcher ses compagnons, les prisonniers. Plusieurs d'entre eux l'écoutèrent avec joie et se tournèrent vers le Christ qu'il leur annonçait. Les autorités, l'ayant appris, le firent sortir de prison et le conduisirent sur la place du marché pour subir son châtiment. Il fut dépouillé de ses vêtements ; il dut demeurer assis par terre toute la journée et la nuit qui suivit, sans boire ni manger, les pieds et les mains dans une cangue, le corps nu, et couvert de sangsues. Une foule railleuse faisait cercle autour de ce spectacle. Le lendemain matin, les autorités de la ville vinrent le voir ; il était toujours en vie, son visage était calme.
Craignant qu'il n'y eût en lui un pouvoir surnaturel, on lui rendit la liberté. Le Sadhou s'évanouit. Un moment après, il revint à lui et put à grand-peine s'enfuir en rampant. Il se réfugia chez des amis, secrètement chrétiens, qui le soignèrent jusqu'à ce qu'il eût repris ses forces. Mais il nous affirma que pendant toute cette période, il avait joui d'une intense paix intérieure. Mrs Parker note que lorsque Sundar lui fit ce même récit ; il ajouta : « je ne sais comment cela pouvait être, mais mon cœur était si débordant de joie que je ne pouvais m'empêcher de chanter et de louer le Seigneur. [3].
Ce dernier fait, démontre que la véritable signification de la paix du Sadhou ne peut se concevoir que par rapport à sa philosophie de la Croix. Il y a entre le renoncement et la satisfaction, un lien psychologique qui répond aux sentiments les plus profonds de la nature humaine.
Chaque acte de libre arbitre le prouve. Choisir, à quelque degré que ce soit, c'est avoir ce problème à résoudre : Tu ne peux, à la fois conserver ton gâteau et le manger. jusqu'à ce que nous ayons décidé à laquelle de ces satisfactions nous renonçons, nous sommes inquiets et troublés.
Dans un ordre d'idées plus élevées, l'expérience de la vie a démontré à beaucoup d'entre nous que la paix de l'esprit ne s'acquiert qu'au prix de certains renoncements. Le conflit intérieur ne se termine que lorsque diverses alternatives ont été résolument écartées, ce qui est toujours douloureux, et lorsque la personnalité tout entière suit en pensée et en actes une ligne de conduite droite et élevée. Il s'agissait de ce monde et non de l'autre, lorsque le Christ dit : « Mais la porte étroite et le chemin étroit mènent à la vie. » (Matthieu VII, 14.)
Le renoncement, tant qu'il nous est pénible, porte encore en lui les éléments d'un conflit intérieur. Mais il faut nous souvenir que le Sadhou est un mystique christocentrique ; pour lui, comme pour saint François ou saint Paul, la société du Christ est une passion et un privilège. C'est seulement ainsi que nous pouvons comprendre un peu le secret de la paix du Sadhou. Si crucem portas portabitte : « Porte la croix et elle te portera. » Le Sadhou fait allusion à ce passage de l'Imitation de Jésus-Christ, lorsqu'il parle de son ciel sur la terre :
– Les quatorze années pendant lesquelles j'ai mené la vie de Sadhou chrétien, me permettent d'affirmer avec confiance que la croix portera ceux qui portent la croix, jusqu'à les amener au ciel en présence du Sauveur.
Le Sadhou éprouve pour la souffrance un véritable enthousiasme – il n'y a pas d'autre mot – non à la manière d'un ascète, pour sa vertu propre, ni en vue du gain spirituel qu'il peut en retirer, mais pour le service du Maître, pour suivre Ses traces, pour rester en compagnie du Bien-Aimé. Ceci explique l'intérêt passionné qu'il porte à tout ce qui concerne les martyrs et leurs souffrances. Comme beaucoup d'entre les premiers chrétiens, il souhaiterait une mort, semblable. il aspire non seulement à la joie de partager avec le Christ cette persécution suprême, mais aussi, à l'occasion, de « rendre témoignage » à Sa puissance et à Sa cause. Une réflexion du Sadhou témoigne de ce désir de rendre témoignage. Lié à un arbre, dans une forêt déserte, abandonné à la mort, il fut sauvé d'une façon qu'il considère comme miraculeuse. Son seul regret, dans ces circonstances, était de périr sans pouvoir, par sa mort, rendre publiquement témoignage au Christ. L'importance qu' il attache à ce qu'on pourrait nommer « la valeur de propagande » du martyre (le mot martyre ne signifiait-il pas témoin ?) correspond bien à sa doctrine, à savoir que la souffrance ne doit pas être recherchée pour elle-même, comme le pense le véritable ascète, mais qu'il faut l'accueillir avec joie lorsqu'elle nous est envoyée pour la cause ou le service du Christ.
À Paris, lorsqu'on lui demanda ce qu'il désirait voir, il répondit :
– Tout ce qui se rapporte aux martyrs et à la vie religieuse du pays.
Il traversa rapidement le Louvre, mais fut attiré tout particulièrement par un tableau représentant saint Sébastien percé de flèches, qu'il décrivit ensuite comme étant la meilleure peinture du Louvre. Si le Sadhou a choisi le Tibet comme champ d'action, s'il est attiré par ce pays, c'est, comme nous l'avons déjà dit, à cause des persécutions et du martyre possible, le Tibet étant un pays fermé aux missionnaires, à moins qu'ils ne soient, comme le Sadhou, prêts à affronter le supplice. Dans ses discours, il rappelle souvent les souffrances des martyrs, spécialement des pionniers de l'Évangile qu'il a rencontrés, ou dont il a entendu parler au Tibet. Le fait qu'il entrevoit la possibilité d'un sort pareil, qu'il désire l'affronter avec le même héroïsme calme et la joie surnaturelle, donne une valeur toute particulière à l'histoire suivante :
« Un chrétien vivait au Tibet. Lorsqu'il se mit à prêcher l'Évangile, la population l'accabla d'outrages ; mais sans se laisser effrayer, par la persécution, il continua de prêcher. On lui incisa la peau avec un couteau ; on introduisit du sel et du salpêtre dans ses blessures sanglantes. Il ne se souciait point des souffrances qu'il endurait, mais disait :
« – Autrefois Satan me blessa cruellement par ses traits enflammés, mais le sang de Jésus a guéri mes blessures. Les souffrances des blessures que vous m'avez faites sont peu de chose.
« Pour le torturer encore davantage, ils se mirent à l'écorcher vif. Mais il leur dit :
« – Merci ! Enlevez-moi ce vieux vêtement, je revêtirai bientôt la robe de justice du Christ.
« Voyant qu'il ne perdait pas courage, mais que, gardant sa connaissance, il louait Dieu et était heureux, ses persécuteurs ne purent supporter ce spectacle et le jetèrent dans un brasier.
« – Je vous remercie de me jeter dans ce feu, leur dit-il, car les flammes me porteront si haut, que je pourrai bientôt atteindre le Ciel.
« Il se mit à prier pour ses bourreaux et mourut, remettant joyeusement son âme entre les mains du Père. »
Il est souvent question, dans la littérature mystique, d'une phase de développement spirituel connue sous le nom de « nuit obscure de l'âme ». C'est une période d'impuissance, de sécheresse, de solitude. Pour certains mystiques, elle provient d'un sentiment de séparation d'avec Dieu. Pour d'autres, c'est la révélation soudaine de l'imperfection absolue, sans espoir, de leur âme. Pour d'autres encore, c'est la disparition de leurs enthousiasmes d'autrefois.
Cet état de désordre, de misère, peut durer des mois ou même des années avant que la conscience ne retrouve son unité, et qu'un nouveau centre puisse se former [4].
Le Sadhou a-t-il fait l'expérience de « cette nuit obscure de l'âme » ? En réponse à cette question, dont il saisit immédiatement la portée, il fit allusion au terme de « jeu d'amour » dont se servent certains mystiques à ce sujet. Il nous dit que son âme avait été privée de paix et de joie pendant quelques heures, mais jamais durant des jours ou des semaines. Il se réjouit d'avoir traversé cette épreuve pour deux raisons : en premier lieu, au sortir de l'obscurité, il éprouva une joie intense à retrouver la lumière. Ensuite, cette expérience réfute victorieusement l'idée que l'âme humaine et l'âme divine sont une. En effet, si elles sont une, comment peuvent-elles être séparées, et comment cet épisode de la vie de l'âme peut-il avoir lieu ?
« Certes, Dieu n'abandonne jamais l'âme, il ne se cache que pour un instant. Il était une fois un jeune Peau-Rouge très poltron. Son père voulut lui enseigner la bravoure. Il l'emmena dans la forêt, l'attacha à un arbre et le laissa ainsi toute la nuit. L'enfant criait de peur, craignant d'être dévoré par les bêtes féroces. Mais le père ne l'avait pas abandonné, il s'était caché derrière un arbre, le fusil à la main, pour abattre les bêtes sauvages qui auraient pu venir attaquer son fils. C'est ainsi que notre Père céleste agit envers nous. »
Un autre jour, le Sadhou revint sur cette question :
– J'ai parfois senti que j'étais abandonné, mais j'ai pensé en moi-même : j'ai dû commettre une faute et c'est pourquoi je n'ai plus la paix. Je voulais savoir quel était le péché qui m'avait privé de la paix. Parfois, nous sommes abandonnés parce que nous avons péché ; ou bien encore afin de pouvoir rendre un plus grand témoignage à Dieu.
– Avez-vous éprouvé de la difficulté à maintenir la spiritualité de votre vie ?
– Aux Indes, il y a de longues périodes de sécheresse et de chaleur. Après la première pluie, la chaleur augmente, la brume chaude forme une sorte de vapeur, on a l'impression de suffoquer. Après la deuxième, la troisième et la quatrième pluie, il n'y a plus de poussière et l'on respire librement. De même, après la première pluie bénie (sans doute la conversion), je fus assailli de perplexités ; mais, après la deuxième, la troisième et la quatrième pluies de bénédictions, ces inquiétudes disparurent. Cela est particulièrement vrai depuis mon jeûne. Depuis ce jeûne, j'entre plus facilement en extase ; mais auparavant, j'avais plus de joie physique dans l'état de veille. J'avais trop conscience du monde extérieur, je ne percevais pas assez profondément les choses spirituelles. Le jeûne me mit probablement sur la bonne voie.
Quoi qu'il en soit, cette période d'aridité spirituelle ne semble pas avoir duré pour le Sadhou plus de quelques heures. Nous lui posâmes différentes questions, afin d'être sûrs de l'avoir bien compris. À moins que sa mémoire ne soit en défaut, ce qui est bien improbable étant donné qu'il s'agit d'une question pour lui essentielle, le Sadhou, depuis sa conversion, a été relativement à l'abri de ces périodes de dépression ; et depuis son jeûne, il en a été totalement délivré.
– Si je perdais parfois ma paix intérieure, je la recouvrais dès que je me mettais à prier.
[1] Church Congress Addresses, 1920.
[2] Cf. Varietes of Religious Experience, p. 380.
[3] Cf. Parker, p. 55.
[4] Evelyn Underhill, Mysticism, p. 462.