Temple de Morges, le lundi 6 mars 1922, à 3 heures.
Cette parole est certaine et digne d'être reçue avec une entière croyance, c'est que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver les pécheurs, dont je suis le premier. 1Tim. 1.15
Ce texte bien connu du Nouveau Testament a été écrit par un homme qui avait fait l'expérience du salut par Jésus-Christ. Mais nous devons nous souvenir que l'homme qui a écrit : « Jésus-Christ est venu pour sauver les pécheurs », avait été un ennemi du Christ. Il a dû le voir alors qu'il annonçait au peuple la bonne nouvelle du salut, mais à ce moment-là, il ne pouvait pas croire en Lui. Il avait bien des objections à la prédication de Christ ; cependant il a peut-être senti que Christ était un grand homme et un grand docteur. Plus tard, il pensa que Christ était un faux prophète et alors il se mit à le persécuter. Puis, chose magnifique, le même homme qui avait persécuté Christ se mit à Le prêcher. La puissance du Christ vivant s'est ainsi manifestée : celui qui était un ennemi de Christ devint son ami, parce qu'il vit que Christ n'était pas mort et disparu, mais qu'il était ressuscité. Paul n'était pas un homme sans éducation, mais un Juif instruit, savant dans la philosophie grecque et versé dans les Écritures des Juifs. De sorte qu'il ne devait pas être facilement persuadé. Seul Christ, le Christ vivant, pouvait le convertir. Ainsi son témoignage n'est pas seulement digne d'être pris en considération, mais doit être accepté.
En lisant ce témoignage, je pense à moi-même. Je ne suis pas né dans une famille chrétienne ; je n'avais pas une religion chrétienne. Lorsque j'entendais parler de Jésus-Christ, je ne pouvais pas croire en Lui. Même après avoir appris davantage à son sujet, je ne pouvais pas me rapprocher de Lui. Au lieu de cela, je me suis mis à le persécuter ; c'est-à-dire que je haïssais ses enfants quand ils prêchaient l'Évangile.
On m'a demandé : « Comment êtes-vous devenu chrétien ? » Ce n'est ni la lecture, ni les livres, c'est Christ lui-même qui m'a transformé. Lorsqu'il se révéla à moi, alors je vis sa gloire et je sus qu'il était le Christ vivant. Maintenant je comprends que c'est par son expérience personnelle que le grand apôtre Paul a aussi trouvé que Jésus-Christ est le seul Sauveur.
Certaines gens pensent que le salut consiste dans le pardon des péchés. C'est cela jusqu'à un certain point ; mais le plein salut consiste dans l'affranchissement du péché, non pas seulement dans le pardon des péchés. Jésus-Christ n'est pas venu seulement pour nous pardonner, mais pour nous affranchir du péché.
Très souvent je donne, comme illustration, un arbre qui porte des fruits amers et ne peut pas en porter de doux de lui-même. Les uns disent : « Faites de bonnes œuvres et vous deviendrez bons ». Un bon arbre ne produira pas des fruits amers, ni un mauvais arbre de bons fruits, à moins d'être greffé. Ce n'est que lorsqu'un arbre a été greffé que sa nature est changée. Ainsi les pécheurs ne peuvent pas produire de bonnes œuvres s'ils n'ont pas été greffés en Christ. Ceux qui croient et se repentent de leurs péchés sont en quelque sorte greffés en Christ. Lorsqu'ils ont été greffés en Jésus-Christ, ils changent de nature, ils deviennent des hommes nouveaux. Le salut, c'est devenir un nouvel homme, une nouvelle femme, recevoir une vie nouvelle. Jésus-Christ veut nous sauver de cette façon-là ; il veut non seulement pardonner, mais nous donner une nouvelle vie, non par un enseignement nouveau, mais en vivant lui-même dans nos cœurs.
Comment pouvons-nous être sauvés ? De nos jours, bien des gens ne croient pas à l'expiation parce qu'ils n'ont pas fait il expérience du salut en Jésus-Christ. Ceux qui en ont fait l'expérience savent que la vie nouvelle en Christ est bien une réalité.
Il y a environ quatre ans, je voyageais dans les montagnes de l'Himalaya. je parlais de Jésus-Christ et du salut par sa mort. Les gens me disaient : « Il est impossible que par la mort d'un homme, les autres puissent être sauvés ». Un homme s'écria : « Je sais que c'est vrai, que c'est possible ». Je pensais qu'il était chrétien, mais il ne savait rien du tout de Jésus-Christ. Cela me surprit et je lui demandai : « Comment se fait-il que vous croyiez que, par la mort d'un homme, d'autres puissent être sauvés ? » « Parce que j'en ai fait l'expérience. » Il me raconta que, trois mois auparavant, comme il était en course dans la montagne, il fit une chute : « Tout mon corps était meurtri, mon sang coulait de toutes parts, j'étais sur le point de mourir. Mon père me mena chez un docteur qui dit : « je ne puis rien faire pour lui. S'il avait les os brisés, j'aurais pu les remettre, s'il avait une maladie, je lui donnerais des remèdes, mais il a perdu trop de sang. Le sang est nécessaire à la vie ; si nous perdons notre sang, notre vie en est compromise et je n'ai pas de sang à lui donner ». Mon père dit : « Ne peut-on rien faire pour lui ? Il n'y a qu'une chose. Si quelqu'un est disposé à donner son sang pour lui, je pourrai le sauver. » Mon père avait un si grand amour pour son fils qu'il était tout prêt à donner son sang. On lui ouvrit donc une veine et le sang du père fut introduit dans le corps du fils. Mon père était un vieillard ; il mourut, mais son fils fut sauvé et lui est reconnaissant. Mon père est mort pour moi, il m'aimait d'un amour si merveilleux qu'il donna sa vie pour sauver la mienne ! » je me mis alors à lui parler du sacrifice et de la mort du Christ ; il comprit. « De même que tu as fait une chute dans la montagne et perdu ton sang à cause de tes blessures, de même nous tombons de la montagne de la sainteté, à cause de notre péché, et nous perdons notre vie. » Nous perdons notre vie spirituelle par les blessures de notre péché, mais Christ est mort sur la croix ; son sang a été répandu pour ceux qui allaient mourir. Ceux qui lui donnent leur cœur reçoivent la vie spirituelle ; ils savent que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs de la même manière.
Autrefois, je pensais : « Il est mort et n'a pas pu se sauver lui-même, comment pourrait-il me sauver, moi ? » Mais, après qu'il se fut manifesté à moi, je compris et il me donna la vie spirituelle. C'est ainsi que ceux qui lui ont donné leurs cœurs trouvent en lui tout ce dont leur âme a besoin. Il y a tant de gens, de gens instruits, qui croient, mais de leur tête seulement, pas de leur cœur. Ils n'ont donné que leur cerveau et ne peuvent pas comprendre la signification du sacrifice de Christ. La religion est affaire du cœur et non pas de la tête. Seuls ceux qui donnent leur cœur sont capables de comprendre la vérité de la religion. Ils connaissent la puissance du Christ vivant ; ils savent qu'il est descendu du Ciel pour sauver les pécheurs. Si ce n'était pas vrai, un ennemi de Christ, comme saint Paul, ne serait pas devenu un chrétien, ni moi non plus. Mais maintenant je sais, par expérience, que c'est une réalité ; que Jésus-Christ, par sa mort, a sauvé les pécheurs. Quand ils sont sauvés, alors ils ont de l'amour pour leurs frères. Dieu est amour. Quand nous sommes sauvés, nous nous sentons pressés d'aider les autres. C'est pour cela que les enfants de Dieu, dans bien des pays, envoient des missionnaires. Je disais hier que si nous ne nous sentons pas pressés de secourir nos frères, nous ne faisons pas notre devoir. Christ est descendu du Ciel pour nous sauver. S'il était resté dans le Ciel, nous aurions été perdus. Si nous sommes égoïstes et vivons dans le confort, sans nous inquiéter des autres, nous n'avons pas appris la leçon que Jésus-Christ nous a donnée en descendant du Ciel.
J'ai vu beaucoup de chrétiens, aux Indes et dans d'autres pays, qui sont toujours reconnaissants aux chrétiens de votre pays, parce qu'ils leur ont envoyé des missionnaires et ont donné de l'argent pour les évangéliser. Les uns ont donné leurs fils, leurs frères ou leurs sœurs ; personne, dans ce monde, ne pourra les récompenser de ce qu'ils ont fait pour nous ; Dieu seul peut le leur rendre. Je me sentais aussi reconnaissant envers les chrétiens, mais sur un certain point je me trompais, car je m'imaginais que les habitants de ces pays devaient tous être des gens admirables.
Voyant l'amour de Dieu dans leur cœur, faisant tant pour nous : « Ils doivent être des chrétiens vivants », pensais-je. Mais, en traversant ces pays, mon opinion a changé. Je trouvai les choses tout autres que je n'avais pensé. Sans doute, il y a là de vrais serviteurs de Dieu, mais tout le pays n'est pas chrétien. Je commençai à comparer les habitants des pays païens et ceux des pays christianisés. Les premiers sont des païens qui adorent des idoles faites de main d'hommes, mais je découvre une pire espèce de paganisme dans les pays appelés chrétiens, car là, les gens s'adorent eux-mêmes. Beaucoup vont au théâtre au lieu de prier, de lire la Parole de Dieu ; ils aiment la boisson et toute espèce de péchés. J'en vins à penser qu'aucun pays ne pouvait être envisagé comme chrétien, mais que partout il y a de vrais chrétiens. Où que ce soit que j'en rencontre, je me trouve heureux avec eux. Leur pays, leur langage est différent du mien, mais quand je les rencontre, je me sens au milieu de frères et de sœurs, parce qu'ils ont trouvé la vraie religion. Nous sommes un en Christ. Quand je me trouve avec des gens qui ne sont pas croyants, je me sens toujours un étranger parmi eux, car la politesse n'est pas le christianisme ; c'est la vie nouvelle qui est le christianisme. L'éducation n'est pas la vie chrétienne, qui ne se trouve qu'en Christ. L'éducation seule a abouti à faire beaucoup de non-croyants. Quand Christ est en vous, alors votre vie est transformée ; vous faites l'expérience de la vraie religion.
Un de mes amis, un homme très instruit, m'a raconté son expérience : « J'ai une joie si merveilleuse que je ne puis pas la faire comprendre aux autres ». Je vis des larmes dans ses yeux. La joie qu'il avait reçue ne pouvait pas s'exprimer en paroles, mais seulement par le langage des pleurs. « Il n'y a pas de langage en ce monde pour exprimer votre paix et votre joie, mais au travers de vos larmes j'ai compris. Christ seul, le Prince de la paix, peut donner cette paix », lui dis-je alors.
Une fois, je prêchai pendant trois jours au Tibet. Tout le monde était contre moi, car les bouddhistes n'aiment pas entendre parler de Christ. Je fus chassé du village. C'était le troisième jour que je n'avais rien à manger. La nuit était très froide, j'étais à plus de 4000 mètres. Toute la nuit je grelottai, ayant faim et soif, et personne pour me venir en aide. Satan vint me tenter : « Tu étais dans le confort et le luxe, à la maison ! Maintenant ton Christ ne peut pas te secourir ». Je commençai à prier, et il entendit ces mots : « Veille et prie ». je ressentis alors une paix merveilleuse, cette paix que le monde ne peut ni donner, ni ôter. Je sortis de ma caverne et pris quelques feuilles sur un arbre. Ces feuilles étaient bien dures et rien moins que juteuses, mais je me rappelai que la présence de Christ fait toutes choses nouvelles. Ces feuilles me parurent meilleures que la nourriture délicate de la maison, et je pus dire à Satan : « Christ est ici ». Il l'a promis : « je suis toujours avec vous ». J'ai fait l'expérience qu'il est le Christ vivant. Bien des personnes disent : « Christ est seulement un grand homme, un prophète ; Il ne peut pas venir à notre secours ». Mais, en réalité, Il est toujours avec nous ! Un grand homme ne peut pas dire : « je suis toujours avec vous ». Il n'y a que Christ qui puisse dire : « je suis toujours avec vous, jusqu'à la fin du monde ». Il est descendu du Ciel, Il n'est pas loin, Il est avec nous. Nous devons réaliser sa présence, nous devons apprendre à Le connaître Lui-même. Beaucoup de gens ont entendu parler de Lui, mais cela ne suffit pas, nous devons Le connaître, Lui, et ce n'est que par la prière que nous y arrivons. C'est vrai que Jésus-Christ vint pour nous sauver. Il sauve les pécheurs du dedans et du dehors ; du dedans quand Il nous donne la vie nouvelle, du dehors en nous protégeant. Nous sommes en sécurité sous sa garde ; Il nous conduira sûrement dans notre demeure céleste.
Je veux vous raconter une expérience que j'ai souvent dite ailleurs. Elle est bien simple. Une fois, je désirais traverser une rivière, mais il n'y avait là ni bateau, ni pont. je me demandais : « Comment traverserai-je cette rivière ? Je n'en vois aucun moyen ». Alors je vis un homme qui me dit : « Par l'air vous pouvez passer la rivière ». Je me dis : « Cet homme est fou. Je puis respirer l'air, mais il ne peut pas me servir à passer du côté opposé de la rivière ». Mais l'homme prit un sac de peau, souffla dedans pour le gonfler et me dit de m'asseoir dessus. J'ai dit qu'au premier moment j'avais cru cet homme fou. L'air m'entourait, mais ne pouvait pas m'aider à passer la rivière ; pourtant je vis bientôt que l'air enfermé dans cette peau pouvait m'être utile ; et je passai la rivière.
Ainsi en est-il de Dieu qui est Esprit. Comme l'air, il est partout. Il s'est fait homme pour nous sauver : « La Parole a été faite chair », ainsi le Fils de Dieu devint homme, afin de sauver les hommes. De même que nous ne pouvons pas voir l'air dans le sac de peau, de même le monde ne peut pas voir Dieu en Jésus-Christ ; il ne voit en Lui qu'un homme qui a vécu en Palestine, mais ceux qui vivent avec Lui en prière savent que Dieu s'est incarné en Christ et qu'il est vrai que « Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver les pécheurs ». Nous devons connaître notre Sauveur et ne pas nous contenter de savoir quelque chose de Lui. Alors il nous délivrera du péché et nous protégera contre les tentations. Une fois sauvés, c'est notre devoir d'aider les autres.
Hier, j'ai rendu témoignage à l'œuvre des missionnaires. Je tiens à dire que je ne suis l'agent d'aucune mission, car peut-être pensez-vous que je suis un agent et que c'est pour cela que je parle. Je désire vous dire que j'ai vu quelques-uns de vos missionnaires suisses travaillant aux Indes. Ils font une très belle œuvre, prêchant l'Évangile et aidant spirituellement. Ils ont donné leurs vies. Ceux qui restent chez eux peuvent aider par leurs prières et par leurs dons. C'est le devoir de chaque chrétien d'aider autant qu'il le peut. Ce n'est qu'à cette condition que nous méritons d'être appelés disciples de ce Christ vivant, qui est descendu du Ciel pour nous sauver.
Souvenons-nous de deux choses. Premièrement, nous devons être sauvés et connaître personnellement Jésus-Christ, et alors, quand nous le connaissons, nous devons le faire connaître à d'autres.
En février dernier, j'étais en Palestine. Je me tenais au bord du Jourdain et je pensais que cette eau fraîche, cette eau douce, coule continuellement dans la Mer Morte, mais que cette mer reste morte parce qu'elle n'envoie pas son eau plus loin pour fertiliser le pays. Il y a de même des Églises chrétiennes mourantes, et aussi des chrétiens qui sont morts. L'eau vive et abondante que Jésus-Christ nous donne leur est distribuée continuellement, et cependant ! ils sont morts. Pourquoi ? Parce qu'ils gardent tout pour eux, sans rien donner aux autres.
Que Dieu nous aide à vouloir donner aux autres. Ne pensons pas : « J'ai très peu de chose, pas assez pour partager avec d'autres », car l'eau du Jourdain coule sans cesse ; elle ne s'arrête jamais. Ceci est une leçon pour vous, comme c'en fut une pour moi en Palestine. Ne soyez pas pareils à la Mer Morte ; ayez la volonté de faire part aux autres des bénédictions que vous avez reçues. Employez au service de Christ votre instruction, votre éducation et votre amour, comme votre argent ; alors vous recevrez des bénédictions de plus en plus grandes et Christ sera toujours avec vous.
Un mot encore et j'aurai fini. Quand je suis devenu chrétien, j'ai dû tout quitter, mon frère, ma sœur et la maison paternelle. J'ai laissé un frère et une sœur, mais j'en ai trouvé mille en Christ. J'ai quitté le confort matériel, mais j'ai trouvé une joie spirituelle dont je n'avais jamais rêvé auparavant. J'ai fait l'expérience que, si nous faisons quelque chose en Christ, nous recevrons de Lui mille fois davantage. Soyons toujours prêts à travailler pour notre Sauveur et à aider notre prochain. Que Dieu nous aide à Le connaître, Lui qui est descendu du Ciel pour nous sauver, afin qu'après avoir été sauvés nous-mêmes, nous ne devenions pas comme la Mer Morte, mais que nous sachions donner aux autres à notre tour.
Je vous remercie de m'avoir écouté si attentivement. J'aurais désiré pouvoir m'adresser à vous dans votre propre langue, mais le temps vient où il n'y aura plus de différence de langage. Quand nous nous retrouverons aux pieds bénis du Seigneur, dans la demeure céleste, où nous vivrons éternellement, nous pourrons parler le même langage spirituel. Mais avant d'y aller pour y vivre à toujours, nous devons remplir notre devoir dans ce monde. Que Dieu vous bénisse. Faites votre devoir, afin que vous puissiez vivre pour Sa gloire.