Le malade des nerfs doit être déterminé à guérir s’il veut sortir de son long tunnel. Il retrouvera d’autant plus vite son équilibre qu’il désirera plus ardemment la guérison. Le Seigneur est trop respectueux de notre liberté pour agir contre notre volonté et nous imposer sa bénédiction. Cependant, une question se pose : Est-il dans la pensée de Dieu de guérir tous les dépressifs ? Puis-je attendre de lui une guérison sans délai ? Au risque de me répéter – ici les répétitions ne sont pas inutiles – j’affirme que oui et pour quatre raisons au moins :
C’est pourquoi, donnons raison à Celui qui veut nous secourir dans tous nos besoins en disant « oui » au « Veux-tu être guéri ? » (Jean 5.6) du Sauveur. Tout refus de délivrance plus ou moins formulé est un acte de rébellion qu’il faut reconnaître comme tel et confesser sans délai en s’abandonnant à « notre Dieu qui ne se lasse pas de pardonner » (Esaïe 55.7). Chaque « non » au tourment, chaque refus de céder à l’action du diable est un « oui » au Libérateur qui fortifie notre volonté d’obéissance et rend plus facile le « oui » de demain. Se soumettre ainsi, c’est proprement résister au diable.
La tendance de l’homme naturel est d’attendre passivement que Dieu intervienne. Ainsi ce jeune homme qui prenait un réel plaisir à entendre l’Evangile et cela depuis des mois. Il déclara au chrétien qui le pressait d’accepter Jésus : « Je sens que ça vient. Du reste, je suis plus heureux depuis que je vous écoute ». Ce langage est trompeur et nul pécheur ne connaîtra la joie du salut aussi longtemps qu’il n’ouvrira pas la porte à Celui qui frappe. Nous devons être « ouvriers avec Dieu » et, dans une certaine mesure, exaucer nos propres prières puisque l’Écriture dit : « Que celui qui veut … PRENNE » (Apocalypse 22.17).
Certains pasteurs ont l’habitude de procéder au « ramassage » des paroissiens – dont certains pourraient utiliser d’autres moyens – avant chaque rencontre de l’Église, sans doute pour les avoir plus sûrement au culte ou à l’étude biblique. N’exigeant d’eux aucun effort, ils doivent constater avec tristesse que les défaillances sont nombreuses chaque fois que le minibus est en panne.
Qui veut, sans vouloir vraiment, n’atteindra jamais le but et les réalisateurs ne se recrutent pas parmi les indécis ou les passifs. La victoire est pour ceux qui sont déterminés à l’obtenir. La guérison de l’âme aussi.
Pour vous convaincre que le vouloir – c’est-à-dire la volonté de guérir – est un élément essentiel dans la libération du malade, nous vous donnons ci-dessous deux exemples qui d’ailleurs ne concernent pas spécialement les dépressifs :
Je m’entretiens avec une fillette – huit ou neuf ans – qui mouille son lit ce qui, avec les années, devient catastrophique. Rien n’a opéré jusqu’ici. Ni les menaces, ni les remèdes, ni la promesse d’une récompense … Certainement inspiré, je lui propose de dire à haute voix : « Je ne veux plus mouiller mon lit ». A mon étonnement, la fillette me regarde sans broncher. Je devine une résistance qui m’incite à revenir à la charge :
– Veux-tu dire … ?
Le visage durci, elle ne desserre pas les dents. J’insiste et l’invite plusieurs fois à répéter ma phrase mais sans succès, puis, brusquement, elle éclate en larmes sans dire pour autant les mots que j’attends d’elle. Alors, flairant tenir le bon bout, je ne cède pas jusqu’à ce que l’enfant capitule. Elle a suffisamment de caractère pour ne pas dire « oui » si elle pense « non ».
Enfin, elle consent à murmurer : « Je ne veux plus ».
Le lendemain, le drap est sec. Certes, il y aura encore quelques velléités de retour en arrière … mais bientôt, plus rien. La victoire est remportée.
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J’ai connu une jeune fille – vingt ans à peine – atteinte d’anorexie mentale qui nous impressionnait par son extrême maigreur et son teint décoloré. Presque un fantôme. Les parents devaient batailler chaque jour pour l’obliger à accepter quelques bribes de nourriture (elle devait avouer plus tard qu’elle feignait de manger pour rassurer les siens). Elle fut mise entre les mains d’une chrétienne qui, femme énergique autant que perspicace et tenace, sut l’amener – non sans lutte – à accepter de sortir de son obstination. Elle s’humilia et demanda la délivrance d’En-Haut. Quelques semaines suffirent pour qu’elle retrouve son poids et son équilibre psychique. Elle avait dit « oui » à Dieu.
Que peuvent les médicaments quand le malade ne consent pas à guérir ? On peut tenter de le débarrasser de ses complexes, l’inviter à sonder son passé, lui expliquer clairement son état … la santé se fera attendre aussi longtemps qu’il n’en voudra pas. Avez-vous noté que Jésus ne guérissait pas tout le monde, mais seulement ceux qui venaient au devant de lui, se laissaient conduire à lui ou obéissaient à ses injonctions ; ceux qui, en fin de compte, s’abandonnaient librement et résolument à son action puissante. Le médecin ne peut traiter que les malades qui recourent à ses soins. De même le Christ qui invite :
« Si quelqu’un a soif …
qu’il vienne à moi et qu’il boive …
et des fleuves d’eau-vive couleront de son sein … » (Jean 7.37)
« Que celui qui veut prenne de l’eau de la vie gratuitement » (Apocalypse 22.16).