Miséricorde jouit de l’assurance de son salut. – Les pèlerins sont sanctifiés ; – ils sont scellés de l’Esprit ; – ils ont revêtu Christ. – Interprète leur adjoint Grand-Cœur pour guide.
On avait fini le souper, et nos gens se préparaient à la retraite. Il fut décidé que les femmes auraient chacune un lit particulier, et que les enfants coucheraient ensemble. Mais il arriva que dans la nuit, Miséricorde ne pouvait dormir à cause de la joie qu’elle éprouvait, car les doutes et la crainte de ne pouvoir atteindre le but, avaient été entièrement bannis de son esprit. Elle veillait, en bénissant et louant Dieu qui lui avait accordé une si grande faveur.
Ils se levèrent à l’aube du jour ; et comme ils se disposaient à partir, l’Interprète les engagea à retarder un peu leur départ, leur faisant observer qu’il ne convenait pas de quitter ce lieu sans se mettre bien en ordre. S’adressant alors à la jeune fille qui la première était venue leur ouvrir la porte : Conduis-les, dit-il, jusqu’au bassin qui est au bout du jardin. Puis, tu les laveras et tu ôteras la poussière qui s’est attachée à eux durant le voyage. Ainsi, Simplicité leur fit traverser le jardin, et les mena jusqu’au réservoir. Là, elle leur expliqua pourquoi et comment ils devaient être nettoyés, selon l’ordre que le maître en a donné pour eux comme pour tous ceux qui s’arrêtent chez lui dans le cours de leur pèlerinage. Ils descendirent donc dans l’eau et furent lavés, tant les femmes que les enfants. Dès qu’ils eurent accompli cet acte, ils ne se trouvèrent pas seulement frais et propres, mais aussi bien ranimés et fortifiés dans tous leurs membres. En sorte que quand ils rentrèrent, ils avaient meilleure grâce que lorsqu’ils étaient sortis.
Ils étaient déjà de retour à la maison, lorsque l’Interprète les prit en particulier, et s’écria en les regardant : Vous voilà « frais comme l’aube du jour ! » Ensuite il se fit apporter le cachet dont il avait coutume de se servir pour sceller ceux qui avaient été plongés dans son réservoir. Il mit donc la marque sur eux afin qu’on put les reconnaître partout où ils iraient. Or, sur le sceau était gravé le mémorial de la pâque que les enfants d’Israël mangèrent quand ils sortirent du pays d’Égypte. (Exode. 13.8,14 : Et en ce jour-là tu donneras à ton fils cette explication : C’est à cause de ce que l’Eternel a fait pour moi à ma sortie d’Egypte.) Ils furent donc marqués au front, ce qui ajouta considérablement à leur beauté, car cette marque ainsi placée, leur servait d’ornement. Ceci leur donnait en même temps un ton de gravité, et rendait leur visage semblable à celui des anges.
L’Interprète ordonna ensuite à la jeune fille qui assistait les femmes, d’aller chercher dans le vestibule des habits pour en couvrir les pèlerins. Ayant donc apporté des vêtements, elle leur commanda de s’en revêtir après les avoir déployés devant eux : c’étaient des robes de fin lin, blanc et pur. Quand les femmes se furent ainsi parées, l’on eût dit qu’elles étaient un sujet de terreur l’une à l’autre, car elles ne pouvaient point voir en elles cette gloire que chacune voyait chez l’autre. Il en résulta qu’elles commencèrent par estimer autrui plus excellent que soi-même. Elles raisonnaient entre elles de cette manière : « Vous êtes plus belle que moi, » à quoi l’autre répondait : « Non, vous avez meilleure façon que moi. » Les garçons n’étaient pas moins étonnés de voir quel changement il venait de s’opérer en eux.
Après cela, l’Interprète fit appeler l’un de ses hauts employés, un nommé Grand-Cœur, auquel il donna ordre de ceindre une épée, et de prendre un casque et un bouclier. Voici, lui dit-il, ces miennes filles que tu vas accompagner et conduire jusqu’à la maison Plein-de-Beauté, qui est le lieu où elles devront d’abord s’arrêter pour reprendre des forces. Le conducteur prit son armure et se mit à marcher devant elles. – Bien vous soit ! ajouta l’Interprète. Tous les gens de la maison les accompagnèrent également de leurs meilleurs souhaits.
Puis, nos pèlerins se mirent en route en chantant :
Ici, pour la deuxième fois,
Dans le cours de notre voyage,
Nous avons entendu la voix
De celui qui nous dit : courage !
Ici, par le Seigneur guidés,
Ici, nous furent révélées
Les bonnes choses encore cachées,
À ceux qui nous ont précédés.
Grand-Cœur