TROISIÈME PARTIE |
Les cinq opérations instantanées
par lesquelles l’Esprit de Dieu transforme l’homme.
Nous avons considéré la première opération de l’Esprit de Dieu, son action préliminaire ou « prénatale », par laquelle il amène l’homme à la foi. Nous allons maintenant examiner les cinq opérations instantanées par lesquelles il intervient au moment où l’homme met sa confiance en Christ.
Au moment où Dieu répond au cri de ton cœur, son Esprit agit sur toi, en toi, de manière à effectuer une immense opération instantanée qui te transforme de fond en comble. Il en résulte que tu n’es plus dans le royaume des ténèbres, ni sous l’égide du grand ennemi, mais dans un monde tout nouveau, merveilleux, un monde de paix et de pure joie, plein de lumière et de beauté, un monde qui rayonne de la présence de celui qui t’aime : tu es dans le royaume de Dieu. Quel miracle ! Pourtant, c’est vrai ! Je connais personnellement des milliers de personnes, dans des dizaines de pays différents, de cultures extrêmement variées, qui toutes ont fait cette expérience bouleversante et qui pourraient affirmer que je n’exagère pas.
Voilà ce que j’appelle « le grand acte de Dieu ». Cette expérience est si vaste, si complexe, que personne ne sait précisément comment elle s’opère, pas plus qu’on ne sait encore comment le code génétique, dans les chromosomes, peut programmer finalement un Einstein — ce qui, d’ailleurs, ne change rien à la réalité de cette opération ! Les savants découvrent pourtant chaque année davantage sur le processus de la vie physique ; toi aussi, en vivant très près de Dieu et en sondant chaque jour son livre merveilleux, tu pourras pénétrer de plus en plus profondément dans les mystères de cette nouvelle création de Dieu en toi. Sa complexité et sa richesse te paraîtront infinies.
Cet acte comprend réellement, comme nous l’avons déjà indiqué, cinq opérations bien distinctes, que l’Esprit de Dieu effectue en toi. Elles arrivent pourtant toutes à la fois. Elles sont instantanées, simultanées, décisives et définitives ! Elles ne peuvent jamais être répétées et n’ont pas besoin de l’être. Elles représentent le salut véritable de l’âme, un trésor acquis pour le temps et pour l’éternité. Elles sont garanties par la Parole inaltérable de Dieu. Par ces cinq opérations l’Esprit t’identifie à Jésus-Christ dans sa mort, pour ensuite entrer en toi, te régénérer, te sceller et t’oindre — tout cela au même instant et en un seul acte.
Il n’est pas question de dissocier ces cinq opérations, comme si l’on pouvait en avoir connu une ou deux, mais pas les autres. Tu as tout ou rien. Elles tiennent toutes ensemble et ne font qu’un seul acte de Dieu. Sur ce point le Nouveau Testament est catégorique. De même que, dans le mariage ou dans la naissance d un enfant, il y a plusieurs phases ou aspects de l’événement, ainsi en est-il de notre salut. On distingue différentes phases, mais le tout ne constitue qu’un seul événement ! Si une cérémonie de mariage s’arrête à mi-chemin, ou si l’un des conjoints omet de prononcer les vœux, le mariage est nul. Si un bébé, en arrivant dans le monde, ne respire pas, il meurt. Ainsi un salut qui ne comprend pas la totalité de ces cinq opérations de l’Esprit, n’est pas le salut.
Il n’y a pas de suite chronologique dans ce processus, car il s’agit d’un acte éternel où le temps ne compte plus. Il y a cependant un certain ordre logique, ou mathématique, ou plutôt spirituel : c’est dans cet ordre-là que je présente les cinq aspects de cette œuvre profonde de l’Esprit en toi. Avec cette compréhension, tu pourras ensuite mieux saisir son dessein pour l’épanouissement de ta vie spirituelle. Ce que Dieu envisage pour toi est à peine concevable ; même l’apôtre Paul semble avoir de la difficulté à trouver un langage pour le définir ; ses phrases se prolongent, se perdent, s’entremêlent, tellement sa vision est difficile à communiquer. Pourtant, au travers de ses écrits, tellement humains et personnels, nous réalisons un amour surpassant toute connaissance1, nous rencontrons une puissance divine comparable à celle de Jésus sortant tout seul de son tombeau2. Cette image de Christ s’imprime en toi et tu deviens ce que Dieu appelle, en grec, son « poème », son « ouvrage3 ».
1 - Ephésiens 3.19
2 - Ephésiens 1.17-20
3 - Romains 8.29 ; Ephésiens 2.10 (grec)
Comme les cinq doigts de la main s’unissent pour ne former qu’une seule main, ainsi les cinq opérations instantanées du Saint-Esprit ne forment qu’un seul acte de Dieu. On distingue bien les doigts les uns des autres, Dieu aussi distingue parfaitement les cinq aspects de son œuvre en toi. Pourtant ils sont inextricablement enchevêtrés, aussi indissociables que les doigts de la main.
Les prophètes de l’Ancien Testament parlent souvent de « la main » de l’Éternel, expression qui semble être pour eux presque un synonyme de « l’Esprit » de l’Éternel. Nous pouvons aussi considérer l’acte qui sauve comme étant la main de Dieu, de Christ, qui te touche, qui te donne la vie, qui te possède. Elle te saisit de tous ses doigts à la fois. Ce sont les cinq moyens, les cinq phases de son intervention en ta faveur. Quand notre main saisit quelque chose ou quelqu’un, tous les doigts agissent ensemble et au même moment ; les cinq opérations ne constituent qu’une seule action. Ainsi en est-il de ce geste magistral par lequel Dieu répond à ta foi, pour te faire passer de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, de la perdition à la beauté de Christ.
Mais quel bouleversement dans ton âme lorsque tu vois dans cette main les terribles cicatrices de sa crucifixion ! C’est alors que l’Esprit crée, au fond de ton être, un amour incommensurable pour ce Dieu enfin compris, connu, apprécié, approprié, pour celui qui prononce, par les lèvres torturées de son Fils en croix : « Tu es pardonné, tu es mon enfant ! »
O miracle de générosité divine ! Et toi, ne lui répondras-tu pas dans cet instant : « Seigneur, je suis à toi ! Je t’aime »... ?
C’est extraordinaire : l’Esprit de Dieu, par son œuvre de conviction, t’amène à la foi ; il te révèle le Christ et te place devant sa croix. Là, tu vois clair : le ciel et l’enfer sont devant toi... et tu choisis.
En disant « oui » à Jésus, tu as ouvert ton cœur à son Esprit. Tu as accepté de t’identifier avec lui devant Dieu et devant les hommes. Dieu te prend au mot et, de son côté, il t’identifie lui-même à son Fils.
A cet instant, il se passe en toi un miracle puissant et complexe, mais tu le subis avec la simplicité d’un enfant qui naît, d’une fleur qui s’ouvre : l’Esprit de Dieu achève entre toi et Jésus une union définitive, par laquelle vous vous appartenez désormais l’un à l’autre !
O joie ! Ainsi disparaît cet obstacle affreux, celui de ta culpabilité vis-à-vis de la loi de Dieu qui mettait une barrière infranchissable entre toi et lui et qui l’empêchait de te sauver. Parce que tu es identifié à Jésus, sa mort est maintenant la tienne. Aux yeux de Dieu, tu es mort, enterré — avec Jésus. Par cet acte d’identification, Jésus assume la responsabilité de toute ta faillite, de tout ton mal ; ton péché (ô terrible vérité !) appartient à Jésus et par ce fait il est effacé, cloué à sa croix, enseveli dans son tombeau. Tu es libre du fardeau écrasant de ta culpabilité ! Dieu t’aimait, certes, auparavant et cela au point d’endurer la croix pour toi ; mais je pense qu’il t’aime maintenant mille fois plus, parce que tu lui appartiens.
Son acte d’expiation pour ton péché est absolu et ne peut être répété. Écoute cet énoncé de Dieu : Christ « a paru une seule fois pour porter, les péchés... Nous sommes sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes... car par une seule offrande il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés. » À cela il ajoute : « Je ne me souviendrai plus de leurs péchés... Or, là où il y a pardon pour les péchés, il n’y a plus d’offrande pour le péché. »1 Donc, pour Dieu, la question de ton péché est vraiment réglée. Quel bonheur !
Mais, encore plus formidable, la justice de Jésus aussi à toi, ainsi que toute sa pureté, sa beauté insaisissable, son caractère divin ! Comment le croire ? Dieu le dit pourtant sans ambiguïté dans sa Parole2. Quand il te regarde, il voit Jésus. Pour lui, tu n’es plus un criminel, poursuivi par sa loi ; celle-ci est satisfaite à ton égard, tu es acquitté, justifié par son tribunal. Sa loi, au lieu de te condamner comme auparavant, prend maintenant ta défense et te protège contre l’accusateur, contre ce serpent ancien qui voulait te perdre3. Miracle des miracles. Dieu le pardonne !
1 - Hébreux 9.26-27 ; 10.10, 14, 17-18. Je suggère que tu lises en entier cette merveilleuse lettre.
2 - Romains 3.21-26 ; 4.23-5.5 ; 8.1-4 ; Ephésiens 1.2-14 ; Colossiens 2.10
3 - Apocalypse 12.10
Avant de te considérer comme étant mort, Dieu ne pouvait te pardonner sans être lui-même injuste ; il aurait violé sa propre loi. S’il pardonnait en fermant simplement les yeux au mal, il serait lui-même coupable. Or, Dieu est juste.
Mais la loi ne peut plus poursuivre un mort ! Tu es à jamais à l’abri de sa condamnation, tu es caché en Christ, enseveli dans sa mort, mort à la loi1. Par un seul acte prodigieux d’identification, opéré par son Esprit, tu es à jamais délivré de la perdition. Tu es sauvé.
Par cet acte, ton cœur aussi appartient à Jésus, qui en fait sa demeure, en y introduisant son Esprit, sa propre vie. À son contact, ton esprit mort renaît par la force de sa résurrection. Tu partages donc sa vie ressuscitée. Tu nais de Dieu ! Tu possèdes son Esprit !
Quel acte puissant, profond, irréfutable de la part de Dieu ! Peut-on trouver un mot qui le définisse ? Oui, le Nouveau Testament l’appelle le « baptême ». Non pas un baptême d’eau ni un cérémonial accompli par la main des hommes ; mais il s’agit précisément du baptême de l’Esprit.
1 - Romains 7.6
Pourtant l’enseignement du Nouveau Testament sur ce point est clair comme du cristal ; c’est l’une des doctrines les moins discutables de la Bible.
Pourquoi alors cette immense confusion doctrinale un peu partout concernant le baptême spirituel ? Elle provient, sans aucun doute, de cette ignorance généralisée de la Parole de Dieu caractéristique de notre monde chrétien contemporain — ignorance coupable, inexcusable, dangereuse, qui laisse le peuple de Dieu sans défense contre les ruses de l’adversaire.
Il n’y a qu’une seule manière de remédier à cette situation. C’est de revenir à la source de toute vérité, à la Parole de Dieu, et d’y voir avec soin ce que son Esprit lui-même nous dit concernant son œuvre, son baptême. Commençons donc notre étude par le début.
Le mot « baptême », dans le Nouveau Testament, est employé dans deux sens différents : il signifie tantôt le symbole visible, c’est-à-dire, le baptême d’eau, et tantôt la réalité spirituelle représentée par le symbole. Le symbole est l’image de la réalité.
C’est Jean-Baptiste qui introduit la conception du baptême, que le Seigneur Jésus lui-même adopte et développe. C’est donc d’abord à Jean que nous devons regarder pour découvrir le sens original et véritable du symbole. D’où Jean-Baptiste a-t-il tiré cet enseignement et son symbolisme ?
Il est vrai que dans certaines religions païennes il existait autrefois des cérémonies de lavage, ou parfois même d’immersion, pour initier les néophytes à leurs mystères occultes. Il est également vrai que, selon le système rabbinique des juifs de l’époque de Christ, les païens qui se convertissaient au judaïsme devaient passer, entre autres rites, par une cérémonie de lavage ou par un bain rituel, avant d’être reçus dans la religion judaïque. Certains pensent que Jean-Baptiste puisa son inspiration dans ces pratiques.
Personnellement, je ne puis accepter une telle explication. Je suis certain que la vraie doctrine du baptême ne plonge ses racines ni dans le paganisme, ni dans une religion humaine, mais dans la Parole de Dieu. Je crois que c’est dans l’Ancien Testament que Jean-Baptiste trouva les raisons qui le poussèrent à baptiser ceux qui acceptaient son message.
Jean n’eut pas besoin de chercher loin. Au début de la Bible se trouve l’histoire de Noé et du déluge1 qui est, dans un certain sens, l’événement historique le plus frappant de tous les temps et que l’apôtre Pierre lui-même voit comme un prototype du baptême2. Noé dut passer, à travers le déluge, par une mort figurative d’où il sortit vivant, comme un homme « ressuscité ». Cela lui permit ensuite d’hériter littéralement de la terre, une terre d’ailleurs renouvelée. Jean, donc, dans sa prédication, voulait faire comprendre à son auditoire que la seule manière d’hériter du royaume de Dieu, c’était de mourir au passé et d’obtenir de Dieu, par la suite, une vie entièrement nouvelle. Noé en somme, fut « baptisé » dans le déluge.
1 - Genèse 6-9
2 - 1 Pierre 3.19-20. Ce passage est étudié en détail dans le chapitre 7
Jean a trouvé ensuite l’analogie avec la mer Rouge1 que l’apôtre Paul cite, également, comme une figure du baptême2. Pour le peuple de Dieu au temps de Moïse, la seule façon d’échapper à Pharaon consistait à passer par la mer, ce qui leur apparaissait comme une mort certaine. Après cette expérience, catastrophique en effet pour l’ennemi, ils se retrouvèrent tous vivants, totalement délivrés, mais dans un monde « nouveau ». Comme Noé passa par la mort, caché dans l’arche, Israël passa par la mort à l’abri de la nuée de la présence de Dieu. De la même manière, ceux qui croient en Christ passent par la mort, mais cachés en lui et à l’abri de son pardon. Ils en sortent « ressuscités » dans le royaume de Dieu. Moïse, lui et son peuple aussi, furent « baptisés » dans la mer.
1 - Exode 14.21-31
2 - 1 Corinthiens 10.1-3. Ce passage est étudié en détail dans le chapitre 7
Jean-Baptiste connaissait aussi l’histoire de Josué qui dut traverser le Jourdain, grossi d’ailleurs par la fonte des neiges du Mont Hermon, afin de parvenir, miraculeusement, sain et sauf sur la rive de Canaan1. Lui aussi « passa par. la mort ». Il fut, pour ainsi dire, « baptisé » dans les eaux du Jourdain, pour obtenir par la suite une nouveauté de vie dans la terre promise.
1 - Josué 3.15-17. Le lecteur sera sans doute intéressé par le fait historique où en l’an 1927, un glissement du terrain créa un barrage naturel en travers du Jourdain à Adamah, à l’endroit même cité dans le livre de Josué (Josué 3.16). Ce barrage, avant son effondrement sous le poids des eaux accumulées, arrêta le fleuve pendant 24 heures.
Jean avait aussi sous les yeux l’histoire de Naaman qui se plongea (littéralement « se baptisa ») sept fois dans le Jourdain. Dans la version grecque de l’Ancien Testament1, l’expression employée est précisément le verbe « baptiser ».
1 - Version dite « des Septante » (LXX), faite par les juifs (au nombre de 70 environ) en Égypte entre les années 250 et 150 av. J.C.
Il connaissait encore le récit saisissant de Jonas dont la signification était si importante pour le Seigneur Jésus lui-même1. Jonas fut littéralement « baptisé » dans la mer et aussi dans le ventre d’une grosse bête marine, probablement un cachalot2 ! Il sortit de cette expérience comme un homme ressuscité dont le témoignage bouleversa Ninive, la capitale de l’empire assyrien, et l’amena à la repentance. Quelle expérience !
1 - Jonas 1.15 ; 2.1, 11 ; Matthieu 12.39-40
2 - Voir Arthur COOK : Un jeune homme peut-il se fier à sa Bible ? (Ed. La Voix de l’Evangile, 26 rue des Frères, Strasbourg), au sujet d’un récit authentique d’un marin norvégien qui en ce 20e siècle fut avalé par un cachalot et retiré vivant 3 jours après !
L’enseignement de Jean-Baptiste n’était donc pas tiré d’une conception humaine mais solidement basé sur la Parole que Dieu avait déjà révélée à son peuple. Jean voulait faire comprendre à ses contemporains que personne ne peut entrer dans le royaume du Messie sans passer par une certaine expérience de mort et de résurrection comparable à celle des hommes de Dieu dans l’Antiquité.
Pourtant, dans toutes ces illustrations empruntées à l’Ancien Testament, nous voyons que ces hommes, en passant par la mort furent tout de même cachés en Dieu, abrités de la substance de la mort. Jean enseignait ainsi aux juifs la nécessité du pardon des péchés, obtenu, non pas par leurs mérites ni par leur mort, mais par les mérites et la mort de l’Agneau de Dieu1.
Pour Jean, c’était la condition indispensable d’accès au royaume de Dieu. Il comprenait sans aucun doute que seule la mort du Messie ouvrirait le chemin vers Dieu. Il fallait être associé à sa mort pour avoir part ensuite à sa résurrection. Moïse lui-même avait déjà enseigné cette vérité en profondeur par le système complexe de sacrifices qu’il institua et dans lequel le sang symbolisait le sacrifice expiatoire du Messie attendu, depuis l’époque d’Adam même, par tous les prophètes2.
La signification du symbole employé par Jean est d’une clarté remarquable. Pour lui, la mort précédait le salut. Son baptême représentait l’enterrement de la personnalité pécheresse et l’acquisition auprès de Dieu d’une toute nouvelle personnalité, fruit du sacrifice du Messie.
1 - Jean 1.29
2 - Genèse 3.15, 21 ; 4.4
Pourquoi, en effet, Jean a-t-il baptisé Jésus ? Certes, il ne désirait pas le faire ; il reconnaissait que c’était plutôt à lui de se faire baptiser par le Messie1. Jésus cependant insista, en disant : « Il faut que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste2. » Avant de commencer son ministère, Jésus déclarait ouvertement par ce geste qu’il était venu dans le monde, non seulement pour vivre selon toute la justice de la loi et des prophètes, mais surtout dans le but de mourir. Il s’est donc fait ensevelir par Jean dans le Jourdain comme témoignage imagé de sa mort expiatoire encore à venir. Nous verrons, un peu plus loin3, en parlant de son baptême spirituel, la signification que Jésus lui même donnait à son baptême d’eau dans le Jourdain.
1 - Matthieu 3.14
2 - Matthieu 3.15
3 - Voir chapitre 7 et appendice II (Étude 1).
Au cours des siècles, les hommes sont parvenus à déformer presque toutes les doctrines bibliques ! Les termes mêmes ont été si malmenés que nous avons de la peine à retrouver leur sens originel. C’est malheureusement le cas du mot « baptême ». Pour redécouvrir sa véritable signification, il faut remonter à la source et l’examiner dans le texte grec original de la Bible.
Cela ne nous pose aucune difficulté car toutes les autorités reconnaissent au verbe grec ancien baptizein, traduit « baptiser » dans nos versions courantes, une seule signification : immerger ou plonger. Il serait infiniment préférable de retraduire à chaque fois ce terme dans le Nouveau Testament par les mots français « immerger » ou « plonger », afin de faire disparaître toute confusion dans l’esprit du lecteur du texte sacré.
Si dans la présente étude, je me sers encore des mots français « baptiser » et « baptême », c’est uniquement parce que ces expressions sont ancrées dans le vocabulaire courant ; mais je les emploie dans leur véritable sens biblique. Par « baptême », je veux dire immersion ; par « baptiser », je veux dire immerger ou plonger.
Quelqu’un va peut-être interposer ici un point d’interrogation : Et le baptême dit « par aspersion » ? Du point de vue biblique, parler d’un « baptême par aspersion » est un non-sens linguistique. C’est vouloir dire, en fait, « immerger quelqu’un par aspersion ». Il est impossible d’immerger un homme dans quelques gouttes d’eau, tout comme il serait inconcevable de vouloir enterrer un mort sous une poignée de terre.
Je ne veux absolument pas recommencer ici la controverse séculaire concernant la forme extérieure du baptême. Ce n’est pas la forme du baptême physique qui change le cœur de l’homme, c’est le fait d’une opération spirituelle intérieure. Seulement, à mon avis, il vaut mieux avoir les deux choses : la réalité intérieure et aussi la forme visible correspondant à cette réalité, telle que Dieu nous la donne dans sa Parole.
Non seulement le sens du mot lui-même est sans ambiguïté, mais le symbolisme transparent de Jean-Baptiste met hors de doute la signification du baptême biblique. Dans l’expérience de Noé, de Moïse, de Josué, de Naaman, de Jonas, il s’agissait chaque fois d’une véritable « immersion ». Noé n’a pas été simplement « aspergé » du déluge ! Il est passé par la grande catastrophe dans sa totalité ; Jonas aussi ; Israël aussi, dans la mer Rouge et dans le Jourdain. Il n’y a pas le moindre doute, Jean baptisait ses disciples par immersion complète dans le Jourdain. Si nous l’admettons, le sens spirituel du baptême devient tout de suite évident.
Le texte lui-même confirme cette vérité puisque nous lisons que Jésus, après son baptême (grec : immersion), « sortit de l’eau1 ». Nous lisons également qu’à un moment donné, Jean-Baptiste baptisait (grec : immergeait) à Enon « parce qu’il y avait là beaucoup d’eau2 ». À cela nous pouvons ajouter que Philippe et l’eunuque « descendirent tous deux dans l’eau », où Philippe baptisa (grec : immergea) l’eunuque ; ensuite, « ils sortirent de l’eau3 ». Ces quelques passages suffiraient pour nous montrer que les apôtres immergeaient réellement quand ils baptisaient.
1 - Matthieu 3.16 ; Marc 1.10
2 - Jean 3.23
3 - Actes 8.38-39
Pour les disciples de Jean, le symbolisme ne pouvait être incompris. Pour les premiers chrétiens, il était encore plus évident. Dès qu’un homme acceptait Jésus-Christ comme son Sauveur, on le baptisait ordinairement le jour même1. Cela devait se faire inévitablement dans un lieu, plutôt public, où il y avait suffisamment d’eau pour effectuer l’immersion ; on allait donc dans une rivière, sur une plage, ou dans une mare du village où tout le monde pouvait assister au spectacle ! Ainsi cet homme prenait ouvertement position et témoignait devant tous, par ce geste visible et imagé, de son expérience spirituelle déjà acquise. Le nouveau-né en Christ n’avait probablement pas beaucoup de théologie ni de terminologie ! mais, par cet acte symbolique, il exprimait, à toutes ses connaissances et au grand public, le profond miracle que le Saint-Esprit venait d’opérer en lui. Il pouvait s’expliquer simplement ainsi : « Voilà ce qui m’est arrivé ! Jésus est mort à ma place et moi, je suis désormais mort avec lui, mort à mon péché, mort au monde, mort à mon ancienne vie. J’ai une nouvelle existence, je vis avec Jésus ressuscité. L’Esprit de Dieu vit en moi. Tout cela parce que Jésus m’a aimé au point de verser son sang pour moi ! Pourquoi ne le suivez-vous pas, vous aussi ? » De cette manière, il s’identifiait publiquement à Jésus-Christ et cela parce que, pour Dieu, son identification spirituelle était déjà achevée par le Saint-Esprit, déjà acquise.
Le baptême d’eau est donc l’image de la mort et de l’ensevelissement, suivis de la résurrection. Quoi de plus clair ? Avec un symbole aussi clair, la réalité spirituelle devient tout aussi claire.
1 - Actes 2.41 ; 8.35-39 ; 9.17-18 ; 10.47-48 ; 16.29-33
À l’origine de l’histoire, les hommes n’avaient pas de vocabulaire pour définir les vérités spirituelles. C’est l’une des raisons pour lesquelles Dieu suscita le peuple d’Israël. Il voulait créer, à travers les crises et les vicissitudes de ce peuple, un langage capable de traduire sa pensée en termes compréhensibles à l’homme. À cet effet, il choisit spécialement la langue hébraïque qui est extrêmement imagée. Les Hébreux exprimaient leurs idées abstraites par des mots concrets qui prenaient ainsi une valeur symbolique. De cette manière Dieu forgeait, de siècle en siècle, un vocabulaire composé de mots tout à fait ordinaires, mais dans lesquels il introduisait progressivement un contenu spirituel et divin. Les prophètes pouvaient ainsi tour à tour découvrir et transmettre aux hommes les notions de l’éternité.
Par Moïse, Dieu créa le symbolisme spirituel du système de la sacrificature lévitique et du tabernacle, avec l’autel, les offrandes et le lieu très saint. Il mit ainsi dans le cœur et dans la bouche des prophètes des possibilités d’expression illimitées, grâce auxquelles ils pouvaient communiquer aux hommes des idées qui autrement seraient à jamais restées inaccessibles1. Ils comprirent, bien qu’obscurément, la nature de Dieu, de l’homme, du péché et du salut. Par ce moyen, Dieu a énormément enrichi le vocabulaire humain, en nous donnant surtout un langage pour la prière, qui est en somme l’expression de la foi véritable. C’est ainsi que Dieu prépara les hommes pour l’avènement de son Fils — et pourtant, combien peu de gens le reconnurent ou le comprirent2 !
Le Nouveau Testament, écrit en langue grecque, remarquable par ses nuances subtiles et sa flexibilité, reprend le symbolisme de l’Ancien Testament en lui donnant une dimension toute nouvelle. La personne et l’œuvre de Jésus imprègnent ce vocabulaire biblique d’une signification précise et infinie à la fois. Nous qui héritons de la nouvelle alliance, nous bénéficions sans nous en rendre compte de ce miracle de révélation. En lisant le Nouveau Testament, aidés par le Saint-Esprit, nous sommes en mesure de saisir rapidement la pensée de Dieu dans ses multiples et profonds aspects — pensée qui reste encore aujourd’hui inconcevable et même absurde pour l’homme naturel, puisqu’il ne connaît pas le langage de Dieu3. C’est aux chrétiens de la lui faire comprendre, surtout par la qualité de leur vie spirituelle, mais aussi (je l’espère !) par des paroles compréhensibles.
Pour les auteurs du Nouveau Testament, le symbolisme ne posait donc aucun problème ; mais pour nous qui héritons en même temps des déformations accumulées au cours des siècles de christianisme, il n’est pas toujours facile de retrouver la simplicité de la vision apostolique.
Pourtant le principe est simple. Le symbole est toujours l’image de la réalité spirituelle. Nous pouvons donc commencer à comprendre la réalité, en étudiant son image, le symbole, à la lumière de la Bible entière. Le symbolisme du baptême rend ainsi sa signification absolument claire.
1 - 1 Pierre 1.10-12
2 - Jean 1.10-11
3 - 1 Corinthiens 2.14-15
Jésus ne nous a laissé que deux symboles : le baptême et la cène. Il ne les a certainement pas institués pour diviser ses disciples ! Pour lui, comme pour les premiers chrétiens, ces deux gestes précieux étaient justement une affirmation de leur union avec Christ, comme aussi avec tous ceux qui lui appartiennent. Pourtant, que de conflits ont éclaté autour de ces deux symboles !
Il lui aurait été impossible, je crois, de trouver deux images plus simples, plus claires. Jésus est toujours transparent et direct dans tout ce qu’il fait. C’est nous qui sommes compliqués ! Trop souvent nous obscurcissons la radieuse clarté de sa face et de son enseignement pur et intransigeant. Dans notre désir d’interpréter sa Parole, n’oublions pas le plus grand de tous ses commandements, celui qu’il appelle son commandement par excellence : « Aimez-vous les uns les autres comme moi je vous ai aimés !1 »
L’apôtre Paul nous rappelle qu’il n’y a qu’un seul baptême, expression de la seule foi en Christ qui sauve ; car il n’y a qu’un seul Dieu et un seul Christ qui, loin d’être divisé, n’a qu’un seul « corps » dont tous les vrais croyants sont membres. Il n’y a qu’un seul Saint-Esprit qui désire les unir tous dans un même amour2.
Tout ce que je dis ici, je veux le dire avec conviction mais aussi avec amour, car l’Esprit de Dieu ne divise pas le corps de Christ.
1 - Jean 15.12
2 - Ephésiens 4.1-6, 13 ; 1 Corinthiens 1.13-14
Dans le Nouveau Testament, à partir du jour de la Pentecôte, le symbole représente toujours une réalité déjà acquise ; il n’est jamais présenté comme étant le moyen d’y parvenir. Cette dernière conception est essentiellement celle de la magie, qui veut, à travers un objet matériel, soit une idole, un fétiche, ou une formule religieuse, atteindre l’invisible et obtenir la réalité spirituelle représentée par l’objet ou la formule. Or, pour Jésus et ses apôtres, c’est l’inverse qui est vrai.
Nous qui croyons en Jésus, nous prenons la sainte cène, la « communion », parce que nous sommes sauvés et non pour obtenir le salut ! Nous acceptons de passer par les eaux du baptême parce que nous sommes déjà baptisés de l’Esprit, déjà sauvés ! Confondre cet ordre et cette simplicité, c’est renverser la conception du Seigneur Jésus et attribuer au symbole la vertu même de la réalité spirituelle qu’elle représente. Comme si tu n’avais qu’une photo pour connaître, rencontrer et aimer ta fiancée ! La photo deviendrait alors plus importante que la personne représentée ! Si, en effet, tu possèdes un portrait de cette ravissante créature, c’est certainement parce que tu la connais déjà en chair et en os ! La photo, c’est pour te souvenir d’elle, non pour te la faire connaître... De même, le baptême et la sainte cène ne sont que la représentation d’une réalité déjà acquise. Ils nous rappellent tout ce que notre bien-aimé Sauveur a fait pour nous. Nous accomplissons ces deux gestes avec joie et reconnaissance, parce que nous avons déjà expérimenté les vérités qu’ils représentent.
La sainte cène nous offre une image transparente. Elle représente la mort du Seigneur Jésus : le pain étant la figure de son corps brisé, le vin de son sang versé. Qui ne le comprend pas ?
Le baptême nous donne une image tout aussi transparente. Lorsque Jean-Baptiste et le Seigneur Jésus plongeaient leurs disciples dans l’eau pour les relever ensuite, tout le monde y discernait une représentation de la mort et de l’ensevelissement. Ceux qui croyaient à leur message y percevaient aussi, sans doute, l’image d’une résurrection.
Le message de Jean était catégorique : Moi, disait-il, je ne vous donne que le symbole ; c’est le Messie qui vous en donnera la réalité spirituelle. Moi, je n’ai que de l’eau pour vous immerger ; mais lui, par l’Esprit de Dieu, il vous ensevelira dans sa propre mort. Il n’y a pas d’autre voie d’entrée dans le royaume de Dieu1.
Le baptême d’eau est donc l’image du baptême spirituel. Ainsi nous voyons de façon incontestable, en quoi consiste ce mystérieux baptême de l’Esprit, qui est pourtant d’une simplicité et d’une clarté remarquables... à condition que l’on se donne la peine de sonder la Parole de Dieu ! Le baptême d’eau est l’image de la mort, le baptême spirituel est donc la mort même. Pour Jésus, c’était la croix et le tombeau. Pour toi, c’est ton identification avec lui dans sa mort. En lui, tu es crucifié et enseveli.
1 - Matthieu 3.11-12 ; Jean 3.28-36.
Etant mort en lui, tu es, en conséquence, pardonné ! Car le pardon de Dieu dépend de ta mort. Les exigences de sa loi ne peuvent en effet être satisfaites que par ta mort. C’est seulement à partir de l’instant où Dieu te considère comme mort, qu’il peut te pardonner. Par conséquent, avant que tu ne sois baptisé du Saint-Esprit, Dieu ne pardonne pas ton péché, tu n’es pas sauvé, tu es encore perdu.
Il serait impossible de trouver une analogie plus parfaite, plus claire que celle qui existe entre le baptême d’eau et le baptême de l’Esprit.