Trois sujets résument la matière à traiter dans l’Introduction au N.T. :
- l’origine de chacun des écrits dont se compose le volume sacré ;
- l’histoire de la réunion de ces écrits en recueil canonique ;
- le mode de leur conservation, spécialement quant à leur texte, depuis l’autographe jusqu’à nos éditions actuelles.
On remarque que dans cette matière sont renfermés deux sortes d’éléments de nature toute différente : les uns qui ne se rapportent qu’à un seul écrit — ce sont ceux qui rentrent dans le premier de ces trois sujets ; — les autres qui concernent tout l’ensemble du N.T. ; ce sont ceux qui sont compris dans les deux autres. Cette différence manifeste a engagé un grand nombre d’auteurs (Michaëlis, Eichhorn, Hug, Bleek, Schleiermacher, Guericke, Hilgenfeld, Holtzmann, Glaire) à diviser toute l’étude critique en deux parties : l’une générale, traitant de la formation du Canon et de l’histoire du texte ; l’autre particulière, comprenant l’introduction spéciale à chacun des livres. Cette division est tellement naturelle, que ceux-là mêmes qui, comme Reuss, divisent formellement leur ouvrage d’après un autre principe, y reviennent indirectement ; car des cinq sections qui constituent l’ouvrage de ce savant, la première correspond évidemment à l’Introduction particulière et les quatre autres à l’Introduction générale.
Cette division principale admise, on peut se demander par laquelle de ces deux parties il est préférable de commencer. Beaucoup placent en tête, comme Reuss, la partie spéciale. La composition des livres particuliers n’a-t-elle pas précédé, en effet, leur réunion en collection canonique ? Il est vrai ; mais cette priorité historique n’est point une raison suffisante pour placer la partie spéciale avant l’autre ; car, comme le remarque Weiss, le rôle que les livres particuliers ont joué dans la formation du recueil canonique, n’est en aucune relation nécessaire avec la date de leur propre composition. D’autre part, il importe, lorsque dans l’Introduction particulière on cite et apprécie les témoignages patristiques ou que l’on s’occupe de certaines questions où la nature du texte joue un rôle, d’avoir une vue générale sur la vie et les ouvrages des Pères et d’être instruit des faits généraux relatifs à l’histoire du texte. C’est pourquoi nous pensons qu’en principe la partie générale doit précéder la partie spéciale, et nous n’approuverions pas même la concession que font Hilgenfeld et Weiss à la marche opposée, en plaçant l’histoire du texte à la suite de l’Introduction spéciale.
Voici donc, me paraît-il, l’ordonnance normale de l’étude critique du N.T. :
I. Une partie générale, comprenant :
- l’histoire de la formation du Canon ;
- l’histoire de ses destinées et en particulier de son texte.
II. Une partie spéciale, étudiant l’origine de chacun des livres, en y ajoutant ce qu’il peut y avoir à dire de particulier relativement au texte de chacun d’eux.
Que si, dans la publication de cet ouvrage, je ne me conforme pas à cet ordre et commence par la partie spéciale, cela tient à des raisons toutes personnelles que j’ai exposées dans l’Avant-propos.