Car je suis l’Eternel, votre Dieu, qui vous ai fait monter du pays d’Egypte pour être votre Dieu. {Le 11.45}
Le prêtre sera saint pour toi, car je suis saint, moi l’Eternel qui vous sanctifie. {Le 21.8}
Je suis l’Eternel, ton Dieu, le Saint d’Israël, ton Sauveur.—Ainsi parle l’Eternel, votre Rédempteur, le Saint d’Israël—Je suis l’Eternel, votre Saint, le Créateur d’Israël, votre Roi. {Esa 43.3,14,15}
Dans le livre de l’Exode nous avons vu Dieu faisant provision de sainteté pour son peuple. Dans les jours saints, les lieux saints, les personnes saintes, les choses saintes et les services saints, il enseignait à son peuple que tout ce qui l’entoure, lui, le Saint, que tout ce qui veut s’approcher de lui doit être saint. Il ne voulait demeurer qu’au milieu de la sainteté; son peuple devait être un peuple saint. Mais il n’est pas fait mention là de Dieu lui-même comme Saint. Dans le livre du Lévitique nous faisons un pas de plus. {5} D’abord nous voyons Dieu parler de sa propre sainteté, et faire de cette sainteté une justification de la sainteté réclamée par lui de son peuple, en même temps que la garantie et la puissance de ce peuple. Sans cela la révélation de la sainteté serait incomplète, et l’appel à la sainteté impuissant. La vraie sainteté viendra à nous quand nous apprendrons que Dieu lui-même seul est saint. C’est lui, le Saint, qui seul sanctifie; c’est lorsque nous venons à lui et que nous sommes liés à lui par l’amour et l’obéissance que sa sainteté nous est communiquée.
Du Pentateuque au livre d’Esaïe, le prophète, il est rarement fait mention du nom de Dieu comme Saint, mais dans le livre de ce prophète, qu’on a pu appeler le prophète-évangéliste, nous l’y trouvons vingt-six fois, et sa vraie signification est révélée par la manière avec laquelle ce nom est lié au nom du Sauveur et Rédempteur. Les sentiments de joie, de confiance et de louanges avec lesquels un peuple racheté regarderait à son Libérateur sont tous mentionnés en relation avec le nom du Saint. « Pousse des cris de joie et d’allégresse, habitant de Sion ! car il est grand au milieu de toi, le Saint d’Israël ». {Esa 19.6} « Les pauvres feront du Saint d’Israël le sujet de leur allégresse ». {Esa 29.19} « Tu te réjouiras en l’Eternel et tu mettras ta gloire dans le Saint d’Israël ». {Esa 41.16} En Eden nous avons vu que le Dieu créateur était aussi le Dieu qui sanctifie, perfectionnant ainsi l’œuvre de ses mains.
En Israël nous avons vu que Dieu, le Rédempteur, était en même temps le Dieu qui sanctifie le peuple qu’il s’est choisi pour lui-même. Ici, dans le livre d’Esaïe, nous voyons que c’est ce Dieu qui sanctifie, lui, le Saint, qui doit amener la grande rédemption de la nouvelle Alliance, et cela en tant qu’il est le Saint, le Rédempteur. Dieu rachète parce qu’il est saint: la sainteté sera la rédemption amenée à sa perfection. La rédemption et la sainteté se trouvent dans des relations personnelles avec Dieu. La clef du secret de la sainteté offerte à tout croyant se trouve dans cette parole : « Ainsi parle l’Eternel, votre Rédempteur, le Saint d’Israël : Je suis l’Eternel, votre Saint ». S’approcher du Saint, le reconnaître, le posséder, et être possédé par lui, c’est la sainteté.
Si la sainteté de Dieu est la seule espérance de notre sainteté, il est juste que nous cherchions à savoir ce qu’est cette sainteté. Et remarquons tout d’abord que, quoique cette sainteté de Dieu nous soit souvent présentée comme un attribut divin, il est difficile de la mettre sur le même pied que les autres attributs. Les autres attributs ont tous rapport à quelque caractère spécial de la nature divine ; la sainteté, au contraire, semble exprimer ce qui fait l’essence même ou la perfection de l’Etre divin lui-même. Aucun des attributs ne peut être donné comme indiquant tout ce qui appartient à Dieu; mais l’Ecriture parle du saint nom de Dieu, de son saint jour, de sa sainte demeure, de sa sainte Parole. Dans le mot saint nous avons l’expression la plus juste possible pour exprimer le sommaire de toutes les perfections divines, la description de ce qu’est la divinité. Nous parlons des autres attributs comme de perfections divines, mais ici, dans la sainteté, nous avons la seule expression que le langage humain puisse employer pour la perfection divine elle-même. C’est pourquoi les théologiens ont une si grande difficulté à donner une définition qui exprime assez exactement ce que ce mot signifie. {6} Le mot original hébreu, qu’il dérive d’une racine signifiant séparer, mettre à part, ou d’une autre signifiant briller, exprime l’idée d’une chose distincte des autres, séparée d’elles par une excellence supérieure. Dieu est différent et séparé de tout ce qui a été créé, et il se tient séparé de tout ce qui n’est pas Dieu ; en tant que le Saint il maintient sa gloire et sa perfection divines contre tout ce qui voudrait y porter atteinte. « Il n’y a point d’autre Saint que l’Eternel ».—« A qui me comparerez-vous pour que je lui ressemble ? » dit le Saint. En tant que le Saint, Dieu est, en effet, l’Incomparable ; la sainteté lui appartient à lui seul ; il n’y a rien de semblable dans les cieux et sur la terre, sinon lorsqu’il communique cette sainteté. Par conséquent, notre sainteté devra consister, non dans une séparation humaine dans laquelle nous chercherions à imiter celle de Dieu, non, mais à entrer dans ce qui constitue sa séparation, lui appartenir tout entiers, être mis à part par lui et pour lui.
A cette dernière idée est rattachée intimement l’idée de l’exaltation. « Ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint ». {Esa 47.15} C’était le Saint que le prophète vit sur un trône très élevé, l’objet de l’adoration des séraphins. {Esa 6} Dans le Psaume {Ps 99} il est spécialement parlé de la sainteté de Dieu en relation avec son exaltation : « Exaltez l’Eternel, notre Dieu, et prosternez-vous devant son marchepied ! Il est saint ! »—« Il est élevé au-dessus de tous les peuples ». Pour cette raison aussi sa sainteté est souvent mise en rapport avec sa gloire et sa majesté. (Voir le sixième jour). Et ici nous verrons que notre sainteté n’est que cette pauvreté d’esprit, cette humilité qui nous viennent lorsque la fierté de l’homme est humiliée, et que le Seigneur seul est exalté.
Et maintenant si nous demandons d’une manière plus précise en quoi consiste cette séparation et cette exaltation, nous en venons à penser à la pureté divine, et cela non seulement sous son aspect négatif, comme haine, horreur du péché, mais avec l’élément plus positif de la beauté parfaite. Parce que nous sommes pécheurs et que la révélation de la sainteté de Dieu nous est faite dans un monde de péché, il est juste et convenable que la première impression, que l’impression qui demeure, soit celle d’une pureté infinie, qui ne peut soutenir la vue du péché, et en la présence de laquelle le pécheur doit se cacher la face et trembler. La justice de Dieu, défendant, condamnant, punissant le péché, a ses racines dans sa sainteté, elle est l’un de ses deux éléments: la puissance dévorante et destructive du feu consumant. « Le Dieu saint sera sanctifié par la justice » ; {Esa 5.16} la sainteté du Dieu saint est révélée et maintenue par la justice. La lumière ne révèle pas seulement ce qui est impur, afin qu’il soit purifié, mais elle est encore en elle-même d’une beauté infinie. Aussi quelques-uns des hommes les plus saints que l’Eglise ait connus n’ont-ils pas hésité de parler de la sainteté de Dieu comme de la beauté infinie de l’Etre divin, la parfaite pureté et la beauté de cette lumière inaccessible dans laquelle Dieu habite. Et si la sainteté de Dieu doit devenir nôtre, doit demeurer sur nous, entrer en nous, il doit y avoir sans cesse dans notre âme la crainte salutaire qui fait trembler à la pensée de contrister par nos péchés l’infinie sensibilité du Dieu saint ; et, en même temps, en parfaite harmonie avec ce saint tremblement, le désir ardent, profond, de contempler la beauté de l’Eternel, une vive admiration de sa gloire divine et un don joyeux et complet de soi-même à Dieu.
Mais nous devons faire un pas de plus. Quand Dieu dit : « Je suis saint ; je suis l’Eternel qui vous sanctifie », nous voyons qu’un des principaux éléments de sa sainteté est celui-ci, c’est qu’elle cherche à se communiquer, à rendre les hommes participants de sa propre perfection et des bénédictions qu’elle apporte ; ce qui n’est pas autre chose que l’amour. Dans la merveilleuse révélation qui, dans le livre d’Esaïe, nous enseigne ce qu’est le Saint pour son peuple, nous devons prendre garde de tordre la précieuse parole. Il n’y est pas dit, en effet, que quoique Dieu soit le Saint, qu’il haïsse le péché, et qu’il doive le punir et le détruire, néanmoins il veut nous sauver. Nullement. Mais nous y voyons, au contraire, que parce qu’il est le Saint, précisément à cause qu’il est le Saint, dont la joie et les délices sont de sanctifier, il veut être le Libérateur de son peuple. {Voir Os 2:9}
C’est à rechercher la sainteté, à la contempler, à mettre en elle notre confiance et à nous en réjouir que nous sommes invités pardessus toute autre chose. Le Dieu saint est le Dieu qui sanctifie ; il nous rachète et nous sauve afin de gagner notre confiance, afin de nous attirer à lui, comme à Celui qui est saint, et afin que par un attachement personnel à lui-même nous puissions apprendre à obéir, à devenir un même esprit avec lui, à être saints comme il est saint.
La sainteté divine est donc cette perfection infinie de la divinité, dans laquelle la justice et l’amour sont en parfaite harmonie, harmonie d’ailleurs dont elle procède et qu’elles révèlent l’une et l’autre. C’est cette énergie de la vie divine dans la puissance de laquelle Dieu reste non seulement éloigné de toute faiblesse et de tout péché de la créature, mais encore par laquelle il cherche incessamment à élever la créature à une union avec lui et à une pleine participation de sa propre pureté et de sa perfection. La gloire de Dieu, comme Dieu, comme le Dieu de la rédemption, c’est sa sainteté. C’est en cela que, même au-dessus de tout ce que nous pouvons concevoir, la séparation et l’exaltation de Dieu consiste réellement. « Dieu est lumière » ; par sa pureté infinie il révèle toutes ténèbres et n’a cependant aucune communion avec les ténèbres. Il les juge et les condamne; il en délivre le pécheur et l’élève jusqu’à la communion de sa propre pureté et de sa félicité. Voilà le Saint d’Israël.
C’est ce Dieu-là qui nous parle et nous dit : « Je suis l’Eternel, votre Dieu, je suis saint, je sanctifie ». C’est dans la contemplation pleine d’adoration de sa sainteté, dans un abandon plein de confiance à cette sainteté, dans une communion d’amour avec lui, le Saint, que nous pouvons être rendus saints. Mon frère, veux-tu être saint? Ecoute, et, dans le silence et le recueillement d’une âme qui a foi en Dieu, laisse descendre dans ton âme les paroles qu’il t’adresse, lui, ton Saint, « le Saint d’Israël ». Viens à lui, et réclame-le comme ton Dieu, et demande de lui tout ce que, comme Dieu saint, qui sanctifie, il peut faire pour toi. Souviens-toi que la sainteté c’est lui-même. Viens à lui ; adore-le ; donne-lui gloire. Ne cherche pas, ou, plutôt, ne lui demande pas une sainteté qui puisse se trouver en toi-même ; que ton moi soit dans la poussière ; et sois heureux que la sainteté vienne de lui uniquement. Selon que sa présence remplira ton cœur, que sa sainteté et sa gloire seront ton unique désir, que sa sainte volonté et son amour feront tes délices, enfin, selon que le Dieu saint sera tout en toi, tout pour toi, dans cette mesure tu seras saint de la sainteté qu’il aime à voir chez les siens. Et selon que jusqu’à la fin tu ne verras rien à admirer en toi, et qu’en lui tu ne verras que beauté, dans cette mesure encore tu comprendras qu’il t’a revêtu de sa gloire, et tu trouveras ta sainteté dans cet hymne du peuple de Dieu : « Il n’y a point d’autre saint que toi, ô Eternel ! » « Soyez saints, car je suis saint ».
O Dieu ! nous avons entendu encore une fois la merveilleuse révélation que tu nous as faite de Toi : « Je suis saint ». Et comme nous avons senti combien ta sainteté est infiniment exaltée au-dessus de toutes nos pensées, nous avons entendu ton appel plus merveilleux encore : « Soyez saints, car je suis-saint ». Et alors que nous ne savions comment arriver à comprendre de quelle manière nous devions devenir saints comme toi-même es saint, nous avons entendu ta voix nous dire encore cette parole admirable : « Je vous sanctifie. Je suis votre Saint ». Amen.
1° Ce Saint, c’est Dieu, le Tout-Puissant. Avant de se révéler à Israël comme le Saint, il s’était fait connaître à Abraham comme le Tout-Puissant, qui ressuscite les morts. {Heb 11:19} Dans toute votre conduite avec Dieu, en vue de la sainteté, souvenez-vous qu’il est le Tout-Puissant, qui peut faire en vous des merveilles. Dites souvent : « Gloire à Celui qui peut, par la puissance qu’il déploie en nous, faire infiniment au delà de tout ce que nous demandons et pensons ! »
2° Ce Saint est le Dieu juste, un feu consumant. Jetez-vous vous-mêmes dans ce feu, afin que tout ce qu’il y a en vous de criminel, de coupable soit détruit. Lorsque vous vous placez sur l’autel, attendez-vous à ce que le feu y descende. Et « livrez, consacrez vos membres à Dieu comme des instruments de justice ».
3° Ce Saint est le Dieu d’amour. Il est votre Père; livrez-vous à lui, afin que le Saint-Esprit crie en vous : « Abba ! » (Père) en d’autres termes, afin de le laisser y répandre abondamment l’amour du Père. La sainteté de Dieu, c’est son amour paternel ; notre sainteté, c’est notre ressemblance comme enfants du Père. Soyez simples, aimants, confiants.
4° Ce Saint, c’est Dieu. Qu’il soit bien réellement Dieu pour vous ! Qu’il gouverne tout, remplisse tout, fasse toute l’œuvre en vous. Adorez-le; approchez-vous de lui; vivez avec lui, en lui et pour lui. Il veut être, lui, votre sainteté.
{5} « Car je suis l’Eternel, votre Dieu ; vous vous sanctifiez et vous serez saints, car je suis saint.—Car je suis l’Eternel, votre Dieu, qui vous ai fait monter du pays d’Egypte pour être votre Dieu. {Le 11:44,45} « Soyez saints, cap je suis saint, moi, l’Eternel, votre Dieu. » {Le 19.2} « Vous vous sanctifierez et vous serez saints, car je suis l’Eternel, votre Dieu : vous observerez mes lois et vous les mettrez en pratique. Je suis l’Eternel, qui vous sanctifie.—Vous serez saints pour moi, car je suis saint, moi, l’Eternel ; je vous ai séparés des peuples, afin que vous soyez à moi.—Vous ne profanerez point mon saint nom afin que je sois sanctifié au milieu des enfants d’Israël. Je suis l’Eternel, qui vous sanctifie. {Le 20.7,8-20,26 ; 22.32} « Je suis l’Eternel, qui les sanctifia. » {Le 22.9,16}
{6} Voir la note C pour quelques-unes des différentes définitions données.