La Palestine au temps de Jésus-Christ

LIVRE PREMIER — LA VIE SOCIALE

CHAPITRE VI — LA POPULATION


Le Peuple Juif. — Le Contraste des Judéens et des Galiléens. — Leurs caractères. — Leurs relations. — Les Samaritains. — Leur Origine. — La haine réciproque des Juifs et des Samaritains. — L'influence étrangère en Palestine. — La haine des Juifs pour les Païens. — Le mépris des Païens pour les Juifs. — Le Prosélytisme et les Prosélytes. — Les langues parlées en Palestine. — Le Latin. — L'Hébreu et l'Araméen. — Le Syriaque, le Chaldéen. — Le Grec.

Quelle population habitait la Palestine au premier siècle ? Il est impossible de répondre à cette question sans remonter jusqu'au temps de l'exil et sans connaître les migrations des peuples qui se firent à cette époque. La nation fut presque tout entière emmenée en captivité, et, pendant l'exil, la Palestine ne fut, pour ainsi dire, habitée que par des païens. Ceux des Israélites qui revinrent plus tard, appartenaient exclusivement à la caste des prêtres et des lévites et aux tribus de Judas et de Benjamin[1]. Ils trouvèrent dans le pays quelques restes épars des dix tribus qui avaient échappé à l'exil et qui se joignirent immédiatement à eux, « voulant s'éloigner de l'impureté des païens. »[2] Quant aux dix tribus elles-mêmes, elles restèrent à Babylone, Josèphe l'affirme en propres termes[3], et au temps d'Aquiba, on se demandait s'il ne fallait pas attendre toujours le retour des dix tribus[4].

Les habitants de la Palestine furent donc à partir d'Esdras les descendants des seules tribus de Judas et de Benjamin, aussi reçurent-ils le nom de Juifs à la place de celui d'Hébreux qui servait autrefois à les désigner, mais ces Juifs étaient inégalement répartis sur le territoire de la Terre Sainte. Le plus grand nombre d'entre eux se rencontrait à Jérusalem même et en Judée. C'est là que leurs pères avaient vécu, c'est là qu'Esdras et Néhémie avaient accompli la grande œuvre de la restauration nationale, c'est la que l'insurrection macchabéenne avait laissé les traces les plus profondes, c'est là que les Scribes et les Docteurs de la Loi avaient leurs écoles, c'est là, enfin, qu'était le Temple, le centre de l'activité religieuse, la forteresse imprenable du Judaïsme. Plus on s'éloignait de Jérusalem plus ou rencontrait de païens. Dans la ville même et dans toute la Judée, il n'y en avait pour ainsi dire pas. En Galilée, au contraire, on en trouvait beaucoup. La population galiléenne était fort mélangée ; le vieux sang hébreu ne s'y était pas conservé pur et les Galiléens différaient beaucoup des Judéens. Le contraste des deux peuples était aussi frappant que celui des deux pays. Ici, une nature tour à tour riante et grandiose et une population à la foi simple et profonde, aux idées neuves et hardies ; là, un sol aride et désolé et un peuple attaché à ses traditions, ne voulant connaître que la lettre de la Loi. En Galilée les esprits s'ouvraient volontiers aux croyances nouvelles ; en Judée toute innovation venait se heurter à l'absurde orgueil du « Sofer » qui savait sa « Thora » par cœur. Le paysan galiléen, moins instruit que l'habitant des villes, pouvait cependant faire preuve de beaucoup plus d'indépendance dans les idées et d'un véritable esprit de liberté. Chez les bourgeois de Jérusalem, on ne trouvait au contraire que routine et préjugés. La Galilée a été le berceau du christianisme : c'est à Nazareth que Jésus a grandi. La Judée ne pouvait donner naissance qu'à un pharisaïsme étroit et à un saducéisme sans avenir.

La foi antique s'y pétrifiait. Elle est entrée au premier siècle et à Jérusalem dans le moule que lui avaient fabriqué les Scribes et dont elle n'est pas sortie depuis. Nous l'y voyons encore enfermée aujourd'hui. Les Galiléens étaient laborieux[5] et n'étaient point rêveurs. Leur idéal messianique devait être peu élevé. Sans doute l'élément juif dominait en Galilée. Ses habitants faisaient partie du peuple élu, mais il n'était pas rare de rencontrer des Galiléens d'origine phénicienne, syriaque, arabe et même d'origine grecque. Tout ce que nous savons des Galiléens par les Talmuds est de nature à nous les faire aimer. Ils disent bien qu'ils étaient querelleurs[6] ; mais, dans plusieurs passages, ils nous les montrent, au contraire, charitables et bienveillants : « Dans un endroit de la Galilée supérieure, on avait soin de faire servir tous les jours à un pauvre vieillard une portion de volaille, parce qu'il avait l'habitude de prendre cette nourriture aux jours de sa prospérité »[7]. Les Galiléens étaient plus soucieux de l'honneur que de l'argent[8]. Ils étaient superstitieux ; les Syriens leur avaient appris à craindre les démons ; du reste, leurs mœurs étaient très pures et ils payaient fort exactement l'impôt. Aussi Antipas était-il fort riche. Sa tétrarchie lui rapportait deux cents talents[9].

Le caractère doux et conciliant des Galiléens, la largeur de leurs idées, leurs fréquents contacts avec les païens, les faisaient mal voir en Judée. Le Galiléen qui montait au Temple pour les fêtes était regardé de haut en bas par les fervents et orgueilleux jérusalémites. Sa dévotion ardente était tournée en ridicule par les prêtres. On se moquait de sa prononciation vicieuse[10], et puis il passait pour ignorant ; il ne savait pas la Loi ; il n'était pas d'une orthodoxie correcte et on l'appelait volontiers « sot Galiléen »[11]. Il était convenu qu'aucun homme sérieux ne pouvait sortir de la Galilée et en particulier de Nazareth[12]. Rien ne justifiait un tel mépris, car le patriotisme du Galiléen était aussi ardent que celui du Judéen. En l'an 66, la jeunesse de Galilée fût la première à se lever et à montrer sa haine de l'étranger[13]. Josèphe dit des Galiléens ; ils sont belliqueux. Si les Judéens et eux s'aimaient peu, cependant ils n'éprouvaient les uns contre les autres rien qui ressemblât à de la haine. Ils étaient trop voisins pour que leur jalousie mutuelle ne s'éveillât pas, mais leur rivalité portait toujours sur des points de détail, et, dans les grandes questions religieuses et patriotiques, ils savaient être profondément unis. On pourrait comparer ces deux petits peuples aux Genevois et aux Vaudois, qui ne perdent jamais une occasion de se critiquer, de se jalouser, de se tourner réciproquement en ridicule et qui, cependant, sont absolument unis dans toute question où les intérêts généraux de la Suisse se trouvent engagés.

Entre la Judée et la Galilée se trouvait la Samarie. Elle était habitée par une population qui était, de la part de tous les autres Palestiniens, l'objet d'une haine aveugle, implacable, mortelle. On ne peut l'expliquer qu'en rappelant l'origine des Samaritains.

Après la ruine du royaume d'Israël, le roi Salmanasar avait cherché à repeupler le pays et il y avait envoyé des colons venus des provinces de Babel, de Cuthra, d'Ava, de Hamath et de ceux de Cuthra furent les plus nombreux et, Sapharvaïm[14] ; plus tard, les Juifs, refusant de reconnaître les Samaritains pour leurs frères, les appelaient Cuthéens[15]. Ils avaient un peu raison, car les habitants de la Samarie avaient beau se faire passer pour Israélites, ils étaient, en très grande majorité, d'origine étrangère. Cependant, païens de naissance, ils ne l'étaient plus de religion. Ils avaient adopté les croyances des Israélites restés dans le pays, et avaient fait du Pentateuque leur code sacré. Mais ils en étaient restés là ; ils n'avaient voulu accepter ni l'autorité des livres des prophètes, ni les traditions chères aux Pharisiens ; à Jérusalem on les considérait comme de dangereux hérétiques. Adorant le même Dieu que le reste des Juifs, lisant avec une égale vénération les mêmes Ecritures, voyant comme eux en Moïse leur législateur suprême et l'envoyé de Jéhovah, ils étaient cependant plus détestés que les païens. L'hérétique est toujours plus redouté que l'infidèle ; et, en religion, une nuance crée d'ordinaire une scission plus grave qu'une opposition tranchée.

La haine, profonde dès le premier jour, alla toujours en augmentant, envenimée par les moindres événements auxquels le préjugé et la légende donnaient des proportions formidables. Elle éclata pour la première fois quand les exilés revinrent, conduits par Zorobabel et Josué[16]. Elle augmenta encore quand Esdras et Néhémie arrivèrent en Palestine[17]. Rien ne devait plus l'arrêter. La tradition finit par enseigner qu'Esdras, Zorobabel et Josué avaient solennellement anathématisé et excommunié les Samaritains au nom de Jéhovah[18]. Sous Alexandre le Grand, il se passa un fait très grave qui rompit définitivement les relations des deux peuples[19]. Manassé, frère du grand prêtre Jaddua, avait épousé la fille du gouverneur de Samarie ; jaloux de son frère, avide de pouvoir, il obtint d'Alexandre la permission de bâtir sur le mont Garizim un temple rival de celui de Jérusalem[20]. Il en fut le grand prêtre, y attira des sacrificateurs et des lévites, les laissa épouser des femmes étrangères et le scandale de ces unions illicites et de ce culte nouveau mit le comble à l'indignation des Judéens[21].

Ce mélange de judaïsme et de paganisme leur apparut comme une abomination. Les vieilles traditions de haine du royaume de Juda contre le royaume d'Israël se réveillèrent aussi vives qu'autrefois[22]. Au premier siècle, les rapports des Juifs et des Samaritains étaient pires que jamais[23]. Les Galiléens qui se hasardaient à traverser leur province pour se rendre à Jérusalem couraient de vrais dangers[24]. Mais il ne leur était pas défendu de tenter l'aventure. « La terre samaritaine est pure, l'eau y est pure, les habitations pures et les chemins purs » dit un des Talmuds[25]. On comprend cette parole : la Samarie faisait partie de la « Terre Sainte », on ne courait donc aucun risque de contracter une souillure en la traversant. Seulement il fallait se résigner d'avance à y être insulté par les habitants et on ne pouvait se permettre aucune relation avec eux. Les Juifs évitaient même de demander à manger aux Samaritains : « un morceau de pain d'un Samaritain, disait-on, est de la chair de porc[26]. » Il est vrai que Jésus traversant un jour leur pays, les disciples vont acheter des vivres à Sichem[27]. Mais Jésus ne traitait pas les Samaritains comme le faisaient ses compatriotes. Ceux-ci, du reste, furent quelquefois plus larges : Rabbi Jacob bar Acha disait : « La nourriture des Cuthéens est permise pourvu qu'il n'y soit mêlé ni vin ni vinaigre »[28], et ailleurs nous lisons encore ce passage : « les azymes des Cuthéens sont permis et avec eux on peut remplir ses devoirs à la Pâque[29]. »

Cependant une telle tolérance ne devait guère être de mise au premier siècle. Le Pharisien de ce temps-là évitait de prononcer même le mot de Samaritain, c'était un vilain terme, une expression grossière. Il ne se la permettait que lorsqu'il voulait faire à son adversaire une mortelle injure ; appeler un homme : Samaritain ! était la dernière des insultes. Le Juif ne la disait qu'après avoir épuisé son vocabulaire de gros mots. Dans la parabole du Bon Samaritain, lorsque Jésus dit au Scribe : « Lequel des trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé entre les mains des voleurs ? » Le Scribe évite de répondre : c'est le Samaritain ; il emploie une périphrase : « c'est celui qui a exercé la miséricorde envers lui ». Il faut dire qu'un fait récent avait encore monté les esprits contre les Samaritains. Sous le procurateur Coponius, un des prédécesseurs de Pilate, quelques-uns d'entre eux se glissèrent dans le Temple au milieu de la nuit pendant les fêtes de Pâque ; ils y répandirent des ossements et souillèrent le Lieu Saint. Le lendemain les prêtres ne purent y entrer pour officier[30]. Du reste, la haine religieuse avait éteint dans leur cœur l'amour de la patrie. Ils furent favorables aux Séleucides et plus tard aux Romains. Le grand soulèvement de l'an 66 les laissa complètement indifférents. Ils y gagnèrent de ne pas être dispersés ou détruits comme les Juifs et, après l'effroyable catastrophe de l'an 70, ils continuèrent d'habiter la Samarie, et, fait étrange, ils y ont vécu jusqu'à nos jours.

Ce petit peuple existe encore ; il a survécu plus de dix-huit cents ans aux terribles bouleversements dont la Palestine a été le constant théâtre. Les Samaritains montrent au voyageur qui les visite un vieux manuscrit du Pentateuque qu'ils conservent avec soin, et ils n'ont nullement perdu leurs coutumes religieuses, car ils possèdent sur le mont Garizim un petit édifice, un temple, où ils célèbrent la Pâque, en immolant l'agneau pascal, ainsi que la Pentecôte, les Tabernacles et la fête des Expiations. Tout cela sera bientôt fini ; ils étaient encore 150 il y a trente ans ; il y en a une centaine aujourd'hui. Leur nombre décline rapidement. Le XXe siècle verra sans doute mourir le dernier des Samaritains.

Nous venons de caractériser les habitants des trois plus importantes provinces de la Palestine, la Judée, la Galilée et la Samarie. Nous avons constaté chez les Galiléens et surtout chez les Samaritains une très forte proportion de païens. Essayons, de préciser cette influence de l'élément étranger et, en particulier, de l'élément grec dans la population.

La langue grecque, nous le montrerons plus loin, était parlée dans certains milieux. On l'avait subie, tout en la détestant ; il l'avait bien fallu. Or, en acceptant la langue d'un peuple, on accepte plus ou moins ses idées. La connaissance d'une langue entraîne presque forcément celle des notions philosophiques et religieuses du peuple qui la parle. Le fait s'était produit d'autant plus facilement pour la Palestine, qu'elle était entourée d'un véritable cercle de villes grecques. La Décapole, en particulier, était grecque. Les bons Juifs gémissaient d'un si déplorable état de choses. Les Macchabées ne s'étaient révoltés que pour détruire l'influence hellénique et les Pharisiens, au premier siècle, continuaient la lutte avec courage, mais la force des événements l'emportait. Aristobule I avait été l'ami des Grecs ; Hérode le Grand le fut davantage encore. Il profita de ce que la Samarie était fort peu attachée au Judaïsme pour changer le nom de sa capitale en celui de Sébaste, pour y faire frapper des monnaies grecques et y faire bâtir un temple à Auguste[31]. Les dieux païens étaient donc adorés en Samarie. Ils l'étaient aussi à Tibériade, capitale de la Galilée ; nous savons quels cultes étaient célébrés à Gaza, à Askalon, à Césarée ; on y adorait à la fois des divinités locales et les grands dieux de la Grèce[32]. Entre ces villes, qui faisaient partie de la Palestine, et celles qui étaient au delà des frontières, il n'y avait, au point de vue religieux, qu'une différence : la présence dans celles-là du parti pharisien toujours remuant et dominateur, parvenant parfois à obtenir la majorité et à faire la loi. Sauf ce détail, le paganisme était aussi florissant dans certaines parties de la Palestine qu'il pouvait l'être dans le reste de la Syrie et dans toute l'Asie Mineure. On comprend alors l'inquiétude du parti pharisien, la crainte qu'il éprouvait de voir le paganisme s'étendre et on se rend mieux compte de la persistance et de l'acharnement de la haine qu'il nourrissait contre les païens.

Cette haine était profonde de part et d'autre. Le Pharisien était le type du Juif hostile, raide, intransigeant. Il voulait faire de son peuple une nation séparée, distincte de toutes les autres. Il la sentait perdue si elle pactisait avec le paganisme. En effet, elle était trop petite pour ne pas être purement et simplement anéantie dans l'immense empire. Le seul moyen de la préserver était de lui conserver son existence à part. Il avait fallu accepter le gouvernement romain, se soumettre aux mille exigences du vainqueur, mais celui-ci n'avait pas touché au culte et l'espoir du Pharisien était là. Il cherchait à fonder la perpétuité du culte de la synagogue, et, par là, à assurer la perpétuité de sa religion et même de sa nationalité. Il faut avouer qu'il y a admirablement réussi, puisque le Judaïsme subsiste encore et qu'on lui fait même l'honneur, dans certains pays, de le considérer comme dangereux.

Les Pharisiens témoignaient de deux manières leur aversion du paganisme. Ils évitaient avec soin d'adopter les mœurs païennes, surtout les usages religieux des « Gentils » et ils se gardaient de tout contact avec les païens eux-mêmes. Jamais ils ne se servaient d'objets leur ayant appartenu. Ils auraient contracté ce qu'ils appelaient une « souillure ». On comprend le scandale affreux donné par saint Paul aux judaeo-chrétiens quand ils apprirent qu'il avait des rapports avec les païens et les amenait à l'Évangile[33].

La Ville Sainte, en particulier, devait rester pure de toute image, statue, représentation quelconque de l'empereur ou d'un dieu. Hérode le Grand ayant voulu placer des trophées dans le théâtre qu'il avait fait construire, les Pharisiens s'y étaient opposés[34]. Lorsqu'il fit mettre un aigle sur la porte du Temple, il provoqua une émeute[35] et Pilate ne fût pas plus heureux lorsqu'il fit entrer les enseignes romaines dans la ville[36]. Pendant la guerre on n'eut rien de plus pressé que de détruire le palais d'Antipas, à Tibériade, parce qu'il renfermait des statues[37]. Les Talmuds défendent de se servir du bois provenant d'une forêt païenne, du feu allumé avec ce bois, du pain cuit avec ce feu.., etc., etc.[38]. « Il n'est pas permis à un Juif d'avoir le moindre rapport avec un étranger ou d'aller chez lui[39] ». Cette règle, ainsi formulée par les « Actes des Apôtres, » ne souffrait aucune exception. Les païens étaient tous « impurs[40] ». Cet éloignement prit peu à peu les proportions d'une formidable haine, et nous trouvons dans Maïmonide des paroles véritablement atroces sur les Gentils : « L'Israélite qui tue un étranger, dit-il, n'est pas mis à mort par le Sanhédrin, parce que le Gentil n'est pas le prochain » et, « si l'un d'eux tombe dans la mer, que le Juif ne l'en retire pas, car il est écrit : « Tu ne te lèveras pas dans le sang de ton prochain, » mais celui-là n'est pas mon prochain[41]. »

Ces paroles jettent une sinistre lumière sur le sens véritable de ce mot de Jésus : « Qu'il soit pour toi comme un païen[42]. » Les Scribes enseignaient que la poussière de la terre païenne était une souillure[43] ; de là cette expression : « Secouez la poussière de vos pieds[44]. » Cependant l'esprit mercantile de la nation juive ne trouvait pas toujours son compte à cette séparation absolue et cette haine de tous les instants. Aussi quelques rabbins en avaient-ils adouci l'expression au profit du commerce. « Il est permis, disaient-ils, d'acheter de la viande, du lait, de l'huile, du pain préparés par des païens, mais non d'en faire usage[45]. Si, après les avoir achetés, on ne pouvait en faire usage soi-même, il ne restait plus qu'à les revendre et évidemment cette restriction fut imaginée dans un but mercantile. Du reste, on ne pouvait s'asseoir à une table païenne ; la seule vue du monde païen était pour les Juifs un objet de dégoût. Les trois reproches les plus sanglants qu'ils faisaient aux païens était de manger de la viande de porc, de ne pas observer le sabbat, et de représenter la Divinité[46].

Si les Juifs détestaient ainsi les païens, il faut dire que les païens leur rendaient haine pour haine, mépris pour mépris. Quand ils étaient d'abord entrés en rapport avec eux, ceux-ci ne leur avaient inspiré que de la curiosité et une curiosité assez bienveillante. Ils avaient rendu hommage à la beauté du Temple. Ptolémée lui avait fait des dons[47], Auguste lui avait donné des vases à vin[48]. Sous son règne et sous celui de Tibère, les Juifs n'étaient nullement détestés. Les Hérodes, par exemple, étaient Juifs et cependant fort bien vus à Rome. Acmé, la confidente de l'impératrice Livie, était Juive. Horace avait un Juif parmi ses amis. Mais quand on les connut mieux on les trouva ridicules et enfin quand ils se soulevèrent, quand ils tinrent quatre ans en échec la formidable puissance militaire dont disposaient les empereurs, ils n'inspirèrent plus que de l'aversion. Déjà Cicéron avait écrit : « Ces nations de la Syrie et de la Judée sont nées pour la servitude[49] ». Sénèque se moque, des pratiques du sabbat[50] ; il dit quelque part : « Cette misérable et criminelle nation s'est insinuée dans le monde entier et y à répandu ses usages[51]. » Tacite les regarde comme « la lie de l'esclavage[52] » et déclare qu'ils se sont rendus célèbres par leur « haine du genre humain. » Un Dieu dont la nation était vaincue et qui résistait encore, cela semblait aux Romains le comble du ridicule. Il fallait être puissant pour être Dieu et puisque la cause de Jéhovah était perdue, il était blasphématoire et absurde de croire encore en Jéhovah. Constantin se fera chrétien, trois siècles plus tard, parce que les dieux païens ne sont plus de force à lutter contre le Dieu des chrétiens. Celui-ci a prouvé sa puissance par ses victoires et ceux-là leur faiblesse par leurs défaites.

Il faut bien se rendre compte de l'abîme qui séparait le Juif dit Romain, pour comprendre et admirer le miracle accompli par les premières prédications chrétiennes. Dans toutes les Églises nouvelles, des tables saintes sont dressées et à ces tables le Juif est à côté du Grec et du Romain, l'esclave à côté de l'homme libre, le pauvre à côté du riche, tous sur le même rang, sans distinction, sans privilèges, mangeant du même pain, buvant à la même coupe. Telles ont été l'égalité et la fraternité chrétiennes, paraissant tout à coup dans ce monde plein de divisions, de colères et de haines qui s'appelait le monde romain du premier siècle.

Il est remarquable que chez certains Pharisiens l'esprit de prosélytisme l'emportait souvent sur l'obligation de ne pas frayer avec les païens. Ceux de l'école de Hillel considéraient le prosélytisme comme un devoir. Les païens étaient perdus à jamais s'ils n'apprenaient pas à connaître le vrai Dieu et ils devaient consacrer leur temps et leur vie à arracher le plus d'âmes possible à la perdition. Ils allaient parfois jusqu'à imposer la conversion quand ils étaient les plus forts[53]. « Ils parcourent la terre et les mers », dit Jésus-Christ, « pour faire un prosélyte[54]. » Aussi obtenaient-ils passablement de conversions, surtout parmi les femmes. « A Damas », dit Josèphe[55], « presque toutes les femmes avaient embrassé le Judaïsme. »

L'obligation de se faire circoncire devait souvent empêcher les hommes de se convertir. Et puis, ce prosélytisme, si ardent qu'il fût, n'était jamais que l'œuvre individuelle de quelques exaltés. Schammaï et son école y restèrent très opposés[56], car ils exigeaient l'observation de toute la Loi et ne montraient pas la tolérance nécessaire pour obtenir des adhésions. Plus tard, les docteurs talmudistes virent de fort mauvais œil les prosélytes. Ils les appelaient : « la gale d'Israël. » C'est eux qui avaient « empêché la venue du Messie[57]. » Ajoutons que le prosélytisme était rarement désintéressé. On soutirait de l'argent aux nouveaux convertis, sous prétexte d'impôts religieux ou pour tout autre motif. Cette propagande était faite surtout par les Juifs disséminés. Ils se considéraient comme des missionnaires de l'idée juive, comme plus tard les apôtres seront missionnaires de l'idée chrétienne. On comprend, du reste, que bien des esprits inclinassent vers le Judaïsme. Cette religion prêchait l'unité de Dieu et la pureté de la vie ; elle proposait comme un idéal à poursuivre les plus hautes vertus sociales et morales. Les dames, les matrones, restées à l'abri de la corruption universelle, les jeunes filles, qui voulaient demeurer pures, se sentaient attirées par ce culte étrange qui ne prêchait ni la volupté ni la souillure. Il est certain qu'à un moment de l'histoire, les Juifs exercèrent une grande action religieuse dans le monde : « Nos lois », dit Philon, « attirent à elles tout le monde, les barbares, les étrangers, les Grecs, ceux qui habitent les continents et, ceux qui habitent les îles, en Orient, en Occident, en Europe[58]. » Il va sans dire qu'il y avait plusieurs degrés de prosélytes. Nous en connaissons deux :

  1. les prosélytes « de la Porte », appelés aussi « les craignant Dieu », n'étaient assujettis qu'aux préceptes dits de Noé et non à ceux de Moïse[59]. Ils avaient renoncé an culte des idoles sans être encore initiés à tout le Judaïsme. Les premiers païens convertis au christianisme furent aussi contraints d'observer ces préceptes[60].
  2. Les prosélytes « de la Justice » étaient plus avancés. On les considérait comme faisant définitivement partie du peuple d'Israël. Mais tous les prosélytes, quel que fût leur degré d'affiliation, restaient toujours très inférieurs aux Juifs de naissance.

Il nous reste à parler des idiomes en usage en Palestine au premier siècle. Les Palestiniens, avons-nous dit, avaient forcément subi l'influence de l'hellénisme et plus ou moins adopté la langue grecque. On parlait aussi le latin dans la Terre Sainte. Cherchons à comprendre dans quelle mesure étaient répandues ces deux langues étrangères : le latin et le grec.

Lorsque Pilate fit crucifier Jésus, il fit placer au-dessus de sa tête l'inscription suivante : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs, » et il ordonna de la répéter trois fois : en hébreu, en grec et en latin[61]. Nous en concluons que ces trois langues étaient comprises alors et parlées en Palestine, et que ceux qui parlaient l'une des trois ne comprenaient pas toujours les deux autres. Le latin était la langue des Romains en garnison ou en séjour, celle des publicains, des soldats, des receveurs d'impôts. Elle était méprisée. Les Juifs ne la parlaient jamais et l'intelligence du latin, même au temps de la guerre juive, n'était rien moins que générale en Palestine[62]. Le centurion et les quatre soldats chargés de l'exécution de Jésus furent seuls sans doute à comprendre la partie latine de l'inscription placée au-dessus de sa tête. Le latin était, avec le grec, dont nous parlerons tout à l'heure, la langue officielle, et les décrets romains destinés aux villes phéniciennes étaient toujours rédigés en grec et en latin[63].

Quant à l'hébreu, le peuple ne le parlait plus ; la partie de l'inscription de Pilate dont il est dit qu'elle était en hébreu était certainement rédigée en chaldéen ou araméen, car l'ancienne langue hébraïque n'était plus connue que des Scribes et des Docteurs de la Loi. Elle s'appelait la langue sainte (leschôn haKodesch) ou la langue des savants (leschôn chakamim). On lisait la Loi en hébreu dans les synagogues, puis on la traduisait immédiatement de vive voix[64]. Dans les écoles, les Rabbins enseignaient en hébreu[65] et, sous le portique, dans la première cour du Temple, ils discutaient encore dans cette langue. Il est probable que Jésus s'en servait dans ses conversations avec les Pharisiens, car ce n'est qu'au quatrième siècle que le chaldéen fut exclusivement employé dans les discussions religieuses. La Mischina a été écrite en hébreu ; les deux Guemaras sont en chaldéen. Nous ne doutons pas que Jésus ne connût parfaitement le vieil hébreu ; il étudiait certainement la sainte Écriture dans l'original, mais sa langue maternelle, celle qui lui était familière et dont il se servait tous les jours depuis son enfance, était le chaldéen. On l'appelle aussi langue aramaïque ou syriaque[66]. Elle existait au temps de Jacob et, à cette époque reculée, était déjà distincte de l'hébreu[67]. On la parlait dans tout le nord de la Syrie et en Mésopotamie. Son nom vient d'Aram, cinquième fils de Sem ; les anciens Syriens descendaient de lui et se servaient de son nom pour désigner leur pays.

L'araméen a donc été connu de toute antiquité dans la partie de la Syrie qui est au nord de la Palestine. Lorsque les Hébreux furent emmenés en captivité, ce dialecte araméen, venant du Nord, fit invasion dans le pays dévasté. Les exilés, à leur retour, le trouvèrent partout répandu et l'adoptèrent peu à peu[68]. Ils parlèrent cet idiome en y introduisant, bien entendu, plusieurs expressions hébraïques. Le livre d'Esdras et le livre de Daniel sont en grande partie écrits dans cette langue[69]. La Mischna cite une sentence en langue aramaïque de l'époque des Macchabées[70] et le Nouveau Testament prouve, sans réplique, que l'araméen ou chaldéen était universellement parlé au premier siècle. Voici les mots de cette langue que nous trouvons dans les Évangiles et dont plusieurs ont été prononcés par le Christ : Abba[71], Akel-dama[72], Gabbattha[73], Golgotha[74], Mamonas[75], Messias ou plutôt Meschiah[76], Pascha[77], Eli, Eli, lamma sabachtani[78], Raka[79], Satanas[80], Talitha[81] ; il en est de même des noms propres ; Képhas, Martha, Tabitha. La différence de l'hébreu et du chaldéen était assez grande pour que le peuple ne comprit plus la Loi si on ne la lui traduisait[82]. Jésus, ayant été élevé à Nazareth, devait parler le chaldéen avec l'accent de Galilée. Un habitant de Jérusalem le reconnaissait : « Ton langage te fait connaître[83] », disait-on à Pierre, qui était né sur les bords du lac de Tibériade. Les Galiléens passaient pour ne pas parler avec soin : « Les hommes de Judée sont soigneux dans leur langue, les hommes de Galilée ne sont pas soigneux dans leur langue[84]. » On citait certains mots que ceux-ci prononçaient particulièrement mal, par exemple le mot amar, dont ils articulaient si imparfaitement la première lettre (aleph) qu'on ne savait s'ils voulaient dire : âne, vin, laine ou agneau[95]. Ils confondaient le beth et le kaph, et ne distinguaient pas les gutturales, le cheth, le hé, le haïn.

Jésus savait-il le grec ? Il n'est pas probable qu'il pût le parler. On a cru pouvoir conclure de certains passages des Évangiles qu'il le comprenait[86]. Ces citations ne nous paraissent pas entièrement probantes. La femme syro-phénicienne ne s'est pas nécessairement exprimée en grec, et les Grecs dont parle saint Jean sont « les Juifs dispersés chez les Grecs », comme dit le texte. Quant à ceux du chapitre XIIe, ils étaient venus « adorer à la fête » et parlaient sans doute le chaldéen. Il n'est pas probable non plus que l'entretien de Jésus avec Pilate ait eu lieu en grec. Si le procurateur ne comprenait pas le chaldéen, il avait certainement un interprète. Les Romains ne pouvaient administrer la Judée sans drogmans[86b]. Il ne faut pas oublier que la langue grecque était plus que dédaignée en Palestine au premier siècle; elle était exécrée[87]. On a souvent cité cette parole d'un des Talmuds : « Celui qui apprend le grec à son fils est maudit à l'égal de Celui qui élève des porcs », et quand la Mischna nous apprend que Gamaliel savait le grec, la Guemara s'empresse de l'en excuser : « il avait, dit-elle, des relations obligées avec la famille des Hérodes. » Cette haine faisait partie du patriotisme. Saint Paul, pour être bien compris, dans un discours publie à Jérusalem, parle chaldéen[88]. Josèphe, envoyé en parlementaire pendant le siège, parlait aussi ce dialecte[89]. Il était obligé de traduire les moindres paroles de Titus, et tout ce que pouvaient faire les hommes les plus cultivés, c'était de lire sans trop de difficultés les inscriptions grecques gravées sur les pièces de monnaie[90] ; nous savons, en effet, que l'exergue des monnaies frappées par Antipas était en grec, sans traduction chaldéenne. D'autre part, il est évident pour nous que les Juifs apprenaient, sans le vouloir, un certain nombre de mots grecs, et il est possible que cette langue fut plus répandue qu'on ne se le figure généralement. Paul aurait pu, dans le discours que nous venons de rappeler, s'exprimer en grec. Il semble même, d'après le texte, qu'on s'attendait à ce qu'il le fit, et que, dans ce cas, une notable portion de l'auditoire l'eût encore compris. On trouve des mots grecs dans la Mischna, par exemple Asthénès[91], lestai[92], pinax[93], transcrits en lettres hébraïques. On avait subi cette langue et les violences d'Antiochus Épiphane avaient en partie réussi. De plus, on parlait grec dans certaines synagogues étrangères, celles des Cyrénéens, des Alexandrins, des Cilicéens, etc.[94] Hérode le Grand avait eu dans ses troupes des Thraces, des Germains, des Gaulois[95]. Ces hommes-là devaient plus ou moins parler le grec et enfin, dans certaines villes habitées par des païens, Césarée, Scythopolis, etc., il fallait bien se décider à parler grec, sous peine de ne pas être compris. Un certain nombre de Juifs avaient donc fini par le savoir, mais, malgré eux, sans l'aimer, et même en affectant de le prononcer mal[96]. Entre eux et devant des Grecs, même ne sachant pas l'araméen, ils ne parlaient que leur propre langue[97]. Ils se donnaient ainsi des airs mystérieux, causaient de leurs affaires sans être compris et augmentaient par là le mépris qu'on leur montrait partout[98].


[1] Esdras, I, 5 ; IV, 1 ; X, 9. Néhémie, XI, 4, etc.

[2] Esdras, VI, 21.

[3] Ant., Jud., VI, 5, 2.

[4] Mischna, Sanh., X, 3.

[5] Jos., Ant. Jud., VIII, 5, 6. D. B. J., III, 3, 1.

[6] Babyl., Nédarin, 48, a.

[7] Tosiftah Peah, ch. 8.

[8] Jérus., Kethouboth, IV, 14.

[9] Un million cinquante six mille francs.

[10] Ev. de Matth., XXVI, 73 et parall. Actes II, 7. Talm. Babyl., Erubin, 53 a et suiv. Bereschith rabba, 26 c.

[11] Talm. Babyl., Erubin, 53 b.

[12] Jean VII, 52 ; I, 46, 47.

[13] Jos., D. B. J., III, 1, 2.

[14] II Rois, XVII, 24 et suiv.

[15] dans Jos., Ant. Jud., IV, 14, 3 ; VI, 4, 4 ; VIII, 9, 1.

[16] En 520 avant J.-C., Esdras, IV, 1-5 et 24.

[17] En 445 avant J.-C., Néhémie, IV, 1 à 17.

[18] Tanahim, fol. 17, 4.

[19] Il est possible que ce fait se soit passé plus anciennement encore.

[20] Jos., Ant. Jud., II, 7, 2.

[21] Jos., Ant. Jud., VII, 7. Josèphe les caractérise avec beaucoup d'esprit.

[22] L'auteur de l'Ecclésiastique, Jésus ben Sirach, attaque grossièrement les Samaritains, Ecclé., L, 26 et 27.

[23] Les Samaritains instituèrent un Sanhédrin semblable à celui des Juifs dit Jos., Ant. Jud., XVIII, 4, 2.

[24] Jos., Ant. Jud., XX, 6, 1. D. B. J., II, 52, 3. Luc IX, 52-53.

[25] Jérus., Avodah Zarah, fol. 44, 4.

[26] Mischna, Schebiith, 8, 10.

[27] Ev. de Jean, IV, 7.

[28] Jérus., Avodah Zarah, fol. 44, 4.

[29] Babyl. Kiduschin, fol. 76, 1.

[30] Plus tard, sous le procurateur Cumanus (48-52), des pèlerins Galiléens qui traversaient la Samarie furent assassinés par les habitants (JOB., Ant. Jud., VIII, 9, 1).

[31] Jos., Ant. Jud., XV, 8, 5. D. B. J., 1, 21,2.

[32] Mionnet, Description des Médailles antiques, V, 535-539, 579-585 et supplément, VIII, 371-375. Voir aussi Lebas et Waddington, Inscriptions. Ce n'est que par les médailles qu'on connaît la plupart des divinités locales. Nous avons aussi des monnaies de Tibériade avec des divinités grecques.

[33] Il est vrai que les Pharisiens faisaient aussi des prosélytes. Nous en parlerons plus loin.

[34] Jos., Ant. Jud., XV, 8, 1-2.

[35] Jos., Ant. Jud., XVII, 6, 2. D. B. J., I, 33, 2.

[36] Jos., Ant. Jud., XVIII, 3, 1. D. B. J., II, 9, 2-3.

[37] Jos., Vita, § 12.

[38] Aboda Sara, I, 7 ; II, 3 ; III, 9.

[39] Actes, X, 28.

[40] Ev. de Jean, XVIII, 28. « Ils n'entraient point dans le prétoire afin de pouvoir manger la Pâque. »

[41] Voir aussi Jérus., Demaï, fol. 23, 1.

[42] Ev. de Matth., XVIII, 17.

[43] Sanhédr., fol. 12. 1.

[44] Ev. de Matth., X, 14 ; de Luc. IX, 5.

[45] Aboda Sara, II, 6. Jos., D. B. J., II, 21, 2. Vita, § 13.

[46] Plutarque, Sympos, IV, 5. Juvénal, Sat., VI, 160. Jos., Cont. Appion, 2, 6. Tacite, Rist.. V. 5 (Voir aussi V, 8). Pline, H. N., 13, 4 et 46.

[47] Jos., Ant. Jud., XII, 2 ; XIII, 3, 4. C. App., II, 5. D. B. J., VII, 3, 3. Luc, XXI, 5.

[48] Jos., D. B. J., IV, 3, 10.

[49] Cicéron, De Prov. cons., 5, 10.

[50] Epist., 95, 47.

[51] Fragm., 42.

[52] Hist., V, 8.

[53] C'est du moins ce qui semble ressortir de ce passage d'Horace « Ac veluti te judaei cogemus in hanc concedere turbam. »

[54] Ev. de Matth., XXIII, 15.

[55] D. B. J., II, 20, 2.

[56] Schabbath, 31 a.

[57] Talm. Babyl., Niddah, fol. 13, 2.

[58] Vita Mosis, livre 2.

[59] Mischna, Babametsia, IX, 12. Talm. Babyl., Sanh., 56 b. Actes, VIII, 27 ; X, 2, 22, 35 ; XIII, 16, 26. Jos., Ant. Jud., XIV, 7, 2. Ep. aux Galates, II, 3.

[60] Actes, XV, 20, 29. « S'abstenir des souillures des idoles, des animaux étouffés, de l'impudicité et du sang ». (Voir Genèse, IX, 4-8.)

[61] Ev. de Luc, XXIII. 38. Ev. de Jean. XIX, 20.

[62] Jos., D. B. J., V, 9, 2 ; VI, 2, 1 ; VI, 6, 2.

[63] Jos., Ant. Jud., XIV, 10, 2 ; XIV, 12, 5.

[64] Voir Livre II, chapitre VI, La Synagogue.

[65] Sotah, VII, 1.

[66] Le chaldéen et le syriaque sont, exactement parlant, deux dialectes de l'araméen. Le syriaque nous est connu par la Peschito, traduction du Nouveau Testament faite à la fin du second siècle. Le chaldéen est le nom de la langue parlée par les Juifs à leur retour de la captivité de Babylone. (Voir Max-Müller, La science du langage, trad. Harris et Perrot, p. 352 et suiv.)

[67] Genèse, XXXI, 47.

[68] Il est possible que les Juifs eussent adopté cette langue déjà pendant la captivité. (Voir Renan, Histoire générale et système comparé des langues sémitiques, 2e édit., Paris, 1858, p. 214 et suiv.)

[69] Esdras, IV, 8 à (VI.1) VI, 18 et VII, 12-28. Daniel, II, 4 à (VI.1) VII, 28.

[70] Edujoth, VIII, 4.

[71] Ev. de Marc, XIV, 36.

[72] Actes des Ap., I, 19.

[73] Ev. de Jean, XIX, 13.

[74] Ev. de Matth., XXVII, 33.

[75] Ev. de Matth., VI, 24.

[76] Ev. de Jean, I, 42.

[77] Ev. de Matth., XXVI, 17.

[78] Ev. de Matth., XXVII, 46 et parall.

[79] Ev. de Matth., V, 22.

[80] Ev. de Matth., XVI, 23.

[81] Ev. de Marc, V, 41.

[82] Megillah, IV, 4, 6, 10.

[83] Ev. de Matth., XXVI, 73.

[84] Babyl. Erubhin, fol. 53.

[85] Babyl. Berakoth, fol. 32, I. Trad. Schwab, p. 362.

[86] Ev. de Marc, VII, 24. Ev. de Jean, VII ; 35, XII, 20.

[86b] Le peuple, qui accusait Jésus devant Pilate, ne savait ni le grec, ni le latin, et les mots crucifie ! crucifie ! étaient certainement dits en araméen. Or, Pilate les comprenait. Par conséquent, s'il ne savait par l'araméen, il avait un interprète.

[87] Mischna, Sota, IX, 14. Jos., Ant. Jud., II, 2.

[88] Actes des Ap., XXI, 40 ; XXII, 2.

[89] D. B. J., III, 5, 9, 2 ; VI, 2, 1 ; VI, 2, 4; 2, 5.

[90] Ev. de Matth., XXII, 20. Ev. de Marc, XII, 6. Ev. de Luc, XX, 24.

[91] Berakhoth, II, 6.

[92] Berakhoth, II, 6 et Schabbath, Il, 5.

[93] Schabbath, XII, 4.

[94] Actes des Ap., VI, 9 ; IX, 29.

[95] Jos., Ant. Jud., XVII, 8, 3.

[96] Jos., Ant. Jud., XX, 11, 2.

[97] Jos., Ant. Jud., XVIII, 6, 10. Cependant ce passage n'est pas entièrement probant. Il fait allusion à un fait spécial qu'il serait peut-être téméraire de généraliser.

[98] Nous ne parlons ici que des Juifs habitant la Palestine. Ceux qui étaient dispersés dans l'empire, ceux d'Alexandrie, par exemple, parlaient le grec ou plutôt l'hellénistique, idiome mêlé d'hébraïsmes. La traduction des Septante et le Nouveau Testament sont écrits dans cet idiome.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant