La croix de Christ

IV — La Croix et l’Église

À la fois par son élection éternelle, sa vocation présente et par son expression actuelle, la Bible nous montre que la première sphère où se manifestent la Croix, la Personne de Christ, le Saint-Esprit et le « si grand Salut », c’est l’Église.

Ces thèmes sont étroitement liés et tant qu’ils ne sont pas considérés dans leur ensemble, l’Église n’est pas ce que Dieu entend par « Église ».

C’est au sein de l’Église et à travers l’Église, que Dieu a choisi depuis toujours de révéler Christ, la Personne de Son Fils. Il en est de même pour le Saint-Esprit qui doit s’incarner dans l’Église ; pour le Salut qui donne sa constitution à l’Église, sa nature et sa vocation.

Séparer cela de l’Église, c’est faire des doctrines éparpillées, sans démonstration ni expression pratiques, c’est avoir un corps sans esprit, sans personnalité, un corps en plastique sans nerf, sans colonne vertébrale et sans vie.

A - L’Église, centre d’intérêt de Dieu, en relation avec Christ

Lorsque, dans le Plan Éternel de Dieu, il fut déterminé que l’accomplissement final de l’Univers serait la concentration de toutes choses en la Personne de Christ, en même temps, la décision a été prise que Son Corps, l’Église serait le canal et le véhicule de Sa Plénitude, de Celui qui remplit tout en tous : rien de moins, rien de plus, rien d’autre que l’Église !

Dieu aurait pu créer et posséder des milliers d’Adam, mais Il ne l’a pas fait parce qu’Adam est générique, ce qui veut dire qu’il y en a beaucoup d’incarnés en un seul, la vie collective et corporative en une seule personne. C’était le principe qui s’appliquait à Abraham, Jacob, David et Christ.

Ignorer ou violer le principe organique et collectif exprimé dans l’Église, et lui substituer une institution, une organisation, une communauté, une fraternité, c’est remplacer, au-delà d’une génération, dans une machine une pièce hors d’usage par une pièce de rechange, plutôt que de permettre la reproduction de la vie organique. Ce qui n’est pas l’Église dans son concept divin n’ira pas bien loin et se contentera de vivre sur un passé, une tradition, une réputation ou un fondateur.

Il y a eu et il y a beaucoup de choses de ce genre qui, à cause d’un besoin particulier de l’Église, ont été bénis par Dieu, mais qui sont devenus des ministères par eux-mêmes et pour eux-mêmes, mais dans des limites restreintes.

Au-delà d’un certain point, ils ne se reproduiront plus, ils ne sèmeront plus de manière organique, de façon à exprimer de façon libre et vivante la plénitude de Christ. Ils se sont trouvés en situation de crise ; les questions qui se posaient alors étaient :

Si souvent, c’est comme le Tabernacle, sans le Témoignage à l’intérieur. Le Seigneur peut bénir et susciter des instruments, des ministères pour servir un but spécifique, pour retrouver une valeur perdue, mais il arrive un temps où Il révèle que si le besoin est là c’est pour mettre l’accent sur certaines caractéristiques de Sa Personne et de Son Œuvre, pour qu’elles soient reconnues et acceptées, sachant que Sa Lumière est à notre disposition.

Toute croissance de l’Église repose sur l’équilibre entre les réactions des responsables et celles de ceux qui sont concernés. Dieu ne néglige jamais Son Plan à propos de l’Église. Dieu ne passe jamais outre Sa Pensée au sujet de l’Église. Quand il est prouvé que la Croix a produit un ajustement et un vrai élargissement dans toute la Pensée de Dieu, alors Dieu peut avancer avec nous indéfiniment.

C’est grave finalement d’avoir cette idée fixe que parce qu’un début ou un commencement était clairement approuvé par Dieu, il doit rester figé, sans jamais évoluer et s’ajuster aux choses que Dieu fait. Dieu n’annulera pas nécessairement une chose qui Lui appartient, mais Il la placera dans une perspective plus large.

Si Dieu est prêt à faire tout ce qu’Il a planifié dans l’Église, même dans une assemblée relativement petite, parce que les choses sont ce qu’elles sont, des ajustements vont y être apportés. Ce n’est rien moins qu’une question de vie ou de mort, de gain ou de perte, qui est déterminée dans la mesure où le sens de la Croix a été réellement compris.

B - Ce que la Parole de Dieu nous dit à propos de l’Église

Du fait de son importance capitale dans le Plan de Dieu en rapport avec Son Fils, l’Ennemi a concentré ses efforts pour mettre confusion, déstabilisation, illusion et mauvaise interprétation au sujet de l’Église.

Le fait, d’une part, que l’Église a été si longtemps trompée, d’un autre côté, qu’il y a tant de désordre et de confusion dans la vie de nombreux serviteurs de Dieu qui ont dévié de leur ministère, cela aurait dû nous interpeller.

Tout ce qui concerne la vie communautaire de l’Église et ses principes – unité, communion, interdépendance – est l’objectif prioritaire de Satan pour diviser, briser, mettre la confusion, dont les conséquences néfastes vont au-delà de l’humain : c’est quelque chose de difficile à comprendre et très subtil.

Sachant cela, il nous faut bien comprendre la nature de l’Église. Bien sûr, chacun d’entre nous est influencé et dominé par son point de vue sur l’Église.

Si on vous montrait un bâtiment et un clocher, contenant une cloche, en vous disant que c’est l’Église, vous répondriez soit « c’est n’importe quoi ! », soit « c’est génial ! », ou encore « c’est absurde ! ». Cela dépend totalement de votre point de vue.

Du point de vue du Nouveau Testament, l’Église telle qu’elle se présente aujourd’hui ressemble à un chaos. Sa vision est essentiellement terrestre avec une ouverture vers le Ciel très étroite.

Du point de vue de Dieu, l’Église, à part son témoignage, n’a aucun lien avec ce monde. Pourtant l’Église est devenue quelque chose de profondément terrestre, un témoignage tourné vers En Bas. Relier l’Église à ce monde présent de cette manière, c’est trahir ce qui est réellement vital pour son impact dans le monde.

Pour Dieu, l’Église n’appartient à aucune nation ; elle n’est ni nationale ni internationale. Il n’y a «  ni Juif, ni Grec » dans l’Église. Faire une différenciation entre ethnie, race ou population, est contraire à la Pensée de Dieu envers l’Église. Il est très important d’être au clair sur ce sujet !

De la même manière, l’Église n’a rien à voir avec une dénomination ou une organisation interdénominationelle. Une fédération nationale ou internationale d’églises est quelque chose qui passe totalement à côté de la Pensée divine, et conduira tôt ou tard à un fiasco.

L’Église, c’est autre chose : les chrétiens droits et sincères doivent se rappeler que l’Église n’est pas constituée d’une certaine lignée de gens qui auraient reçus des révélations divines. Leur lumière et leur révélation sur le Corps de Christ ne font pas d’eux l’Église pour autant. L’Église n’est certainement pas constituée de personnes qui ont une vision plus élevée sur le sens de la Croix et du Corps de Christ.

Si nous sommes animés ou influencés par ces choses décrites ci-dessus, c’est sans doute parce qu’après tout, on n’a pas encore VU CHRIST.

C - L’Église, expression de Christ

Christ, le Fils de Dieu et le Fils de l’Homme, bien que Juif dans son Humanité, n’appartient à aucune nationalité.

Le premier Adam appartenait à une race. En Christ, Dieu est passé au-delà de ces distinctions et de ces différences, que la Bible attribue clairement à Satan et à la rébellion. Il aura dépassé complètement cet état, quand l’union sera totale dans tous les domaines, Christ étant tout en tout, finalement et universellement, comme Il est déjà conformément à la Pensée de Dieu.

Pour l’Église de Dieu, il n’existe aucun fondement à part Jésus-Christ. Ce qui est de nous par nature, ce qui est du monde présent, n’est pas l’Église, car l’Église est Christ, exprimé collectivement. On aura vraiment compris ce qu’est l’Église, lorsqu’on cessera de parler de l’ « église de… » ou de « telle ou telle église ». Ce sera une révolution dans la mentalité et dans la phraséologie, mais sans prétention aucune.

D - Christ réside dans le croyant

Quand Christ fait réellement sa demeure en nous, une union organique vivante s’établit : c’est l’union du Corps. La Sainte Cène en témoigne : la communion est pour tout vrai croyant.

Que dans les premiers jours de l’Église (Actes) les croyants n’aient pas reçu toute la lumière sur l’Église, c’est évident, mais le fait est qu’ « ils persévéraient dans la fraction du pain » (1 Corinthiens 10.16-17). La fraction et la distribution du pain ne donnent jamais plusieurs pains ou corps ; cela reste un seul pain.

Christ, lorsqu’Il est imparti à 10.000 cœurs, reste toujours Un.

C’est ainsi que Christ est l’Église.

La croissance de l’Église est basée sur le même principe : l’accroissement de Christ à l’intérieur comme à l’extérieur. L’Église grandit si Christ a plus de place, dans la mesure où Lui grandit dans les croyants.

Sa croissance en nombre, c’est Christ prenant Sa Place dans plus de vies (Éphésiens 4.15-16). C’est la mesure de Christ qui détermine si l’Église est forte ou faible, grande ou petite, efficace ou pas.

Mais il ne faut pas tout mélanger :

Il ne faut pas confondre Christ avec tous les systèmes qui ont apparu autour de Christ ou de l’Église, au cours de l’histoire ancienne et récente : il ne faut pas avoir cette attitude de croire que parce que certains chrétiens font partie ou ne font pas partie de ces systèmes, ils ne sont pas l’Église.

Cela aura le même effet de séparation que le sectarisme.

Il ne faut pas confondre le fait de l’Église et l’expression de l’Église. Le fait : tous ceux qui vivent l’union avec Christ – qui est la Tête – sont l’Église.

L’expression (qui est bien plus qu’un fait) demande une reconnaissance de la Souveraineté absolue de Christ, c’est-à-dire l’enseignement vécu et expérimenté par le Saint-Esprit.

Les épîtres ne considèrent pas seulement les croyants dans une relation de base avec Jésus-Christ ; elles cherchent à révéler la nature et l’implication de cette relation, en leur montrant où chacun des croyants en est à ce sujet.

Il est possible d’avoir un corps handicapé, boiteux et en mauvaise santé, vu de l’extérieur, mais c’est néanmoins un corps. C’est exactement ce qu’était l’expression du Corps à Corinthe : la situation n’aurait pas pu être pire. Si on entendait parler d’une telle situation dans une église locale aujourd’hui, on serait sûrement tenté de dire qu’elle n’a pas de relation vivante avec Jésus-Christ. Mais Paul n’a pas parlé ainsi de Corinthe, il a seulement essayé de leur montrer Christ et ses conséquences dans la communauté, plus exactement la Seigneurie absolue de Christ.

Tant que tout n’est pas accompli au travers du Christ monté au Ciel, les croyants ne comprennent pas ce que Tout veut dire. L’expression de Christ a une importance telle qu’elle touche rien de moins qu’à la satisfaction du Plan Éternel.

La colère de Satan se déchaîne toujours contre chaque ministère qui amène à cette dimension, à l’expression de l’Église dans sa réalité spirituelle. Ce n’est rien de moins que Christ prenant pleinement Sa Place et Satan qui n’en a plus aucune !

C’est la raison pour laquelle il est si capital de recevoir toute la lumière au sujet de l’Église, Corps de Christ. Sa force ou sa faiblesse en dépendent.

E - L’Église, lieu où la Croix prend toute sa place

Christ ne peut entrer tant que l’homme ne sort pas ! C’est valable au départ comme au fur et à mesure. Christ n’a aucune place dans les jugements, les pensées, les conceptions, les énergies, les sentiments inspirés par Satan.

La mesure de Christ dépend de l’ « extraction » de tout ce qui n’est pas de Christ : nous aurons à affronter cette réalité tôt ou tard, une fois pour toutes.

Ensuite, il nous faut reconnaître que la conformité à l’image de Christ, c’est le processus d’une vie entière et que ce processus se base sur la Croix. Il ne s’agit de renouveler une mort, il ne s’agit pas d’une répétition de la Croix plusieurs fois, mais c’est une œuvre une fois pour toutes de la Croix et de ses conséquences.

La présence et l’effet de ce que nous sommes dans l’Église dans le naturel, limitent Christ, dévalorisent sa Souveraineté, renient l’Église, encouragent la faiblesse spirituelle et même placent Satan en position de force. Tout ça est confronté à la Croix de Christ. C’est pourquoi, l’Autel est toujours situé au centre de la maison : le sacrifice total.

La Croix tire sa grandeur de son immensité, de sa puissance rendue possible par la Sagesse Divine. Regardons la Croix bien en face, demandons au Seigneur de nous en révéler tout son sens, laissons toute autorité au Seigneur, acceptons-en le défi et obéissons à ce qu’Il nous montre !

Même si l’Église ici-bas sur la terre n’est jamais complètement entrée dans la pleine expression de la Pensée de Dieu, Dieu ne s’en est jamais satisfait : Il a toujours "gardé le cap" sur cette Pensée à travers le Nouveau Testament.

On est obligé de reconnaître à ce propos, que l’extension de cette expression va « au-delà des principautés et des dominations dans les Lieux Célestes » (Éphésiens 3.10).

Si, comme on l’a dit précédemment, l’Église est l’expression collective et communautaire de Christ, il nous faut alors aborder le côté pratique de sa vocation, sa relation avec Christ.

F - L’Église, expression et manifestation spirituelle de Christ

Trois grandes forces, trois grands impacts, ont marqué la vie de Christ :

1. « En Lui était la Vie »

La vie est le thème le plus important de la Bible, et aussi de la création. La Bible commence et termine avec l’Arbre de Vie. Tout ce qu’il y a entre les deux et qui couvre l’histoire de la création, est centré sur la vie.

Si l’Ancien Testament renferme une multitude de témoignages et de symboles de Christ, sous toutes ses formes, l’accent est porté dans le Nouveau Testament sur Christ Ressuscité, vainqueur de la mort. En effet, Jésus-Christ incarne à la fois la destruction de la mort et la victoire de la Vie. L’Église, en tant que Son Corps, porte en elle ce témoignage et cette marque, non pas doctrinalement ou verbalement, mais de fait. L’Église est appelée à être le "réceptacle" ou le

"contenant" de Christ. Sa vocation est d’incarner la Vie de Christ.

La vie se manifeste de 3 manières :

La Vie génère : le principe de création divine est biologique ; c’est la vie qui en est la clé. Quand Dieu a donné vie aux choses, Il a non seulement déclenché un processus qui fonctionne tout seul, en dehors de toute stimulation ou influence extérieures, mais Il y a introduit tout le potentiel d’un parfait développement selon la sphère particulière à laquelle l’organisme appartient (humain, animal ou végétal).

Le combat pour la vie a commencé avec l’introduction du péché, mais quelles que furent les changements, la vie a continué à se manifester et à perpétuer la création.

Ainsi, dans le domaine spirituel, la Vie est le moteur de tout et la seule justification d’une continuité de la création. L’Église, pour qui toutes choses ont été concentrées en Christ, a pour origine la Résurrection, par conséquent l’implantation de Sa Vie triomphante.

L’Église est « Sa nouvelle création ». Christ est « Sa Vie créative ». L’existence même de l’Église repose sur Sa Vie de résurrection. À la Fin des Temps, l’Église sera jugée par Celui qui se tiendra devant elle en disant : « Je suis le Vivant ; J’étais mort et, voici, Je suis vivant pour toujours ». Le test pour nous ne sera ni une bonne doctrine, ni une valeur d’intégrité morale, mais la Vie, victoire sur la mort.

La Vie est énergie : le moteur de l’Église, c’est la puissance de vie.

Dans la vision d’Ézéchiel où le chérubin symbolise Christ et les roues symbolisent l’Église, le moteur est l’Esprit de vie ; c’est l’image de l’énergie qui va, qui vient, qui continue d’aller de l’avant sans cesse. Ce sont les Êtres Vivants (pas des "bêtes" ni des créatures) qui s’expriment tous ensemble. Il est aisé de voir le parallèle spirituel avec l’Église au commencement. La Vie a pris le relais ; l’Esprit de vie a pris en charge l’Église en lui apportant l’énergie nécessaire pour témoigner, évangéliser, enseigner, apporter les soins, et bien d’autres choses, porteuses de vie. Il ne s’agit pas d’enthousiasme passager ou de charge émotionnelle préfabriquée. C’était spontané et ça balayait tous les obstacles !

Dans les expressions « la puissance qui agit en nous », « la puissance qui œuvrait en nous selon son bon plaisir », « Son œuvre qui agit puissamment en moi », le mot grec utilisé est énergie, énergisé, énergétique. C’est l’énergie d’en haut qui, par le Saint-Esprit, surmonte toute fragilité ou infirmité, qui constitue un puissant témoignage de « puissance de Sa résurrection ». Rien ne rend mieux compte de la persévérance et des réalisations de l’Église, que l’énergie surnaturelle de vie divine en elle, et c’est pour porter ce témoignage que l’Église existe.

Il nous faut absolument sonder plus profondément Jésus de Nazareth, l’Homme de Galilée, pour trouver une explication de Son Extraordinaire Impact sur ce monde depuis si longtemps, et alors on découvrira le secret de la VIE qui était en Lui et qui nous est communiquée par la nouvelle naissance. De la même manière, le secret des profondeurs de l’Église devrait être bien plus important que son aspect extérieur : le secret de la Vie de Dieu en elle !

La Vie se reproduit : c’est là qu’est le sens de la Vie. Ce pourrait être la joie, la beauté, l’énergie, l’action,… mais sa valeur essentielle et sa fonction ultime, c’est la reproduction.

La vie demande à se reproduire selon chaque espèce, et tout organisme qui refuse obstinément de transmettre la vie en reniant le potentiel de vie qu’il renferme, commet un abus de confiance. Jamais la vie n’est qu’une possession dont il faut jouir. Elle est un service à accomplir fidèlement.

Le figuier stérile dans Matthieu 21 est une parabole d’abus de confiance : recevoir sans donner.

Posséder la vie, la donner librement et la reproduction se fait spontanément.

L’Église du Nouveau Testament était spontanée, elle se reproduisait, sans organisation, sans publicité, sans méthode, sans propagande. Elle se propageait de par la vie qui était en elle.

Il existe malheureusement beaucoup de substituts à la vie divine dans le christianisme organisé, ce qui explique la lenteur, la difficulté et des résultats de pauvre qualité. Il n’y a aucun substitut ou produit de remplacement pour l’Église : seule la reproduction spontanée de vie lui permet d’exprimer Christ.

Cette vie est irrésistible, mais cette vie de développement suit le chemin de la Croix. Jean 12.24 l’explique très bien, avec l’image du grain de blé qui doit mourir pour se reproduire.

Christ Lui-même a amené l’Église à l’existence. Cette expression communautaire de Christ se fait non seulement par SA Mort, mais potentiellement par la mort de tout. Les vrais vivants sont ceux qui « sont ressuscités avec Lui ».

La reproduction est l’aboutissement et la continuité du fait que nous acceptons par la foi la mort et la résurrection en union avec Lui, avec tout ce que Dieu y implique.

2. « La Vie était la Lumière »

Selon l’ordre de la création nouvelle, qui est spirituelle, la lumière suit la vie.

Nicodème était un homme errant dans les ténèbres. Christ s’est adressé à lui en disant : « À moins qu’un homme ne naisse de nouveau, il ne peut voir ». La lumière est la condition de la vie : elle implique de connaître, de percevoir et d’être convaincu. Quelles que soient les circonstances de la vie, la lumière est intérieure et subjective.

L’aveugle-né de Jean 9 qui a retrouvé la vue en est un excellent symbole.

Le contact avec Jésus communique la vie et la puissance de vie. Il a vu. Face à toute tentative de mettre sa foi en doute, il a simplement répondu qu’il avait la meilleure part et que c’est ce qui comptait le plus. Il n’avait aucun argument doctrinal à formuler, aucun courant de pensée ou d’enseignement de la vérité à avancer. Il a vu Christ, Il vit Christ ! Non seulement il a reçu la lumière de ces choses, il a la vue. Il n’a pas reçu une information sur quelque chose, il a fait l’expérience de quelque chose.

Quel défi pour l’Église !

Jésus-Christ n’est ni une théorie, ni une interprétation, ni une doctrine, ni une spéculation, ni une information : Christ est l’impact de la lumière sur les ténèbres, « afin que les ténèbres ne le dominent pas ». C’est ce même impact qu’est l’expression communautaire de Christ (et pas devrait être…) Il en est ainsi de l’Église quand elle dans sa vraie position, en relation avec Lui.

Il y aurait bien des choses à dire sur la lumière et ses effets, mais ce qui compte, ce sont les faits spirituels. Lorsque le soleil brille de tout son éclat, inutile de discuter ou d’ébaucher des théories au sujet de la lumière, car en le faisant, on explique un phénomène qui existe déjà dans la nature.

90 % des enseignements chrétiens ont un rapport avec ce qui devrait suivre ou résulter, ce qu’on pourrait obtenir, si certaines choses se passaient ou si on les observait. On perd son temps à se demander : « Qu’est ce que cela signifie ? »

Le jour de la Pentecôte, Christ était pour le peuple une totale énigme : « D’où la sagesse de cet homme lui vient-il ?  » Cette sagesse ne lui venait ni des écoles, ni des séances de formation, ni des livres, mais de la communion avec Son Père, sous l’onction du Saint-Esprit.

Il voyait ce que le Père faisait (Jean 5.19). Il devrait en être de même pour l’Église : frapper les incrédules, convaincre les curieux, opposer des faits aux contradicteurs, être la lumière pour ceux qui cherchent sincèrement. Pour cela, elle aura à subir une crucifixion de sa propre sagesse pour pouvoir comprendre comment se fait l’œuvre de Dieu.

Du côté de la mort de la Croix, où l’homme naturel est coupé de Dieu, il n’y a aucune lumière. Au milieu de son aveuglement, l’Église se verra crier : «  Jésus, Fils de David, aie pitié de moi !  » Ce brisement, cette foi du désespoir passera par la mort à tout ce qui n’est pas Lui, Vie et Lumière de l’homme.

La Croix met à la lumière le témoignage de l’Église.

3. L’Amour de Christ

Inutile de chercher loin pour voir à quel point dans le Nouveau Testament Christ incarnait et exprimait l’Amour de Dieu, et que c’est par cet amour que l’Église prouve qu’Il a été envoyé par Dieu (Jean 17.21).

La lumière se fonde sur l’amour : « étant enracinés et fondés dans l’Amour… » (Éphésiens 3.17-18) et « ayant illuminé les yeux de votre cœur » (Éphésiens 1.18).

Des perspectives fantastiques sont promises à l’Église : la lumière de la connaissance est le fruit qui jaillit de l’enracinement dans l’Amour. Il semblerait que Dieu ne donne en abondance la connaissance spirituelle qu’à ceux dont la caractéristique principale est l’amour à 3 niveaux : pour Lui, pour ceux qui lui appartiennent et pour tous les hommes.

« J’aime le Père » (Jean 14.31), « Le Père aime le Fils et Lui montre toutes choses… » (Jean 5.20). Christ attribue son omniscience au Père et à leur amour mutuel.

Christ fut l’incarnation et la manifestation de l’amour de Dieu pour les élus et pour le monde (Jean 3.16 ; Jean 17.23 ; Éphésiens 5.25).

Jean est connu comme étant l’Apôtre de l’Amour : quels trésors de lumière nous sont venus par lui ! Paul nous a donné le "classique de l’amour" : 1 Corinthiens 13. L’Église lui doit des profondeurs de révélation et de plénitude.

Un savant peut nous parler d’une larme en termes d’eau, de sel ou de mucus, mais une maman ou une personne amoureuse comprend le vrai sens d’une larme. La connaissance intellectuelle n’est pas connaissance du tout, en terme de valeurs spirituelles. Seule la connaissance du cœur – intercession, souffrance, soupirs, cœur brisé pour le Seigneur et par les âmes – est une connaissance vitale et expérimentale.

Quelles richesses et quels trésors de connaissance et de révélation sortaient du cœur en travail pour l’Église de Paul, de Jean et d’autres ! Enlevez cela et il ne reste plus grand-chose…

L’Amour édifie : « le corps grandit par sa construction et son édification dans l’amour » (Éphésiens 4.16). A-t-on réellement pensé à cela au sujet des matériaux de construction de l’Église ? Vérité, Enseignement, Connaissance, Oui ! Mais le Saint-Esprit met l’accent surtout sur l’Amour.

Éphèse avait sûrement saisi beaucoup de valeurs spirituelles : le Saint-Esprit semblait libre d’apporter une grande lumière, ce qui montrait la capacité de cette église. Souvent quand on est animé par l’Esprit, notre liberté est freinée par la capacité spirituelle de nos auditeurs : on pourrait aller plus loin, mais on ne le peut pas !

Parfois, rien ne peut nous arrêter et c’est le cas de Paul lorsqu’il a "empilé" une série de superlatifs les uns sur les autres, ce qui a donné la phrase la plus longue de la Bible ; il lui était impossible d’y mettre une ponctuation.

Mais l’explication d’une telle liberté de parole et de style de la part du Seigneur au travers de Paul se trouve dans son adresse à l’église d’Éphèse, dans Apocalypse 2.4 : « Tu as perdu ton premier amour ». Il devait y avoir eu quelque chose de très précieux dans l’église d’Éphèse à ses débuts. C’est le cri et le sanglot d’un amoureux au cœur brisé, dont le cœur est ému de jalousie envers le détracteur et l’infidèle. Il a constaté la victoire du « dieu de ce monde » qui a obscurci leur pensée et Il est en colère.

Rappelons-nous que le chemin par lequel l’Église sera construite et édifiée intérieurement et extérieurement se fera beaucoup moins par des réunions, des séminaires, des prédications ou des campagnes d’évangélisation, que par l’immersion de tous ses membres dans l’amour, un amour pur et sans fioritures.

Mais – et il faut bien le dire – cet amour est le fruit d’une vie profondément crucifié.

Seule une compréhension et une révélation de la Croix peut élargir notre cœur à tous les hommes. Lorsque la Croix aura détruit en profondeur les racines de l’orgueil, de l’égoïsme, de l’ambition, de ses propres intérêts et de tout ce qui n’est pas dans le Plan de Dieu, alors Dieu va pouvoir bâtir Son Église.

L’Église est l’Épouse de l’Agneau ; elle vit une grande relation d’amour : les 2 ne font qu’un. Elle tire toute sa substance de Lui. Elle quitte tout lien ou relation antérieurs et les deux deviennent une chair : « comme Il est, ainsi nous sommes dans ce monde ». Cette unité a été gagnée à la Croix où ils ont été faits un dans la mort, la mise au tombeau, la résurrection et l’ascension.

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