Échec à la dépression

Deuxième partie : GUÉRIR

DÉMARRAGE

Une question se pose d’emblée lorsqu’il s’agit de « guérison » : Le dépressif ne devrait-il pas d’abord recouvrer la santé du corps avant d’espérer retrouver son équilibre intérieur et sa joie de vivre ? Oui, dans certains cas. Si le « physique » est pratiquement seul en jeu, une thérapeutique appropriée opèrera sûrement et le malade sera sans doute sur pied avant longtemps. Mais, lorsque le mal s’éternise sans raison apparente, il convient d’incriminer avant tout le moral du malade. C’est l’âme qui doit être touchée en premier lieu car les idées noires ne favorisent guère la guérison.


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Une dame se plaint de terribles douleurs à la nuque qu’elle ressent jour et nuit, sans discontinuer. Notre entretien se poursuit dans un bon climat et mes réponses paraissent l’apaiser. Soudain, elle s’étonne :

– Comme c’est curieux ! Depuis une demi-heure que je vous écoute, je ne ressens plus rien. Mes douleurs se sont envolées.

Au moment de me quitter, elle renouvelle ses propos :

– C’est vraiment extraordinaire. Je ne souffre plus de la nuque, c’est merveilleux !

Dois-je en déduire que la dame « inventait » sa souffrance ? Non, car je suis persuadé qu’elle ressentait réellement une vive douleur. Elle ne l’imaginait pas mais la « fabriquait » sans le savoir. La tempête intérieure qui l’agitait avait une incidence certaine à la fois sur le « sympathique » et sur son corps. D’où l’importance d’apaiser cette tempête.


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Je converse avec un père de famille qui a craqué, suite à un surmenage. Tout naturellement, le médecin a ordonné le repos dans une institution de choix.

– Eh bien, m’avoue mon interlocuteur, voilà dix-huit mois que je me relaxe dans les conditions idéales : beaucoup de calme, excellente nourriture, personnel impeccable et discret. Malgré cela, je traîne et me sens aussi fatigué qu’aux premiers jours. Je n’ai pas progressé d’un pouce : même lassitude, même absence d’énergie et … moral toujours à zéro. C’est à désespérer.

– En effet. Mais peut-on réellement parler de fatigue après dix-huit mois de repos ? En tous cas si, à ce régime-là, la forme ne revient pas c’est qu’il y a quelque chose qui s’oppose à votre guérison.

Inquiet, il m’interroge :

– Et quoi donc ?

– Votre âme a aussi besoin de soins ( je n’utilise pas le terme de « psychisme » pour ne pas l’effrayer). Vous n’ignorez pas que l’on guérit plus vite avec un bon moral et, quand l’âme est en bonne santé, les forces ne tardent pas à revenir. En vérité, vous n’êtes pas fatigué mais vous ressentez une impression de fatigue. Ne serait-ce pas merveilleux si de telles impressions se résorbaient ?

Je l’étonne davantage lorsque j’ajoute :

– D’une certaine façon, ce que vous avez dit me donne bon espoir. En effet, la guérison d’un corps affaibli, épuisé, ruiné presque, peut exiger un temps de convalescence plus ou moins long. On ne récupère pas l’énergie perdue en quelques minutes. Il faut parfois payer la dette de nos excès. Mais la santé de l’âme, son équilibre, en un mot sa guérison peut vous être accordée … sans délai, car telle est l’intention divine.


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Surtout, n’allons pas reprocher à un malade d’être assailli par l’angoisse ou les idées noires, de ressentir une fatigue inexpliquée, d’être parfois obsédé par des pensées de suicide. Le patient ne les produit pas, elles lui sont comme imposées. A vrai dire, il les subit souvent par ignorance car il ne sait trop d’où proviennent ces impressions morbides. S’il était en mesure de discerner qui est le perturbateur de son âme, il serait certainement plus fort et plus déterminé, ayant de sérieuses raisons de réagir et de repousser les attaques dont il est l’objet.


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D’excellents croyants au cœur sensible soutiennent que la dépression est une épreuve de Dieu, pénible mais salutaire. Donc une maladie à accepter sans regimber, avec courage et patience puisqu’elle peut durer des mois et des années.

Est-ce bien vrai ?

S’il est prouvé que la dépression procède de Dieu, le patient se devra d’attendre la délivrance sans se rebeller. Naturellement, s’il est démontré qu’il s’agit-là d’une tentation venue « d’en-bas », il refusera de la subir avec toute l’énergie dont il dispose. D’où l’importance de discerner qui est à l’origine de cet état d’âme. Est-ce une épreuve à « regarder comme un sujet de joie complète » (Jacques 1.2) ou une tentation à repousser sans faiblesse ? Est-ce un produit du ciel ou de l’abime ? La question est posée et de la réponse fournie à cette interrogation devrait dépendre le comportement du malade face au mal qui l’afflige.

Je vous demande :

  1. L’atmosphère morbide, démoralisante dans laquelle baigne le malade des nerfs est-elle l’œuvre du Saint-Esprit ? Est-ce lui qui inspire le découragement et les propos défaitistes ? Le patient peut-il les tolérer passivement sans courir le risque de l’attrister ? Sait-il que le Christ « a été envoyé pour donner un vêtement de louange au lieu d’un esprit abattu » (Esaïe 61.3) ?
  2. Lorsque j’observe un homme plongé dans l’anxiété et les angoisses depuis de longs mois je ne puis croire que je contemple-là l’œuvre d’un Père aimant. Et puis, peut-on discerner l’action du Seigneur derrière un être maussade qui étale sa mauvaise humeur et parle de suicide ? Certainement pas !
  3. Le malade des nerfs – c’est connu – incline à l’indolence, sans doute amolli par les tranquillisants ou les repos prolongés : il traîne sa langueur d’un fauteuil à un autre, obligeant les siens à le servir vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Dieu s’emploierait-il à faire de l’homme un parasite dont la seule occupation serait de ressasser son mal ? Non, bien sûr !
  4. Enfin, les dépressifs sont unanimes à dire qu’ils sont incapables de prier, de lire une page entière de l’Ecriture, de fréquenter les croyants, de chanter les louanges de Dieu ou d’écouter un sermon jusqu’au bout. N’est-ce pas un chef-d’œuvre de Satan qu’un chrétien démoralisé, tenu hors de la communion de son Maître ? En définitive, ces malades sont des êtres malheureux, manipulés à leur insu par le Prince de ce monde. Il faut qu’ils en soient avertis afin d’être en mesure de mieux « lui résister » (1 Pierre 5.9).

Si je suis assailli par des pensées impures ou un désir de vengeance, attendrai-je passivement que « ça passe », que de telles pensées et de tels sentiments se résorbent d’eux-mêmes et soient remplacés par d’autres, purs et généreux cette fois ? Non ! Qui ne réagit pas, tolère. Certes, je ne suis pour rien dans l'irruption en moi de telles pensées (ce n’est pas l’homme qui les créé) mais je deviens coupable en les accueillant sans réagir. Tolérer, c’est aussi se complaire et montrer que l’on éprouve une secrète satisfaction à les entretenir. Plus encore, c’est résister à Celui qui libère, c’est se tenir hors du chemin de Dieu.

Il en va de même pour le dépressif. Certes, il n’est pas l’auteur de l’angoisse ou des idées noires. Ces choses viennent tout droit des ténèbres ; c’est pourquoi il s’opposera avec énergie à l’action de Satan, conformément à l'Écriture : « Veillez. Votre adversaire, le diable, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il dévorera. RÉSISTEZ-LUI avec une foi ferme … Le Dieu de toute grâce … après que vous aurez souffert un peu de temps, vous perfectionnera lui-même, vous affermira, vous rendra inébranlable. A lui soit la puissance, aux siècles des siècles (1 Pierre 5.8-11).

Etes-vous abattu, sans ressort, paralysé par la crainte ou les angoisses ? Plutôt que de vous installer dans le tunnel, démasquez l'Adversaire, refusez son emprise, vous humiliant d’avoir si longtemps accepté de subir son influence. Alors vous aurez franchi un pas important dans la voie de la guérison.

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