La venue du Seigneur

IV. L’avenir du monde

Une fois l’Église retirée du monde, le plan du Diable trouve son épanouissement dans l’apparition de l’Antichrist, le chef-d’œuvre de Satan, son coup le plus formidable — le dernier aussi — avant l’établissement du règne de justice et de paix annoncé par tous les prophètes.

Ce personnage, encore à venir, est le point sombre vers lequel convergent tous les efforts, toutes les aspirations de la génération actuelle, laquelle déploie dans tous les domaines une activité voisine de la frénésie. Comme un astre errant dont la marche redouble de vitesse dans la mesure où il se rapproche du foyer qui l’attire pour l’absorber, notre génération poursuit une course folle vers le mystérieux inconnu… Elle s’abîme dans un travail d’esclave qui, lui semble-t-il, va lui donner enfin le désir de son cœur, mais, hélas !… les découvertes succèdent aux découvertes et les inventions aux inventions, le confort moderne s’enrichit journellement de quelque facilité nouvelle, de science fait des conquêtes sans nombre et l’industrie des merveilles stupéfiantes, tandis que l’homme reste avec sa souffrance, ses besoins chaque jour plus intenses, un vide affreux le consume !… Que lui manque-t-il donc ? Quelqu’un, justement « Celui pour qui sont toutes choses » et sans la possession duquel le soupir de la création se perd douloureusement sans réponse, creusant plus profondément dans le cœur ce gouffre que l’on croit combler en y jetant fiévreusement les œuvres insensées de l’insatiable vanité.

Mais ce quelqu’un, le seul nom donné aux hommes pour leur salut, leur est présenté depuis dix-neuf siècles par la voix des messagers de la grâce. Chose inouïe — et qui prouve avec quelle puissance et quelle habileté le Diable travaille à conserver et à fortifier ses positions — ce nom est aussi le seul que l’on repousse obstinément en lui préférant n’importe qui et n’importe quoi. Soit les Juifs, les contemporains de Jésus, soit les Grecs et les Romains et et après eux les générations qui se sont succédé jusqu’à nos jours, c’est-à-dire les nations dites chrétiennes, l’ont repoussé avec mépris. En agissant de la sorte, les uns et les autres se privent volontairement du seul vrai bonheur et se placent sous le coup d’un jugement spécial, terrible et vengeur. Pour avoir rejeté l’homme venu du ciel, ils se condamnent à recevoir et à acclamer l’homme envoyé par Satan. En lui, ils croiront trouver la réalisation de tous leurs vœux, l’objet d’une attente séculaire, l’âge d’or rêvé et poursuivi au travers de tant de peines et de déceptions. Et surtout, en lui sera saluée la déification de l’humanité (voir Genèse 3.5), l’incarnation du progrès et de toutes les connaissances humaines, la preuve vivante qu’en ayant cru précédemment à une révélation divine, l’homme s’est grandement fourvoyé. Une heure de délire emportera l’humanité vers les plus grandes aberrations et les pires excès. Elle devra croire au mensonge pour n’avoir pas cru à la vérité, selon la déclaration de Jésus : Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, celui-là, vous le recevrez (Jean 5.43 ; Comp. 2 Thessaloniciens 2.7-12).

Cet autre est précisément l’Antichrist. Il séduira et les Juifs, auxquels il se présentera comme le Messie promis, et la chrétienté apostate, dévorée du besoin de glorifier dans une personne, capable d’éclipser le Christ, la négation victorieuse du christianisme et de Celui qui en est l’objet.

Nous avançons à grands pas vers la manifestation de cet homme unique ; est-il besoin de le dire, avant son apparition, l’Église sera recueillie dans les demeures du Père. Il conviendrait donc de parler d’abord de cet événement bienheureux, pour aborder ensuite l’histoire de « l’Homme de péché », mais nous préférons suivre le développement du mal ici-bas dans l’achèvement et la ruine du plan du Diable, pour revenir ensuite en arrière et nous occuper de l’Église et de sa glorieuse espérance.

Une portion de la Parole va nous aider à jalonner la route. En la citant, nous ne perdons pas de vue sa grande valeur pour la vie journalière et ses avertissements individuels, aussi solennels que pratiques, mais nous tenons simplement à relever sa haute signification comme parole prophétique. Il s’agit de Matthieu 16.13 à 17.8. Nous prions nos lecteurs de lire attentivement ce passage dans leurs Bibles en suivant nos indications.

A. — Vers. 13-14. — Le Fils de l’Homme méconnu va faire comprendre aux siens qu’ils n’ont pas à attendre la réalisation immédiate des prédictions des anciens prophètes. car une nouvelle dispensation (1), motivée par le fâcheux état spirituel du peuple, va être introduite.

(1) Ou économie, doit s'entendre dans le sens d’un espace de temps. caractérisé par un état de choses déterminé.

B. — Vers. 15-17. — La Confession des disciples. qui, par sa nature, les met à part du reste de leur peuple pour en faire ceux auxquels le Maître confiera sa pensée en vue de cette nouvelle dispensation.

C. — Vers. 18-23. — La première prédiction touchant, l’Eglise ou Assemblée. « Je bâtirai mon assemblée… » En employant le futur, Jésus indique clairement que ce travail, le sien propre, appartient tout entier à l’avenir (2). Plus loin (vers. 21), le Seigneur en parlant de ses souffrances, de sa mort et de sa résurrection, spécifie la nature du fondement sur lequel Il élèvera cet édifice, dont la première pierre ne pouvait être posée que par l’œuvre accomplie au Calvaire et la victoire sur le tombeau.

(2) A remarquer que Jésus ne promet pas à Pierre les clefs de l’Eglise, mais celles du Royaume des cieux.

D. — Vers. 24-25. — La grande tribulation au travers de laquelle le noyau fidèle au Messie (ou résidu juif) doit passer pour manifester son amour pour le « Méprisé du peuple ». dans un temps où l’Ennemi triomphera par les séductions les plus habiles et la violence la plus effroyable. Alors, pas de milieu entre la fidélité couronnée par le martyre et la tranquillité extérieure obtenue au prix d’une abjuration positive.

E. — Vers. 26. — L’Antichrist lui-même présenté sous l’image de cet homme qui, à la vérité « gagne le monde entier », mais qui, — chose effrayante — fait la « perte de son âme ».

F. — Vers. 27. — Le Jugement des vivants (le même que 25.31-46) par lequel le Roi de gloire met fin à l’état de choses créé parla manifestation de l’Antichrist pour inaugurer ensuite son règne sur la terre.

G. — Vers. 28 à 17.8. — Une vision anticipée du Règne de Christ, caractérisée par la Majesté divine du Seigneur, la présence à ses côtés des Saints ressuscités, Moïse et Elie, et celle à ses pieds de son peuple terrestre (Pierre, Jacques et Jean). La nuée comme dans l’ancienne alliance, est la preuve que l’Eternel est là et la voix qu’elle laisse entendre annonce l’accomplissement en Christ de toutes les choses promises antérieurement. Puis, à l’effroi des disciples, succède la paix qu’Il leur donne et, comme conclusion et couronnement de tout ce qui précède, ces deux mots suaves et sublimes : JÉSUS SEUL.

A la période s’étendant de l’enlèvement de l’Eglise au retour glorieux du Seigneur, Roi de gloire, appartiennent deux scènes parallèles offrant entre elles le plus parfait contraste.

L’une, purement céleste, comprend, outre la réunion des Saints avec le Seigneur (1 Thessaloniciens 4.17), le Tribunal de Christ et les noces de l’Agneau après lesquelles le ciel est ouvert pour l’apparition publique du « Roi des Rois » assis sur un cheval blanc, venant juger et régner entouré des « armées qui sont dans le ciel » (Apocalypse 19.11-16).

Disons, au sujet du Tribunal de Christ, qu’il ne faut le confondre, ni avec le jugement des vivants, ni avec le grand Trône blanc, dont la place est ailleurs et le caractère fort différent, ce que nous verrons du reste. Devant le Tribunal de Christ comparaissent uniquement des rachetés. Il faut que nous soyons tous manifestés devant le Tribunal du Christ (2 Corinthiens 5.10), écrit l’apôtre aux croyants de Corinthe héritiers avec lui de la vie éternelle. Il le faut, non dans le but de remettre en question la position inébranlable du chrétien « élu en Christ », mais afin que la marche de chacun soit appréciée par le Seigneur lui-même. Alors, l’ouvrage de chacun sera rendu manifeste, l’un recevra une récompense, l’autre éprouvera une perte. (Lire 1 Corinthiens 3.11-15). — Ce sera le jour des récompenses et des blâmes.

Parmi les premières, mentionnons les Couronnes. Elles sont à la portée de tous les croyants :

a) La Couronne de justice, réservée non seulement à l’apôtre Paul, mais aussi à tous ceux qui aiment l’apparition du Seigneur (2 Timothée 4.8).

b) La Couronne de vie promise à l’homme manifesté fidèle par l’épreuve, fidèle jusqu’à la mort (Jacques 1.1 et Apocalypse 2.10), promise, en un mot, à ceux qui aiment le Seigneur (Jacques 1.12).

c) La Couronne inflétrissable de gloire, ou le prix accordé au fidèle serviteur dont le cœur aura été animé pour le troupeau de l’affection du Souverain pasteur Lui-même (1 Pierre 5.1-4).

Quant à cette Couronne incorruptible de 1 Corinthiens 9, le prix du combat, elle peut, croyons-nous, désigner l’une ou l’autre des couronnes dont nous venons de parler.

A remarquer que chacune de ces couronnes est étroitement liée à l’amour pour le Seigneur. Il regarde au cœur, ne l’oublions pas.

Le complément de cette scène céleste, se trouve, nous l’avons dit, dans la célébration des noces de l’Agneau (Apocalypse 19.7-9), glorieuse fête qui remplit le ciel d’allégresse en réalisant parfaitement les désirs du Seigneur et ceux des siens. Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnée, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils voient ma gloire, que tu m’as donnée … Afin que Lui se présentât l’assemblée à lui-même, glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais afin qu’elle fût sainte et irréprochable. — L’Esprit et l’Epouse disent : Viens (Jean 17.24 ; Éphésiens 5.27 ; Apocalypse 22.17)

Nous ne pouvons nous étendre sur ce sujet, le plus attrayant de tous. Disons seulement qu’en regard de cette scène glorieuse, toute de lumière et d’amour, ayant le ciel pour cadre et l’Agneau pour objet, nous avons à contempler un tableau bien sombre où des silhouettes hideuses se dessinent menaçantes. Le plus honteux des adultères est consommé ici-bas (voir Apocalypse 17), pendant que Là-Haut les noces de l’Agneau, la vue de l’Époux et de l’Épouse, font exulter les myriades entourant le Trône.

Cette scène parallèle, essentiellement terrestre, satanique même, a pour acteurs l’Antichrist et divers autres pouvoirs dont le principal est le Chef de l’Empire romain, alors reconstitué par la Confédération des Dix-Royaumes. En outre, les Juifs sont rentrés dans leur pays pour y trouver le châtiment suprême de leur endurcissement séculaire et passer par la crise finale dont le résultat sera leur restauration.

Dieu, dont la fidélité est immuable, aura ses témoins durant ces temps terribles : des Juifs fidèles, ce résidu dont parlent les Prophètes (Ésaïe 10.21-22) et le Fils de l’homme (Matthieu 24.22) et auquel se joindront des sauvés d’entre toutes les nations. Ils auront pour mission de prêcher l’Evangile du royaume et connaîtront les terreurs de la grande tribulation (Matthieu 24.21) dont la violence et la rapidité, semblables à celles d’un ouragan, menaceront d’exterminer jusqu’au dernier les témoins du Seigneur. Ce sera la crise sans précédent, mais aussi le dernier effort de l’adversaire, car la venue subite du Fils de l’ Homme, comparable à l’apparition de l’éclair dans le ciel, apportera aux uns la délivrance impatiemment attendue et aux autres une confusion éternelle (Voir Matthieu 25.31 et suiv. et Apocalypse 19.17-21).

Ces divers événements, énumérés d’une façon bien sommaire, exigent quelques explications supplémentaires, aussi désirons-nous, avec le secours du Seigneur, les présenter au lecteur en essayant de rassembler les preuves scripturaires qui nous conduisent à affirmer que l’Empire romain doit renaître et jouer, de concert avec l’Antichrist, un grand rôle dans l’avenir.

Dans ce but, nous avons à toucher une question d’une importance capitale : celle du gouvernement du monde.

Il appartient de droit, nous le savons, à l’Auteur de toutes choses, à Dieu lui-même. Mais, à la suite du péché, après la chute qui plaça l’homme sous l’autorité du Diable, le Chef ou Prince de ce monde (Jean 12. 31 ; 14.30 ; 16.11), ce dernier marque de son empreinte néfaste tout ce qui est organisation humaine, les systèmes politiques en particulier. Elle serait longue l’histoire des intrigues, des compétitions, des bouleversements innombrables engendrés par le seul désir d’exercer sur les hommes ce pouvoir fascinateur qu’aucun n’a jamais su manier, à la fois pour son bonheur propre et pour celui des autres, parce qu’il n’appartient réellement qu’au FILS « pour qui sont toutes choses ». Lui excepté, personne ne pourra jamais gouverner les peuples en les courbant sous cette puissance absolue, nécessaire au maintien de l’ordre, et seule capable de donner la paix et la prospérité indispensables pour satisfaire l’impérieux besoin de bonheur allumé dans tout cœur humain. C’est pourquoi, dès les premiers jours de l’histoire de l’humanité, et jusqu’à l’établissement du Royaume par l’apparition glorieuse du Roi, la politique n’aura cessé d’être une source d’agitation et de troubles plus ou moins accentués. Ses combinaisons les plus habiles, ses triomphes les plus éclatants auront toujours été synonymes d’instabilité et de crainte, sans parler des injustices commises, du sang versé et des ruines accumulées.

Cela dit, nous avons à constater l’intervention divine dans le gouvernement du monde. En vue de l’accomplissement de son plan et pour préparer les nations à son règne de justice et de paix, Dieu a jadis établi un Trône, sur lequel Il a placé David, le roi de son choix. Nous lisons, en effet, de Salomon, le successeur de David, qu’il s’assit sur le Trône de l’Eternel (1 Chroniques 29.23). Cette déclaration est d’une grande importance en ce qu’elle nous apprend que le gouvernement d’Israël, partant celui du monde, est confié à un homme pécheur et à ses descendants. En de telles mains, l’exercice du pouvoir devait conduire à la ruine, et, précisément, déjà sous le règne de Salomon, l’idolâtrie de ce roi attire sur le peuple un jugement, exécuté plus tard, par la fondation du Royaume des Dix-Tribus. La famille de David s’est donc montrée indigne du pouvoir ; elle en a dans la suite usé et abusé d’une telle manière qu’elle fut mise de côté, et le gouvernement du monde confié aux nations dans la personne de Nebucadnetsar, roi de Babylone. Toi, ô Roi, tu es le roi des rois, auquel le Dieu des cieux a donné le royaume, la puissance, et la force, et la gloire ; et partout où habitent les fils des hommes, les bêtes des champs et les oiseaux des cieux, il les a mis entre tes mains et t’a fait dominer sur eux tous (Daniel 2.37-38 ; voir aussi Jérémie 27.6-8, où sont décrits les jugements qui devaient tomber sur les nations rebelles au joug de Nebucadnetsar).

Cette déclaration, transmise au puissant monarque chaldéen par la bouche du prophète Daniel, laisse clairement entendre que celui auquel elle s’adresse reçoit le pouvoir dont les descendants de David ont fait un si mauvais usage. Le roi gentil agira-t-il mieux qu’eux, saura-t-il gouverner le monde tout en étant lui-même gouverné par la Parole de Dieu ? Poser la question, c’est la résoudre, et, dans le chapitre qui nous relate le passage cité plus haut, nous trouvons, sous l’image de la statue du songe de Nebucadnetsar, l’histoire abrégée, mais complète, du gouvernement du monde confié aux gentils. Quatre monarchies se succèdent, mises tour à tour de côté comme impropres au mandat divin. Détruites les unes après les autres, elles sont anéanties d’une manière définitive dans ce qui reste d’elles par la pierre détachée sans mains de la montagne, événement qui correspond à l’établissement du royaume qui ne sera jamais détruit (ver 44).

Ces monarchies sont : Babylone (la tête d’or) ; les Mèdes et les Perses (la poitrine et les bras d’argent) ; Alexandre-le-Grand et les Grecs (le ventre et les cuisses d’airain) ; Rome (les jambes de fer et les pieds mélangés de fer et d’argile).

Ainsi donc, c’est au moment où la quatrième monarchie disparaît que le royaume éternel se substitue à elles toutes en les détruisant jusque dans les principes qui les ont fait naître.

Mais, dira-t-on, des siècles se sont écoulés depuis la chute de l’Empire romain et sa ruine n’a pas coïncidé avec la venue glorieuse du Roi des Rois. Sans doute, mais la prophétie, toujours bien informée, a prévu cet événement et nous prédit la reconstitution de cet empire dont la grandeur brillera d’un éclat tout nouveau. Disons en passant qu’un représentant de l’Empire romain, de la quatrième monarchie, Pilate, a signé l’arrêt de mort du Christ, le Roi des Juifs, le Roi des rois… Par la main de ce gouverneur, la quatrième bête, effrayante et terrible (Daniel 7.7) L’a tué, Lui qui doit régner, servant ainsi la haine des Juifs acharnés contre leur Messie. Eh ! bien, quand Il reviendra, le même système politique existera et se distinguera par la même opposition impie ; seulement, au lieu de fouler aux pieds le Fils de Dieu, cette puissance politique tombera sous son jugement redoutable, son chef, le tout premier, périra dans le chemin (Psaumes 2.12).

Ainsi, le pouvoir confié par Dieu, d’abord à la famille de David, passe, à cause de l’infidélité de celle-ci, aux mains des gentils qui le détiennent jusqu’au jour de la venue du Roi des rois (Apocalypse 19.11). Ce pouvoir gouvernemental qui aurait dû servir la cause de Dieu, se tourne rapidement contre elle et devient finalement la puissance la plus hostile, celle qui conduit la révolte et combat systématiquement contre le Seigneur et contre son Oint (Psaumes 2.2 ; Actes 4.26-27).

A noter en passant, qu’à l’origine, le pouvoir royal émane directement de Dieu. David et ses successeurs, comme plus tard Nebucadnetsar, sont investis de la dignité souveraine et exercent la puissance absolue de par la volonté divine nettement exprimée. Plus tard, il n’en est plus de même. Déjà, les chefs de la seconde monarchie, les rois des Mèdes et des Perses sont bridés par des lois irrévocables. Ils peuvent commander à leur guise, mais une fois leur signature apposée au bas d’un décret, celui-ci ne peut plus être annulé, même par la volonté royale (Daniel 6.8 ; Esther 8.8).

Avec le temps cette autorité s’altère sensiblement. Ainsi, aujourd’hui, dans la plupart des états monarchiques, on peut constater que, de plus en plus, elle émane de la nation. Elle est tempérée par une constitution, à laquelle le monarque doit jurer fidélité, et bridée par la présence de ministres responsables.

Mais le temps vient où cette autorité, dénaturée dans son principe, émanera directement du Diable (Voir Apocalypse 13.2). Alors le monde sera mûr pour le jugement. Le triomphe des idées subversives aura, par réaction, poussé les masses vers le maître assez habile pour les séduire par ses flatteries et assez fort pour les subjuguer ; toutes les bases de la société actuelle, sapées de nos jours avec tant d’audace, auront été renversées, et la révolte, atteignant son paroxysme, sera caractérisée par une hostilité ouverte contre tout ce qui pourrait rappeler le christianisme. L’apostasie, ou négation officielle de la vérité chrétienne, aveuglera les yeux de la masse, et le terrain, si bien préparé par cet esprit de haine et d’impiété, sera propice à l’avènement de l’Antichrist, de celui qui nie que Jésus est le Christ… qui nie le Père et le Fils (1 Jean 2.22).

A ceux qui considèrent comme une chose impossible la résurrection de l’Empire romain, nous ferons remarquer que, depuis la chute de ce grand système politique, il est resté dans les peuples comme un souvenir fascinateur du colosse déchu. Non seulement les lois des états modernes sont toutes plus ou moins pénétrées du droit romain, mais, en outre, les grands conquérants ont rêvé de le reconstituer à leur profit. Notons les exemples de Charlemagne et de Napoléon 1er qui, l’un au moyen âge et l’autre dans les temps modernes, ont tous deux travaillé, par tous les moyens, à réédifier cet antique empire. Mais l’heure n’avait pas sonné et ces entreprises téméraires ont complètement échoué.

De nos jours, l’équilibre européen présente de fâcheuses conséquences résultant du fait que les grandes puissances sont paralysées dans leur développement extérieur, leurs forces respectives se neutralisant réciproquement. La chose ne serait guère affligeante si les seuls appétits des hommes d’état s’en trouvaient maîtrisés, mais plusieurs problèmes d’une importance mondiale restent, de ce fait, sans solution possible, et la diplomatie, par ses compromis boiteux et louches, énerve les peuples autant qu’elle s’énerve elle-même. Un profond besoin d’unité travaille les masses, qui ont conscience que pour sortir du gâchis actuel, il faut une action commune groupant en une seule toutes les volontés, unies par-dessus les frontières politiques. L’internationalisme — compris non seulement dans son sens habituel et défavorable — s’affirme avec une force sans cesse grandissante. Il attend l’homme qui l’incarnera en lui révélant sa puissance.

En outre, cette unité, ce groupement vraiment homogène des nations européennes, qui n’est qu’un besoin aujourd’hui, va devenir une nécessité demain. Le réveil de l’Extrême-Orient, ses ressources infinies, en hommes surtout, laissent pressentir pour l’avenir un conflit formidable, dans lequel l’Europe n’aura pas trop de toutes ses armées combinées pour faire face au péril jaune. Tout cela peut sembler chimérique, ou du moins encore bien lointain, mais dans notre siècle les événements marchent rapidement. Il y a dix ans, qui aurait cru le jeune Japon capable d’infliger à la vieille Russie une humiliation si grosse de conséquences ?

Toutefois, ce que nous venons de dire peut être taxé d’imaginaire, rentrer dans la catégorie des prévisions purement humaines. Il faut une base plus solide pour édifier une interprétation sérieuse ; cette base, nous l’avons dans la Parole de Dieu.

L’Empire romain (la quatrième monarchie) symbolisé par les jambes de fer de la statue (Daniel 2) et par la quatrième bête du chap. 7 du même livre, réapparaît dans l’Apocalypse. Au chap. 13, la Bête qui monte de la mer est celle, en effet, que le prophète avait contemplée. Nous retrouvons ses dix cornes ; quant à sa domination ténébreuse, elle n’est anéantie que par l’intervention directe du Seigneur (l’ancien des jours) et l’établissement de son règne précédé du jugement (Lire Daniel 7.19-27).

Cette « Bête qui monte de la mer » est vue de nouveau en Apocalypse 17.3. Elle va monter de l’abîme (v. 8)… Elle était… elle n’est pas… elle viendra… trois termes qui correspondent à trois phases de son existence (le premier et le troisième du moins, puisque le second implique le moment où elle disparaît). Au sujet des dix cornes, il suffit de lire la suite du chap. 17. Pour comprendre qu’elles symbolisent dix rois (ou royaumes) formant ensemble un système politique, une sorte de confédération dont la Bête elle-même est le chef tout-puissant. Il ne peut s’agir ici des royaumes barbares fondés sur les ruines de l’Empire romain au commencement du moyen âge, car ils ne furent jamais au nombre de dix ; en outre, ils n’ont pas partagé leur puissance avec la Bête, mais l’ont remplacée après l’avoir détruite. Les dix rois, au contraire, ont une seule et même pensée, et ils donnent leur puissance et leur pouvoir à la Bête (v. 13)… les dix cornes et la Bête… haïront la prostituée (v. 16). Cette communauté d’action et de pensée ne se trouve pas dans l’histoire, il faut donc en attendre la réalisation dans l’avenir.

« La plaie mortelle guérie » (Apocalypse 13.3, 12) est une nouvelle preuve en faveur de cette reconstitution future de l’Empire romain qui, sous sa dernière forme, doit aller à la perdition (Apocalypse 17.8). Il est mentionné ailleurs simplement comme la Bête (Apocalypse 14.9 ; 16.10, 13 ; 19.19 ; 20.4, 10), mais il ne faut pas le confondre avec un autre pouvoir, tout à fait distinct, quoique agissant en parfait accord, et qui paraît sous l’image de la Bête montant de la terre, la seconde bête du chap. 13 (v. 11-18), identique au faux prophète (Apocalypse 16.13 ; 19.20 ; 20.19) l’Antichrist lui-même.

Ajoutons encore ceci. Les deux bêtes du chap. 13 sont la première un pouvoir politique et impérial ; la seconde un pouvoir religieux et pontifical. La seconde seule semble posséder le pouvoir miraculeux et elle en use et en abuse avec cynisme et perfidie. C’est elle que nous allons voir à l’œuvre.

Jésus, l’envoyé de Dieu, le roi de son choix, fut manifesté et approuvé par les miracles, les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui (Actes 2.22). Ses apôtres, les douze d’abord, reçurent la même puissance extraordinaire, Dieu rendant témoignage avec eux par des signes, des prodiges et par divers miracles et distributions de l’Esprit Saint, selon sa propre volonté (Hébreux 2.4), dans le but d’ouvrir les yeux d’un peuple aveugle et rebelle. Enfin Paul, l’apôtre des nations, fut accrédité, soit auprès des Juifs, soit auprès des Gentils, par des signes, des prodiges et des miracles (2 Corinthiens 12.12).

Là se trouve la raison pour laquelle Satan, dans sa rage contre Dieu, imagine de produire un homme doué de ce pouvoir surnaturel, seul capable d’éblouir les foules pour les mieux séduire. Mais, tandis que la puissance miraculeuse déployée par le Seigneur et les siens est accompagnée de la parole d’En-Haut, remuant les consciences pour les réveiller à salut, les signes opérés par le grand agent du diable et ses satellites, marchent de pair avec le mensonge et la flatterie par lesquels les masses fascinées sont entraînées à la suite du séducteur.

La Bête montant de la terre est donc caractérisée par le langage du Dragon ; en outre, elle fait de grands miracles… elle séduit ceux qui habitent sur la terre à cause des miracles qu’il lui fut donné de faire (Apocalypse 13.11 et suiv.). En elle, nous reconnaissons l’Homme de péché, le Fils de perdition, l’inique… duquel la venue est selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles. signes et prodiges de mensonge… (2 Thessaloniciens 2.3-12).

Les principes qui conduisent cet être pervers distinguent le personnage prédit par Daniel le prophète : Le roi agira selon son bon plaisir, et s’exaltera et s’élèvera contre tout dieu et proférera des choses impies contre le Dieu des dieux (Daniel 11.36). En opposition avec le Seigneur, il est cet autre déjà mentionné dans notre étude, venant en son propre nom et destiné à être reçu par les Juifs apostats (Jean 5.43). Chef-d’œuvre de Satan, il est la fausseté même. Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ? Celui-là, est l’Antichrist qui nie le Père et le Fils (1 Jean 2.22).

Dans l’Apocalypse, cet imposteur est souvent désigné sous le nom de faux prophète, et comme tel, nous le voyons toujours associé à la Bête, le chef de l’Empire romain, pour la gloire duquel il travaille. Et je vis sortir de la bouche du dragon, de la bouche de la bête et de la bouche du faux prophète, trois esprits immondes… (Apocalypse 16.13). Quelle sinistre trio, parodie infernale de la trinité bénie : le dragon, la bête et le faux prophète !

Et la bête fut prise, et le faux prophète qui était avec elle, qui avait fait devant elle les miracles par lesquels il avait séduit ceux qui recevaient la marque de la bête… (Apocalypse 19.20). Ils sont défaits et jugés en même temps et ils reçoivent le même châtiment, partagé plus tard par Satan lui-même : Et le diable… fut jeté dans l’étang de feu et de soufre où sont la bête et le faux prophète ; et ils seront tourmentés, jour et nuit, aux siècles des siècles (Apocalypse 20.10).

Lorsqu’il s’agit de l’avenir, il faut user de prudence et ne pas préciser trop rigoureusement les événements annoncés par la prophétie et dont le détail nous échappe. Toutefois, il est permis d’affirmer que, pendant la durée du pouvoir de l’Antichrist, grand suppôt de l’Empire romain, les Juifs seront rentrés dans leur pays pour y retrouver leur autonomie, caractérisée par le rétablissement de leur culte national rattaché au temple reconstruit. Tout marchera à souhait dans leurs premières relations avec l’Antichrist, mais à un certain moment la scène changera brusquement. La faveur de la bête et du faux prophète, qui paraissait devoir leur assurer une sécurité complète, les vraies bénédictions messianiques, se transformera soudainement en une hostilité terrible qui fondra sur ce malheureux peuple comme un orage foudroyant. Au milieu de la septantième semaine de Daniel (lire Daniel 9.25-27), l’alliance sur laquelle se reposaient les Juifs est violemment rompue et la catastrophe suprême s’abat sur leur tête par la main de celui en qui ils s’étaient follement confiés (lire Matthieu 24.15 et suiv.).

Avant d’aller plus loin et pour préciser autant que possible ces événements encore si vagues pour nous, disons qu’après l’enlèvement de l’Église, les divers systèmes religieux de la chrétienté s’uniront sans doute pour amener la dernière phase de Babylone (3), son apothéose, dont l’éclat sera d’autant plus vif qu’il doit s’obscurcir subitement dans un effondrement épouvantable et sans remède. Ce grand développement de Babylone marquera la première période de l’Empire romain reconstitué (Apocalypse 17.1-4, ensuite la destruction de Babylone par les dix rois et la bête (v. 16) sera le point de départ d’une seconde période durant laquelle l’Antichrist prendra la place prééminente en établissant une religion nouvelle, ouvertement blasphématoire et soutenue par ses miracles sataniques. Il fera dresser une image à la bête, à la première bête d’Apocalypse 13. Et il lui fut donné de donner la respiration à l’image de la bête, afin que l’image de la bête parlât même (v. 15). Ce miracle, à côté duquel tous les autres pâlissent, justifie aux yeux de cette autorité diabolique l’ordre formel d’adorer la bête. Une marque, la marque de la bête, distingue tous ses adorateurs ; sans cette marque, impossible d’acheter ou de vendre, impossible de vivre.

(3) Babylone, qui symbolise le mal religieux, existe dès le jour où les principes du monde ont pénétré le christianisme.

Tel il se révèle au centre du monde romain, tel il est parmi les Juifs dans leur pays. Il s’exaltera, s’élèvera contre tout dieu et proférera des choses impies contre le Dieu des dieux (Daniel 11.36). — Lui-même s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu (2 Thessaloniciens 2.4). — Ce temps verra l’abomination de la désolation établie dans le lieu saint (Matthieu 24.13), l’heure suprême de la puissance satanique durant laquelle le torrent du mal, rompant les digues que nous lui connaissons encore aujourd’hui, envahira tout, renversant les derniers vestiges de l’autorité divine. L’iniquité multipliée marquera l’apogée du règne des ténèbres, dont le pouvoir se déploiera à l’infini, ayant à sa disposition des ressources uniques : découvertes scientifiques, voies de communications, engins de toutes espèces, tous employés sans retenue par le grand Ennemi de Dieu, le serpent ancien, précipité sur la terre où il est descendu en grande fureur, sachant qu’il a peu de temps (Apocalypse 12.9, 12).

Y aura-t-il un point lumineux dans ces épaisses ténèbres, alors que les hommes, grisés par les miracles séducteurs de l’Antichrist et subjugués par sa puissance infernale, croiront au mensonge de toute la force de leur être moral ?

Oui, certainement, car Dieu se glorifie, même par le moyen de ses pires ennemis.

Au sein du peuple juif, un noyau de croyants, nourris des paroles des prophètes, refuseront obstinément, comme les jeunes Hébreux, amis de Daniel, de courber leur tête devant l’imposteur et ses abominations. Ils opposeront à ses mensonges les déclarations divines en prêchant l’Evangile du royaume, autrement dit la bonne nouvelle du prochain établissement du royaume messianique annoncé dès les temps anciens. A l’Antichrist, acclamé et adoré, ils opposeront la confession du Christ lui-même, du Roi des rois, prêt à descendre du ciel pour consumer son adversaire par le souffle de sa bouche (2 Thessaloniciens 2.8) ; fidèles aux instructions du Maître, ils s’enfuiront dans les montagnes (Matthieu 24.16) sans se laisser attarder par les exigences de la vie terrestre qu’il faudra toutes sacrifier pour échapper à l’impétuosité du torrent dévastateur. En butte aux assauts furieux de l’Ennemi, ils seront, en outre, exposés à ses pièges trompeurs, car on leur présentera les signes et les prodiges des faux prophètes en leur disant : Voici, le Christ est ici, — Il est là. Mais, avertis par la parole divine ils seront sourds à toutes ces invitations, sachant bien que le Messie attendu descendra du ciel comme l’éclair (v. 27).

De plus, ils se conformeront à l’ordre donné de fuir la persécution en portant, d’une ville à l’autre, cet évangile du royaume, lequel « sera prêché dans la terre habitée tout entière, en témoignage à toutes les nations ; et alors viendra la fin » (v. 14).

Quel temps terrible pour ces pauvres brebis envoyées au milieu des loups ! Elles feront la douloureuse expérience de la « grande tribulation telle qu’il n’y en a point eu depuis le commencement du monde jusqu’à maintenant et qu’il n’y en aura jamais » (v. 21). Leur témoignage excitera la fureur de l’Antichrist. N’ayant pas « la marque de la bête », ces parias se trouveront dans l’impossibilité de pourvoir à leur existence, et tout refuge leur sera fermé, l’ordre de les traquer et de les tuer étant catégorique. Mais leur Seigneur inclinera des cœurs en leur faveur : ici on recevra « un prophète en qualité de prophète », là « un juste en qualité de juste ». Ailleurs, une personne compatissante présentera, au péril de sa vie, un verre d’eau froide à l’un de ces petits de la terre, à l’un de ces disciples en fuite !… Aucun de ces actes ne perdra sa récompense, car il sera compté comme une œuvre faite pour le Fils de l’Homme lui-même (voir Matthieu 10.39-42).

En outre, le Maître persécuté dans la personne des siens, manifestera sa puissance pour les secourir. En réponse à leur prière : Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien, pourquoi ne pourrait-il pas renouveler le miracle de la multiplication des pains, ou celui accompli à Sarepta pour sauver la vie d’Elie et celle de la veuve qui reçut le prophète ? Pour ces gens harcelés, passés au crible et au creuset, la tempête sera telle que parfois ils s’écrieront angoissés : « Éveille-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ? Réveille-toi ; ne nous rejette pas pour toujours » (Psaumes 44.23 ; comp. Matthieu 8.23-27) Mais, ils trouveront dans l’attente patiente du Roi une douce consolation ; ils sauront qu’Il vient avec les nuées et, en présence des séductions redoublées dirigées contre eux, des faux miracles, qui fascineront, les masses, ils diront à leur Dieu : « Ne nous induis pas en tentation », car, partout, « l’énergie d’erreur » envoyée par Dieu lui-même (2 Thessaloniciens 2.11) agira « sur la terre habitée tout entière pour éprouver ceux qui habitent sur la terre » (Apocalypse 3.10).

Un grand nombre scelleront leur témoignage de leur sang ; ils seront mis à mort, massacrés avec furie. Mais quelle récompense leur est réservée ! Nous les voyons « sur la mer de verre mêlée de feu, se tenant debout… ayant des harpes de Dieu » (Apocalypse 15.2-4). Quant aux autres, à ceux que la fureur de l’Antichrist n’a pu atteindre, ils apparaissent au chap. 7 : une grande foule, innombrable ; des gens vêtus de longues robes blanches. Ils viennent de « la grande tribulation, et ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau » (v. 9-17). — Ils se trouvent devant le trône de Dieu, au jour de l’établissement du règne et sont à l’abri pour jamais.

Durant la période apocalyptique, les saints font les expériences décrites dans plus d’un Psaume, où nous entendons les cris de douleur du juste persécuté, implorant la miséricorde de l’Eternel et sa vengeance sur les ennemis. Ces Psaumes, critiqués aujourd’hui sous prétexte que leur inspiration ne procède pas de l’Esprit qui parle dans les Évangiles, sont pourtant à leur place sur les lèvres des croyants des derniers temps. Appartenant à une économie future, ceux-ci ne sont pas en communion avec le trône de la grâce, duquel chaque jour nous nous approchons (Hébreux 4.14-16), mais ils connaissent le trône des jugements d’où sortent des voix, des éclairs et des tonnerres (Apocalypse 4.5).

Ces saints appellent sur les rebelles les coups de la verge de Dieu ; ce langage est en rapport avec leur profession. Jésus, croyons-nous, y fait allusion dans ces paroles : « Dieu ne ferait-il point justice à ses élus qui crient à lui jour et nuit, il use de patience avant d’intervenir pour eux ? » (Luc 18.7).

Et lors de l’ouverture du cinquième sceau, les âmes des martyrs s’écrient : « Jusques à quand… ne venges-tu pas notre sang sur ceux qui habitent sur la terre ? » (Apocalypse 6.10). — Cette prière n’est-elle pas un écho de ces demandes instantes dont sont pénétrés un si grand nombre de Psaumes ?

Comme la parole l’affirme très clairement, le Seigneur lui-même, descendant du ciel, brisera la puissance de l’Antichrist, en le précipitant avec son allié, dans l’étang de feu et de soufre (Apocalypse 19.11-21). Ensuite, Il jugera les vivants pour établir le millénium. Ce jugement spécial est décrit en Matthieu 25 (v. 31 et suiv.). Il est mentionné aussi en Apocalypse 20.4-6. Alors prendra fin l’histoire du gouvernement du monde confié aux gentils ; alors seront accomplies les promesses relatives au royaume des cieux. Une éclipse, il est vrai, assombrira plus tard ce tableau magnifique, mais bien vite elle sera dissipée. La révolte finale, écrasée à peine fomentée, précédera la grande catastrophe : l’embrasement des cieux et de la terre, suivi du jugement dernier devant le grand trône blanc. Alors, l’histoire du péché sera définitivement close et le règne de Christ, établi aux siècles des siècles, ne pourra plus être jamais terni. Il aura sur le millénium le grand avantage d’englober une humanité délivrée du péché lui-même (non seulement de son auteur, le Diable), une humanité qui jouira pour toujours, sur la nouvelle terre, de l’exaucement définitif de cette prière : Que ta volonté soit faite sur la terre, comme dans le ciel.

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