Analyse du parler en langues

Chapitre 8

La fin du parler en langues

Nous avons vu en introduction la sévère condamnation portée par le pentecôtisme conservateur, contre ce qu’il appelle les fausses doctrines charismatiques. Les mêmes points de sa propre doctrine, analysés selon sa méthode, ont déjà révélé sept faux pas importants :

  1. Les paroles dites en langues ne s’adressaient jamais à des hommes.
  2. Ce n’était pas un signe pour les croyants.
  3. C’était un signe pour les Juifs incroyants.
  4. Ce n’était pas un langage incompréhensible.
  5. L’interprétation actuelle est une mystification.
  6. Le non-parler en langues de Jésus, conforte la notion d’un signe exclusivement adressé à “ce peuple”.
  7. L’usage privé du parler en langues est inconnu de l’Écriture ; ce serait la négation du signe dont il est porteur.

Procédons d’abord par déduction. À eux deux, les points 3 et 6 seraient suffisants pour prouver, selon ce qu’en dit l’Esprit, que le don a cessé depuis fort longtemps.

St-Augustin avait bien saisi le but du parler en langues. C’était pour lui, le signe fait à “ce peuple” que Dieu répandait son Esprit sur toute chair, c’est-à-dire sur tout homme, à quelque langue ou nation qu’il appartienne. “C’étaient des signes appropriés à cette époque. Ils étaient destinés à annoncer la venue du Saint-Esprit chez les humains de toutes langues, pour démontrer que l’Évangile de Dieu devait être annoncé à toutes les langues de la terre. Cette chose arriva pour annoncer quelque chose puis disparut” (Homélies sur la première épître de Jean).

C’est d’une clarté et d’une logique qui en font presque une lapalissade. L’Église primitive devenait de moins en moins juive et de plus en plus composée de gens de toutes langues, donc de plus en plus convaincue de l’universalité de l’offre du salut. Une fois la chose pleinement admise, il ne restait plus personne à convaincre que Dieu avait tant aimé “le monde”, et pas seulement Israël. L’Éternel était plus que le Dieu de ceux qui parlaient l’hébreu, Il était aussi le Dieu de ceux qui parlaient d’autres langues. Cette vérité n’étant plus remise en question dans l’Église (et même dans le monde), le charisme qui en était le signe n’avait plus sa raison d’être. Dieu l’a retiré, comme Il a retiré dans le ciel la nappe qui était apparue trois fois à Pierre, parce qu’il n’en avait plus besoin. Conserver un signe qui ne signale plus rien à personne équivaudrait à maintenir des signaux d’avertissement sur une route où les travaux seraient terminés depuis longtemps. Cela ne pourrait que semer la confusion dans l’esprit des automobilistes.

Un peu plus de connaissance biblique s.v.p. !

Pour beaucoup d’inconditionnels du parler en langues, ce qui les exaspère le plus, c’est que des dons de l’Esprit, si utiles à l’Église apostolique, pourraient ne plus exister alors que l’Église existe toujours. Ils disent que si l’Église des premiers temps en avait besoin, combien plus celle qui est arrivée aux temps difficiles de la fin. Hélas pour eux, cette logique apparente ne résiste pas à un minimum de réflexion et de connaissance des Écritures.

Débattant du sujet avec un de mes bons amis, il m’a cité ces deux paroles archi-connues : “Jésus-Christ est le même, hier, aujourd’hui et éternellement” (Hébreux 13.8) et : “Les dons et les appels de Dieu sont sans repentance” (Romains 11.29). À ses yeux, tout ce qui était écrit dans la Bible, ainsi que tous les dons d’autrefois étaient valables aujourd’hui. Je lui ai demandé s’il avait, selon la Parole, fait circoncire son fils et s’il offrait les sacrifices prescrits pour les fêtes de l’Éternel ? D’abord surpris par la question, il reconnut qu’il avait parlé hâtivement car, s’il est vrai que la Parole de Dieu demeure éternellement, certains de ses enseignements ne sont plus d’application dans l’actuelle dispensation. Il se reprit en disant que certainement, dans l’Ancien Testament, certaines pratiques ne nous concernaient plus, mais qu’il n’en était pas ainsi dans le Nouveau Testament ; on doit le recevoir entièrement et, par-dessus tout, les paroles de Jésus. Ouvrant alors ma Bible, je lui ai demandé de m’expliquer les paroles de Jésus en Matthieu 10.5 où Il envoie les douze avec cet ordre précis : “N’allez pas vers les païens”, ce qui voulait dire de n’aller prêcher l’Évangile à personne d’autre qu’aux Juifs.

— Acceptez-vous cette parole du Seigneur pour vous-même aujourd’hui ? Après un moment de réflexion il répondit qu’il n’y avait jamais pensé.

— Donc, cette parole n’est plus de saison ?

— Non.

Je lui ai alors demandé si le don de l’Esprit, le plus authentique et le plus vérifiable de tous, celui d’ajouter des pages de connaissance et de prophétie inspirées, si utile pour bâtir l’Église, existait toujours ?

— Non.

— Alors, vous croyez aussi que Dieu a retiré ce don ? (7)

(7) Certains pensent avoir trouvé la fin de l’inspiration de la Bible en Apocalypse 22.18, mais ce verset ne concerne que “la prophétie de CE livre”. Le même interdit d’ajouter quoi que ce soi à la loi se retrouve dans le Deutéronome 12.33. Cependant de nombreux livres ont été rajoutés au Pentateuque. La raison de la fin de l’inspiration se trouve ailleurs, mais cela déborderait le cadre de notre étude.

— Oui.

— À votre avis, la Bible dit-elle que ce don a cessé ?

— Non, pas à ma connaissance.

— Et pourtant vous croyez qu’il a cessé ?

— Oui.

— Ainsi vous croyez que ce don de l’Esprit a cessé quoique la Bible ne dise nulle part qu’il ait cessé. Dites-moi pourquoi vous refusez de croire à la fin du don des langues alors que la Bible dit que les langues cesseront ? (1 Corinthiens 13.8).

Quant à la fin de l’inspiration, le pentecôtisme partage la position doctrinale commune à tous les milieux évangéliques. Mais, on découvre, chez beaucoup d’entre eux, comme une gêne à en parler. Pourquoi ? Parce qu’il faut alors admettre que Dieu a retiré ce don. Une brèche est ainsi ouverte dans leur flanc, car si le Saint-Esprit a retiré le charisme le plus évident de tous, rien ne peut plus s’opposer à l’idée biblique que d’autres aient cessés. D’ailleurs, le même Esprit qui, le jour de la Pentecôte, a fait accompagner son baptême d’un grand souffle et de langues de feu, a fait cesser ces deux manifestations qu’on ne retrouve plus nulle part dans la suite des événements bibliques. On ne peut donc plus invoquer cet argument spécieux qui consiste à dire que si l’Église du premier siècle avait besoin de ces deux manifestations-là, à combien plus forte raison celle d’aujourd’hui ; ni que si ces signes-là se sont produits autrefois, ils doivent obligatoirement se voir encore. Dieu les a retirés très tôt après les avoir donnés, et nous devons nous en accommoder. Si donc l’Église s’est très bien passée des “langues de feu” et du “grand bruit” pendant dix-neuf siècles, et continue à ne plus les voir aujourd’hui, pas plus les Églises Charismatiques que les autres, c’est qu’elle pouvait faire sans. C’est la preuve que certains dons et leurs manifestations n’étaient pas permanents.

Quand ?

De la déduction logique, passons aux textes. La question qui vient tout naturellement à l’esprit est : Quand les langues devaient-elles cesser ? L’idée admise dans les sphères pentecôtistes et charismatiques, c’est que la fin du don des langues serait lié à cette phrase de 1 Corinthiens 13.10 : “Quand ce qui est parfait sera venu”, ce “parfait” étant selon eux, le retour de Jésus-Christ. Or, NULLE PART DANS LA BIBLE ON NE TROUVE ÉCRIT QUE LE DON DES LANGUES CESSERA À LA VENUE DE CE QUI EST PARFAIT !!! Il suffit de lire lentement et posément la Parole de Dieu. Tout est limpide dans les versets de ce chapitre 13, souvent expliqués à rebours. Au verset 8 il est écrit :

  1. Les prophéties prendront fin,
  2. Les langues cesseront, (ou ne continueront pas),
  3. la connaissance (8) disparaîtra.

(8) Pour tenter de prouver que le don de connaissance existe toujours, certains lui donnent le sens de voyance et révélation prophétique comme, par exemple, avoir connaissance d’u, fait, d’une situation, d’un péché ignorés qui seraient alors révélés par une parole dite de “connaissance”. Ce mot “gnosis” qui se rencontre 28 fois dans le Nouveau Testament n’est jamais employé dans ce sens-là. Il est toujours compris dans le sens du “savoir intelligent”, de “science”.

1 Corinthiens 8.1 Pour ce qui est des viandes sacrifiées aux idoles. nous avons tous la connaissance”.
1 Corinthiens 8.7 Mais cette connaissance n’est pas chez tous”.
1 Corinthiens 8.10-11 Ainsi le faible périra par ta connaissance”.
1 Corinthiens 14.6 De quelle utilité vous serais-je, si je venais à vous en parlant en langues, et si je ne vous parlais pas par révélation, ou par connaissance, ou par prophétie, ou par doctrine ?”.
Ce dernier verset démontre à suffisance que la connaissance, c’est autre chose que la prophétie, ou la révélation, ou une quelconque voyance. C’est selon Romains 2.17-20 (J.N. Darby) “avoir la connaissance de la volonté de Dieu, discerner les choses excellentes (faire la différence des choses) ; c’est la vraie connaissance qui a la loi pour formule (règle)”.

C’est très clair. Sans transition, le verset 9 qui suit va nous dire ce qui, à la venue de ce qui est parfait va disparaître. Lisons bien :

  1. Nous connaissons en partie (don de connaissance)
  2. Nous prophétisons en partie (don de prophétie)
  3. ???

Où est passé le don des langues ? Il n’est plus là. Quelqu’un nous a écrit qu’en effet il n’y était pas, mais que c’était comme s’il y était ! Il est à craindre que certains l’introduisent mentalement dans le verset 9 pour se persuader que ce don, comme les deux autres, reste jusqu’à ce que le “parfait” soit venu. Mais voilà, la fin du parler en langues n’est pas liée comme les deux autres à la venue de ce qui est parfait. Le Saint-Esprit ne l’a jamais dit ni enseigné. Au contraire, Il enseigne comme nous l’avons souligné maintes et maintes fois, que ce don est lié à quelque chose de tout à fait différent. Il est lié au BUT pour lequel Dieu l’a donné. Et ce but a été pleinement atteint lorsqu’il a été pleinement admis dans l’Église que les “langues, tribus, peuples et nations” entraient dans la nouvelle alliance au même titre que “ce peuple”. Ce fait étant devenu tellement évident, universellement cru, accepté et surtout n’étant plus contesté par personne, ce signe n’avait plus sa raison d’être. Ces “langues de feu” se sont éteintes, non à la venue de ce qui est parfait, mais faute de leur combustible naturel : la présence de “ce peuple” et de son incrédulité à admettre le salut des autres peuples. Les étoiles, chacun le sait, ne se voient et ne sont utiles que la nuit. Elles s’éteignent à la lumière du jour. De même, les langues n’étaient utiles qu’à l’obscurantisme d’un Israël ancré dans son incrédulité quant à l’élection des gens aux langues étrangères. Le don s’est éteint tout naturellement quand toute la lumière a été faite sur la vocation des païens.

Il y a quelques mois, un des principaux leader du Charismatisme français a essayé de me piéger en me posant cette question : À quelle date le don des langues a-t-il cessé et comment s’appelait l’homme qui s’en est servi en dernier ? Un peu malicieusement je lui ai répondu : “Dites-moi quand et par quel décret de loi les réverbères à gaz de nos villes ont-ils été supprimés et quel était le nom et l’âge du dernier allumeur de réverbère ?” Chacun sait que l’éclairage au gaz s’est terminé naturellement avec l’apparition de l’ampoule électrique. De la même façon, les langues ont cessé simplement quand toute la lumière a été faite sur la vocations des nations, de ces peuples aux langues étrangères.

Puisque le Saint-Esprit ne lie pas la fin des langues avec la venue de ce qui est parfait, il est superflu de s’étendre pour savoir si ce “parfait” s’identifie au Seigneur Jésus et à son retour, ou s’il s’agit, comme beaucoup le pensent, de l’achèvement de la révélation écrite. Que ce soit l’un ou que ce soit l’autre, cela n’a plus aucune incidence sur notre étude. Les considérations que l’on fait habituellement entrer dans le débat comme : “alors ce qui est partiel disparaîtra”, “alors nous verrons face à face”, “alors je connaîtrai comme j’ai été connu”, etc… de la fin du chapitre 13, sont désormais sans intérêt pour la fin du don des langues car cela ne s’y rapporte pas. Puisque le Saint-Esprit a souverainement écarté les langues du verset 9, ne liant que la connaissance et la prophétie avec la venue de ce qui est parfait, qui aurait l’audace de les introduire (ce qui fausserait tout le débat) comme si Dieu le Saint-Esprit avait “oublié” de les y mettre.

Six ou trois ?

Pour ne pas laisser en suspens une contestation ultérieure nous allons, le temps d’une parenthèse, faire comme si les langues se trouvaient dans le verset 9. Nous allons démontrer que, même ainsi, “la venue de ce qui est parfait” ne peut être synonyme de retour de Christ.

Il faut signaler que Paul ne parle pas de trois choses mais de SIX :

  1. connaissance,
  2. langues,
  3. prophéties,
  4. foi,
  5. espérance,
  6. amour.

L’Esprit précise que de ces six, les seules qui ne cessent pas sont les trois dernières, la foi, l’espérance et l’amour (9) qui, elles, continuent jusqu’au retour de Christ. Il est impossible de s’exprimer plus clairement. Si des six, il y en a trois qui DEMEURENT, c’est qu’il y en a trois qui ne DEMEURENT PAS. Et quelles sont-elles ? C’est écrit en toute lettres : la connaissance, les langues, et les prophéties. Persister à nier la disparition précoce de ces trois-là, ce serait faire dire au Saint-Esprit : SIX CHOSES DEMEURENT jusqu’à la venue de Jésus. Pardon, dit Paul ! Des six, il n’y en a que trois, la foi, l’espérance et l’amour qui vont aller jusqu’au bout ; les autres ne vont pas demeurer, elles vont s’arrêter avant. Et quand vont-elles s’arrêter ? Puisque la venue de ce parfait se situe avant le retour de Jésus, qui lui est au bout avec les trois autres, cette expression ne peut en aucune manière vouloir dire le jour de son avènement. Car, si c’est là ce que ça veut dire, il faut raturer la Parole de Dieu et la surcharger d’une rectification que certains ont déjà opérée mentalement : SIX CHOSES DEMEURENT !!! Le Saint-Esprit a dit TROIS. Il faut choisir.

(9) L’amour étant éternel ne cessera jamais. La foi et l’espérance cesseront de demeurer quand le Seigneur viendra. (2 Corinthiens 5.7 ; Romains 8.24-25)

Que veut dire parfait ?

Avant de clore ce chapitre nous allons répondre à une dernière objection qui permettra d’expliquer ce que veut dire : “Quand ce qui est parfait sera venu”. Certains diront que si les langues ont cessé, les dons de connaissance et de prophétie ont aussi été retirés. C’est ce que nous admettons sans peine et nous allons nous en expliquer.

Quand Paul a écrit ces lignes (verset 8), le canon des Écritures n’était pas clôturé. Presque tout le Nouveau Testament, y compris trois des quatre évangiles étaient encore à rédiger. De quoi est composée la Parole de Dieu ? De connaissance qu’elle communique et de prophéties qu’elle révèle. À l’époque où ces deux éléments constituants de la foi chrétienne n’étaient pas encore scellés dans le Nouveau Testament, il y avait, données par l’Esprit dans les réunions de la première Église, une parole spontanée de connaissance et une édification prophétique tout aussi spontanée (1&nbp;Corinthiens 12.8). Paul, et d’autres avec lui, nous feront faire par écrit la connaissance du Seigneur et de son enseignement, et ils nous donneront toutes les révélations prophétiques nécessaires au développement de notre vie spirituelle. Paul dira aux Éphésiens&nbp;: "Voyez la connaissance que j’ai du mystère de Christ” (Éphésiens 3.34) Cette connaissance et ces prophéties, même écrites, ne sont malgré tout que partielles (Jean 21.25 ; 1 Corinthiens 13.9), mais pleinement suffisantes pour notre salut et notre édification, Dieu n’ayant pas jugé utile de nous en dire plus, ni sur son Fils ni sur l’avenir. Mais une fois toute cette connaissance et toutes ces prophéties même partielles, consignées dans le Nouveau Testament, ces deux charismes eux aussi prenaient fin. Avec l’achèvement du canon des Écritures, “ce qui est parfait” était venu.

Les nombreux témoignages de la perfection de la Bible se résument tous dans ce merveilleux verset 96 du Psaumes 119 : “Je vois des bornes à tout ce qui est parfait, mais les commandements (la Parole) n’ont point de limite” ! Cette perfection est telle que depuis bientôt mille neuf cents ans, rien n’y a été ajouté. Il n’y a dès lors plus qu’une connaissance et des prophéties au second degré ; elles ne sont que les commentaires des premières. Elles en sont une explication, une interprétation qui n’ajouteront plus jamais rien à ce qui a été écrit et dont la valeur inspirée ne peut en aucun cas leur être comparée, sinon il faudrait les ajouter à la Bible. Il peut y avoir une prophétie du genre de celle d’Agabus qui annonça une famine (Actes 11.28), maïs qui n’a rien de commun avec celles dont Paul dira : “Vous êtes édifiés sur le fondement des apôtres, des prophètes, Jésus-Christ Lui-même étant la pierre angulaire” (Éphésiens 2.20). Il y a donc la connaissance et la prophétie des fondements auxquels personne ne peut rien ajouter. De cette “connaissance” et de ces “prophéties” des fondements, Paul avait dit qu’elles cesseraient à la venue de ce qui est parfait. La révélation parfaite étant venue, tout chrétien peut dire avec lui qu’elles ont cessé avec les dernières lignes écrites par l’auteur de l’Apocalypse.

Voici ce qu’en dit le Dr Scofield dans sa Bible avec commentaire, Page 1311 : “Le prophète du Nouveau Testament n’était pas un simple prédicateur, mais un prédicateur inspiré qui communiquait les révélations correspondantes à la nouvelle dispensation (1 Corinthiens 14.29-30) jusqu’à ce que soit terminée la rédaction du Nouveau Testament”.

Comme le serpent d’airain

Le serpent d’airain fabriqué par Moïse, l’avait été sur l’ordre de Dieu et il avait servi au salut de milliers de personnes (Nombres 21.9). C’était un don divin, une puissance de Dieu pour le salut de ceux qui avaient cru à la Parole de Dieu. Le Seigneur Jésus allait l’évoquer lors de sa mémorable entrevue avec Nicodème. Il a été jusqu’à tracer un parallèle saisissant entre sa personne, son œuvre et le serpent : “Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le fils de l’homme soit élevé” (Jean 3.14). Ce serpent d’airain, les Israélites l’avaient pieusement conservé pendant des siècles. Qu’en fit le bon roi Ézéchias ? “Il fit disparaître les hauts lieux, brisa les statues, abattit les idoles et mit en pièces le serpent d’airain que Moïse avait fait, car les enfants d’Israël avaient jusqu’alors brûlé des parfums devant lui…” (2 Rois 18.4). Ce serpent était devenu une occasion de chute pour Israël. C’était pourtant le même serpent qu’autrefois. Ce n’était pas une copie truquée, une imitation du vrai. C’était le vrai, le bon, l’original. L’usage initial qui avait été de le regarder s’était même étoffé et enrichi avec les siècles. On lui offrait des parfums. Sous le couvert de l’attachement à Dieu, il avait fini par prendre la place de Dieu et il était devenu une idole comme les autres. On peut être sûr que celui qui a dénoncé l’usage périmé du serpent n’a pas fait l’unanimité autour de lui ! Les partisans du serpent d’airain pouvaient, à l’appui de leur foi, invoquer des données historiques, bibliques, et, à n’en pas douter expérimentales. Ils pouvaient arguer que le Dieu qui l’avait commandé ne change pas parce qu’il reste le même hier, aujourd’hui et éternellement ; que ce qui s’était passé au désert pouvait encore se passer de leurs jours ; que la puissance de Dieu n’avait pas changé et que surtout, pas un seul mot n’était dit concernant la fin de son action, de son usage et de son utilité.

En fait, les exercices spirituels qui gravitaient autour de cette relique étaient devenus une abomination. Pour beaucoup, les langues sont aussi une relique qu’ils portent dans leur cœur, dont ils parlent sans cesse et à laquelle ils vouent une dévotion sans borne. Ils la défendent en disant que c’est Dieu qui l’a donnée. Mais Dieu avait aussi donné le serpent d’airain, pour une occasion précise, pour un temps limité. Au-delà de ce temps, il devenait périmé comme des marchandises ou des médicaments qui ont dépassé la date limite et qui deviennent dangereux. La guérison se transforme en infection. C’est ce qui s’est passé avec le serpent d’airain ; leur vie spirituelle en a été infectée. Lorsque le serpent leur a été retiré, beaucoup ont vu leur ardeur spirituelle décliner car ils n’avaient plus rien de tangible à quoi se raccrocher. J’ai aussi compris pourquoi certains se cramponnaient au parler en langues avec une sotte de frénésie. Leur vie spirituelle était si pauvre, si peu fondée sur la Bible que s’ils perdaient ça, il ne leur restait plus rien.

La manne

Pendant leurs quarante années au désert, les Israélites recevaient six jours sur sept ce don du ciel qu’était la manne, le pain d’en-haut qui descendait sur la terre. Ce don était le signe, la preuve par anticipation que des riches moissons les attendaient en Canaan. Cela a duré quarante ans, mais dès leur entrée dans la terre promise, la manne a cessé. Le Dieu qui l’avait donnée l’a aussi retirée. Pourquoi ? Parce qu’ils avaient désormais les récoltes du pays. Le don, à la fois signe et ombre des choses promises était devenu réalité et il s’arrêta. Comme la manne annonçait les moissons de Canaan, le don des langues annonçait au peuple juif la moisson des païens. Comme la manne n’a pas continué, le don des langues n’a pas non plus continué quand la moisson des païens est devenue une évidence que personne n’a plus niée ou combattue.

De l’illustration biblique, passons à la doctrine :

  1. Le jugement (10) qu’annonçait le parler en langues sur l’Israël incrédule (Ésaie 28.11-13 ; 1 Thessaloniciens 2.16 ; 1 Corinthiens 14.21), est dramatiquement tombé sur lui à partir de l’an 70 par la prise de Jérusalem et la dispersion mondiale du peuple juif.

  2. L’entrée massive des peuples aux langues étrangères dans l’Église, qu’annonçait aussi le parler en langues étrangères, s’est faite parallèlement avec la mise à l’écart et le jugement d’Israël. Le signe était entièrement accompli. Aussi accompli que le grand “Tout est accompli” de la croix qui interdit tout renouvellement de ce sacrifice. Le parler en langues non plus ne se perpétue pas, selon ce qu’en a prophétisé le Saint-Esprit : “Les langues ne continueront pas” (1 Corinthiens 13.8).

(10) Voir au chapitre 10 : Les langues de feu.

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