A l'époque à peu près où Tatien publiait le Diatessaron, après 160, fut composé le livre étrange qui depuis Baur a joué un rôle important dans la critique, et qui porte le nom d'Homélies clémentines. L'auteur, qui appartenait à un parti judaïsant semi-gnostique, décoche à Paul, qu'il présente sous le masque de Simon le Magicien, des traits acérés. Quoique sortant d'un milieu tout à fait étranger et même hostile à l'église de Rome, l'auteur de cet écrit, non moins que Justin et Tatien, emploie nos quatre évangiles et les cite comme autorités. D'après la table dressée par Westcottc, Matthieu y est cité 60 fois (sept fois d'une manière à peu près littérale), Marc 2 fois, Luc 6 fois, Jean 4 fois. Il ne les cite pas seuls, ou à peu près seuls, comme le font Justin et Tatien ; il allègue, plus fréquemment qu'eux, des faits et des paroles tirés soit de la tradition orale, soit d'écrits d'un caractère plus ou moins apocryphe, comme l'évangile des Hébreux. Dans ses citations, il ne mentionne pas expressément nos évangiles et s'écarte parfois du texte de nos synoptiques ; mais cette manière de faire est conforme au cadre de ce roman religieux, d'après lequel Pierre est censé rapporter de mémoire les choses dont il a été lui-même témoin, et il ne doit pas compromettre ce rôle en citant des écrits composés plus tard.
c – On the Canon, p. 522.