Nous avons terminé l’exposé de l’obligation conçue comme une expérience de conscience, un fait intérieur. Et nous y avons trouvé le fondement de toute vérité humaine. Ce qui ne veut pas dire que nous connaissions déjà toute la vérité humaine. Car d’une part le facteur objectif de l’expérience obligatoire, l’action souveraine, absolue, immédiate qui m’oblige dans le principe de ma volonté, n’est encore qu’une action ; elle suppose un auteur ou un agent qu’il reste encore à déterminer. D’autre part, si l’expérience obligatoire a pour facteur subjectif le principe de ma volonté, elle déborde cependant la sphère de mon instinct moral, et réalise dans mon activité consciente, réfléchie, historique, comme dans celle de tout homme, des conséquences qui sont caractéristiques de l’humanité, qui font encore partie de la vérité humaine. Mais avant d’ouvrir le cercle dans lequel nous avons circonscrit notre étude et de passer à l’examen des causes impliquées, et des effets produits par l’obligation de conscience (ce qui sera l’objet des deux chapitres suivants), mettons-la rapidement en relation avec trois problèmes : l’un de philosophie générale : l’hypothèse de l’évolution ; les deux autres de psychologie : les problèmes de l’identité et de la liberté du moi.