Le thème sous-jacent à ces chapitres est que la vie chrétienne est une vie nouvelle — littéralement une complète « nouveauté de vie » (6 .4, cf. version Segond). Les chrétiens sont effectivement renouvelés, des Hommes Nouveaux. Chaque chapitre ajoute un autre trait à leur portrait.
Tout d'abord, « nous avons la paix avec Dieu ». Nous étions ses ennemis, mais nous avons été réconciliés avec lui. A présent nous vivons dans une position de grâce, Dieu nous est favorable et nous sourit. Et nous nous réjouissons dans notre attente confiante de la gloire à venir.
Ensuite, nous avons été unis avec Christ dans sa mort et dans sa résurrection. C'est le sens de notre baptême. Les bienfaits de sa mort et la puissance de sa résurrection sont désormais à nous puisque nous sommes à lui.
De plus, nous sommes libérés de la redoutable tyrannie de la loi. Notre relation avec Dieu ne dépend plus de notre obéissance servile à des commandements ou à des règles. En Christ nous sommes maintenant sous la grâce. Voilà la liberté par laquelle Christ nous a affranchis.
En même temps, le Saint-Esprit lui-même habite en nous. Et bien que nous ne soyons plus obligés d'observer la loi pour gagner notre salut, cependant, puisque nous sommes sauvés, les justes exigences de la loi sont accomplies en nous par la puissance intérieure de l'Esprit. Le même Esprit, qui nous sanctifie, rend aussi témoignage que nous sommes enfants de Dieu, et nous vient en aide dans nos prières.
Enfin, nous savons que rien ne peut entraver la réalisation du dessein éternel de Dieu à notre égard, ni nous séparer de son amour infaillible en Christ. L'un des plus grands privilèges du chrétien est la connaissance de notre sécurité absolue au travers des vicissitudes de la vie.
Car elles sont nombreuses. Il y a les épreuves infligées par un monde hostile et incroyant. Il y a « la chair », la nature déchue qui reste dans l'homme né de nouveau, « le péché qui habite en moi », qui s'attache à nos pas et nous pousse à nous lamenter de notre misère et à crier au secours. Il y a aussi les souffrances auxquelles nous sommes enclins, faisant partie de la création qui gémit tout entière dans les douleurs de l'enfantement. La persécution au-dehors, la corruption morale au-dedans, la fragilité de notre corps, — voilà nos constants problèmes. En dépit de tout notre privilège de chrétiens, nous n'y échappons pas.
Si ce privilège ne nous assure pas contre ces épreuves, il ne nous dispense pas non plus des obligations. Au contraire, « nous avons une dette » (8.12). Puisque nous sommes devenus un avec Christ dans sa mort et dans sa résurrection, nous devons vivre la nouvelle vie pour laquelle nous sommes ressuscités. Puisque nous nous sommes livrés à Dieu comme ses esclaves, nous devons lui obéir. Puisque nous avons reçu l'Esprit, nous devons marcher selon l'Esprit. Puisque nous avons reçu la vie, nous devons faire mourir tout ce qui n'est pas en accord avec elle.
En vérité, mieux nous comprenons la grandeur de notre privilège de chrétiens, comme Hommes Nouveaux, plus grand sera notre devoir de chrétiens de vivre en conséquence, en « nouveauté de vie », et plus ardent sera notre désir d'agir ainsi.