Il leur parla en paraboles sur beaucoup de choses. Matthieu 13.3.
Quel a été le motif qui poussa le Sadhou à quitter son oeuvre aux Indes pour venir en Europe ?
Tout d'abord un acte de simple obéissance. – J'ai dû obéir, Dieu m'a conduit contre ma volonté. Je ne suis jamais à l'aise dans les grandes villes, ni aux Indes, ni ailleurs. – Sundar voulait voir lui-même si l'accusation de certains Hindous était justifiée : l'Europe était-elle encore chrétienne ? N'avait-elle pas perdu la sève de l'Évangile et son influence dans le monde ?
En réponse à une question qui lui fut posée à Genève a ce sujet, il répondit : – Mon premier but en venant ici a été de rendre témoignage à Jésus-Christ et à sa puissance. Puis, je désirais remercier les vrais chrétiens de ce qu'ils ont fait pour mon pays ; les Hindous ne sont pas des ingrats. Enfin je voulais pouvoir réfuter nos étudiants venus s'instruire en Europe et qui, n'ayant pas rencontré de vrais chrétiens, combattent le christianisme à leur retour aux Indes et décrient le travail des missionnaires.
– Dire que le christianisme est un échec en Europe et en Amérique est une grave erreur et n'est pas basé sur l'expérience. Pourtant, dans mes voyages en Occident, j'ai trouvé les gens si occupés par leur travail, leurs affaires, leur bureau, leur commerce, qu'ils n'ont plus de temps pour prier et recevoir les bénédictions de l'Évangile. Quelques-uns m'ont confessé que leur vie est devenue si compliquée et si remplie, qu'ils en sont fatigués. Si un homme s'affaiblit parce qu'il n'a pas pris de nourriture ou d'eau, pouvons-nous dire que la faute est imputable aux aliments ? Certes pas. La négligence de cet homme seule est la cause de sa faiblesse.
Mais les Européens qui, de, tout leur coeur, ont accepté le christianisme et en ont reçu les bénédictions, ont réveillé le monde de son sommeil de mort et travaillé à son salut.
Il est intéressant de noter l'impression de deux Hindous non chrétiens connaissant l'Occident : Rabindranath Tagore et Gandhi. Le premier déclare : « Vous ne pouvez prêcher le christianisme avant d'être devenu semblable au Christ. Quand vous le serez, vous ne prêcherez plus le christianisme, mais l'amour du Dieu qu'il révèle. » – Gandhi répondit, à Lausanne, à ceux qui lui demandaient ce qu'il fallait faire pour que le christianisme devienne une force aux Indes : « Il faut que vous, missionnaires, viviez comme Christ a vécu. Le christianisme est bon, mais beaucoup de chrétiens sont mauvais. »
Le Sadhou, parlant de ces deux hommes qu'il connaissait personnellement, dit : – Tagore et Gandhi seraient probablement devenus chrétiens s'ils n'avaient visité l'Europe. Aux Indes nous ne manquons ni de religion, ni d'enseignement théologique ou philosophique, mais nous avons besoin de Christ. Nous voulons des hommes qui non seulement prêchent, mais manifestent Christ dans leur vie et leur conduite. L'Inde ne sait que faire de missionnaires qui ne voient dans le Christ qu'un grand Maître et ne croient pas à sa divinité. Ceux-là, gardez-les chez vous et ne vous laissez pas égarer par le modernisme et la critique biblique.
Si le Sadhou n'est pas ennemi de la connaissance, il s'élève avec énergie contre ceux qui veulent lui donner la première place et contre l'erreur de l'intellectualisme religieux. Il n'est pas le premier à découvrir que « ces choses sont cachées aux sages et aux intelligents et révélées aux enfants ». Le coeur est au-dessus de la raison.
– Je ne condamne pas la science théologique, ni tous les théologiens dont plusieurs sont des saints. Je ne suis pas opposé aux études, mais celles-ci sans la vie obscurcissent la vision spirituelle. Une théologie sans prière est une fontaine sans eau. J'ai appris bien des choses utiles dans mes études, mais l'enseignement de l'Esprit je l'ai reçu aux pieds du Maître.
De retour aux Indes, Sundar se rendit à Sabathou. Son père insista pour lui faire construire une maison, ce qui modifia sa vie de Sadhou en ce qu'il avait désormais « un lieu où reposer sa tête ». Il acheta une vieille maison de la Mission, donnant d'un côté sur un quartier commerçant, sale et bruyant, de l'autre sur les collines d'alentour avec une vue magnifique au loin. Cette demeure était comme le symbole de la vie de Sundar, en contact à la fois avec le monde des affaires, souvent sordide, et avec la solitude de la nature, calme et inspiratrice.
La maison était occupée par un docteur de ses amis, travaillant dans l'asile des lépreux de Sabathou. Le Sadhou jouissait là de la vie de famille. Un des traits de son caractère était son amour pour les enfants, et il aimait à jouer avec ceux du docteur. Il pensait à l'accueil que Jésus faisait aux plus petits d'entre eux, les donnant en exemple : « Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux. Quiconque sera humble comme un petit enfant, sera le plus grand dans le royaume des cieux. »
La chambre de Sundar, très sobre, contenait une petite bibliothèque avec des livres de mystiques, de psychologues et de savants, et des photographies de ses amis.
S. F. Andrews, ami personnel du Sadhou, donne des détails sur cette période de sa vie. Ce fut pendant les mois tranquilles que Sundar passait à Sabathou, qu'il écrivit plusieurs de ses livres.
Depuis que l'anglais lui était devenu familier, il lisait davantage. Un gros volume de science moderne, souligné avec soin, témoignait de l'intérêt qu'il avait pris à sa lecture.
Ce fut une révélation pour ses amis de découvrir, en feuilletant les pages si minutieusement annotées, un des côtés encore inconnu de l'âme du Sadhou. Il gardait toujours une attitude de l'esprit humble et enfantine, mais sa puissance intellectuelle s'était réveillée et mûrie. Il s'était efforcé de pénétrer dans cet autre domaine de la pensée humaine, si différent du sien. Il avait une grande admiration pour l'intelligence des hommes et ne combattait pas la valeur de leur jugement et de leurs découvertes, mais croyait fermement aux lois ignorées du domaine spirituel.
Il resta toujours fidèle au principe fondamental qui dictait ses actions : son entière dépendance de Christ, le commencement et la fin de toute science : « Le mystère de Dieu dans lequel sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science. »
La Bible était pour lui la Parole même de Dieu. – Elle est mon guide, ma lumière, la nourriture de mon âme. L'expérience a prouvé qu'il n'y a pas un autre livre dans le monde qui puisse répondre aux besoins spirituels des hommes. La difficulté du langage, des traductions, la critique des textes n'ont pu me voiler les vérités qu'elle renferme, ni atténuer son influence sur mon coeur, parce que son but unique est de nous faire connaître le Christ.
– En ouvrant la Bible j'ai trouvé des richesses insondables et éternelles, et en les partageant avec d'autres, elles n'ont fait que s'accroître pour moi et pour eux. Sans ce livre je n'aurais jamais connu l'amour infini de Dieu, révélé à la Croix. La puissance d'attraction de la Bible n'est sensible qu'à ceux qui l'étudient sincèrement et avec prière. Trop de gens lisent des ouvrages sur la Bible au lieu de la lire elle-même.
Sundar avait toujours avec lui son Nouveau Testament en ourdou. Pendant des années ce fut le seul livre qu'il lût. Il parlait constamment de la joie intense qu'il y trouvait et savait par coeur les Évangiles. L'histoire de Jésus était un exemple vivant devant lui.
Il cherchait à obéir littéralement aux instructions données aux disciples. Quand Christ dit : « Les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel ont des nids, mais le Fils de l'homme n'a pas où reposer sa tête », Sundar trouvait dans ces paroles la confirmation de sa vie de Sadhou. A l'ordre : « Ne prenez ni bourse, ni bâton, ni deux tuniques », il obéissait à la lettre, voyageant dans le monde entier sans aucun argent avec lui. Nous voyons dans sa vie la Bible non seulement prêchée, mais vécue avec toutes ses austérités, ses richesses et ses miracles. Ce qui peut nous paraître un idéal inaccessible se trouve réalisé d'une façon peu commune par cet humble disciple du Sauveur.
La nature aussi était pour lui un livre ouvert, écrit dans un langage spirituel par le Saint-Esprit. Les éléments, l'eau, le feu, les nuages, la mer, les rivières, les montagnes, les arbres, les plantes, les animaux, comme aussi les scènes variées de la vie humaine sont autant de paraboles, d'illustrations, d'images qui animent sa prédication. Dans sa vie fatigante, il trouvait un grand repos à contempler la nature et à y découvrir partout de nouveaux enseignements. C'est là qu'il lit « en lettres majuscules », selon son expression, les oeuvres du Créateur. « Les cieux racontent la gloire de Dieu et l'étendue manifeste l'oeuvre de ses mains. »
Sundar avait une foi enfantine dans la protection divine, et croyait qu'une puissance angélique l'entourait à l'heure du danger. Il fut l'objet de grandes délivrances, et en fit souvent le récit dans ses discours publics afin de fortifier la foi des chrétiens en la toute-puissance de Dieu.
– Beaucoup de gens déclarent que les miracles ne sont que des fables, dit-il, et refusent d'y croire parce que, n'ayant point fait d'expériences, ils ne comprennent pas. Ainsi dans le sud de l'Inde il ne fait jamais froid. Parlant aux habitants de cette contrée, je leur racontai que j'avais vu un « pont d'eau sur de l'eau ». C'est impossible ! disaient-ils. Je leur expliquai que la surface liquide étant gelée on pouvait y marcher en toute sécurité, et qu'il n'y avait là rien de contraire aux lois de la nature. Les habitants des pays froids n'en sont pas surpris, mais comment ceux qui n'ont point quitté les régions chaudes saisiraient-ils ? Tels qui vivent dans le monde ressemblent à des hommes qui ne sont jamais montés sur les hauteurs d'où ces ponts extraordinaires peuvent être vus ; seuls ceux qui mènent une vie de prière peuvent comprendre. Et lorsqu'on m'interroge au sujet des miracles, je réponds que j'en ai fait l'expérience. Je sais que Christ est une force.
– Mais ce n'est pas en allant au théâtre que vous verrez des miracles ! Si vraiment vous désirez connaître les merveilles de la puissance de Dieu dans vos vies, consacrez du temps à la prière. Christ n'accomplit rien dans le but de satisfaire la curiosité, mais il veut satisfaire l'âme qui chaque jour s'approche de lui et fait sa volonté.
Tous les miracles extérieurs, même les délivrances les plus inexplicables sont d'un ordre inférieur comparés à la rédemption d'une âme qui, par la nouvelle naissance, est passée de la mort à la vie. Qu'un pauvre humain pécheur, impur, misérable, sans repos, puisse recevoir le pardon, la délivrance et la paix, dépasse toute compréhension. C'est là le miracle central du christianisme. Si un homme a vécu cela, il ne s'étonne plus : il sait que tout est possible à Dieu.
Parlant de sa délivrance du puits de Razar, Sundar dit : – Peut-être était-ce un ange ? ou Jésus lui-même qui m'a libéré, mais le plus grand miracle fut cependant la paix qui remplit mon coeur pendant les trois jours passés dans cet horrible charnier. Elle fit de ma prison le ciel sur la terre. Souvent la présence de Christ était radieuse comme le soleil à son midi, et ce sentiment s'est élevé parfois jusqu'à une triomphante allégresse. Aucun doute ne pouvait traverser mon esprit.
C'est une paix cachée qu'il m'est impossible de décrire. Je ne trouve pas de mots pour l'exprimer. C'est « la paix qui surpasse toute connaissance », dont parle saint Paul.
En l'évoquant, la figure irradiée du Sadhou était une prédication vivante, et l'on devinait quel trésor il avait trouvé en Christ.
Au contact du péché et de la souffrance, son âme était douloureusement émue, mais au fond de son être la paix demeurait immuable.
– Mon âme est comme la mer, il peut y avoir vagues et tempêtes à la surface ; dans les profondeurs règne un calme inaltérable.
Notre coeur a été créé pour recevoir cette paix, c'est pourquoi il ne peut être en repos avant de l'avoir trouvée.
– Si tout le monde ne peut aller au Tibet, être attaché à un arbre ou jeté dans un puits, chacun peut goûter le repos que j'ai trouvé en Christ. Mais il ne dépend ni des choses terrestres, ni de la puissance ou de la richesse, sinon tous les hommes riches seraient heureux et satisfaits.
Peu de chrétiens ont fait une expérience aussi profonde et en ont témoigné avec autant de certitude, que cet apôtre venu d'un pays dans lequel la recherche de la paix de l'âme a été depuis des siècles le but suprême de la religion. Ceux qui ont vu ces longs cortèges de pèlerins se rendant à quelque lieu sacré, ne peuvent oublier l'intensité de leur désir de trouver Dieu.
Le Sadhou ne faisait pas de compromis ; le sel en lui n'avait pas perdu sa saveur. Dans son enseignement il insista fréquemment sur la nécessité de la repentance et sur la certitude du jugement après la mort.
– Il en est beaucoup qui se rassurent en pensant : « Dieu est amour ; il nous sauvera et nous rachètera au dernier moment ! » Ceux qui parlent ainsi seront déçus. Écoutez ce que dit le Sauveur : « Si quelqu'un entend mes paroles et ne les garde point, ce n'est pas moi qui le juge, car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver. Celui qui me rejette et qui ne reçoit pas mes paroles a déjà son juge. La parole que j'ai annoncée, c'est elle qui le jugera au dernier jour. »
– Une fois, je soulevai une grosse pierre, recouvrant d'innombrables insectes. Dès qu'ils aperçurent la lumière, terrifiés, ils coururent en tous sens, en proie à une vive agitation. La pierre remise en place, les insectes reprirent leur tranquillité. Lorsque se lèvera pour nous le Soleil de justice, ceux qui vivent dans les ténèbres du péché regarderont, dévoilées, les fautes qu'ils ont commises en secret : « Car il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni de secret qui ne doive être connu. »
– Nous savons quelle est la puissance du péché et la force de Satan, mais notre Sauveur est plus fort que lui. Un jour, assis sur un rocher, je vis au-dessous de moi un oiseau volant lentement. Observant ses mouvements, j'aperçus un gros serpent qui le regardait.
Le pauvre oiselet attiré dans la gueule de la mort, était sans force pour résister. J'essayai de lui sauver la vie en jetant des pierres, mais inutilement, et j'assistai à cette scène tragique : au moment où l'oiseau s'approchait de la bouche du reptile, il fut englouti d'un coup. C'est ainsi que Satan, le « serpent ancien », attire à lui jeunes et vieux. Nul n'a en lui-même le pouvoir de résister au mal, et nous allons au-devant de la mort. Mais, regardons à Jésus-Christ qui peut nous attirer à lui et nous délivrer de Satan.
– « Tu n'es pas loin du royaume de Dieu », disait Jésus à un scribe. Il dut être ravi de s'entendre adresser cette parole devant tous. Pourtant il aurait dû être attristé de savoir qu'il ne possédait pas le royaume de Dieu. Cela ne sert pas à grand-chose d'en être près, il faut y être entré. Pensez aux vierges folles, devant la salle des noces, mais n'y pouvant pénétrer...
Être presque sauvé, c'est être perdu.
– Dans une épaisse jungle de l'État du Bouthan, l'on chasse le tigre, les chasseurs ont sur eux la clef d'un refuge construit pour servir d'abri en cas de danger. Un jour l'un d'eux prit son fusil et sortit. Apercevant un tigre, il le visa, tira et le manqua ; l'animal se mit aussitôt à le poursuivre. L'homme croyant pouvoir atteindre la cahute, se sauva en jetant son fusil. Sur le seuil il chercha la clef : il l'avait oubliée ; alors le tigre bondit et le tua ; entre le refuge et le chasseur il n'y avait que l'épaisseur de la porte ; et cependant l'homme perdit la vie par son insouciance. Il serait mort s'il avait été à dix lieues de la cabane ; il n'en mourut pas moins tout près.
N'étant pas loin du royaume de Dieu, beaucoup en négligent la clef, qui est la repentance et la prière persévérante.
– Il y a un danger de perdre les dons et les grâces que nous avons reçus. Si ce n'était pas, le Seigneur ne nous aurait point adressé cet avertissement : « je viens bientôt, tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne. » C'est pourquoi : « Veillez et priez ». Dieu est amour. Il nous donne l'occasion de nous repentir. Si nous la dédaignons, nous n'en aurons pas d'autre après la mort. Christ ne serait pas descendu sur la terre si une chance nous était offerte d'être sauvés plus tard. Il serait resté au ciel.
Le Sadhou insiste maintes et maintes fois sur l'impossibilité qu'il y a à se sauver soi-même. Aucun effort personnel, aucune bonne oeuvre ne peut nous obtenir la grâce du pardon. La justification et la paix de l'âme sont des dons immérités de la miséricorde de Dieu qu'il nous faut tout simplement recevoir par la prière dans l'humilité, la repentance et la foi.
– Mais le pardon des péchés n'est pas le salut complet. Il ne suffit pas de couper les rejetons d'un arbre pour le détruire, il faut en arracher les racines, et tout le terrain à l'entour doit être renouvelé. La rédemption implique la transformation de l'être tout entier ; c'est une nouvelle naissance totale. Il peut arriver que même après avoir obtenu le pardon, nous mourrions dans notre péché. La chose essentielle qui importe plus que tout, c'est d'être affranchi de la domination du péché. Jésus-Christ n'est pas venu seulement pour nous pardonner, mais pour nous délivrer.
– Une jeune fille enlevait chaque jour les toiles d'araignée dans sa chambre. « Ma fille, lui fut-il dit, à quoi cela sert-il d'enlever ces toiles qui reviennent constamment ! Il vaudrait mieux détruire l'insecte qui les tisse. Si tu tues l'araignée, il n'y aura plus de toiles. » De même il ne suffit pas que nos péchés journaliers soient sans cesse pardonnés ; il faut faire mourir en nous le vieil homme qui les commet.
Bien des gens se trompent en croyant qu'il suffit que leurs péchés soient remis pour qu'ils soient sauvés. Tant que leur nature pécheresse n'a pas été transformée, ils sont encore perdus.
En ce qui concerne la rédemption, Sundar Singh attache une importance primordiale à la sanctification.
– Le but ultime de l'incarnation de l'amour divin est d'amener l'humanité à la ressemblance du Fils de Dieu. « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait. » Croire en Christ, c'est revêtir Christ, devenir « un » avec lui, vivre de sa vie. Il y a certains insectes dont la couleur et la forme ressemblent à s'y méprendre aux feuilles des arbres sur lesquels ils vivent et dont ils se nourrissent. Ainsi ceux qui vivent au contact de Jésus-Christ sont transformés en son image.
– Satan sème le doute dans le coeur des enfants de Dieu, mais par sa grâce, le juste échappe à cette emprise. Écoutez ce récit : Avant d'être converti, un saint avait commis plusieurs crimes. Mais ensuite, il servit sans cesse le Seigneur et mena une vie sainte. Lorsqu'il fut sur son lit de mort, Satan lui tendit la liste de ses fautes passées et dit : – Voilà tout ce que tu as fait ; tu n'es pas digne d'entrer au ciel, ta place est en enfer. – Le saint répondit : – Mon Sauveur ne jettera point dehors celui qui vient à lui. « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité. » Cependant Satan continua à le troubler. Mais le saint persévéra résolument dans la prière. Et un doigt apparut, barrant la liste des péchés. Le saint se réjouit et loua Dieu. Mais Satan lui dit : – Ne te réjouis point, tu peux atteindre le ciel, mais ton péché sera toujours visible à tous les yeux, et tu auras honte devant tous. – Le saint pria de nouveau. Alors une goutte du sang de Christ tombant sur la page, se répandit partout effaçant l'écriture et rendant le papier immaculé. Et le saint, rempli d'une paix divine, put se présenter devant son Dieu.
– Tant qu'un homme est sur la terre, il ne comprend pas la gloire de la félicité céleste, qui est son immortelle destinée. Il est comme le poulet qui, dans sa coquille, ne peut se figurer la beauté du monde dans lequel il entrera. S'il déclarait que rien n'existe en dehors de son oeuf, sa mère aurait beau l'assurer qu'il y a des prairies, des montagnes, un ciel bleu ; lui, ne voyant rien, ne peut y croire. Lorsque sa coquille cédera, il verra que sa mère avait raison. Il en est de même pour nous, qui ne pouvons discerner ni le ciel, ni l'enfer. Mais lorsque se brisera notre enveloppe terrestre, ce qui est invisible deviendra visible.
Cependant certaines choses nous permettent d'entrevoir notre état futur. Comme le poussin a des yeux et des ailes dont il ne pourra se servir qu'une fois libre, ainsi il est en nous des désirs et des aspirations qui ne seront jamais satisfaits ici-bas. Il doit donc y avoir une vie future où ils se réaliseront. C'est la vie éternelle. Mais de même que l'oiseau doit être tenu au chaud aussi longtemps qu'il est dans sa coquille, tant que nous sommes dans le monde, il faut que la présence et le feu du Saint-Esprit nous couvent et nous réchauffent.