Ἰγνάτιος, ὁ καὶ Θεοφόρος, ἠγαπημένῃ θεῷ, πατρὶ Ἰησοῦ χριστοῦ, ἐκκλησίᾳ ἁγίᾳ τῇ οὔσῃ ἐν Τράλλεσιν τῆς Ἀσίας, ἐκλεκτῇ καὶ ἀξιοθέῳ, εἰρηνευούσῃ ἐν σαρκὶ καὶ πνεύματι τῷ πάθει Ἰησοῦ χριστοῦ, τῆς ἐλπίδος ἡμῶν ἐν τῇ εἰς αὐτὸν ἀναστάσει · ἣν καὶ ἀσπάζομαι ἐν τῷ πληρώματι ἐν ἀποστολικῷ χαρακτῆρι καὶ εὔχομαι πλεῖστα χαίρειν.
Ignace, appelé aussi Théophore, à la sainte église de Tralles en Asie ; (à cette église), chère à Dieu, le Père de Jésus-Christ, élue et digne de Dieu, jouissant de la paix temporelle et spirituelle grâce à la passion de Jésus-Christ, auquel nous espérons nous réunir par la résurrection : je salue cette église, à la manière des Apôtres, dans la plénitude de la grâce divine, et je lui souhaite toutes les prospérités.
πληρώματι — Ce mot, ici, a reçu diverses interprétations : je salue le corps entier de l’église de Tralles (Smith) ; je salue cette église dans la plénitude de mon pouvoir apostolique (Bunsen) ; mais il paraît préférable de l’entendre dans le sens de la plénitude de la grâce divine, qu’Ignace, à la manière des Apôtres, souhaite aux Tralliens.
1.1 Ἄμωμον διάνοιαν καὶ ἀδιάκριτον ἐν ὑπομονῇ ἔγνων ὑμᾶς ἔχοντας, οὐ κατὰ χρῆσιν ἀλλὰ κατὰ φύσιν, καθὼς ἐδήλωσέν μοι Πολύβιος, ὁ ἐπίσκοπος ὑμῶν, ὃς παρεγένετο θελήματι θεοῦ καὶ Ἰησοῦ χριστοῦ ἐν Σμύρνῃ καὶ οὕτως μοι συνεχάρη δεδεμένῳ ἐν Χριστῷ Ἰησοῦ, ὥστε με τὸ πᾶν πλῆθος ὑμῶν ἐν αὐτῷ θεωρεῖσθαι.
Je sais quelle est votre droiture de cœur et votre inaltérable patience, vertus qui, chez vous, ne sont pas acquises, mais naturelles : c’est ce que m’a appris Polybe, votre évêque. Par la volonté de Dieu et de Jésus-Christ, il est venu à Smyrne partager avec moi la joie que m’inspirent les chaînes que je porte pour Jésus-Christ. C’est votre église tout entière que je contemple en sa personne.
1.2 ἀποδεξάμενος οὖν τὴν κατὰ θεὸν εὔνοιαν δι᾿ αὐτοῦ ἐδόξασα, εὑρὼν ὑμᾶς, ὡς ἔγνων, μιμητὰς ὄντας θεοῦ.
Ayant donc reçu, par son intermédiaire, le témoignage de votre sainte bienveillance, j’ai rendu gloire (au Seigneur), en constatant que vous êtes, comme on me l’avait dit, les imitateurs de Dieu.
1.1 οὐ κατὰ χρῆσιν ἀλλὰ κατὰ φύσιν — Ces vertus chez vous ne sont pas acquises, mais naturelles. Cf. Eph.1.1 : ὃ κέκτησθε φύσει…
2.1 Ὅταν γὰρ τῷ ἐπισκόπῳ ὑποτάσσησθε ὡς Ἰησοῦ Χριστῷ, φαίνεσθέ μοι οὐ κατὰ ἄνθρωπον ζῶντες, ἀλλὰ κατὰ Ἰησοῦν Χριστὸν τὸν δι᾿ ἡμᾶς ἀποθανόντα, ἵνα πιστεύσαντες εἰς τὸν θάνατον αὐτοῦ τὸ ἀποθανεῖν ἐκφύγητε.
En vous soumettant à votre évêque comme à Jésus-Christ, vous me faites voir avec évidence que votre conduite ne s’inspire pas des maximes du monde, mais de (celles de) Jésus-Christ, qui est mort pour nous, afin de vous préserver de la mort par la foi en sa mort.
2.2 ἀναγκαῖον οὖν ἐστίν, ὥσπερ ποιεῖτε, ἄνευ τοῦ ἐπισκόπου ἐταπεινοφρονεῖτε πράσσειν ὑμᾶς, ἀλλ᾿ ὑποτάσσεσθαι καὶ τῷ πρεσβυτερίῳ ὡς τοῖς ἀποστόλοις Ἰησοῦ χριστοῦ τῆς ἐλπίδος ἡμῶν, ἐν ᾧ διάγοντες εὑρεθησόμεθα.
Il est donc nécessaire de ne rien entreprendre sans l’évêque : c’est d’ailleurs ce que vous faites. Vous devez être soumis aussi au presbytérium comme aux apôtres de Jésus-Christ, notre espérance, dont nous partageons la vie éternelle, si nous vivons maintenant en lui.
2.3 δεῖ δὲ καὶ τοὺς διακόνους ὄντας μυστηρίων Ἰησοῦ χριστοῦ κατὰ πάντα τρόπον πᾶσιν ἀρέσκειν. οὐ γὰρ βρωμάτων καὶ ποτῶν εἰσιν διάκονοι, ἀλλ᾿ ἐκκλησίας θεοῦ ὑπηρέται · δέον οὖν αὐτοὺς φυλάσσεσθαι τὰ ἐγκλήματα ὡς πῦρ.
Il faut aussi que les diacres, qui sont au service des mystères de Jésus-Christ, plaisent en tout point à tout le monde : ils ne sont pas en effet de simples distributeurs d’aliments et de boissons, ils sont les serviteurs de l’église de Dieu. Ils doivent donc éviter, comme le feu, tout sujet de reproche.
2.2 ἐν ᾧ διάγοντες (ἐν αὐτῷ) εὑρεθησόμεθα, si nous vivons (maintenant) en lui nous serons trouvés (plus tard) en lui : tel est le texte de l’interpolateur, adopté par Lightfoot. Il est certain qu’ἐν αὐτῷ donne au sens plus de netteté et de précision. — Un autre sens possible est celui-ci : c’est à cette condition (d’être soumis à la hiérarchie), que nous serons réputés vivre en lui.
3.1 Ὁμοίως πάντες ἐντρεπέσθωσαν τοὺς διακόνους ὡς Ἰησοῦν Χριστόν, ὡς καὶ τὸν ἐπίσκοπον ὄντα τύπον τοῦ πατρός, τοὺς δὲ πρεσβυτέρους ὡς συνέδριον θεοῦ καὶ ὡς σύνδεσμον ἀποστόλων. χωρὶς τούτων ἐκκλησία οὐ καλεῖται.
Pareillement, vous devez tous révérer les diacres comme Jésus-Christ lui-même, l’évêque comme l’image du Père, les presbytres comme le sénat de Dieu et le collège des Apôtres : sans eux, il n’y a point d’église.
3.2 περὶ ὧν πέπεισμαι ὑμᾶς οὕτως ἔχειν. τὸ γὰρ ἐξεμπλάριον τῆς ἀγάπης ὑμῶν ἔλαβον καὶ ἔχω μεθ᾿ ἑαυτοῦ ἐν τῷ ἐπισκόπῳ ὑμῶν, οὗ αὐτὸ τὸ κατάστημα μεγάλη μαθητεία, ἡ δὲ πραότης αὐτοῦ δύναμις · ὃν λογίζομαι καὶ τοὺς ἀθέους ἐντρέπεσθαι.
Tels sont, j’en suis convaincu, vos sentiments sur ces différents points. J’ai reçu et je possède auprès de moi le modèle de votre charité en la personne de votre évêque : sa conduite est par elle-même une grande leçon, et sa douceur est une force : les impies eux-mêmes, j’en suis sûr, le vénèrent.
3.3 ἀγαπῶν ὑμᾶς φείδομαι, συντονώτερον δυνάμενος γράφειν ὑπὲρ τούτου. οὐκ εἰς τοῦτο ᾠήθην, ἵνα ὢν κατάκριτος ὡς ἀπόστολος ὑμῖν διατάσσωμαι.
Dans mon amour pour vous, je vous fais grâce des recommandations plus sévères que je pourrais vous adresser à son sujet : je n’aurai pas la présomption, n’étant qu’un condamné, de vous commander comme un apôtre.
3.2 ἑαυτοῦ pour ἑμαυτοῦ.
τοὺς ἀθέους : les païens qui étaient ἄθεοι ἐν τῷ κόσμῳ (Éphésiens 2.12). Les païens renvoyaient cette épithète aux chrétiens, parce que ceux-ci n’avaient ni statues, ni images : de là le cri de la foule contre Polycarpe, et de Polycarpe contre la foule : Αἶρε τοὺς ἀθέους;
4.1 Πολλὰ φρονῶ ἐν θεῷ, ἀλλ᾿ ἐμαυτὸν μετρῶ, ἵνα μὴ ἐν καυχήσει ἀπόλωμαι. νῦν γὰρ με δεῖ πλέον φοβεῖσθαι καὶ μὴ προσέχειν τοῖς φυσιοῦσίν με. οἱ γὰρ λέγοντές μοι μαστιγοῦσίν με.
Dieu m’inspire de hautes pensées, mais je m’impose à moi-même une mesure, pour ne pas me perdre par ma jactance. Car c’est maintenant surtout que je dois me tenir sur mes gardes, et éviter de prêter l’oreille à la flatterie : me flatter, c’est me flageller.
4.2 ἀγαπῶ μὲν γὰρ τὸ παθεῖν, ἀλλ᾿ οὐκ οἶδα, εἰ ἄξιός εἰμι. τὸ γὰρ ζῆλος πολλοῖς μὲν οὐ φαίνεται, ἐμὲ δὲ πλέον πολεμεῖ. χρῄζω οὖν πραότητος, ἐν ᾗ καταλύεται ὁ ἄρχων τοῦ αἰῶνος τούτου.
J’aspire, il est vrai, à souffrir ; mais je ne sais pas si j’en suis digne : car mon irritation, pour échapper aux yeux d’un grand nombre, ne m’en fait une guerre que plus acharnée. Aussi ai-je besoin de la douceur, de cette vertu qui terrasse le prince de ce monde.
4.1 λέγοντές sans complément : des flatteries, comme l’indique le mot φυσιοῦσίν. Le texte de ce passage est incomplet et corrompu.
4.2 ὸ γὰρ ζῆλος… — Ce passage obscur a reçu un assez grand nombre d’interprétations différentes. L’interpolateur rapporte ζῆλος au démon, comme le montre l’addition τοῦ ἐχθροῦ. Lightfoot adopte ce sens, et traduit : car la jalousie du démon, pour échapper aux yeux d’un grand nombre, ne m’en fait une guerre que plus acharnée. Mais dans cette interprétation, on ne voit pas bien la suite des idées. Ce ζῆλος, en effet, est un sentiment blâmable, qui fait craindre à Ignace de n’être pas digne de souffrir pour Jésus-Christ : c’est un sentiment intérieur, caché aux yeux de la foule : c’est enfin le contraire de la douceur, πραότης. N’est-il pas plus naturel de traduire ζῆλος, qui vient de ζέω, bouillonner), par bouillonnement intérieur, irritation ? Malgré son ardeur pour le martyre Ignace sent bouillonner en lui son indignation contre ses persécuteurs ; cette irritation, « on ne la voit pas, et on le prend pour un saint ; mais il sent bien qu’elle pourrait encore avoir en lui la victoire sur l’esprit de douceur. » (Éd. Bruston).
5.1 Μὴ οὐ δύναμαι ὑμῖν τὰ ἐπουράνια γράψαι ; ἀλλὰ φοβοῦμαι, μὴ νηπίοις οὖσιν ὑμῖν βλάβην παραθῶ · καὶ συγγνωμονεῖτέ μοι, μήποτε οὐ ἐγώ, οὐ δυνηθέντες χωρῆσαι στραγγαλωθῆτε.
Ne pourrais-je pas, dans cette lettre, vous parler des choses du ciel ? (Sans doute ;) mais vous êtes trop enfants, et je crains de vous faire du mal ; excusez-moi donc ; je ne voudrais pas que, impuissants à avaler (l’aliment que je vous offrirais), vous vous étrangliez.
5.2 καὶ γὰρ ἐγώ, οὐ καθότι δέδεμαι καὶ δύναμαι νοεῖν τὰ ἐπουράνια καὶ τὰς τοποθεσίας τὰς ἀγγελικὰς καὶ τὰς συστάσεις τὰς ἀρχοντικάς, ὁρατά τε καὶ ἀόρατα, παρὰ τοῦτο ἤδη καὶ μαθητής εἰμι. πολλὰ γὰρ ἡμῖν λείπει, ἵνα θεοῦ μὴ λειπώμεθα.
Moi-même, pour être prisonnier (de Jésus-Christ), pour être en état de concevoir les choses du ciel, de connaître la hiérarchie des anges, les phalanges des principautés, les choses visibles et invisibles, je ne suis pas encore pour cela un vrai disciple : nous manquons de tant de choses pour être dignes de Dieu !
5.1 συγγνωμονεῖτέ μοι : pardonnez-moi de vous refuser cette nourriture trop substantielle pour vous.
5.2 τοποθεσίας : les places que les anges occupent dans la hiérarchie, ou encore leur répartition dans les diligentes sphères célestes.
ἀρχοντικάς — Les ἄρχοντες d’Ignace, comme les ἀρχαί de saint Paul, sont des êtres angéliques.
λείπει, ἵνα θεοῦ μὴ λειπώμεθα, jeu de mots, beaucoup de choses nous manquent, pour que Dieu ne nous manque pas.
6.1 Παρακαλῶ οὖν ὑμᾶς, οὐκ ἐγώ, ἀλλ᾿ ἡ ἀγάπη Ἰησοῦ χριστοῦ · μόνῃ τῇ χριστιανῇ τροφῇ χρῆσθε, ἀλλοτρίας δὲ βοτάνης ἀπέχεσθε, ἥτις ἐστὶν αἵρεσις ·
Je vous en conjure, ou plutôt, ce n’est pas moi, c’est la charité de Jésus-Christ qui vous en prie, n’usez que de la nourriture chrétienne et abstenez-vous de toute plante étrangère : c’est de l’hérésie que je parle.
6.2 οἳ ἑαυτοῖς παρεμπλέκουσιν Ἰησοῦν Χριστὸν καταξιοπιστευόμενοι, ὥσπερ θανάσιμον φάρμακον διδόντες μετὰ οἰνομέλιτος, ὅπερ ὁ ἀγνοῶν ἡδέως λαμβάνει ἐν ἡδονῇ κακῇ τὸ ἀποθανεῖν.
Pour capter la confiance, les hérétiques mêlent Jésus-Christ à leurs erreurs, semblables à ces gens qui versent un poison mortel dans un mélange de vin et de miel ; l’homme qui n’est pas averti boit la mort avec plaisir en savourant ces douceurs empoisonnées.
6.2 καταξιοπιστευόμενοι — Ce mot ne se trouve qu’ici et dans Polybe 12.17.1. On a beaucoup discuté sur son sens précis (Lightfoot et Funk, notes).
7.1 Φυλάττεσθε οὖν τοὺς τοιούτους. τοῦτο δὲ ἔσται ὑμῖν μὴ φυσιουμένοις καὶ οὖσιν ἀχωρίστοις θεοῦ Ἰησοῦ χριστοῦ καί τοῦ ἐπισκόπου καὶ τῶν διαταγμάτων τῶν ἀποστόλων.
Gardez-vous des gens de cette espèce : vous y réussirez en fuyant l’orgueil, et en vous tenant inséparablement unis à Jésus-Christ, notre Dieu, à votre évêque, et aux préceptes des Apôtres.
7.2 ὁ ἐντὸς θυσιαστηρίου ὢν καθαρός ἐστιν · ὁ δὲ ἐκτὸς θυσιαστηρίου ὢν οὐ καθαρός ἐστιν · τοῦτ᾿ ἔστιν, ὁ χωρὶς ἐπισκόπου καὶ πρεσβυτερίου καὶ διακόνων πράσσων τι, οὗτος οὐ καθαρός ἐστιν τῇ συνειδήσει.
Quiconque est à l’intérieur du sanctuaire est pur ; et quiconque est en dehors du sanctuaire, est impur : ce qui veut dire que quiconque agit en dehors de l’évêque, du presbytérium et des diacres, celui-là n’a pas une conscience pure.
8.1 Οὐκ ἐπεὶ ἔγνων τοιοῦτόν τι ἐν ὑμῖν, ἀλλὰ προφυλάσσω ὑμᾶς ὄντας μου ἀγαπητούς, προορῶν τὰς ἐνέδρας τοῦ διαβόλου. ὑμεῖς οὖν τὴν πραϋπάθειαν ἀναλαβόντες ἀνακτήσασθε ἑαυτοὺς ἐν πίστει ὅ ἐστιν σὰρξ τοῦ κυρίου, καὶ ἐν ἀγάπῃ, ὅ ἐστιν αἷμα Ἰησοῦ χριστοῦ.
Ce n’est pas que j’aie rien appris de pareil sur votre compte ; mais, dans mon amour pour vous, je veux dès maintenant vous mettre en garde contre les embûches que je prévois de la part du diable. Armez-vous donc d’une douce patience, et faites de vous des créatures nouvelles, par la foi, qui est la chair du Seigneur, et par la charité, qui est le sang de Jésus-Christ.
8.2 μηδεὶς ὑμῶν κατὰ τοῦ πλησίον ἐχέτω. μὴ ἀφορμὰς δίδοτε τοῖς ἔθνεσιν, ἵνα μὴ δι᾿ ὀλίγους ἄφρονας τὸ ἐν θεῷ πλῆθος βλασφημῆται. Οὐαὶ γάρ, δι᾿ οὗ ἐπὶ ματαιότητι τὸ ὄνομά μου ἐπί τινων βλασφημεῖται.
Qu’aucun de vous n’ait rien contre son prochain. Il ne faut pas que la folie de quelques-uns donne aux païens l’occasion de calomnier le groupe entier des fidèles. Car il est écrit : « Malheur à celui dont la frivolité fait blasphémer mon nom ! »
9.1 Κωφώθητε οὖν, ὅταν ὑμῖν χωρὶς Ἰησοῦ χριστοῦ λαλῇ τις, τοῦ ἐκ γένους Δαυείδ, τοῦ ἐκ Μαρίας, ὃς ἀληθῶς ἐγεννήθη, ἔφαγέν τε καὶ ἔπιεν, ἀληθῶς ἐδιώχθη ἐπὶ Ποντίου Πιλάτου, ἀληθῶς ἐσταυρώθη καὶ ἀπέθανεν, βλεπόντων τῶν ἐπουρανίων καὶ ἐπιγείων καὶ ὑποχθονίων.
Fermez donc l’oreille aux discours de ceux qui ne vous parlent pas de Jésus-Christ, descendant de David et fils de Marie ; de Jésus-Christ, qui est né réellement, qui a réellement mangé et bu, qui a vraiment souffert la persécution sous Ponce-Pilate, qui est réellement mort sur une croix à la face du ciel, de la terre et des enfers,
9.2 ὃς καὶ ἀληθῶς ἠγέρθη ἀπό νεκρῶν, ἐγείραντος αὐτὸν τοῦ πατρὸς αὐτοῦ, κατὰ τὸ ὁμοίωμα ὃς καὶ ἡμᾶς τοὺς πιστεύοντας αὐτῷ οὕτως ἐγερεῖ ὁ πατὴρ αὐτοῦ ἐν Χριστῷ Ἰησοῦ, οὗ χωρὶς τὸ ἀληθινὸν ζῆν οὐκ ἔχομεν.
et qui est vraiment ressuscité d’entre les morts ; c’est son Père qui l’a ressuscité, et qui nous ressuscitera de même un jour, nous qui croyons en lui, par la vertu de Jésus-Christ, sans lequel nous ne possédons pas la vraie vie.
9.1 χωρὶς Ἰησοῦ χριστοῦ — Le sens est celui-ci : fermez l’oreille aux discours de ceux qui ignorent Jesus-Christ, ou le passent sous silence, parce qu’ils ne croient pas à sa réalité (les docètes). Voici ce que vous devez croire sur lui : il est réellement né, il a réellement mangé et bu, etc. — ἀληθῶς est répété ici quatre fois pour insister, contre les docètes, sur la réalité de la vie terrestre de Jésus-Christ. — Nous trouvons ici, avec des formules rappelant invinciblement celle du Symbole dit des Apôtres, un exemple des circonstances qui ont amené les églises à rédiger des professions de foi.
9.2 ὁ πατὴρ αὐτοῦ — Ces mots sont ajoutés pour rappeler quel est le vrai sujet du verbe ἐγερεῖ, le véritable auteur de notre résurrection. Nous avons ici l’un des nombreux exemples de la hâte avec laquelle ces lettres ont été rédigées.
10.1 Εἰ δέ, ὥσπερ τινὲς ἄθεοι ὄντες, τουτέστιν ἄπιστοί, λέγουσιν, τὸ δοκεῖν πεπονθέναι αὐτόν, αὐτοὶ ὄντες τὸ δοκεῖν, ἐγὼ τί δέδεμαι, τί δὲ καὶ εὔχομαι θηριομαχῆσαι ; δωρεὰν οὖν ἀποθνήσκω. ἄρα οὖν καταψεύδομαι τοῦ κυρίου.
S’il n’a souffert qu’en apparence, comme le prétendent certains athées, c’est-à-dire certains incrédules, qui ne sont eux-mêmes qu’une apparence, à quoi bon alors les fers que je porte ? Pourquoi brûler de combattre contre les bêtes ? C’est donc en vain que je meurs ! Ce que je dis du Seigneur n’est donc qu’une fable !
10.1 τὸ δοκεῖν est employé ici adverbialement, pour signifier en apparence.
καταψεύδομαι — On peut encore traduire : Je mens donc contre le Seigneur ! et cette expression peut elle-même avoir deux sens différents : 1° en soutenant faussement la réalité de la vie terrestre de Jésus-Christ, je le rabaisse, la vie terrestre réelle étant, aux yeux des docètes, une humiliation indigne du Christ ; 2° je fais mentir le Seigneur, en lui faisant dire des choses qu’il n’a pas dites ; en ce cas, ces mots seraient à rapprocher de 1 Corinthiens 15.15 : Εὑρισκόμεθα δὲ καὶ ψευδομάρτυρες τοῦ θεοῦ.
11.1 Φεύγετε οὖν τὰς κακὰς παραφυάδας τὰς γεννώσας καρπὸν θανατηφόρον, οὗ ἐὰν γεύσηταί τις, παρ᾿ αὐτὰ ἀποθνήσκει. οὗτοι γὰρ οὔκ εἰσιν φυτεία πατρός.
Fuyez ces rameaux parasites et dangereux : ils portent des fruits empoisonnés qui font mourir sur le champ tous ceux qui en goûtent ; ils n’ont pas été plantés par le Père.
11.2 εἰ γὰρ ἦσαν, ἐφαίνοντο ἄν κλάδοι τοῦ σταυροῦ, καὶ ἦν ἄν ὁ καρπὸς αὐτῶν ἄφθαρτος · δι᾿ οὗ ἐν τῷ πάθει αὐτοῦ προσκαλεῖται ὑμᾶς ὄντας μέλη αὐτοῦ. οὐ δύναται οὖν κεφαλὴ χωρὶς γεννηθῆναι ἄνευ μελῶν, τοῦ θεοῦ ἕνωσιν ἐπαγγελλομένου, ὅ ἐστιν αὐτός.
Autrement, nous verrions en eux des rejetons de la croix, et leur fruit serait incorruptible. Par sa croix, dans sa passion, Jésus-Christ vous appelle à lui, vous qui êtes ses membres. La tête, en effet, ne peut pas exister à part, sans les membres : c’est Dieu qui nous a promis cette union, Dieu qui est lui-même unité.
11.1 παρ᾽ αὐτὰ : aussitôt, sur-le-champ.
11.2 ἄφθαρτος, car la croix est le véritable ξύλον ζωῆς.
12.1 Ἀσπάζομαι ὑμᾶς ἀπὸ Σμύρνης ἅμα ταῖς συμπαρούσαις μοι ἐκκλησίαις τοῦ θεοῦ, οἳ κατὰ πάντα με ἀνέπαυσαν σαρκί τε καὶ πνεύματι.
C’est de Smyrne que je vous envoie mes salutations et celles des églises de Dieu qui sont ici avec moi et qui m’ont prodigué toutes les consolations temporelles et spirituelles.
12.2 παρακαλεῖ ὑμᾶς τὰ δεσμά μου, ἃ ἕνεκεν Ἰησοῦ χριστοῦ περιφέρω, αἰτούμενος θεοῦ ἐπιτυχεῖν · διαμένετε ἐν τῇ ὁμονοίᾳ ὑμῶν καὶ τῇ μετ᾿ ἀλλήλων προσευχῇ. πρέπει γὰρ ὑμῖν τοῖς καθ᾿ ἕνα, ἐξαιρέτως καὶ τοῖς πρεσβυτέροις, ἀναψύχειν τὸν ἐπίσκοπον εἰς τιμὴν πατρός, Ἰησοῦ χριστοῦ καὶ τῶν ἀποστόλων.
Écoutez l’exhortation que vous adressent ces chaînes que je porte partout pour Jésus-Christ, en demandant d’arriver à Dieu : persévérez dans la concorde et dans la prière en commun ; car c’est le devoir de chacun de vous, et spécialement des presbytres, de consoler l’évêque pour la gloire du Père, de Jésus-Christ et des Apôtres.
12.3 εὔχομαι ὑμᾶς ἐν ἀγάπῃ ἀκοῦσαί μου, ἵνα μὴ εἰς μαρτύριον ὦ, ἐν ὑμῖν γράψας. καὶ περὶ ἐμοῦ δὲ προσεύχεσθε, τῆς ἀφ᾿ ὑμῶν ἀγάπης χρῄζοντος ἐν τῷ ἐλέει τοῦ θεοῦ, εἰς τὸ καταξιωθῆναί με τοῦ κλήρου, οὗ περίκειμαι ἐπιτυχεῖν, ἵνα μὴ ἀδόκιμος εὑρεθῶ.
Puissiez-vous m’écouter avec charité, pour que ma lettre ne dépose pas contre vous ! Priez aussi pour moi : j’ai besoin de votre charité et de la miséricorde de Dieu, pour être admis à l’héritage que je suis tout près d’obtenir et n’en être pas repoussé comme indigne.
12.1 συμπαρούσαις μοι ἐκκλησίαις — Ces églises, présentes à Smyrne en la personne de leurs délégués, étaient, en outre de l’église de Smyrne elle même, les églises d’Ephèse et de Magnésie.
13.1 Ἀσπάζεται ὑμᾶς ἡ ἀγάπη Σμυρναίων καὶ Ἐφεσίων. μνημονεύετε ἐν ταῖς προσευχαῖς ὑμῶν τῆς ἐν Συρίᾳ ἐκκλησίας, ὅθεν καὶ οὐκ ἄξιός εἰμι λέγεσθαι, ὢν ἔσχατος ἐκείνων.
Les frères de Smyrne et d’Éphèse vous envoient leur affectueux salut. Dans vos prières, souvenez-vous de l’église de Syrie, dont je ne suis qu’un membre indigne, moi, le dernier d’entre eux.
13.2 ἔρρωσθε ἐν Ἰησοῦ Χριστῷ, ὑποτασσόμενοι τῷ ἐπισκόπῳ ὡς τῇ ἐντολῇ, ὁμοίως καὶ τῷ πρεσβυτερίῳ. καὶ οἱ κατ᾿ ἄνδρα ἀλλήλους ἀγαπᾶτε ἐν ἀμερίστῳ καρδίᾳ.
Adieu en Jésus-Christ : soyez soumis à l’évêque comme à la loi (de Dieu) ; soyez soumis également au presbytérium. Aimez-vous tous les uns les autres, dans l’indissoluble union de vos cœurs.
13.3 ἁγνίζεται ὑμῶν τὸ ἐμὸν πνεῦμα οὐ μόνον νῦν, ἀλλὰ καὶ ὅταν θεοῦ ἐπιτύχω. ἔτι γὰρ ὑπὸ κίνδυνόν εἰμι · ἀλλὰ πιστὸς ὁ πατὴρ ἐν Ἰησοῦ Χριστῷ πληρῶσαί μου τὴν αἴτησιν καὶ ὑμῶν, ἐν ᾧ εὑρεθείητε ἄμωμοι.
Dès maintenant, j’offre ma vie en sacrifice pour vous ; je l’offrirai aussi le jour où j’arriverai enfin à Dieu. Car je suis encore exposé au danger ; mais j’ai confiance que le Père exaucera ma prière et la vôtre, par égard pour Jésus-Christ, en qui puissiez-vous être trouvés sans tache !
13.1 ἀγάπη, ici semble à peu près synonyme d’ἐκκλησία l’église, la communauté ; nous l’avons traduit par les frères ; et, pour conserver l’idée de charité, d’affection, que ἀγάπη implique en toute hypothèse, nous avons mis : affectueux (salut).