« Vous êtes en Christ qui, de par Dieu, a été fait pour nous sagesse et aussi justice, sanctification et RÉDEMPTION. » 1Co. 1.30
Nous voici au sommet de l'échelle qui atteint jusqu'au ciel — la fin bénie vers laquelle Christ et la vie en lui doivent nous conduire. Le mot rédemption, bien qu'on l'applique parfois à la délivrance de notre culpabilité du péché, se rapporte ici à la délivrance totale de toutes ses conséquences qui sera achevée lorsque l'œuvre du Rédempteur sera pleinement manifestée, jusques et y compris la rédemption de notre corps (voir Ro. 8.21-23 ; Ep. 1.14 ; 4.30). Cette expression dirige nos pensées vers la gloire la plus magnifique que nous puissions espérer pour l'avenir et aussi, par conséquent, vers la plus haute bénédiction dont nous puissions jouir dans la présence de Christ. Nous avons vu comment, en tant que prophète, Christ est notre sagesse ; il nous révèle Dieu et son amour, ainsi que les conditions et la nature du salut que son amour a préparé. En tant que sacrificateur, il est notre justice ; il restaure la relation que nous avons avec Dieu et nous rétablit dans sa faveur et son amitié. En tant que roi, il est notre sanctification ; il nous enseigne et nous guide dans l'obéissance à la volonté sainte de son Père. Quand ces trois ministères auront réalisé le plan unique de Dieu, nous atteindrons le but final, la complète délivrance du péché et de toutes ses conséquences et l'humanité rachetée retrouvera tout ce qu'elle avait perdu.
De par Dieu, Christ a été fait pour nous rédemption. Cette parole nous invite à considérer Jésus, non seulement comme celui qui a vécu sur terre, nous enseignant par la parole et par l'exemple, non seulement comme celui qui est mort pour nous réconcilier avec Dieu, qui est ressuscité en Roi victorieux et monté au ciel pour y être couronné, mais aussi comme celui qui, assis à la droite de Dieu, a retrouvé la gloire qu'il avait auprès du Père avant que le monde fût et qui la tient en réserve pour nous. Cela signifie que sa nature humaine, oui, son corps humain, libéré de toutes les conséquences du péché auxquelles il a été soumis pour un temps, est maintenant admis à participer à la gloire divine. En tant que Fils de l'homme, il a sa place sur le trône et dans le sein du Père. La délivrance de tout ce qu'il a supporté à cause du péché est complète et éternelle. La rédemption totale se trouve incarnée dans sa propre personne : l'homme qu'il est dans le ciel et tout ce qu'il possède, voilà en quoi consiste la rédemption complète. Il a été fait pour nous rédemption, de par Dieu.
Nous sommes en lui pour cela. Plus nous demeurerons en lui, notre rédemption, avec toute notre intelligence et toute notre foi, mieux nous expérimenterons, dès maintenant « les puissances du siècle à venir » (Heb. 6.5). Tandis que notre communion avec lui devient de plus en plus profonde et intime, alors que nous laissons le Saint Esprit nous révéler Christ dans toute sa gloire céleste, nous réalisons de mieux en mieux que la vie qui est en nous est la Vie même de Celui qui est assis sur le trône céleste. Nous sentons agir en nous la puissance d'une vie qui n'aura pas de fin. Nous goûtons la vie éternelle, nous avons un avant-goût de l'éternelle gloire.
Grandes sont les bénédictions qui découlent du fait de demeurer en Christ, notre rédemption. L'âme est absolument délivrée de la crainte de la mort. Il y eut un temps où le Sauveur lui-même a redouté la mort. Mais c'en est fini : il a triomphé de la mort et son corps même est entré dans la gloire. Le croyant qui demeure en Christ, sa rédemption totale, saisit dès maintenant sa victoire spirituelle sur la mort. Elle devient pour lui une servante qui ôtera les derniers lambeaux du vieux vêtement charnel afin qu'il puisse revêtir son nouveau corps glorieux. Elle conduira le corps à la tombe et il reposera là comme une semence d'où jaillira un corps nouveau, digne compagnon d'un esprit glorifié. La résurrection des corps n'est plus alors une doctrine stérile mais une attente vivante, et même une expérience parce que l'Esprit de Celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts et qui habite en nous est le gage de ce qu'il rendra aussi la vie à nos corps mortels (Rom. 8.11, 23). La foi exerce son influence sur les membres de notre corps assujettis au péché et, sanctifiés par elle, ils se soumettent volontairement afin de mourir à eux-mêmes et d'être totalement assujettis au Saint Esprit, prêts pour le moment où le corps infirme sera transformé et rendu semblable au corps glorifié de Jésus.
Il n'est pas facile d'exprimer la signification profonde de cette rédemption complète qui s'étend même au corps. C'est de l'homme tout entier, esprit, âme et corps, qu'il est écrit qu'il fut fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. En créant les anges, Dieu a créé des esprits sans corps matériel ; dans la création du monde, il y a la matière mais non l'esprit. L'homme est le chef-d'œuvre de Dieu : la combinaison, en un seul être, de l'esprit et de la matière en parfaite harmonie, image de l'union parfaite qui existe entre Dieu et sa propre création. Le péché s'est alors infiltré et a paru bouleverser le plan divin : le matériel a pris sur le spirituel une suprématie terrible. Mais la Parole a été faite chair, la plénitude divine s'est incarnée dans l'humanité de Christ afin que la rédemption soit complète et parfaite, afin que la création tout entière qui, maintenant, soupire et souffre les douleurs de l'enfantement, soit libérée de la servitude de la corruption et ait part à la liberté glorieuse des enfants de Dieu (Ro. 8.21-22). Le but de Dieu ne sera atteint, la gloire de Christ ne sera pleinement manifestée, que lorsque le corps, avec l'ensemble de la création dont il fait partie et dont il est même la tête, sera transfiguré par la puissance de la vie spirituelle. Le corps sera alors le vêtement transparent qui mettra en évidence la gloire de l'Esprit infini. Alors seulement nous comprendrons que « Christ a été fait pour nous (complète) rédemption ».
Pour le temps présent, croyons ce qui nous est enseigné : de par Dieu, nous sommes en Christ, notre rédemption. Il ne faut pas prendre cela comme une révélation de ce qui s'accomplira plus tard. Dès maintenant, nous qui demeurons en Christ, cherchons à pénétrer au cœur de cette vérité et à nous l'approprier pour le plein épanouissement de notre vie chrétienne. Nous le faisons en apprenant à triompher de la mort. Nous le faisons en apprenant à regarder à Christ comme au Seigneur de notre corps, qui exige son entière consécration et lui assure, dès ici-bas, si notre foi est capable de la réclamer, une victoire complète sur la terrible sujétion dans laquelle le péché a tenu ce corps. (Marc 16.17, 18). Nous le faisons en apprenant à considérer la nature entière comme faisant partie du royaume de Christ et destinée — fût-ce au-travers d'un baptême de feu — à avoir part à sa rédemption. Nous le faisons en permettant aux puissances du monde à venir de s'emparer de nous et de nous faire vivre plus haut, dans les lieux célestes, d'élargir nos cœurs et notre vision, de nous faire saisir par anticipation, dès ici-bas, les choses qui ne sont jamais montées au cœur de l'homme (1Co. 2.9).
Croyant, demeure en Christ ta rédemption. Que ceci soit le couronnement de ta vie chrétienne. Ne recherche pas cela uniquement ou en priorité, en dehors de la connaissance de ce que Christ est pour toi dans les autres relations qui ont été énumérées, mais recherche-le vraiment comme ce à quoi les autres relations doivent te conduire. Demeure en Christ, ta rédemption. Rien ne t'y préparera mieux que ta fidélité dans les étapes précédentes de ta vie chrétienne. Demeure en lui, ta sagesse, la révélation parfaite de tout ce que Dieu est et de ce qu'il a pour toi. Dans le déroulement quotidien de ta vie intérieure et extérieure, suis humblement et docilement ses enseignements et le Seigneur te jugera digne de recevoir la révélation de secrets qui, pour beaucoup de disciples, restent un livre scellé. La sagesse te conduira au cœur du mystère de la complète rédemption. Demeure en lui, ta justice et, ayant revêtu Christ, demeure dans la faveur et la présence du Père comme dans un sanctuaire caché auquel Sa justice te donne accès. Tandis que tu te réjouis de ta réconciliation, tu comprendras que cela inclut toutes choses et qu'elles aussi attendent leur pleine rédemption « car il a plu à Dieu ... de tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux » (Col. 19-20). Demeure aussi en lui, comme ta sanctification ; l'expérience de Sa puissance pour te rendre saint, esprit, âme et corps, stimulera ta foi en une sainteté qui ne cessera jamais d'être à l'œuvre jusqu'à ce que les clochettes des chevaux et toute marmite dans Jérusalem proclament « Sainteté à l'Eternel » (Za. 14.20-21). Demeure en lui, ta rédemption et vis, dès ici bas, comme un héritier de la gloire à venir. Et si tu cherches à expérimenter dans sa totalité, en toi-même, la puissance de sa grâce salvatrice, alors ton cœur pourra s'élargir et prendre conscience de la position que l'homme était destiné à occuper dans l'Univers afin que toutes choses lui soient soumises. Alors, en ce qui te concerne, tu seras rendu capable de vivre d'une manière digne de ce sublime et céleste appel.