Moïse a écrit sa loi sur des tables inanimées ; Jésus-Christ a gravé les préceptes de la nouvelle alliance dans de vivantes intelligences, et ses disciples, guidés par l’esprit de leur maître, proportionnant leurs enseignements aux forces de leurs auditeurs, ne confièrent ce qu’ils avaient appris de leur parfait, docteur, lorsqu’ils furent plus affermis, qu’à ceux qui pouvaient le comprendre ; ce qu’ils jugèrent convenable à des cœurs encore charnels, et qui avaient besoin de soins multipliés, ils le rabaissèrent au niveau de leur faiblesse, le leur offrant tantôt dans leurs écrits, tantôt comme un simple usage, de sorte que dans l’Église du Christ il y eut deux règles de vie. L’une spirituelle et élevée bien au-dessus de la vie ordinaire, évite le mariage, le soin de perpétuer sa race, les biens et les richesses, elle s’éloigne de la vie ordinaire et commune, pour ne s’attacher qu’au culte de Dieu par un transport d’amour pour les choses célestes.
Ceux qui l’ont embrassée, morts à la vie des hommes, ne tenant à la terre que par leurs corps, mais élevés par leurs affections jusque dans le ciel, comme des Dieux, méprisent cette vie mortelle, consacrés qu’ils sont entre les autres hommes au Dieu de l’univers, non par des sacrifices ou l’effusion du sang, par des libations ou l’odeur des victimes, par la forme de feu ou la destruction des corps, mais par les droites croyances du culte de vérité, par les affections d’un cœur pur, par des actions et des discours qu’anime la vertu, lis présentent ces offrandes à la Divinité, et exercent ainsi le sacerdoce pour eux et pour ceux qui partagent leur foi.
Telle est la perfection du christianisme. L’autre règle, moins élevée et plus appropriée à la faiblesse humaine, permet un mariage modeste, la génération, le soin de son bien ; elle indique la voie de la justice à ceux qui sont engagés licitement dans la milice du monde ; elle forme à se livrer avec religion à la culture des champs, au commerce ou aux autres soins de la vie. Pour ceux qui la suivent sont déterminés les moments des pratiques spirituelles, le jour des instructions et de l’assistance aux prédications.
De la sorte la nouvelle alliance offre à ces derniers un second degré convenable à la vie qu’ils mènent, afin que personne ne soit prive de la révélation du salut, et que toute race, les Grecs ou les Barbares, puisse jouir des instructions de l’Evangile.