Domitien et Néron. — L’apôtre Jean. — L’Épître de Clément de Rome et la lettre à Diognète.
Nous ne connaissons aucune persécution des chrétiens durant les règnes de Vespasien et de Titus (69-81). Il n’en est point ainsi sous celui de Domitien (81-96), bien que l’hostilité manifestée par lui contre les chrétiens semble provenir de son caractère jaloux et cruel, plutôt que d’une volonté arrêtée et systématique d’étouffer la religion nouvelle. Plusieurs chrétiens furent mis à mort, et parmi eux Flavius Clemens, propre neveu de l’empereur. Domitilla, femme de Flavius et parente de Domitien, fut bannie ainsi que beaucoup d’autres. Enfin, c’est à cette époque qu’on s’accorde généralement à placer l’exil de l’apôtre Jean à Pathmos.
[Eusèbe, H.-E., liv. III, ch. 18. La question de la date de l’exil de Jean est examinée par Neander, Hist. de l’établissement et de la direction de l’Église chrétienne par les apôtres, et par Farrar, Early Days of Christianity.]
Craignant une révolte des Juifs, si l’un des descendants de leurs rois en prenait la direction, le tyran ordonna de rechercher tous les membres de la famille de Davidc. Ayant appris par ses espions que deux petits-fils de Jude — le frère du Seigneur — vivaient encore, il les fit comparaître devant lui, et leur demanda s’ils étaient réellement de la famille de David. Sur leur réponse affirmative, il s’enquit de leur position de fortune. Nous n’avons point d’argent, répondirent-ils, mais nous possédons en commun un champ de 39 arpents ; nous le cultivons et il nous fournit les moyens de vivre et de payer les impôts. En parlant ainsi ils montrèrent à l’empereur leurs mains durcies par le travail. Enfin, Domitien leur demanda de quelle nature était le royaume de Christ et dans quel temps et quel lieu il apparaîtrait. Les petits-fils de Jude répondirent que ce Royaume ne devait être ni temporel, ni terrestre, mais angélique et céleste ; qu’il serait réalisé à la fin du monde, lorsque Christ reviendrait, entouré de gloire, pour juger les vivants et les morts, et rendre à chacun selon ses œuvres. A l’ouïe de ces paroles Domitien les renvoya avec mépris et fit cesser la persécutiond.
c – Vespasien éprouvait les mêmes craintes. Eusèbe, liv. IV, ch. 12.
d – Hégésippe, Mémoires sur le temps des apôtres (fragments). Cf. Eusèbe, I. III, ch. 20.
L’empereur Nerva (96), son successeur, ne se montra pas moins juste et moins clément pour les chrétiens que pour le reste de ses sujets. Ceux qui avaient été bannis furent rappelés et rentrèrent en possession de leurs biens. Il ordonna de ne plus recevoir le témoignage des esclaves contre leurs maîtres ; bien plus, tous les esclaves et tous les affranchis, qui dénonceraient leurs maîtres devenus chrétiens, devaient être mis à mort. Toutefois, comme le christianisme n’était pas une religion reconnue (licita), ce répit ne pouvait être et ne fut que temporaire.
A cette époque, tous les apôtres étaient morts, à l’exception de Jean, qu’on suppose avoir vécu jusqu’au règne de Trajan et n’être mort qu’en l’an 99, à Ephèse. Deux anecdotes touchantes, se rapportant à la fin de sa vie, mais reposant sur des témoignages plus ou moins suffisants, nous ont été transmises par l’antiquité. La première est racontée par Clément d’Alexandrie, qui écrivait un siècle environ après la mort de l’Apôtre. La voicie. S. Jean, après son retour de Pathmos à Éphèse, visita les églises de l’Asie Mineure pour corriger les abus qui pouvaient s’y être glissés, et pour donner de saints pasteurs à celles qui n’en avaient point. Etant dans une ville voisine d’Éphèse (Smyrne ?), il fit un discours et remarqua parmi ses auditeurs un jeune homme d’une figure intéressante. Il le présenta à l’évêque en lui disant : « Je vous confie ce jeune homme en présence de Jésus-Christ et de cette assemblée. » L’évêque promit de s’en charger et d’en prendre le plus grand soin. L’apôtre le lui recommanda de nouveau et retourna à Éphèse. L’évêque logea le jeune homme dans sa maison, l’instruisit et le forma à la pratique des vertus chrétiennes, après quoi il lui administra le baptême… Croyant n’avoir plus rien à craindre de sa part, il veilla sur lui avec moins d’exactitude et finit par le laisser maître de ses actions. De jeunes débauchés, qui s’en aperçurent, le gagnèrent insensiblement, et le firent entrer dans leur société. Bientôt le jeune homme oublia les maximes du christianisme et, à force d’accumuler crimes sur crimes, il étouffa tout remords. Il en vint jusqu’à se faire chef de voleurs et se montra le plus déterminé comme le plus cruel de la bande. Quelque temps après, saint Jean eut l’occasion d’aller dans la même ville. Lorsqu’il eut terminé les affaires qui l’y appelaient, il dit à l’évêque : « Rendez-moi le dépôt que Jésus-Christ et moi vous avons confié en présence de votre Église. » L’évêque étonné ne savait ce que signifiait cette demande ; il s’imaginait que l’apôtre parlait d’un dépôt d’argent. Celui-ci s’expliquant, lui dit qu’il lui redemandait l’âme de son frère qu’il lui avait confiée. Alors l’évêque lui répondit en soupirant et les yeux baignés de larmes : Hélas ! il est mort. — De quel genre de mort ? — Il est mort à Dieu, répliqua l’évêque, il s’est fait voleur ; et, au lieu d’être à l’Église avec nous, il s’est établi sur une montagne où il vit avec des hommes aussi méchants que lui. » A ce discours, l’apôtre déchira ses vêtements ; puis poussant un profond soupir, il dit avec larmes : « O quel gardien j’ai choisi pour veiller sur l’âme de mon frère ! » Il demande un cheval avec un guide et se rend à la montagne. Arrêté par les sentinelles des voleurs, il ne cherche pas à fuir ou à obtenir la vie sauve : « C’est pour cela, s’écrie-t-il, que je suis venu ! Conduisez-moi à votre chef. » Celui-ci le voyant venir prend ses armes pour le recevoir ; mais quand il reconnaît l’apôtre, pénétré de crainte et de confusion, il se met à fuir. L’apôtre oublie son grand âge et sa faiblesse ; il court après lui en criant : « Mon fils, pourquoi fuyez-vous ainsi votre père ? c’est un vieillard sans armes dont vous n’avez rien à craindre. Mon fils, ayez pitié de moi ! Vous pouvez vous repentir ; votre salut n’est pas désespéré ; je répondrai pour vous à Jésus-Christ ; je suis prêt à donner ma vie pour vous, comme Jésus-Christ a donné la sienne pour tous les hommes… Arrêtez ; croyez-moi, je suis envoyé par Jésus-Christ. » A ces mots le jeune homme s’arrête, jette ses armes tout tremblant et fond en larmes. Il embrasse l’apôtre comme un père tendre et lui demande pardon ; mais il cache sa main droite qui avait été souillée de tant de crimes. L’apôtre tombe à ses pieds, baise sa main droite, qu’il tenait cachée, l’assure que Dieu lui pardonnera ses péchés et le ramène à l’Église… Il ne le quitte qu’après l’avoir réconcilié avec elle.
e – Clément d’A., Quel est le riche qui peut être sauvé ? Cf. Guillon. op. cit., p. 73 ss.
Le second trait repose sur un témoignage encore plus éloigné du temps où vivait l’apôtre, celui de Jérôme, qui écrivait au ive siècle.
[De ce qu’une tradition est racontée par un historien plus éloigné de l’événement, il n’en résulte pas absolument qu’elle soit d’une valeur inférieure à une autre, racontée par un historien plus ancien. D’un autre côté, et toutes choses égales d’ailleurs, il est certain que plus l’éloignement est grand, moins la crédibilité s’impose.]
Lorsque l’âge eut rendu saint Jean incapable de se rendre aux assemblées de l’Église, il prit le parti de s’y faire porter par ses disciples. Arrivé là, il répétait toujours les mêmes paroles, et rappelant à ses auditeurs le commandement qu’il avait reçu du Seigneur lui-même, comme résumant tout le reste et formant le caractère distinctif du chrétien : Mes petits enfants, disait-il, aimez-vous les uns les autres. Et comme on lui demandait pourquoi, il le répétait constamment : c’est que, répondait-il, si cette chose-là était réalisée, cela suffirait.
Il ressort avec évidence du Nouveau Testament que, dès la première génération de chrétiens, de « faux frères » s’étaient introduits dans l’Église. Les uns, comme nous l’avons vu, cherchaient à détruire la liberté des croyants et à leur imposer le joug de la Loi. D’autres nous sont représentés comme animés d’un esprit licencieux et menteur (2 Corinthiens 11.13 ; Jude 1.4). Un peu plus tard, mais encore au premier siècle, nous voyons cet enseignement hérétique agissant comme un levain vénéneux dans les Églises de l’Asie proconsulaire, et nous entendons porter sur elles une sentence sévère : si elles ne se repentent, leur chandelier sera ôté de sa place et leur lumière sera transformée en ténèbres (Apoc. ch. 2-3).
Toutefois, malgré ces taches et ces ombres, l’Église parait avoir été, à la fin du premier siècle, dans un état singulièrement prospère, abondante en charité et livrant au péché une guerre continuelle et triomphante. « Les brillantes perspectives du jour de la Pentecôte, dit Cooper, c’est-à-dire la réunion de tous les rachetés autour du Fils de l’Homme et l’éveil du sentiment de leur relation fraternelle en Lui, étaient réalisées. Malgré la distance matérielle qui séparait entre elles les trois ou quatre cents Églises apostoliques ; malgré les différences de rang, de culture, de couleur, de climat, de langage, d’éducation religieuse des fidèles, ces Églises et ces fidèles étaient plus véritablement unis entre eux, qu’ils ne l’ont jamais été depuisf. »
f – Free Church, p. 128.
L’âge apostolique nous a laissé peu d’écrits authentiques. Comme le remarque fort bien Milner : « croire, souffrir, aimer, et non écrire, était la caractéristique des chrétiens de cette époque. » Et Mosheim : « En général, nous devons remarquer ici que ces pères apostoliques et les autres écrivains qui, dans l’enfance de l’Église, ont employé leur plume en faveur du christianisme, n’étaient distingués ni par leur savoir ni par leur éloquence ; au contraire, ils expriment les sentiments de piété les plus admirables d’une manière simple et grossière. Dans le fond, c’est un sujet de gloire plutôt que de reproche pour le christianisme, puisque l’impéritie naturelle de ces premiers prédicateurs de l’Évangile prouve qu’on ne doit attribuer leur succès, dans une grande partie du monde connu, à aucun art humain, mais uniquement au pouvoir de Dieug. »
g – Histoire ecclésiastique, I, 119, de la traduction française de F.-B. de Félice.
Rien de plus frappant, en effet, lorsqu’on entreprend l’étude de l’histoire de l’Église, que de voir combien les écrits qui composent le Nouveau Testament sont supérieurs en onction et en autorité à ceux qui les suivent immédiatement. Ce contraste doit même, dans une certaine mesure, provoquer notre reconnaissance, car il vient confirmer notre foi dans cette invisible Providence, qui a permis que le livre inspiré fût formé et conservé d’une manière à la fois si peu apparente et si autorisée.
Deux des ouvrages, qu’on suppose appartenir à la fin du premier siècle ou au commencement du deuxième, méritent d’attirer spécialement notre attention. Ce sont l’Épître aux Corinthiens, de Clément de Rome, et la Lettre à Diognète, d’un auteur anonymeh.
h – On ignore tout sur ce Diognète, sauf son nom.
Ecrite aux fidèles de Corinthe au nom de leurs frères de Rome, l’Épître de Clément fut provoquée par l’explosion d’un violent esprit de parti, qui amena la destitution de quelques-uns des presbytres de Corinthe.
Dans cette lettre, de quarante ans environ postérieure à celle de l’apôtre Paul, l’évêque de Rome commence par rappeler à ses lecteurs la foi, les lumières et l’humilité, qui les avaient anciennement distingués, il déplore ensuite, dans les termes les plus énergiques, le changement survenu en eux. Il les renvoie aux Épîtres de Paul, qui leur reprochait déjà d’être si facilement entraînés par l’esprit de parti, et leur déclare que leur situation présente est bien pire encore. « Il est extrêmement honteux, frères bien-aimés, leur dit-il, qu’on puisse dire d’une Église aussi ferme et aussi ancienne que celle de Corinthe, qu’elle se laisse entraîner, à cause d’une ou deux personnes, à se mettre en lutte contre ses anciens. »
Cette Épître, dont les premiers chrétiens faisaient le plus grand cas, abonde en exhortations vraiment évangéliques. « Regardons constamment, y lisons-nous, au sang de Christ, et considérons combien ce sang est précieux aux yeux de Dieu. Il a été répandu pour notre salut et par lui la grâce de la repentance a été offerte au monde entier… Nous ne sommes pas justifiés par nous-mêmes, ou notre propre sagesse, ou notre intelligence, ou notre piété, ou même par les œuvres que nous avons faites en sainteté de cœur, mais par la foi, par laquelle dès le commencement le Tout-Puissant a justifié tous les hommes. Deviendrons-nous à cause de cela lents à bien faire et cesserons-nous de pratiquer la charité ? Hâtons-nous plutôt avec toute l’énergie et tout l’empressement possibles d’accomplir tout ce qui est bien… Que chacun soit assujetti à son prochain suivant le don spécial qu’il a reçu. Que le fort ne méprise pas le faible ; que le faible respecte le fort. Que le riche pourvoie aux nécessités du pauvre, et que le pauvre bénisse Dieu de l’avoir entouré de ceux qui peuvent l’aider. Que l’homme sage le soit, non en paroles seulement, mais dans ses œuvres. Que l’homme humble ne se glorifie pas de son humilité, mais qu’il laisse aux autres le soin de le jugeri. »
i – Ch. 32, 33, 38.
Si l’Épître de Clément est écrite pour l’édification d’une Église chrétienne particulière, la Lettre à Diognète, au contraire, est adressée à des païens. L’auteur veut montrer la supériorité du christianisme sur le paganisme. C’est le plus ancien écrit de ce genre qui nous ait été conservé.
[On n’a pu déterminer d’une manière positive la date de cette Lettre. Hefele la place sous Trajan (98-117) ; Schaff, au commencement du deuxième siècle, le Dict. Christ. Biog. a une date antérieure au couronnement de Commode (180). On considère comme apocryphe le passage du ch. 11, où l’auteur se donne comme disciple immédiat des apôtres.]
En voici le début : « Voyant, très excellent Diognète, combien tu désires d’être renseigné sur la religion des chrétiens, sur le Dieu dans lequel ils mettent leur confiance et sur le culte qu’ils lui rendent ; sur leur mépris du monde et de la mort, et sur l’égal éloignement qu’ils manifestent pour les faux dieux des Grecs et la superstition des Juifs ; voyant aussi que tu te demandes ce qu’est cette charité dont ils sont animés les uns pour les autres et pourquoi c’est de nos jours et non plus tôt qu’ont paru et ce nouveau genre d’hommes et cette nouvelle doctrine, je suis tout disposé à te répondre. Dieu veuille, Lui qui nous donne la faculté de parler et d’entendre, que je puisse ainsi parler, que tu en recueilles le plus grand fruit possible, et que tu puisses ainsi entendre que celui qui te parle n’ait aucunement lieu de regretter d’avoir parlé. »
Après avoir éloquemment démontré la vanité des idoles païennes et des pratiques superstitieuses des Juifs, l’auteur s’exprime ainsi : Les chrétiens habitent avec les autres hommes, ils parlent les mêmes langues, ont le même genre de vie : ils n’ont ni villes, ni langage, ni genre de vie à eux. Que le hasard de la naissance ou d’autres causes les fassent habiter dans les villes grecques ou dans les villes des barbares, ils se conforment aux usages en tout ce qui concerne la nourriture, le vêtement et en général la vie extérieure. Cependant, leur manière de se conduire est pour tous un sujet d’étonnement. Ils habitent leur patrie, mais comme des étrangers ; en tant que citoyens ils portent leur part des charges communes, et cependant on les traite comme des ennemis ; leur patrie est partout et pourtant nulle part… Ils sont dans la chair et ne vivent pas selon la chair ; ils vivent sur la terre, mais ils sont citoyens des cieux ; ils obéissent aux lois, mais ils se conduisent encore mieux que les lois ne l’ordonnent. Ils aiment tous les hommes et sont persécutés par tous ; on ignore ce qu’ils sont et on les condamne ; on les met à mort, mais ils sont vivifiés ; ils sont pauvres, mais ils en enrichissent plusieurs… On les calomnie, mais ils sont justifiés ; on les maudit, mais ils bénissent… Ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L’âme habite dans le corps et n’est pas du corps ; les chrétiens habitent dans le monde, mais ne sont pas du monde.
Vous demandez d’où vient leur religion ? Le voici : ce n’est pas une invention terrestre, ce ne sont pas des mystères humains qui leur ont été confiés. Mais c’est le Dieu tout-puissant, créateur, invisible, qui, des cieux, a envoyé aux hommes la Vérité, le Logos saint et incompréhensible. Il l’a fixé dans leurs cœurs, non pas comme on pourrait le penser, par le moyen d’un ange, d’un prince ou de quelque autre créature subordonnée, mais en venant lui-même, Lui, le créateur et l’architecte de tout ce qui existe… Et n’allez pas croire, comme un homme pourrait l’imaginer, que ce soit pour tyranniser, pour effrayer ! En aucune mesure. Il est venu plein de douceur et d’humilité… Il est venu pour sauver, pour persuader. Comment aurait-il pu agir avec violence ? Il n’y a point de violence en Dieu… Il est venu pour aimer, non pour juger. Mais un jour viendra où il apparaîtra comme Juge, et alors, qui pourra supporter sa venue ?
Vous voulez enfin savoir pourquoi le Fils de Dieu est venu si tard dans le monde ? Je vous réponds : jusqu’au temps que Dieu avait déterminé pour l’envoi de son Fils, il nous a laissé vivre au gré de nos désirs et être entraînés hors du droit chemin par nos passions désordonnées et voluptueuses. Non, certes, qu’il prit son plaisir dans nos péchés ! Mais il créait un esprit de justice, afin qu’au temps marqué, comparant nos œuvres à cette justice, nous nous sentions indignes de vivre et qu’alors la seule clémence de Dieu nous en rendit dignes.
Et l’auteur conclut sur ce point, avec un cœur débordant d’amour envers Dieu pour le don ineffable de son Fils : il a donné son propre Fils pour notre rançon ; il a donné le saint pour les méchants, l’innocent pour les coupables, le juste pour les injustes… Et quoi donc aurait pu couvrir nos péchés, sinon sa justice ? Par qui, nous les pécheurs, les impies, aurions-nous pu être justifiés, sinon par le seul Fils de Dieu ? O douce transformation ! œuvre insondable ! bienfait inattendu ! Que l’injustice de plusieurs disparaisse dans la justice d’un seul et que la justice d’un seul couvre l’injustice de plusieurs !