Lorsque je parle de guérison à un malade des nerfs, l’entourage s’insurge et le patient baisse la tête en souriant :
– C’est pas demain la veille !
Qui les contredira ? L’un comme l’autre parlent d’expérience, eux qui n’arrivent pas à entrevoir le bout du tunnel malgré médecins et médecine. Bien plus, ils sont fortifiés dans leur conviction par d’excellents chrétiens qui leur répètent : « Courage ! Ce sera long mais le Seigneur est avec vous ».
C’est pourquoi, la plupart des gens s’indignent lorsque j’ose affirmer que la guérison est possible avant longtemps. Après tout, Dieu désire accorder à quiconque la santé de son âme sans délai. MAINTENANT même, et cela pour trois raisons :
La première raison, c’est qu’il est amour. Est-il concevable que le Père céleste se plaise à voir son enfant se débattre dans ses angoisses des mois et des années durant ? Dieu tourmente-t-il les siens ? S’il permet parfois la souffrance, il rend alors capable de « la regarder comme un sujet de joie complète » (Jacques 1.3), chose impensable lorsqu’il s’agit de la dépression.
La deuxième raison, c’est que le Seigneur ordonne à quiconque se réclame de lui, de vivre continuellement dans la joie et la paix. Par exemple :
Les mots : toujours, règne, sans cesse … rappellent éloquemment que la paix comme la joie doivent être permanentes en nous. C’est pourquoi, quiconque tolère sa tristesse, s’y complaît, refuse d’en sortir ou ne fait rien pour en être délivré, résiste à Dieu et lui désobéit. Plus encore, il laisse le chant libre à Satan le « démoralisateur » (alors que Dieu est le Consolateur). Or, puisque le Créateur donne ce qu’il ordonne, persuadons-nous qu’il peut et veut nous rendre joyeux et nous accorder une pleine santé spirituelle.
La troisième raison est fournie par la Bible qui déclare : « Voici MAINTENANT le jour favorable, voici MAINTENANT le jour du salut. » (2 Corinthiens 6.2, 3).
Aujourd’hui, pas demain. Pourquoi ? Parce que Dieu veut que je le serve dans la louange dès maintenant. Parce qu’il veut que je sème la joie autour de moi, dans mon foyer principalement, dès maintenant. Parce qu’il désire mon épanouissement et mon bonheur aujourd’hui. Le cœur content est un festin perpétuel, dit l’Écriture. Et un festin ne se consomme pas tout seul.
Première objection
On me dit aussi : « Il est vrai que Dieu exauce toute prière, mais n’est-il pas le Dieu souverain ? Il n’a Jamais promis de répondre sur le champ, à tous nos désirs, même les plus louables. Dieu ne sera jamais l’agent de notre volonté. C’est pourquoi je ne puis lui demander, pour me simplifier la vie, d’exécuter ponctuellement mes moindres caprices … ».
C’est exact. Toutefois, j’affirme qu’il exécutera aujourd’hui ce qu’il veut que j’obtienne maintenant, dans sa souveraineté justement. Ce n’est pas l’homme qui dit : aujourd’hui, mais le Seigneur. Demain est le mot de Satan.
Prédicateur de l’Evangile, je me garde de dire à qui cherche le salut : « Vous savez, Dieu est souverain. Il vous accordera le pardon quand il le jugera bon ». Bien au contraire, je l’exhorte vivement à compter maintenant sur la grâce d’un Dieu qui nous supplie de le recevoir : « Mon enfant, donne-moi ton cœur ». Remettre à plus tard, faire la sourde oreille à ses appels c’est oublier que Dieu est souverain. Et prétexter la souveraineté de Dieu pour différer sa décision n’est qu’un alibi qui cache le refus de capituler et d’obéir à Celui qui a dit : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive » (Jean 7.37) et non pas : « qu’il attende le bon vouloir du Dieu souverain ».
Je sais qu’il est des grâces qui peuvent attendre et dont la réalisation doit être ajournée pour notre bien ; il en est d’autres dont le retard mettrait notre âme en danger. Le salut de mon âme, sa santé spirituelle ne peuvent être différés. Je le crois fermement. Aucune parole de l’Écriture n’affirme le contraire.
Deuxième objection
On me dit encore : « Cependant, l’expérience vous donne tort. Avez-vous vu souvent des dépressifs passer d’un coup de la tristesse à la joie ? Avez-vous obtenu vous-même, des succès réels à la suite de vos entretiens ? »
Je peux répondre par l’affirmative. J’ai vu de réelles victoires bien que je redoute de les évoquer. Preuve en est cette dame, plongée depuis des mois et des années dans les larmes (sa maladie était cyclique). A la fin de notre longue conversation, elle céda et entonna un cantique. Cette joie était-elle authentique ? Tiendrait-elle ? En la quittant j’en doutais un peu. Je la perdis de vue et c’est tout récemment (quelque sept ou huit ans plus tard) que j’ai appris sa guérison. En effet, à l’issue d’une réunion, le mari vint me dire : « Merveilleux ! Depuis votre visite, ma femme est restée sereine. Dieu a fait pour nous un miracle ».
Ceci dit, je dois reconnaître honnêtement que j’ai connu plus d’échecs que de victoires. Infiniment.
– Alors, me rétorque-t-on, vous ne devriez pas généraliser ni être aussi affirmatif.
– C’est encore faux. J’ai annoncé le pardon pour aujourd’hui à beaucoup de pécheurs, les invitant à se repentir et à croire au Sauveur sans délai. Hélas ! La plupart d’entre eux sont repartis perplexes, malgré mes invitations pressantes. Apparents échecs – nous ne sommes pas là pour compter – mais qui ne m’ont nullement ébranlé. Je continue d’affirmer que Jésus veut sauver aujourd’hui l’homme le plus endurci. Pour la même raison, je reste persuadé que Dieu veut délivrer maintenant tout malade des nerfs qui s’attend réellement à Lui. Et si cette attente reste sans effet, le Seigneur ne peut en être tenu pour responsable.
Troisième objection
On me dit encore : « Il y a des gens trop atteints pour guérir, par exemple ceux qui traînent depuis dix ou vingt ans dans un brouillard quasi permanent. Il vient un moment où la maladie colle littéralement à leur peau et ils sont devenus irrécupérables.
Il y a du vrai dans cette remarque car il est bien connu qu’un mal traité tout au début, dès qu’apparaissent les premiers symptômes, est plus vite enrayé qu’une maladie soignée tardivement. D’ailleurs, les médecins ne se privent pas de gourmander leurs patients qui viennent les consulter à la dernière heure : « C’est maintenant que vous venez me voir ? Encore un peu et l’on vous emmenait directement au cimetière ».
Le jeune fumeur abandonnera aisément et sans grande difficulté le tabac, alors qu’un vieil habitué de la cigarette luttera désespérément, sans pouvoir s’en débarrasser. Un mal entretenu est difficile à déloger.
Pourquoi l’enfant est-il plus accessible à l’Évangile que l’homme au seuil de la tombe ? Simplement parce que le vieillard s’est endurci à force de dire « non ! » aux appels de la grâce. Installé dans la rébellion, il ne désire plus en sortir. D’où l’impérieux devoir d’annoncer le Sauveur aux petits et aux jeunes. L’enfance est l’âge propice à l’éclosion de la foi.
Quant aux déprimés, il n’en va pas autrement. La sortie du tunnel est plus près de celui qui vient de craquer que de tel malade traînant derrière lui un long passé d’angoisses et de tristesse. Pour ce dernier, une délivrance radicale paraît bien problématique. Aussi, de telles constatations doivent-elles nous inciter à ne jamais laisser s’installer la maladie. Dès qu’elle se manifeste, il convient de chercher la face de Dieu en refusant vigoureusement de céder aux tourments. De plus, il est sage de consulter sans retard un frère en la foi compétent (pas n’importe lequel) qui pourra nous aider à trouver la victoire. Ne cultivons pas la dépression.
Ceci étant dit, chacun sait qu’il y a des vieillards à la porte de l’éternité qui se convertissent dès le premier appel de la grâce, passant radicalement par une authentique nouvelle naissance. Il y a des fumeurs invétérés qui, en un instant et définitivement, rompent avec la cigarette. A Dieu, tout est possible (Matthieu 19.26). Qui discutera cette affirmation puisque tel est le langage du Fils de Dieu lui-même.
Dernière objection
On me dit enfin : « N’est-il pas reconnu qu’il y a, parmi les malades nerveux, des gens littéralement possédés que le diable maintient dans un climat morbide sans qu’ils puissent y échapper ? Ils ne sont pas même libres de prononcer une parole de foi et ont besoin, comme le paralytique de l’Évangile (Marc 2.3-12), d’être portés jusqu’à Jésus, incapables qu’ils sont de s’approcher de lui. Il faut l’intervention des autres pour qu’ils soient secourus dans leur impuissance ».
– C’est exact et nous touchons ici à un domaine que nous ne pouvons aborder dans notre ouvrage. Nous en dirions trop ou trop peu. Nous pensons qu’il est indispensable que de tels malades aient, au préalable, un entretien sérieux avec un chrétien expérimenté. Éclairé par le Maître des esprits, il diagnostiquera d’abord s’il y a réellement possession ou non (en général, le possédé se signale par certaines réactions étranges, en particulier lorsqu’on évoque le nom ou le sang du Seigneur). S’il en est ainsi, il sera nécessaire de chasser Satan et toute puissance adverse au nom de Jésus le vainqueur des ténèbres.
Quoiqu’il en soit, nous affirmons que Dieu veut délivrer sans délai quiconque souffre de dépression et accorder, par sa présence, la joie sereine à qui s’attend à lui. Mais y sommes-nous disposés ? Là est la question. C’est à chacun de répondre sans ajouter au « OUI » le « MAIS » qui transforme le oui en non.