En ce début de l'ère atomique, comme un coup de clairon, Dieu fait résonner dans nos cœurs ces paroles: "Si quelqu'un est en Christ, c'est une création nouvelle. Les Choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles. Et tout cela vient de Dieu qui nous a réconciliés avec Lui par Christ et qui nous a donné le ministère de la réconciliation", (2 Corinthiens 5.17-18).
Comme beaucoup d'autres, nous voudrions peut-être savoir aujourd'hui ce que nous réserve notre époque.
À tous ceux qui demandent: "Seigneur, sera-ce l'année de ton retour?" Jésus répond avec force: "Ce n'est pas à vous de connaître les temps ou les moments que le Père a fixés de sa propre autorité..., mais soyez mes témoins!", (Actes 1.6-8).
Être chrétien, ce n'est pas faire le grand ou le petit prophète, ni en savoir davantage que le Fils lui-même, (Matthieu 24.36). C'est être en Lui et Le laisser agir en nous, manifester par notre vie que l'être ancien a disparu et qu'un être nouveau est là!
Si nous ne savons pas ce que nous réserve le lendemain, nous connaissons par contre parfaitement bien ce que Dieu attend de nous, (Mic 6.8). Nous ayant réconciliés avec Lui par Christ, Il veut faire de nous dans ce monde les ambassadeurs du Christ, (2 Corinthiens 5.20), nous confiant la parole et le ministère de la réconciliation auprès de tous les hommes.
Comme nous l'avons vu dans les chapitres précédents, avant de donner un ministère oral aux siens, Dieu opère une œuvre profonde dans le cœur de ses rachetés, travail qu'Il ne cesse de poursuivre jusqu'à son achèvement, (Philippiens 1.6).
Par l'œuvre parfaite du Christ accomplie à la Croix, le salut est offert à quiconque croit. En Christ, la réconciliation de l'homme avec Dieu est si complète que le Père céleste adopte l'homme, (Eph 1.5), et en fait son enfant bien-aimé, (Jean 1.12; 1 Jean 3.2), lui communiquant sa vie et le rendant participant de sa nature divine, (2 Pierre 1.3-4).
Ainsi, comme nous avons déjà eu l'occasion de le souligner, devenir enfants de Dieu, ce n'est pas être sentimentalement en relation avec Dieu, mais c'est être rendus participants d'une nature qui est la sainteté, la justice, l'amour, la vérité, la fidélité. C'est parce que Jésus envisageait notre relation avec Dieu comme une relation de nature, qu'Il pouvait dire à ses disciples: "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait," (Matthieu 5.48). Jésus ne demandait pas une imitation impossible. Il affirmait simplement que nous avions à laisser la nature de notre Père se manifester en nous, (Matthieu 5.13-16).
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Le jeune converti qui croit pouvoir brûler ces étapes pour se lancer dans la prédication de l'Évangile sans aucune préparation, ni d'autre appel que son sentiment, commet une grave erreur. Et les chrétiens plus âgés qui croient pouvoir mettre en vedette des jeunes dans la foi, exploitant l'enthousiasme et le dynamisme de la jeunesse pour attirer d'autres âmes à Christ, n'obéissent pas à la Parole de Dieu, (1 Tim 3.6). Sans s'en rendre compte, ils font courir les plus graves dangers au témoignage chrétien. Pourquoi faire tomber dans le piège du diable des âmes que le Seigneur voudrait préserver et former pour Lui?
Que de naufrages quant à la foi, (1 Tim 1.19) auraient été évités à des jeunes, si les anciens s'étaient montrés plus sages! Que de scandales aurions-nous épargnés à l'Église et au monde, si tous avaient suivi les enseignements de la Parole. La nature elle-même ne nous enseigne-t-elle pas? (1 Corinthiens 11.14). Confie-t-on de lourdes responsabilités à un enfant qui fait ses premiers pas?
Certes, il y a un témoignage que les jeunes convertis doivent rendre. C'est celui qu'indique Jésus au démoniaque qu'Il vient de délivrer et qui voudrait immédiatement Le suivre: "Va dans ta maison, vers les tiens, lui dit Jésus, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t'a fait, et comment Il a eu pitié de toi!" (Marc 5.19-20). Et si même nous voyons le démoniaque guéri élargir la sphère de son témoignage, celui-ci ne dépasse pas son expérience personnelle: "Il s'en alla et se mit à publier dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui." Il n'enseigne pas, mais manifeste partout une vie transformée, et en révèle le secret.
Quand les caractères de la nouvelle nature deviennent de plus en plus manifestes, quand le fruit de l'Esprit (c'est-à-dire l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la douceur et la tempérance) s'incarne en nous, alors Dieu Lui-même peut nous appeler, et nous confier un ministère dans le monde. Certes, là encore, il n'est pas question de mérites, car tout en nous est l'œuvre de la grâce. Mais la vie de Dieu produit son fruit: La nationalité céleste du chrétien est reconnue. Proclamé bourgeois des cieux, (Philippiens 3.20), concitoyen des saints, il fait partie de la maison de Dieu, (Eph 2.19). Son parfum est celui du sanctuaire. Sa pensée est celle de Christ, et ses traits ceux de Jésus. Ce n'est plus lui qui prétend appartenir à Dieu, mais l'Esprit qui témoigne à son esprit qu'il est enfant de Dieu, (Romains 8.16), et qui le prouve au monde par une vie et des œuvres à la gloire de Dieu.
La Bible ignore les conversions mécaniques opérées par une adhésion intellectuelle ou sentimentale à une formule évangélique. L'Écriture nous parle d'une nouvelle naissance accomplie par le Saint-Esprit à l'ouïe de la Parole de Dieu, (Jean 3.5), naissance d'En-haut qui est suivie d'une croissance dans la grâce, (2 Pierre 3.18).
Il faut se souvenir qu'un jeune converti n'est encore qu'un "bébé en Christ", ayant besoin de soins et de nourriture. À mesure que s'éveillera en lui la conscience de son insuffisance, et que son "amour augmentera, de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence pour le discernement des choses les meilleures", (Philippiens 1.9), Dieu pourra lui confier des responsabilités nouvelles.
Mais comme l'enfant qui veut vivre à sa guise, alors qu'il n'en a pas les moyens, court vers la misère, le jeune chrétien qui croit pouvoir s'affranchir bien vite du contrôle de ses frères ou de ses parents spirituels, pour servir Dieu selon les impulsions de son cœur, marche vers un douloureux échec.
Il faut donc que les jeunes dans la foi puissent trouver des foyers spirituels où ils soient entourés et aimés, où ils puissent croître dans la grâce et faire de salutaires expériences sous les regards attentifs et bienveillants de ceux qui les connaissent et veulent leur bien suprême. Et comme personne n'apprend à marcher sans faire de chute ou de faux pas, il y aura à ce moment-là, pour redresser l'âme chancelante, un père ou une mère en la foi, ayant assez d'amour pour prendre la faute sur eux, pour couvrir le péché, tout en faisant comprendre à l'enfant égaré son erreur, (Galates 6.1-2). Tout cela se passera "en famille", (1 Pierre 4.8-11).
Si, au contraire, nous avons laissé courir notre enfant dans les rues, trouvant une gloire personnelle dans ses propres succès, le jour où il lui arrivera, hélas, de faire parler de lui d'une autre manière qu'en bien, quand la chute sera là, ce sera le scandale public, éclaboussant aux yeux du monde tout le témoignage chrétien.
Que de conducteurs spirituels n'écoutant que leur zèle à faire connaître l'Évangile par tous les moyens ont, par manque de sagesse et de discernement spirituels, perdu des jeunes qui auraient pu servir, moins bruyamment peut-être, mais plus longuement et plus fidèlement.
Que de jeunes gens aussi, trop sûrs d'eux-mêmes, passant outre aux conseils de prudence des anciens, se sont perdus eux-mêmes, enlacés par les pièges de leur propre cœur et par la séduction du monde. Soudainement éblouis, ils n'ont pas vu le filet tendu par l'Ennemi de leur âme!
Avant de confier à ses disciples l'évangélisation du monde, (Marc 16.15), Jésus les forma à son école et les conduisit d'abord à faire tous faillite à la Croix, (Marc 14.27). Il leur enleva ainsi toute confiance dans les prétentions de la chair qui, en réalité, est inimitié contre Dieu et ne peut plaire à Dieu, (Romains 8.7-8).
Suivons donc l'enseignement du Seigneur qui est plus ambitieux pour nous que nous ne le sommes nous-mêmes, (Jean 15.16).
Quand Dieu respirera en nos vies le parfum de son Fils, quand Il verra ses pensées fixées dans notre sensibilité, et qu'Il pourra retrouver en nous les traits de son Bien-Aimé, à l'heure arrêtée par Lui, heure que nous ne saurions devancer ni retarder sans dommage, Dieu nous confiera une tâche, une mission de grâce: Le ministère de la réconciliation.
Ayant été réconciliés avec Dieu par Christ, ayant connu l'amour que Dieu a pour nous, nous pourrons par sa grâce subir les pressions du monde sans céder à ses multiples tentations et sans trahir le gouvernement céleste que nous représentons ici-bas.
Il y a toujours un grand danger à vouloir prêcher l'Évangile en s'identifiant au monde, afin de mieux l'atteindre. Il n'y a pas d'ambiance à créer, d'atmosphère à entretenir pour que la Parole prêchée soit reçue par les personnes présentes dans une salle. Nous ne sommes pas envoyés par Dieu dans ce monde pour avoir du succès ou pour enregistrer le nombre de décisions obtenues en réponse à nos appels. Dieu nous envoie pour faire connaître la vérité aux âmes, avec amour et fidélité. Seule la Parole de Dieu est une semence incorruptible, (1 Pierre 1.23), et seul le Saint-Esprit est capable de la faire germer dans les cœurs, (1 Corinthiens 3.6-9).
Quant au semeur, il fait fonction d'ambassadeur pour Christ!
Arrêtons-nous quelques instants sur ce quatrième degré du témoignage chrétien.
Qu'est-ce qu'un ambassadeur?
C'est un homme chargé de représenter officiellement son pays dans une terre étrangère. Si nous nous souvenons simplement de cela, nous comprendrons facilement quelle est la position et quelles sont les fonctions d'un ambassadeur de Christ, (2 Corinthiens 5.20).
Hélas, que de chrétiens s'arrogent à eux-mêmes cet honneur et partent dans le monde sans lettres de créance. Ils ont entendu l'Évangile, ils se sont décidés pour Christ et, désormais, quittant leur métier, ils veulent partir prêcher aux foules avant d'avoir témoigné auprès des âmes qui les entourent. Tout cela est pourtant contraire à l'Écriture, et à l'enseignement apostolique!
Regardez les hommes de Dieu tels que Moïse, Gédéon, David, Jérémie, Amos, Pierre, Jacques, Jean, Saul de Tarse! Aucun d'eux n'a décidé de servir Dieu, mais Dieu les a choisis, les a appelés, les a formés, les a envoyés. Leur ministère est une obéissance et ils agissent dans une dépendance complète de Dieu.
Dieu Lui-même leur donne des lettres de créance pour se présenter devant les hommes, que ceux-ci s'appellent Pharaon, Saül, Goliath ou César.
Les ambassadeurs pour Christ munis de leurs lettres de créance sont ceux qui manifestent Son parfum, qui vivent selon Ses pensées et qui reflètent Son image. Revêtus des dons appropriés à l'exercice de leur ministère, (1 Corinthiens 12.7-11), qualifiés par Lui, (2 Tim 2.2), Il leur donne autorité pour parler en son Nom et Le représenter auprès des âmes perdues.
Recevant ses directions d'En-haut, continuellement en liaison avec le trône de Dieu, l'ambassadeur du Christ ne fait rien et ne dit rien de lui-même.
Soumis au Christ, il ne se met pas en avant, mais exalte Christ. Il ne fait pas valoir ses droits, mais ceux de Christ. Il ne travaille pas pour lui-même, ne fait pas une œuvre personnelle, mais attache les cœurs au Christ, leur ouvre l'accès de la Patrie céleste, renseignant toute âme sur les choses qui sont en haut, (Colossiens 3.1-2), les suppliant au nom du Christ d'être réconciliés avec Dieu.
Conscient qu'à tout moment il peut être rappelé par son gouvernement, l'ambassadeur veille sans cesse à accomplir fidèlement sa mission et vit ici-bas chacune de ses journées comme si c'était la dernière. Ambassadeur d'un Dieu Saint, appelé à parler en son Nom, il met du sérieux dans ses actes et ses paroles.
Prêcher l'Évangile n'est pas pour lui un sport ou une spirituelle plaisanterie. Voilà pourquoi, dit l'apôtre, "nous ne falsifions point la Parole de Dieu, comme le font plusieurs, mais c'est avec sincérité, mais c'est de la part de Dieu, que nous parlons en Christ, devant Dieu", (2 Corinthiens 2.17).
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Amis, voulons-nous enfin nous rendre compte de la si grande responsabilité qui pèse sur nous?
Par la présence de l'Église, cette ambassade de Dieu sur la terre, ce coin de ciel ici-bas, ce lieu qui jouit de l'exterritorialité, (Matthieu 18.20), Dieu maintient encore des relations avec le monde qui fait tout pour lasser la patience divine, et attirer sur lui la colère et le jugement.
Mais, bientôt, Dieu va rompre les relations qu'Il conserve avec un monde impie, après avoir tout fait pour le sauver. Bientôt la dernière trompette sonnera le rappel des ambassadeurs de Christ et de tous ceux qui sont membres de l'ambassade céleste! (1 Corinthiens 15.51-52).
Oui, Christ revient pour enlever son église et pour juger le monde.
Pressés par l'amour du Christ, ne vivons plus pour nous-mêmes! Proclamons à tous les pécheurs le glorieux message de la réconciliation: "Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec Lui-même, et n'imputant point aux hommes leurs offenses! Nous vous en supplions au Nom du Christ soyez réconciliés avec Dieu! Celui qui n'a pas connu le péché, Il l'a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu", (2 Corinthiens 5.20-21).
C'est ainsi que nos vies deviendront ici-bas le temple de Dieu, et le cœur du chrétien, la porte des cieux!