« Des choses glorieuses sont dites sur toi, Ô Cité de Dieu » (Psaume 87.3).
« À Lui soit la gloire dans l’Église et en Christ Jésus de génération en génération pour toujours et à jamais » (Éphésiens 3.21).
« … pour célébrer la gloire de Sa grâce qu’il nous a accordée en Son bien-aimé » (Éphésiens 1.6).
« … afin que nous servions à célébrer Sa gloire, nous qui avons espéré en Christ » (Éphésiens 1.12).
Notre sujet concerne les caractéristiques de Sion ; autrement dit, les caractéristiques de Christ transmises et placées en Son propre peuple. Nous en arrivons maintenant aux gloires de Sion, ou à la gloire en relation avec Sion.
Nous avons vu dans le chapitre précédent que ce thème de la gloire revêt trois aspects :
Dans ce cas seulement, la gloire est dissimulée. Seul le Ciel la voit, mais elle est cachée. Ne vous êtes-vous jamais demandé ce que les bergers et les mages ont pensé, ce que les autres gens ont pensé, eux qui devaient savoir que le Seigneur Jésus viendrait avec la gloire céleste quelques années après ? Bien sûr, nous ne savons pas si les bergers ont pris la peine de suivre l’évolution de ce bébé. Le bébé venait de Bethléem, changea de lieu et grandit pendant trente ans principalement dans l’isolement ; et, année après année, il est fort probable que ces bergers ont dit « Ce fut une nuit fantastique qui était porteuse de merveilleuses promesses, mais où cela a-t-il mené ? ».
Ceux de l’Orient ont sans doute posé la même question « Pourtant, nous ne nous sommes pas trompés, il y avait une étoile qui nous a conduit au lieu où se trouvait l’enfant. Nous avons ouvert nos trésors et déclaré qu’Il est le Roi – mais que lui est-il arrivé, nous n’avons plus entendu parler de Lui depuis 30 ans ? ».
C’est peut-être un produit de l’imagination, mais si c’est le cas, cela nous aide à voir que non seulement durant 30 années, mais pendant les 33 années et demi, toute la gloire était cachée, ou cachée en grande partie, sauf pour des choses significatives ici ou là, comme un miracle quand Il manifesta Sa gloire, ou sur le Mont de la Transfiguration.
Mais pour ces événements occasionnels, la gloire n’était pas vue par les hommes ; elle était cachée. Elle n’était pas partie, il n’y avait là pas moins de gloire qu’au commencement, mais elle était cachée. Elle n’était ni reconnue, ni discernée, ni perçue par le monde et par la grande majorité de ceux qui étaient en contact avec Lui ; la gloire était dissimulée.
Mais le Ciel était très intéressé ; l’enfer également. L’intérêt manifesté par le Ciel lors de la naissance de Jésus est demeuré le même. Après la tentation dans le désert pendant 40 jours et 40 nuits, les anges vinrent Le servir. Les anges savent ce qu’il en est et sont très concernés. Ils ont proclamé « Gloire au plus haut des cieux ! ». Ils continuent à être attentifs. Et à la fin, les anges sont au tombeau. Ils sont toujours dans l’attente. Le Ciel voit ce que personne ne voit.
Le Ciel sait ce que personne ne sait. Le Ciel observe et constate. Que voit et que constate le Ciel ? La Gloire ! Mais comment ? La gloire agissait de manière cachée ; le Ciel pouvait voir cette gloire de plusieurs manières.
Chaque nouvelle tentation, chaque nouvelle épreuve, chaque nouveau piège tendu devant Lui, chaque nouvelle souffrance qui l’assaillait, chaque nouvelle crise, chaque fois que l’une ou l’autre alternative se déroulait, un triomphe ou un échec, chaque fois le Ciel observait pour voir comme la gloire remporterait la victoire et triompherait. La Gloire devenait quelque chose de bien plus intérieur, de bien plus réel, de bien plus important que des rayons dans un halo de lumière. Elle devenait une puissance, un facteur déterminant.
J’oserais dire que toute la vie terrestre du Seigneur Jésus tournait autour de savoir si la gloire se maintiendrait ou si elle disparaîtrait, si elle serait voilé, s’il pouvait Lui arriver ce qui est arrivé à l’ancienne Jérusalem, quand, à cause d’une rupture et d’un échec, les prophètes virent la gloire s’élever au dessus de Jérusalem et disparaître. La question est de savoir comment la gloire va se manifester et se maintenir. Ce fut une œuvre intérieure, une œuvre secrète, qui fut testée et éprouvée dans Sa vie intime.
Tout est résumé dans le fait que, sur le Mont de la Transfiguration, le Seigneur Jésus n’a pas été glorifié mécaniquement et automatiquement, mais manifesté glorieusement dans la plénitude. À cause du triomphe de Sa foi jusqu’à ce point, Lui qui, au lieu de la joie qui lui était réservée, s’est humilié, a enduré la croix et supporté la honte. Cette glorification du Seigneur Jésus est survenue parce qu’Il avait atteint un tel niveau de perfection morale que la gloire a soudain éclaté. C’était l’état et la condition de Sa vie intime avec Dieu qui a émergé sur le Mont de la Transfiguration.
Comme nous le verrons, c’est la base de toute glorification.
À propos de l’Église, quel jour fut le jour de la Pentecôte ! Les cieux se sont à nouveau ouverts, la gloire est descendue et a été proclamée. Combien cela a-t-il duré ? Peu de temps avant que la gloire ne se cache à nouveau. La gloire ne s’est pas éloignée, elle n’était pas partie, mais le jour de Pentecôte ne s’est pas prolongé longtemps dans ses caractéristiques extérieures. L’Église a perduré et beaucoup ont posé la question : Qu’en est-il de ces débuts si prometteurs ?
Pourquoi le jour de la Pentecôte a-t-il eu lieu ? Où en est-on ? Les choses ont changé, on ne voit plus ce qu’on voyait avant, on ne les discerne plus !
Un changement s’est opéré sur l’Église, la gloire est à l’intérieur et est cachée.
Dites-moi, si le monde considère l’Église, peut-il voir la gloire de la même façon la nuit de la naissance du Christ et le jour de la Pentecôte ? Le monde est-il capable de voir cette sorte de manifestation de gloire extérieure ? Non ! Il verrait cette gloire s’il avait des yeux, mais il ne voit pas et c’est caché aux yeux du monde. N’est-ce pas vrai pour chaque chrétien individuellement ? Comme nous le disions, les initiatives de Dieu dans la vie de l’individu sont glorieuses.
À notre conversion, notre nouvelle naissance, nous venons au Seigneur, et les marques de la gloire sont bien présentes : joie, paix, satisfaction. Le seul mot qui exprime ces premiers jours de la vie chrétienne, c’est gloire. Mais cela ne continue pas ainsi. Loué soit Dieu que ça ne continue pas ainsi toute la vie. Bien sûr qu’il en reste des traces, mais ça ne dure pas comme ça. Les choses changent et les problèmes, les questions, les conflits, les accusations surgissent. Il nous dira que ce n’était qu’une illusion, une émotion, une contrefaçon ; ou que nous avons péché et attristé le Saint-Esprit, parce que les choses changent.
La gloire ne s’est pas éloignée car la gloire c’est Christ. Mais quelque chose a changé. La Gloire s’est cachée. Elle est présente, active, opérationnelle, mais elle opère de manière cachée.
Comment la gloire opère-t-elle dans cette phase de transition entre l’initiation dans la gloire et l’accomplissement qui va venir ?
La gloire est ici, mais comment opère-t-elle ? Les opérations cachées de gloire se font dans la grâce, « La gloire de sa grâce ». La grâce est la base des opérations de gloire. La Gloire est liée à la grâce. C’est bien clair dans cette parole d’Éphésiens « à la louange de la gloire de Sa grâce ». « Il nous a choisis en Lui…
nous ayant prédestinés à être adoptés comme ses fils… à la louange de la gloire de Sa grâce…
jusqu’à la fin afin que nous soyons une louange à Sa gloire », la gloire opérant dans la grâce.
La grâce dans le Nouveau Testament revêt trois aspects.
Premièrement, la grâce comme attitude divine envers nous ; c’est ce que nous pensons généralement quand nous parlons de grâce, la grâce de Dieu, l’attitude bienfaisante de Dieu à notre égard. Ici nous sommes en situation de perdre pied. Cette grâce de Dieu nous porte au-delà de nos forces et de ce que nous pouvons supporter : « Il nous a choisis en Lui depuis la fondation du monde », et « Il nous a prédestinés à être ses fils d’adoption par Jésus-Christ » (Éphésiens 1.5).
Le Psaume 139.16 nous dit « Sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés, avant qu’aucun d’eux n’existe ». Il savait ce qui arriverait, le genre de vie que nous mènerions. Il connaissait chacune de nos journées avant qu’elles n’existent. Il connaissait d’avance les défaillances d’Israël, Il savait qu’un jour Israël se détournerait de Lui pour offrir de l’encens aux idoles et passer leurs fils par le feu pour adorer Moloch. Il savait tout, et Il a choisi Israël et Il a inscrit Israël dans Son livre avant son existence.
Comment expliquer tout cela ? Nous perdons pied, nous ne pouvons ni l’expliquer ni le comprendre. Pourquoi m’a-t-Il choisi en Christ et puis, en nous donnant un corps, faire ce que nous avons fait et suivre notre chemin en Le déshonorant ? Ce sont des problèmes qui vont au-delà de notre mentalité, de nos pouvoirs mentaux. Il y a une réponse dans la Bible, et là, nous sentons nos genoux défaillir « … afin que soyons à la louange de Sa gloire, nous qui auparavant avions espéré en Christ ».
Qui voit cela sinon le Ciel et l’enfer ? Que voit le monde de tout cela ? Il est possible qu’il demeure des traces de l’œuvre de grâce divine, mais le monde ne peut apprécier la grâce de Dieu, ni la voir. Il nous faut Christ pour connaître la grâce de Dieu, et il faut Christ pour glorifier Dieu, et c’est aussi la gloire dans l’Église et en Christ Jésus dans toutes les générations et pour toujours.
Oui, il s’agit bien de la gloire en termes de grâce comme attitude divine envers nous. Nous ne pouvons pas l’expliquer. Pourquoi nous a-t-Il choisis toi et moi ? Songez-y. Allons-nous dire quelque chose de ce genre « Je sais pourquoi Il m’a choisi, Il avait une bonne raison de me choisir ; il y avait cela me concernant qui a justifié son choix ? ». Si c’est votre cas, vous ne connaissez rien de la grâce de Dieu, et vous ne pouvez pas rendre gloire à Dieu. Plus vous êtes prêts à dire que c’est par cette attitude divine de grâce envers moi, plus vous pourrez le dire du fond de votre cœur, et plus vous pourrez glorifier Dieu.
N’est-il pas étrange de constater que nos personnes misérables, corrompues et défaillantes sont souvent un moyen de cacher Sa gloire plutôt que de la manifester ? Nous nous focalisons sur nos pauvres et misérables personnes, au lieu de dire tout le temps « Oh, pour moi, la grâce de Dieu est merveilleuse ! ».
La gloire, en termes de grâce, est inexplicable, insondable, mais pour cette raison, si merveilleuse.
Le Nouveau testament nous parle d’un deuxième aspect de la grâce, à un autre niveau : la grâce comme puissance divine. Non seulement, la faveur ou l’attitude divine, mais la puissance divine.
Paul nous parle de sa faiblesse, de son infirmité, et comment il a apporté cela devant le Seigneur en l’interrogeant sur cette faiblesse et sur cette infirmité, qui lui causaient tant de soucis. Le Seigneur n’en a rien dit, mais Il a dit : « Ma grâce te suffit » (2 Corinthiens 12.19). Il y a beaucoup d’exemples dans le Nouveau Testament sur la force vitale et la puissance divine de la grâce.
Tous ces aspects sont liés à une certaine exigence. S’il s’agit de grâce comme une attitude divine à notre égard, alors nous devons être mis à nu. Nous n’apprécierons jamais cette attitude de la part de Dieu tant que nous ne serons pas nous-mêmes exposés. Pourquoi le cours de notre vie est, d’un certain point de vue, une histoire de dépouillement de nous-mêmes, en nous laissant stérile et en extirpant du plus profond de nous-mêmes la corruption au point de pouvoir dire « Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair » (Romains 7.18) ? Pourquoi Dieu cherche-t-il tout le temps à nous condamner et à nous entraîner au plus profond sur le terrain de la condamnation ? Cherche-t-Il par notre propre état de péché à nous rendre misérables ?
Non, la mise à nu est demandée pour que la gloire s’amplifie dans cette attitude divine à notre égard. Il nous dit « Tu vois ce qui est vrai en toi ; pourtant, je t’aime ; Tu vois la profondeur d’iniquité qui existe en toi ; pourtant, Mon attitude envers toi est grâce. Tu vois ce dont tu es capable ; pourtant, Je ne me détourne pas de toi, au contraire, Mon attitude est celle d’une compassion infinie, d’une patience infinie. Mon attitude reste remplie de grâce ».
La mise à nu est demandée et lorsque la grâce doit revêtir la forme d’une puissance divine, il y a une autre exigence qui est requise : l’épreuve, l’affliction et la souffrance.
De nombreuses souffrances qui sont le lot des chrétiens, n’auraient jamais existé s’ils n’avaient pas été chrétiens. Nous connaissons des afflictions et des épreuves, simplement parce que nous appartenons au Seigneur, qu’Il nous a rachetés, nous a cherchés et parce que nous Lui appartenons ; alors, nous souffrons, nous sommes dans l’épreuve et l’affliction.
Nous connaissons la faiblesse et l’adversité et nous savons ce que signifie être au bout de nos moyens et de nos ressources, et c’est l’exigence pour connaître la gloire de Dieu en termes de grâce. J’espère pouvoir toujours le croire ; j’espère pouvoir garder cela en moi comme du cristal pendant les heures sombres de mon existence, ce temps terrible d’affliction. Mais, je le vois dans le Nouveau testament, je le vois dans ces hommes, je le vois dans le Seigneur Jésus. Je vois que la gloire agit de manière cachée comme cela.
Oh, ces personnes passent à travers, mais la grâce de Dieu est merveilleuse, la grâce de Dieu les élève constamment, les ramenant au point de départ et les gardant malgré tout. Vous pensez qu’ils ont disparu cette fois-ci mais ils reviennent. Il y a ce bouchon permanent qui saute toujours à nouveau ; la grâce, force de vie, puissance divine.
Considérez le Seigneur Jésus et constatez si c’est pas une réalité. Considérez l’Église et voyez si c’est pas vrai. Regardez à notre histoire, examinez notre cœur et voyez si c’est pas vrai. C’est cela, la gloire. Elle est bien différente de l’idée que nous avons sur les anges qui chantent un chœur céleste sur la gloire.
C’est quelque chose qui entre et qui perce, qui agit puissamment en sous terrain et qui nous voit victorieux.
Ensuite, le troisième aspect de la grâce est en relation avec la nature divine.
Des choses concernant la grâce nous font penser à ce que nous appelons la bienveillance et la miséricorde, c’est-à-dire l’émergence de la nature divine et de la ressemblance divine sous l’effet de la provocation. Quel dommage que les traducteurs n’aient pas toujours été capables de traduire ces mots de Pierre
« Si vous supportez la souffrance, en faisant ce qui est bien, c’est une grâce devant Dieu » (1 Pierre 2.20) !
Ne me dites pas que la gloire n’est pas derrière tout ça ! Lorsque vous souffrez injustement, indirectement, que vous êtes calomnié, persécuté, agressé sans vrai motif, en tant que chrétien et que vous n’êtes pas aimé pour une raison ou une autre, certainement pas parce que vous n’êtes pas aimable, vous savez bien qu’il y a quelque chose de plus qui permet de supporter patiemment la souffrance : la grâce reliée à la nature divine.
« Lorsqu’Il fut injurié, Il ne rendit point d’injures ; lorsqu’il fut maltraité, il ne fit aucune menace » (1 Pierre 2.23).
C’est votre réaction à la souffrance, votre réaction à l’agression, votre réponse au mauvais traitement des gens, sans aucune raison devant le Seigneur et certainement pas parce que vous avez fait une erreur ou que vous en êtes responsable. Est-ce que votre réaction est identique à la Sienne ? Il ne répondit ni aux injures ni aux menaces ; Il ne fit preuve d’aucun ressentiment, d’aucun esprit de revanche : « Seigneur, pardonne-leur » (Luc 23.34), « Seigneur, ne leur impute pas ce péché » (Actes 7.60). Ainsi en est-il de la grâce, qui glorifie Dieu : c’est la gloire de Dieu, la gloire de Christ.
C’est vrai que c’est quelque chose de caché. Nul ne sait la bataille qui est engagée. Combien cette cruauté, cette injustice, ce mal, a remué en vous ce qui est amer, et œuvre dans notre nature pour que nous disions des choses piquantes, et vous avez eu une vraie bataille intérieure dans la prière et le combat – et personne ne voit rien de tout cela.
Un esprit doux et tranquille où l’intérêt personnel a été soumis, toute cette vie propre a été soumise dans la bataille, et vous en sortez sans que quiconque puisse discerner quoique ce soit. C’est la grâce, la gloire, la gloire en terme de grâce. Mais c’est caché, une bataille secrète, l’histoire de quelque chose que personne ne connaît ; tout ce que le Seigneur Jésus a connu avec Son Père dans le secret derrière le voile.
Oui, la gloire du Seigneur Jésus se trouve dans la manifestation de la grâce divine au dessus de l’épreuve et de la persécution. Ainsi en est-il avec Ses saints, Ses serviteurs et son Église, avec toi et moi. « Des choses glorieuses sont dites sur toi, ô Cité de Dieu », mais c’est le genre de chose glorieuse que nous n’apprécions pas toujours, et pourtant il s’agit de la même gloire.
La gloire des anges qui ont chanté le jour de Sa naissance n’est pas différente de celle que les cieux ont contemplé à Gethsémané. C’est la même gloire, mais Dieu œuvrait intérieurement afin qu’à la fin, cette gloire première puisse éclater comme quelque chose qui a été préparée par l’épreuve, par l’adversité, par l’affliction, par tous ces moyens en nous afin de participer à Sa gloire, de partager Sa gloire et que la Grâce soit nôtre.
« L’Éternel donne la grâce et la gloire » (psaume 84.12), ils vont toujours ensemble, pour maintenant et de temps en temps, mais un jour ce sera toute la gloire.