Pour terminer cette étude, il nous reste à contempler l’événement au-devant duquel nous marchons rapidement et dont la perspective fait vibrer d’une sainte émotion, d’une joyeuse espérance, tout cœur dans lequel le Seigneur a fait sa demeure.
Nous voulons parler de la venue du Seigneur en l’air, de notre glorieuse réunion avec Lui.
Comme nous l’avons dit, ce bienheureux événement doit clore l’économie présente, celle de l’Église. Il précédera donc la période apocalyptique et le règne de l’Antichrist, choses dont nous nous sommes déjà occupés. Nous faisons ainsi un retour en arrière qui se justifie suffisamment pour la bonne raison qu’en terminant notre étude par ce chapitre-ci, nous laissons le lecteur sous l’impression pratique et bienfaisante de Celui qui vient, du Seigneur, que nous pouvons rencontrer d’un moment a l’autre.
La venue prochaine du Seigneur est en rapport avec l’enlèvement de l’Église. Pour bien saisir la signification de cet événement, il faut, au préalable, avoir une idée claire de ce qu’est l’Église.
Qu’est-ce que l’Église ?
Trois images, tirées de l’Écriture, nous suffiront pour répondre à cette question : la Maison, le Corps et l’Epouse.
La Maison est mentionnée en Éphésiens 2.19-22 et 1 Pierre 2.1-10 (1). Fondée sur une pierre rejetée (Christ), cette maison est rejetée aussi ; c’est pourquoi tous ceux qui entrent dans sa structure, comme pierres vivantes, sont-ils rejetés de la même manière par les hommes ! Dès le jour de sa conversion, le croyant, prenant fait et cause pour Christ, ne peut manquer d’occuper avec Lui la place que le monde Lui a faite.
(1) Comparer ce qui est dit du Temple en 1 Corinthiens 3.16-17 et 2 Corinthiens 6.16-18.
Le Corps est décrit en 1 Corinthiens 12 ; il en est aussi parlé en Éphésiens 1.22-23 ; 4.15-16. Sa tête est Christ glorifié dans le ciel et ses membres sont les rachetés. Chacun de ces derniers, en tant que membre de Christ, possède une vie céleste, laquelle découle de Lui, le Chef, dans tous les siens. De ce fait, ceux-ci ont une part céleste. Ils sont rejetés du monde et acceptés par Dieu, tout comme Christ Lui-même.
Nous trouvons l’Epouse en Éphésiens 5.22-33 et son cri en Apocalypse 22.17. La force et la beauté de cette troisième image résident en ceci : l’Epoux est absent, par conséquent il y a souffrance dans le cœur de l’Epouse. Cette souffrance est d’autant plus intense que les affections sont vives et profondes. Mais, l’Epoux absent est vivant et tout-puissant. Il a envoyé quelqu’un pour consoler son Epouse, l’instruire et la préparer à la rencontre qu’Il désire avec elle et plus qu’elle, parce que son amour est infini. Ce quelqu’un, c’est le Saint-Esprit, lien vivant, divin, entre Christ et les siens.
Il résulte de ce qui précède que le chrétien est un homme céleste, bourgeois des cieux (Philippiens 3.20). Son but est céleste, son espérance aussi (par opposition à celle d’Israël). Il perd tout ici-bas parce qu’il possède tout Là-haut ! Laissé dans ce monde pour un témoignage céleste, il présente aux hommes « l’évangile de la grâce de Dieu » (Actes 20.24), lequel lie celui qui le reçoit à un Christ rejeté, absent, mais glorifié dans le ciel. — La gloire est la part du chrétien et l’attente de Christ son attitude.
La croix marque la rupture définitive entre Dieu et le monde révolté. Christ, l’objet de tous les conseils divins étant rejeté, « Celui pour qui sont toutes choses » est retiré dans le ciel. Désormais, le jugement est à la porte.
En l’attendant, Christ est assis à la droite de la majesté divine (Psaumes 110 et Hébreux 10.12-13). Il obtiendra les nations pour héritage selon le décret du Père (Psaumes 2.8), mais auparavant, comme récompense de sa fidélité, Il reçoit un don spécial, un joyau de valeur, c’est l’Église dont l’histoire ici-bas commence après son départ et doit se terminer avant son glorieux retour. En Jean 17 le Seigneur s’exprime ainsi : J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du monde ; ils étaient à toi et tu me les as donnés… je ne fais pas de demandes pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés… (v. 6, 9). — Si ces paroles étaient vraies au sujet des disciples avant la crucifixion, elles ne le sont pas moins aujourd’hui puisque le « mur mitoyen de clôture est détruit. — Il est venu et a annoncé la bonne nouvelle de la paix à vous qui étiez loin et à ceux qui étaient près ; car par Lui nous avons les uns et les autres accès auprès du Père par un seul Esprit » (Éphésiens 2.2, 17-18).
Le fait que le Seigneur rencontrera son peuple en l’air (1 Thessaloniciens 4.17) s’explique aisément. En effet, Il ne peut venir ici-bas sans y exercer le jugement prédit, mais comme Il ne l’accomplira pas sans être accompagné des siens, Il doit venir pour eux avant de paraître avec eux. Il les appellera donc dans les nuées, à sa rencontre !… glorieuse espérance ! Ce bienheureux événement est mentionné au moins six fois dans l’Écriture. Nous nous bornerons à indiquer les passages en laissant au lecteur le soin de les chercher lui-même : Jean 14.3 ; 1 Corinthiens 15.51-57 ; Philippiens 3.20-21 ; 1 Thessaloniciens 4.13-18 ; 2 Thessaloniciens 2.1 ; Apocalypse 3.11.
En présence de cette glorieuse perspective quelle sera l’attitude du chrétien dont le cœur est pénétré de l’amour du Seigneur ?
Il se nourrira de Christ, de sa croix où l’œuvre a été accomplie, du Trône de grâce où Lui-même est assis. Il s’appliquera à obéir au Saint-Esprit, veillant, de peur de le contrister par quelque désobéissance.
Les signes, les événements l’intéressent comme annonçant la future manifestation du Règne de Dieu ; toutefois il a quelque chose de meilleur à attendre, car le Seigneur est sa part, c’est Lui qui vient. La mort ne saurait l’épouvanter. Son Sauveur l’a vaincue et l’invite à Le voir, Lui.
L’enlèvement de l’Église est une grâce réservée à tous les rachetés indistinctement. On a voulu parler d’une élite de croyants qui seuls auraient part à cet enlèvement, considéré comme étant la récompense donnée à une marche fidèle. Cette doctrine erronée est démolie par la solennelle déclaration de l’apôtre inspiré : « Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés ; en un instant, en un clin d’œil, à la dernière trompette… » (1 Corinthiens 15.51). A noter que l’apôtre s’adresse à l’Église de Corinthe, si tristement célèbre par ses multiples inconséquences. Il ne voit donc pas dans l’enlèvement des saints une récompense de la marche chrétienne (appréciée devant le tribunal de Christ), mais une glorieuse conséquence de notre position en Christ. Ceux que le Père a donnés à son Fils, sont associés au Bien-Aimé, non à cause de ce qu’ils sont (ou peuvent devenir), mais en vertu de ce qu’il est Lui-même.
L’attente du Seigneur est la source d’une grande joie ainsi qu’un stimulant salutaire pour la vie pratique. Elle caractérise les chrétiens nourris de la Parole et vraiment attachés à leur Sauveur. Elle est un préservatif ; pour l’avoir perdue, l’Eglise s’est bien vite mondanisée, ouvrant la porte aux doctrines pernicieuses qui ont causé tant de mal dans son sein. Cette attente est une condition de croissance ainsi qu’une douce et précieuse consolation. Chaque fois qu’un croyant est enlevé par la mort, ceux qu’il laisse reçoivent de Dieu même le message adressé aux Thessaloniciens : « Le Seigneur descendra du ciel et les morts en Christ ressusciteront premièrement ; puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l’air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. Consolez-vous donc l’un l’autre par ces paroles » (1 Thessaloniciens 4.16-18).
Quelle consolation pourrait être comparée à celle-là ?
Le chrétien veut-il avancer dans la sanctification ? Qu’il apprenne à se tenir dans la présence d’un Seigneur qui vient ; qu’il s’applique à L’attendre journellement. Alors, il saura être content de sa condition terrestre quelle qu’elle puisse être. Ouvrier ou patron, maître ou serviteur, malade ou en santé, pauvre ou riche, il se souviendra que son séjour ici-bas est de courte durée, juste le temps nécessaire à son éducation, au témoignage à rendre. Il sera prêt à tout quitter, n’a-t-il pas devant lui et pour l’éternité les biens les plus excellents ? Là où est votre trésor, là sera aussi votre cœur (Matthieu 6.21). Son trésor est au ciel, c’est le Seigneur qui vient bientôt. Nous savons que quand il (Jésus) sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est (1 Jean 3.2). L’attendre, c’est donc marcher dans la sanctification pratique, car quiconque a celle espérance en lui, se purifie comme lui est pur (v. 3).
L’attendre, c’est aussi être occupé du salut des perdus. Nous le voyons précisément par l’exemple des Thessaloniciens, imitateurs et de l’apôtre et du Seigneur. La parole avait retenti de chez eux ; ils s’appliquaient à servir le Dieu vivant et vrai ; tout cela en attendant des cieux Jésus.
En outre, un chrétien qui attend le Seigneur trouve dans l’étude des Écritures un aliment béni pour sa foi. Il est gardé de ces erreurs nombreuses qui courent le monde en ôtant aux âmes leur confiance entière dans le Livre que Dieu a donné à son peuple. Quelle richesse, quelle beauté acquiert la Parole écrite quand elle est ouverte en présence d’un Seigneur qui vient !
L’enfant de Dieu, qui veille et prie, aura soin de ne pas s’embarrasser, au cours du pèlerinage terrestre, d’une foule d’occupations et de préoccupations superflues. Il saura, comme les autres, et mieux que les autres, mettre tout le soin nécessaire aux choses de la vie, au travail manuel, ou intellectuel, qui lui incombe. Il ne sera ni paresseux, ni négligent, car il craint le Seigneur devant lequel il va paraître et auquel il devra rendre compte de tout. Il profitera de toutes les ressources mises à sa portée par le Seigneur pour fournir une carrière utile aux autres et à lui-même. Cependant, il reconnaîtra bien vite que le maniement des choses matérielles, le travail indispensable à l’entretien de la vie présente, renferme un piège capable de le perdre. Il se réfugiera donc auprès de son Dieu avec une ardeur d’autant plus grande qu’il n’a pas le choix de laisser ses occupations. Il verra en elles le domaine où il doit glorifier le Seigneur, ce qu’il ne peut faire que dans la mesure où la grâce est sa part de tous les instants.
Vivre de grâce est l’état normal du croyant. Heureux celui qui le comprend, et qui, par la foi, saisit cette grâce au fur et à mesure des besoins.
Il est temps de conclure. Nous le faisons en exprimant le vœu que cette étude, si imparfaite et si incomplète, soit, par la grâce du Seigneur, un moyen pour réveiller nos affections et le besoin de Le voir. Pour Lui sont toutes choses, pour Lui nous sommes, pour Lui nous vivons. Ayons sa gloire constamment en vue et appliquons-nous à L’attendre en Le servant, et à Le servir en L’attendant.
De Lui, par Lui et pour Lui sont toutes choses ! A Lui la gloire éternellement ! Amen.