« Par Dieu vous êtes en Christ qui, de par Dieu, a été fait pour nous sagesse et aussi JUSTICE, sanctification et rédemption » 1Co. 1.30
La première des grandes bénédictions que Christ, notre sagesse, nous annonce comme étant préparées pour nous en lui, c'est la justice. On comprend facilement pourquoi ce doit être la première.
En effet, il ne peut y avoir de prospérité, de progrès dans une nation, une famille ou une âme, que si la paix règne. De même qu'une machine ne peut fonctionner correctement que si elle repose sur une assise solide, notre bien-être moral et spirituel a, lui aussi, absolument besoin de paix et d'assurance. Le péché a troublé toutes nos relations, créé une disharmonie avec nous-mêmes, avec les hommes et avec Dieu. Ce qu'on attend tout d'abord d'un salut qui apporte une réelle bénédiction, c'est la paix. Et la paix ne peut venir qu'avec la justice. Là tout est conforme à la volonté de Dieu, à ses plans et en harmonie avec sa volonté, là seulement peut régner la paix. Jésus est venu rétablir la paix sur la terre et la paix dans l'âme par la justification. Parce qu'il est Melchisédek, Roi de justice, il règne comme Roi de Salem, Roi de paix (Heb 7.2). C'est ainsi qu'il accomplit les promesses formulées par les prophètes : « Alors le roi régnera selon la justice ... L'œuvre de la justice sera la paix, et l'ouvrage de la justice, la sécurité et la confiance pour toujours ». (Es. 32.1, 17) Christ a été fait pour nous, de par Dieu, justice ; de par Dieu nous sommes en lui, notre justice ; en lui nous avons été faits justice de Dieu. Essayons de comprendre ce que cela veut dire.
Quand un pécheur est amené à s'en remettre à Christ pour son salut, il considère d'abord, en règle générale, son œuvre plus que sa personne.
Il regarde à la Croix, au Christ souffrant sur cette Croix, au Juste qui a pris la place de l'injuste, il voit dans cette mort expiatoire le fondement unique et suffisant de sa foi dans le pardon miséricordieux de Dieu. Que Christ soit mort à la place des pécheurs, se substituant à eux, portant leur malédiction et expiant leurs fautes, tout cela lui a donné la paix. Il comprend que la justice que Christ apporte est vraiment la sienne, qu'en vertu de cette justice il est tenu pour juste devant Dieu et, ce faisant, il sent qu'il a tout ce dont il avait besoin pour retrouver la faveur de Dieu. « Etant justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu ». Il s'efforce de porter cette robe de justice en saisissant avec une foi toute nouvelle le don glorieux de la justification qu'il vient de recevoir.
Mais, à mesure que le temps passe et qu'il cherche à croître dans la vie chrétienne, de nouveaux besoins se font jour. Il voudrait comprendre plus profondément comment il se fait que Dieu justifie l'impie sur la base de la justice d'un autre. Il trouve la réponse dans le merveilleux enseignement de l'Ecriture concernant l'union réelle du croyant avec Christ, le second Adam. Il voit que Christ s'est fait un avec les siens et que les siens sont un avec lui et qu'il est absolument conforme aux lois de la nature et aux lois célestes que chaque membre du corps bénéficie entièrement des actions et des souffrances de la tête, tout comme il bénéficie de sa vie. Et cela l'amène à comprendre qu'il faut que son union avec Christ, la Tête, soit réelle et totale, sans quoi il ne pourra faire l'expérience de sa Justice qui, seule, peut conduire son âme dans la communion et la faveur du Dieu saint. L'œuvre de Christ n'en est pas moins précieuse, mais la Personne de Christ le devient bien davantage ; l'œuvre conduit au cœur de la question : l'amour et la vie du Dieu fait homme.
Et cette expérience jette un jour nouveau sur l'Ecriture. Elle conduit le croyant à remarquer un fait qu'il avait à peine entrevu auparavant : c'est que la justice de Dieu, qui devient la nôtre, est en relation étroite avec la personne du Rédempteur. « Et voici le nom dont on L'appellera : ETERNEL, NOTRE JUSTICE » (Je. 33.16). « En l'ETERNEL seul résident pour moi les actes de justice et la force » (Es. 45.24). « Jésus Christ qui, de par Dieu, a été fait pour nous ... justice » (1Co. 1.30). « ... être trouvé en lui ... avec la justice provenant de Dieu » (Ph.3.9). Il voit que la justice et la vie en Christ ne peuvent être séparées l'une de l'autre. « Par un seul acte de justice, la justification qui donne la vie s'étend à tous les hommes » (Ro. 5.18). « Ceux qui reçoivent ... le don de la justice régneront dans la vie par le seul Jésus Christ » (Ro. 5.17). Et il comprend la signification profonde contenue dans le mot-clé de l'épître aux Romains : « Le juste vivra par la foi ». Il ne lui suffît plus de penser qu'il est revêtu d'une justice qui lui est imputée, il désire revêtir Jésus Christ, s'en envelopper, que Lui-même et sa Vie l'habillent entièrement. Il a conscience que la justice de Dieu est bien à lui parce que le Seigneur, notre justice, lui appartient. Avant de comprendre cela, trop souvent il trouvait difficile de porter cette robe blanche toute la journée ; il lui semblait qu'il devait surtout la revêtir quand il venait dans la présence de Dieu pour confesser ses péchés et être renouvelé dans la grâce. Mais maintenant le Christ vivant lui-même est sa justice ; le Christ qui veille sur nous, nous garde et nous aime comme son bien propre. Ce n'est plus une impossibilité de marcher tout le jour enveloppé de la présence aimante dont il couvre tout son peuple.
Une telle expérience conduit encore plus loin. La vie et la justice sont inséparablement liées et le croyant devient de plus en plus conscient d'une nature de justice plantée au dedans de lui : un homme nouveau, créé en Jésus Christ « dans une justice et une sainteté que produit la vérité » (Ep. 4.24). « Celui qui pratique la justice est juste, comme lui (le Seigneur) est juste » (1Jn. 3.7). Le fait d'être uni à Jésus a effectué une transformation, non seulement dans notre relation avec Dieu, mais encore dans ce que nous sommes devant Dieu. Notre communion intime avec Christ a ouvert la voie à ce changement et, tant que cette union demeurera, le renouvellement croissant de tout l'être aboutira à ce que la justice devienne sa nature même.
Quand un chrétien commence à saisir le sens profond de cette vérité : « Il a été fait pour nous justice », il est à peine besoin de lui dire : « Demeure en lui ». Aussi longtemps qu'il avait l'idée d'une justice substitutive, qu'il pensait être considéré comme juste à cause de Ses mérites, la nécessité absolue de demeurer en Lui ne lui apparaissait pas. Mais lorsque « l'Eternel notre justice » dévoile Sa gloire à ses yeux, il comprend alors que demeurer en Christ personnellement est l'unique moyen d'être en tout temps accompli et agréable devant Dieu, Tunique moyen aussi pour que notre nouvelle nature de justice soit véritablement fortifiée par Jésus notre Tête ... Pour le pécheur repentant, la pensée principale était la justice qui vient au travers de Jésus Christ mourant pour le péché ; pour le croyant plus avancé et plus éclairé, Jésus, le Vivant au travers de qui nous vient la justice, est tout parce qu'en Le possédant nous avons aussi la justice.
Croyant, demeure en Christ qui est ta justice. Tu traînes partout avec toi une nature vile et corrompue qui voudrait toujours se dresser pour obscurcir le sentiment que tu as d'être agréé par Dieu et de pouvoir accéder à une communion ininterrompue avec le Père. Rien ne pourra te permettre d'habiter dans la lumière divine, d'y marcher sans que l'ombre d'un nuage vienne s'interposer, sinon le fait de demeurer sans cesse en Christ, ta justice. C'est à cela que tu es appelé. Efforce-toi de marcher d'une manière digne de cet appel. Abandonne-toi au Saint-Esprit et il te révélera la grâce merveilleuse qui te permet de t'approcher tout près de Dieu, couvert de la justice divine. Prends conscience de ce que tu as revêtu le manteau royal et que, ainsi habillé, tu n'as plus à craindre de paraître en sa présence. Cela signifie que tu es l'homme que le roi désire honorer (Est. 6.7-8). Et rappelle-toi que, si tu en as besoin dans le palais du roi, tu en as également besoin quand tu es dans le monde, envoyé par lui comme son représentant et son messager. Durant ta vie quotidienne, reste pleinement conscient de ce que tu es juste au regard de Dieu, l'objet de sa joie et de son plaisir en Christ. Discerne qu'il existe un lien entre les autres grâces que tu as en Christ et cette grâce première : « De par Dieu il a été fait notre justice ». Cela te gardera dans une paix parfaite. C'est ainsi que tu entreras et demeureras dans le repos de Dieu. C'est ainsi que ton être intérieur sera transformé en un être juste, accomplissant des actions justes. Dans ton cœur et dans ta vie, il deviendra évident que tu habites en Christ, le Juste, car cette habitation te fait partager Sa position, Son caractère et Sa bénédiction. « Tu as aimé la justice et tu as haï l'iniquité ; c'est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t'a oint avec une huile d'allégresse, de préférence à tes compagnons » (Heb. 1.9). Une joie et un bonheur sans mesure seront ton partage.