Priorité à la liberté

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La liberté de pensée

Dans la pénombre d’une petite chambre d’hôtel, je m’entretiens avec une dame – cinquante cinq ans peut-être – qui me raconte sa triste vie. Institutrice de village, elle milite dans les rangs d’un parti de gauche, proclamant avec fougue ses convictions dans les cafés et sur les places. Elle se donne à fond pour les exploités, se dévoue pour les humbles méprisés. puis, brusquement,… craque. Alors viennent les malheurs. Son mari la délaisse et les compagnons de lutte s’éloignent. Bref, le ressort est cassé. Démoralisée, elle se replie sur elle-même, désormais incapable d’assumer la tâche qui était sa raison de vivre.

Et c’est le long marasme. Ballottée d’une clinique à l’autre, son état s’aggrave et finalement, elle échoue dans une maison de retraite. Encore là, elle s’isole, appelant la mort, sa délivrance. Après tout, pourquoi traîner une existence sans couleur et sans but ?

De braves gens lui ont parlé de Dieu, maladroitement, comme on le fait devant de tels malades. Le Christ, la vie nouvelle, le pardon, le bonheur ? Des mots qui ne signifient rien pour ce cœur aigri, qui ne vibre plus, qui n’aime plus.

Que lui dire ? Emu, je me hasarde :

— Au moins vous, vous êtes d’accord avec ce que je prêche.

Elle me regarde et s’étonne :

— Et que prêchez-vous donc ?

— Que du côté des hommes, tout est décevant…

Elle sourit parce qu’elle connaît la suite pour avoir été plusieurs fois chapitrée.

— Oh ! me dit-elle, je vous avouerai franchement que je ne crois pas en Dieu ni en Jésus-Christ. Inutile de m’en parler. Pour moi, c’est la mort qui règlera tout. Mon bonheur, sera de ne plus être. Voilà ! Aussi, je n’attends plus qu’elle. Alors tout sera fini, bien fini.

— Mais qui vous assure que les choses se passeront ainsi ? Que la vie se terminera définitivement au tombeau ?

— C’est ce que je crois fermement, depuis toujours.

— Avouez que vos idées ne reposent sur rien de solide. Elles vous rassurent à bon marché et c’est certainement pour cela que vous les cultivez.

— Et vos idées à vous, sur quoi reposent-elles ? Qu’est-ce qui me prouvent que la vie se prolongera de l’autre côté ?

— Vous savez fort bien qu’une graine mise en terre meurt pour donner naissance à une plante nouvelle. Autrement dit, et c’est la nature qui nous l’enseigne, la mort engendre la vie. La mort n’est pas le point final de notre existence mais le passage dans une autre. Dans mille ans, vous n’aurez pas cessé d’exister.

— Tout cela est gratuit. Moi je reste convaincue du contraire et rien ne me fera changer d’idée.

— Votre idée ! C’est vous qui avez décidé, sans le vérifier, que la mort est le terme de toute existence humaine. C’est votre vérité à vous. Une vérité sans fondement qui fait barrage à la VÉRITÉ qui vous sortirait justement de votre vie lamentable.

— Peut-être bien. Mais après tout, ma vérité comme vous le dites, vaut la vôtre.

— Jamais de la vie. Il n’y a qu’à vous regarder pour être convaincu du contraire. La vôtre, votre vérité, vous laisse dans le noir. Elle a fait de vous un être sans réaction, maintenant égoïste et déraisonnable. Celle que j’ai puisée dans la Bible a transformé ma vie. Je suis un homme heureux qui espère beaucoup de la vie et de la mort…

— Dites plutôt que vous avez eu de la chance.

Je discerne avec tristesse que mon interlocutrice est butée. Ses médicaments la rendraient-elle obtuse, imperméable ? En tous cas, les mots : bonheur, salut, pardon… restent sans résonance comme s’ils appartenaient à une autre langue. L’heure est venue de la quitter :

— Madame, lui dis-je en prenant congé d’elle, vous appelez la mort comme votre délivrance ; vous devriez plutôt la redouter. Elle vous conduira tout droit devant le Dieu que vous croyez avoir éliminé. Il vous faudra l’affronter en rebelle, or c’est « une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant ». Cependant, il n’est pas trop tard. Vous pou- vez retrouver votre enthousiasme perdu et recommencer une vie qui vaut la peine d’être vécue. Cherchez la lumière jusqu’à ce que vous l’ayez trouvée. Je veux dire, permettez à Dieu de se révéler à vous. Et en quelques mots, je lui annonçai la Bonne Nouvelle de Jésus.


♦   ♦

L’exemple cité plus haut n’est pas un cas d’espèce. La plupart des humains sont des « endoctrinés » qui s’ignorent. Dans le milieu familial d’abord, religieux ensuite, universitaire et professionnel plus tard s’opère, au cours des années, lentement mais sûrement, un lavage de cerveau qui enlève à ses innombrables victimes la liberté de penser lucidement, le pouvoir de remettre en question les idées reçues ainsi que la capacité d’accueillir la VÉRITÉ qui libère. En effet, les choses tant de fois entendues, surtout dans l’enfance ou l’adolescence, marquent l’homme et le conditionnent profondément. Très tôt, elles prennent une allure de vérité pour s’ériger en dogme si bien qu’il apparaît superflu d’en examiner le fondement et d’en contrôler la valeur. La vérité reçue devient alors notre vérité. Elle colle à notre peau. « Puisque mon père le dit… puisque mon pasteur ou mon curé l’enseigne, puisque tout le monde le répète, c’est que je suis dans le vrai. Tout autre langage est erroné, irrecevable. A combattre. Est réputé stupide ou retardé quiconque professe une autre doctrine. Bref ! Je possède la vérité. Je suis… la vérité. Et c’est tragique car « Ma » vérité me rend intolérant et parfois agressif. En tous cas, elle fait barrage à la VÉRITÉ et me dresse contre Celui qui est authentiquement LA vérité, à savoir Jésus-Christ. Prisonnier d’idées reçues sans examen, victime d’une doctrine sans fondement, je deviens incapable d’écouter, ou plus encore, d’écouter pour recevoir. Donc incapable d’être réajusté et corrigé sur l’essentiel.

Reconnaissons-le : Une vérité m’impressionne et s’impose d’autant plus à moi qu’elle est :

Aussi, dois-je m’interroger sérieusement. Quel est le fondement des théories que je professe ? De la doctrine que je défends ? La question vaut la peine d’être posée.


♦   ♦

L’homme endoctriné – religieux ou pas – peut-il recouvrer sa liberté de pensée en dépit des enseignements reçus et des traditions qui le lient ?

OUI s’il accepte de douter de sa propre vérité, de la remettre en question, de se ranger dans la catégorie des « pauvres en esprit » qui ne savent rien et ont tout à apprendre « comme de petits enfants ». (1)

(1) Matthieu 5.3 et 18.3.

OUI si, selon l’Ecriture, « IL ABANDONNE SES PENSÉES » (2) pour chercher la lumière « de tout son cœur » (3) auprès de Celui qui est « sagesse » et « vérité ». (4)

(2) Esaïe 55.7.

(3) Jérémie 29.13.

(4) 1 Corinthiens 1.30 et Jean 14.6.

OUI enfin, s’il consent à OBÉIR aux lumières reçues et à se soumettre à Celui qui les lui a communiquées, à savoir le Seigneur de gloire.

Hélas ! Beaucoup de gens admettent « qu’il y a certainement un Dieu au dessus de nous » sans désirer vraiment le rencontrer. Ils tolèrent le vague et supportent fort bien d’avancer dans la vie sans savoir s’ils s’approchent du ciel ou de l’enfer, se persuadant qu’il est impossible d’être au clair là-dessus. En vérité, l’ignorance est un refus calculé d’être éclairé. Placé devant une tombe ouverte, désemparé au chevet d’un enfant qui se meurt, en danger sur le champ de bataille, émerveillé dans la contemplation de sommets alpestres, l’homme secoué intérieurement s’amollit un instant et entrevoit la possibilité d’un Créateur et d’une éternité dans l’au-delà. Des questions restées jusque-là sans réponse l’assaillent et le poussent à chercher plus de lumière, une meilleure explication, un apaisement. Hélas ! Très vite, il étouffe cette voix gênante qui le conduirait trop loin s’il y prêtait attention. En réalité, il se bouche les yeux et les oreilles. Il préfère oublier, s’étourdir, « retenir la vérité captive » (5) plutôt que de rencontrer le Seigneur. Ce jeu est dangereux. A force de résister à la voix du Saint-Esprit – car c’est lui qui parle – l’homme s’endurcit et s’installe dans l’incrédulité… pour son malheur.

(5) Romains 1.18.

Quant aux croyants, combien ont compris que « leur » doctrine pouvait être réajustée, revue et corrigée par le Saint-Esprit ? La vérité que je professe doit avoir des bases solides, un fondement sûr. Et c’est justement ce fondement qui doit être examiné à la lumière des Ecritures chaque fois que je suis ébranlé par quelque idée nouvelle. La vérité qui passe est utile. Elle m’’alerte comme pour me dire : « Et si tu te trompais ? Vérifie. Ouvre ta Bible. Consulte tes frères. Sois certain de ce que tu crois… ». De nos jours, plus que jamais, l’Eglise de Jésus-Christ a besoin de « colonnes » solidement établies sur le roc inébranlable de la Parole de Dieu.

Supposez que je doive prendre le train cet après-midi, à quatre heures : un horaire qui m’est familier puisque j’emprunte souvent cette ligne. Or, mon voisin me signale que ce train passe en réalité une heure avant. Que ferai-je ? Au lieu de répéter : il a tort et je suis dans le vrai », je téléphonerai à la gare pour être au clair. C’est sage et prudent. Ainsi étaient, jadis, les juifs de Bérée. Quoique recevant avec intérêt les propos de l’apôtre Paul, ces croyants « examinaient les Ecritures pour voir si ce qu’on leur disait était exact ». (6) Magnifique exemple d’ouverture d’esprit et de sagesse qui nous incite à « consulter » la Bible en toute occasion, à la méditer sans relâche pour acquérir de vraies convictions.

(6) Actes 16.17.

OUI, j’accepte de remettre en question « ma vérité », mes « propres théories » et je réfléchis :

Qui cherche humblement la vérité ne tardera pas à la trouver pourvu qu’il la cherche de tout son cœur… et au bon endroit, c’est-à-dire dans la Parole de Dieu.

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