Nous prenons cette dénomination dans un sens général, sans distinguer entre les Perses proprement dits et les Mèdes. Les anciens Perses sont pour nous les Perses des Achéménides (de 560 à 331 avant Jésus-Christ) et des Sassanides, ces grands restaurateurs du Mazdéisme (de 226 après Jésus-Christ à 640).
Sur ce sujet nous avons suivi surtout Ideler qui pour les anciens Perses, comme pour les Arabes, a profité des travaux de Silvestre, de Sacy et dont l’exposition a été hautement louée par Spiegel. Mais nous avons été heureux de trouver plusieurs confirmations ou éclaircissements dans un ouvrage plus récent d’un savant parse, qui occupe une haute position dans la magistrature de Bombay, M. Dosabhai Framji Karaka. Cet ouvrage, en deux volumes, à paru à Londres en 1884 et est intitulé : History of the Parsis, including their manners, customs, religion and present situation. C’est à lui que se rattache intimement un article de la Revue des Deux-Mondes (15 mars 1887) sur « Les descendants des Mages à Bombay, » dont l’auteur, M. Planchut, a, d’ailleurs, été lui-même en relation directe avec des Parses.
Les Persans se servent actuellement, comme les autres Mahométans, des mois arabes. Il ne peut être question d’une division originale des temps pour les Perses que pendant les périodes de leur indépendance, c’est-à-dire avant la chute des Sassanides.
Les anciens Perses avaient une année solaire mobile de 365 jours, qui se composaient de 12 mois de 30 jours chacun, et de 5 jours complémentaires, insérés d’abord entre le 8e et le 9e mois, plus tard à la fin de l’année. Chaque jour du mois avait son nom propre et, sous ce rapport, Ideler peut dire que les anciens Perses ne connaissaient pas la semaine.
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Toutefois lorsqu’on observe les noms des 30 jours mensuels on constate que les jours 1, 8, 15, 23, placés à des intervalles presque égaux, sont désignés par le nom de la divinité suprême (Hormuz, Dei, Dast, Dadhû, Dai-ba-Adar…). Il en résulte une division semblable à celle de la semaine. Dans chaque mois, le jour dont le nom s’accordait avec celui du mois, était un jour de fête : par exemple, le 19e jour du 1er mois, le 2d jour du 11e mois, etc.
Planchut, parlant de l’emploi particulier de quelques jours du mois pour un fervent mazdéen, dit, après avoir observé que « plusieurs se ressemblent » : « Le 1er et le 7e jours sont consacrés à l’adoration d’Ahura-Mazda. Tout travail est suspendu, et si vous entrez dans une maison, il en résultera joie et contentement. On profite de la cessation du travail pour mettre son logis en ordre et tout aussi bien faire l’inventaire de sa fortune que constater l’état de son âme. » — Il semble cependant qu’il y ait la quelque confusion, car ce n’est pas le 7, mais le 8, qui, comme le 1, le 15 et le 23, est consacré spécialement à Ormuzd. Le 7 n’en est pas moins un jour de repos bien caractérisé.
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Il y a évidemment un grand rapport entre la cosmogonie perse qui sert de base à leurs fêtes annuelles, et la cosmogonie mosaïque, malgré certaines différences. J’en relèverai seulement une, qui a pour nous un intérêt spécial : c’est que, tandis que d’après la Genèse, il n’y a pour l’Éternel qu’un seul jour de repos, qui a lieu après les 6 actes de la création, d’après la cosmogonie perse, il y a un jour de repos après chacun des actes.
La solennité du septénaire aux yeux des anciens Perses ressort déjà, et même doublement, de leur nomenclature des jours du mois, mais elle ressort aussi d’ailleurs. Karaka dit, à l’occasion de certaines formalités usitées pour la célébration du mariage chez les Parses : « La raison en est que le nombre de 7 est considéré par eux comme étant très propice. Les anciens Perses connaissaient 7 Amshapands (archanges), 7 cieux et 7 continents. »
L’Ancien Testament renferme une intéressante donnée où se reflète l’importance religieuse du septénaire chez les anciens Perses, à savoir la mention des 7 conseillers du roi : Esdras 7.14 (cp. 15, 28) et surtout Esther 1.13-14. Ce dernier livre parle aussi des 7 jours d’une grande fête populaire donnée par le roi Assuérus à Suse, des 7 eunuques du roi ou plutôt ses 7 chambellans, des 7 filles d’honneur données à Esther. — Bertheau dit à l’occasion de Esther 1.10, que « le nombre 7 apparaît comme étant de la plus haute importance dans la religion des Perses et dans leurs institutions de la cour et de l’Etat, et, à l’occasion du v. 14, que « le nombre des conseillers royaux correspondait au nombre des 7 Amshapands », ce qui du reste semble généralement reconnu. — « Le nombre 7, disait déjà Heeren dans ses Idées sur la politique et le commerce des principaux peuples de l’ancien monde, se présente dans toutes les institutions publiques des Perses, dès qu’il fallait une pluralité. Il est donc très vraisemblable que c’était chez eux un nombre saint d’après une ancienne superstition. »