Traité de la composition d’un sermon

VII
Des textes qui se peuvent traiter, par voie d’application perpétuelle

Nous avons dit ci-dessus, qu’il y a deux voies générales de traiter un texte. L’une, celle de l’explication ; et l’autre, celle des observations. On appelle ces deux manières de prêcher, textuaires, parce qu’en effet elles s’attachent au texte et ne s’en écartent point. Au contraire, elle le regardent comme le sujet et la matière sur laquelle il faut travailler ; ou si vous voulez, comme le champ qu’il faut cultiver, et en recueillir le fruit. Mais outre cela, nous avons dit aussi, en quelque endroit de ce traité, qu’il y avait une troisième manière de traiter un texte, à savoir, en en faisant une perpétuelle application, et en la réduisant sur-le-champ à la pratique, sans s’amuser ni à expliquer, ni à faire des observations. C’est ainsi qu’on peut principalement traiter les textes d’exhortation à la sainteté et à la repentance, comme celui de Sophonie 2.1 : Épluchez-vous, nation non désirable. Car au lieu d’expliquer la force des termes ou de faire des observations sur la nécessité de cette exhortation, sur la personne du prophète qui la fait, sur les Juifs à qui elle est adressée, sur le titre de nation non désirable, qui leur est donné, sur la miséricorde de Dieu qui appelle les pécheurs à repentance etc., on peut fort utilement tourner tout cela en pratique, et entrer dans ce sérieux examen de soi-même que le prophète commande.

Je dis la même chose de ces paroles, 1 Corinthiens 11.28 : Que chacun s’éprouve soi-même et ainsi qu’il mange de ce pain, et qu’ils boive de cette coupe. Car laissant à part toutes les observations théologiques que l’on peut y faire, on peut entrer dans cette épreuve de soi-même actuellement. Cette manière étant bien et sagement dispensée avec force et habileté en choisissant les occasions propres, produira, comme je l’ai dit ailleurs, un excellent effet. Mais il faut toujours se souvenir de cette règle, qu’en prenant cette voie il faut faire quelque chose de fort et de beau, ou ne s’en point mêler.

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