Le manuel des chrétiens protestants - Émilien Frossard

VI – Le salut.

Vous êtes sauvée par grâce. Éph., II, 8.

Le premier homme, Adam, chef de la race humaine, placé sur une terre enrichie de tous les bienfaits de Dieu, a péché contre son bienfaiteur suprême et a entraîné dans sa disgrâce toute sa descendance.

Les hommes de toutes les races et de tous les temps apportent avec eux en naissant des penchants à l’égoïsme, à la sensualité, à la ruse, au mensonge, à la révolte, à l’orgueil.

Tous pèchent contre Dieu, c’est-à-dire qu’ils suivent leurs propres penchants, de préférence à la volonté suprême du Seigneur.

Le péché est une transgression de la loi (I Jean, III, 4.), » soit que cette transgression se manifeste dans les actions, dans les paroles, soit qu’elle se manifeste dans la pensée et dans les désirs.

Dieu, qui est saint et juste, ne peut traiter le péché avec indifférence. Il n’y a point de petits péchés. Tout péché est détestable à ses yeux. Sa volonté est que nous soyons saints, car lui-même est saint.

Dieu réserve un salaire au péché ; ce « salaire, c’est la mort (Rom., VI, 23.). »

La mort, ce n’est pas seulement la destruction plus ou moins rapide et douloureuse de notre corps : c’est le tourment et la dégradation de l’âme (Ezéch., XVIII, 4.). L’âme qui pèche ne saurait être heureuse (Esaïe, LVII, 21.) ; elle porte en elle-même un ver rongeur, et, pour comble de maux, elle s’associe au péché, elle en fait son aliment, elle en devient l’esclave (Jean, VIII, 34.) ; elle avance de chute en chute jusqu’à ce qu’elle tombe pour toujours entre les mains du Dieu vivant, qui la juge et la condamne selon ses mérites (Apoc., XXII, 11.).

Tous les hommes ont péché (Rom. III, 23.), tous se sont montrés ingrats envers le Père et rebelles à sa volonté, toussent condamnés par la justice, tous souffrent en attendant qu’ils meurent.

La sentence est déjà prononcée et n’attend plus que l’exécution.

Dieu aurait pu abandonner les hommes à cet état de misère et à cette chute fatale ; mais il ne l’a pas fait. Il est Amour. Il a écouté la voix de sa compassion, le conseil de sa tendresse paternelle.

DIEU NE VEUT PAS LA MORT DU PÉCHEUR, MAIS SA CONVERSION ET SA VIE.

Ce dessein de miséricorde s’appelle l’Évangile[1].

[1] Ce mot signifie bonne nouvelle.

Il a été accompli par Jésus-Christ : Jésus-Christ, conçu du Saint-Esprit dans le sein de Marie, vierge née à Bethléem, de la race royale de David.

Jésus-Christ a été au milieu des hommes la marque empreinte de la Divinité. Il en possédait toute la plénitude ; il a été déclaré, par la révélation, Dieu sur toutes choses, béni éternellement (Rom., IX, 5. Jean, I, 1.). En lui la Divinité était unie à l’humanité parfaite, ayant été capable de partager toutes nos souffrances et nos infirmités, excepté la souillure et le péché.

Il est parfaitement homme et parfaitement Dieu.

Le but suprême de la venue de Christ a été sa mort sur la croix.

Sa mort est représentée dans l’Écriture non seulement comme l’exemple du plus sublime dévouement, mais comme une expiation. « Jésus-Christ est l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean, I, 29.). Il a porté nos péchés en son corps sur la croix (Gal., III, 13. Tite, II, 14.) ; il est mort, lui juste, pour nous injustes (1 Pierre, III, 18.). » C’est pourquoi il a été appelé Jésus, ce qui signifie Sauveur.

Nous avons un témoignage que le Sauveur devient notre Sauveur, lorsque nous croyons en lui (Actes, XVI, 31.).

Croire en Jésus-Christ ou avoir la foi en Jésus-Christ c’est reconnaître notre propre misère morale ; c’est sentir que, quelque valeur relative que nous puissions avoir vis-à-vis des hommes, devant Dieu, qui connaît le fond de nos cœurs, nous ne valons rien et nous ne pouvons rien. C’est ensuite lever nos regards vers Jésus-Christ comme on le fait vers un libérateur tout-puissant, accepter sans détour et sans réserve le salut gratuit (Ephés., II, 5.) qu’il nous a mérités par son obéissance et par sa mort. C’est enfin désirer, en retour de tant d’amour que le Père nous a manifesté, de lui donner notre cœur, de lui consacrer notre vie, de nous conduire d’une manière qui lui soit agréable en le glorifiant dans notre corps et dans notre esprit qui lui appartiennent.

Si nous avons une telle foi, nous sommes disciples de Jésus-Christ et nous avons un signe certain que nous sommes enfants de Dieu (Rom., VIII, 16, 17.), non enfants déshérités comme ce fils prodigue qui avait abandonné sa famille, mais enfants rétablis dans la faveur du Père, enfants adoptés de Dieu, héritiers de Dieu, héritiers avec Jésus-Christ de la vie éternelle.

Pour nous préparer à la gloire à venir, pour nous rendre capables de la désirer, de la comprendre et de la goûter, Dieu envoie à ses disciples son Saint-Esprit (Luc XI, 13.). Les enfants de Dieu sont de la race de Dieu ; l’Esprit de leur Père est désormais en eux.

C’est le Saint-Esprit qui, agissant sur leur cœur, les éclaire sur leur état spirituel et leur fait désirer un Sauveur. C’est le Saint-Esprit qui ouvre leurs yeux pour leur faire trouver en Jésus-Christ un libérateur tout-puissant (1 Cor., XII, 3, 4, 6.). C’est le même Esprit qui leur donne l’assurance qu’ils sont du nombre des disciples de Jésus-Christ et des enfants chéris du Père (Rom., VIII, 15, 16.).

C’est le Saint-Esprit qui incline leur cœur à la vraie piété, c’est-à-dire à l’amour de Dieu et à la soumission à sa suprême volonté (1 Jean. III, 9, 10.).

C’est le Saint-Esprit qui chasse de nos cœurs l’égoïsme, la sensualité, l’avarice, l’orgueil, l’incrédulité.

C’est le Saint-Esprit qui inspire aux chrétiens : la patience, la douceur, la charité, le renoncement, la pureté, le courage, la persévérance (Gal., V, 17, 22, 23.).

C’est le Saint-Esprit qui les rend capables d’accomplir les œuvres de justice et de miséricorde que le Seigneur demande de ses enfants, non comme cause méritante de leur salut, ce qui serait détrôner Jésus-Christ et lui dérober sa gloire, mais comme une preuve que nous sommes à lui, un témoignage de la présence de son Esprit dans nos cœurs, et un moyen puissant de glorifier le Père céleste à la face du monde (1 Jean, III, 9, 10.).

Enfin, c’est le Saint-Esprit qui nous donne l’assurance (Ephés., I, 13, 14.) de notre pardon et de toutes les grâces qui en découlent : grave question à l’égard de laquelle nous ne saurions demeurer dans le vague et l’incertitude, et pour laquelle nous trouvons dans l’Écriture inspirée du Saint-Esprit une réponse directe, positive, complète, une absolution certaine, satisfaisante, divine, devant laquelle toutes les absolutions et toutes les condamnations prononcées par les hommes perdent leur puissance et leur valeur[2].

[2] Lisez tout le VIIe chapitre de l’épître aux Romains.

Lecteur ! Pénètre-toi des principes exprimés dans ces cinq pages. Tu en trouveras la pleine confirmation et le développement dans la Parole de Dieu, notre seule autorité souveraine. Reçois-les donc dans ton cœur, et tu vivras.

Comment échapperons-nous si nous négligeons un si grand salut ?

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