LA MAISON : La maison du pauvre. — La maison du riche. — La terrasse. — La chambre haute. — Le mobilier. — L'intérieur d'une maison de village. — Le chandelier. — Le boisseau. — Le moulin.
LA NOURRITURE : Les pains. — Les gâteaux. — La cuisine. — Le repas principal.
Les ablutions. — Les actions de grâces. — Un repas du temps du roi David. — La nourriture des pauvres au premier siècle. — Les sauterelles. — Les boissons. — Le vin. — Les coupes. — Le repas de midi a Jérusalem à l'époque de Jésus-Christ.
On se représente ordinairement là maison antique comme occupant un grand espace ; on y place un atrium, une cour entourée de portiques avec une fontaine au milieu, un jardin, de vastes salles de réception. Elle serait assez exactement reproduite par la maison mauresque de nos jours. Il est certain que des habitations semblables se voyaient à Rome et dans toutes les grandes villes de l'empire ; à Jérusalem il y en avait certainement ; mais ces maisons étaient celles des riches, elles étaient ce que nous appellerions aujourd'hui des hôtels particuliers. Les auteurs anciens nous les ont décrites précisément à cause de leur luxe et de leur confort. Les privilégiés qui habitaient ces demeures étaient peu nombreux. La foule, l'immense majorité, composée de gens de condition moyenne ou inférieure habitait, à Rome par exemple, de grandes maisons à étages dont celles de nos grandes villes peuvent donner une idée. Chaque famille y occupait un appartement séparé ; les artisans étaient sous les toits[1]. Il n'est-pas probable qu'à Jérusalem même il y eût de ces grandes maisons si élevées. En Orient, les constructions ont toujours été basses et, sauf les monuments, les villes devaient avoir le même aspect qu'aujourd'hui. En tout cas, dans les villages, et c'est des villages que nous allons parler d'abord, les maisons étaient des plus simples, des plus primitives. Transportons-nous à Nazareth et représentons-nous la maison habitée par Joseph et Marie lorsque Jésus était enfant.
Qu'on se figure un gros cube de forme régulière et blanchi à la chaux. A l'intérieur une seule pièce ; point de fenêtre, le jour entre par la porte et la femme qui cherche une drachme perdue, doit allumer sa lampe[2]. Aujourd'hui le logement de toute une famille arabe se compose, en Palestine, d'une grande chambre voûtée sans fenêtre. Il en était ainsi au premier siècle. L'établi, la cuisine, la chambre à coucher, tout devait être réuni dans cette unique pièce de la maison du charpentier de Nazareth. La maçonner le était fort grossière ; on peut en juger par les ruines nombreuses dont le pays est aujourd'hui couvert. Il était rare que la pierre y fût employée ; les plus luxueuses maisons étaient en briques du pays. On fabriquait ces briques en foulant la terre grasse ou l'argile avec les pieds[3] ; on y mêlait de la paille[4], puis on les cuisait au four[5]. Ces maisons de briques étaient très communes dans les villes[6], mais n'étaient habitées dans les campagnes que par les personnes dans l'aisance[7]. Quant aux maisons de terre, elles donnaient asile aux agriculteurs et aux gens des basses classes[8]. Leurs murs n'étaient qu'un grossier clayonnage revêtu d'argile pétrie et séchée au soleil. Sur cette terre poussait çà et là une chétive végétation et, à l'intérieur le salpêtre, appelé par les habitants la lèpre[9], faisait souvent invasion. Il est probable que la maison de Joseph était une de ces pauvres demeures bâties en terre et blanchies.
Les maisons des riches personnages étaient différentes. La Palestine abonde en pierres calcaires propres aux plus somptueuses constructions, et leurs demeures s'étendaient souvent sur un grand espace ; une cour intérieure le long de laquelle régnait un portique, semblable au cloître d'un couvent ou au patio espagnol, était au centre. Le milieu de la cour formait un impluvium[10] ; il y avait là un bassin où l'on pouvait se baigner[11]. Autour et en dehors du carré formé par le portique, se voyait une sorte d'avant-cour, ce qu'on appelle en style de caserne un chemin de ronde fermé par un mur d'enceinte. On pénétrait dans la maison par une porte en bois d'une seule pièce ou à deux battants et qui tournait sur deux gonds[12]. Les verrous, la serrure et les clefs étaient en bois[13]. Les portes des villes avaient seules des verrous en Métal[14]. La fermeture était souvent plus simple encore, et au lieu d'une serrure, on se contentait d'une simple courroie[15].
La maison, élevée sur les colonnes du portique, pouvait avoir plusieurs étages. Le palais de Salomon en avait trois ; mais on ne devait guère dépasser ce nombre. En tout cas, elle renfermait plusieurs pièces. Elles étaient parfois très vastes[16], certaines salles étaient exclusivement consacrées aux festins[17] ; d'autres étaient des chambres de repos[18]. Le splendide palais qu'Hérode le Grand se fit bâtir à Jérusalem[19], était plus luxueux encore ; mais de si somptueuses demeures étaient l'exception. La plupart des maisons, même dans les villes, avaient une chétive apparence[20]. Les fenêtres, absentes, nous l'avons dit, de la maison du pauvre, étaient, dans les maisons les plus riches, petites et peu nombreuses. Celles qui donnaient sur la rue étaient garnies d'épais grillages[21] que l'on ouvrait à volonté[22].
Les pièces, sauf celle de l'entrée, étaient très petites. Les habitants ne s'y retiraient que pour la nuit, et, sous ces climats brûlants, l'homme vivait le plus souvent hors de chez lui, dans les rues, sur la place publique. Le visiteur de Pompéï est frappé de l'exiguïté des chambres des maisons. Aucune n'offrait de pièce où l'on pût se retirer pour se recueillir. Il fallait pour cela monter à l'étage supérieur et jusque sur le toit. Celui ci, presque plat, n'avait que juste l'inclinaison suffisante à l'écoulement de l'eau de pluie[23]. Il était entouré d'une balustrade prescrite déjà par la Loi[24]. Il formait donc une terrasse qui servait de refuge[25]. Le sol était en briques[26] ou en chaux mêlée de sable et de petits cailloux battus avec de la cendre. Le toit de la maison du pauvre était fait de terre, et sur cette couche de terre solide et durcie, l'herbe poussait quelquefois[27]. L'escalier qui menait à la terrasse était extérieur, et lorsqu'on était sur le, toit, on pouvait sortir de la maison sans rentrer d'abord dans l'intérieur[28]. Sur ces terrasses, on exposait à l'air certains objets de travail[29], on prenait le frais, on dormait parfois dans la belle saison[30], sans doute pour éviter les insectes ; ce qui se fait encore aujourd'hui.
L'habitude de loger en été sous des tentes est toujours très répandue. Les voyageurs y sont même obligés dans la saison chaude à cause des moustiques, et cet usage était certainement le même autrefois. Pendant quatre mois de l'année, des tentes étaient dressées sur les terrasses des maisons. On traitait aussi sur ces terrasses les affaires secrètes ; on s'y retirait dans les moments de tristesse[31] ; et « être assis dans un coin du toit » signifiait mener une vie triste[32]. Dans les émeutes, on montait sur le toit pour voir ce qui se passait[33] pour se sauver ou pour se défendre[34] ; à la fête des Tabernacles, on dressait encore des tentes sur les toits[35]. Jésus-Christ parle de « prêcher sur les toits » et nous verrons que le Hazzan annonçait du haut d'un toit, chaque vendredi soir, que le sabbat commençait. Quand la maison n'avait qu'un seul étage, la terrasse, entourée d'une balustrade se trouvait former une chaire du haut de laquelle il était facile de haranguer la foule réunie devant la maison. On se représente aussi ce qu'était la solitude sur cette terrasse quand, le soir, sous le ciel splendide de l'Orient, Jésus, fatigué des bruits du jour, s'y retirait pour prier. Là, plus de Scribes, plus de Pharisiens, plus de disputes ni de haine, mais la présence du Dieu vivant et la communion avec lui aussi certaine, aussi sensible que sur la colline et les hauts lieux.
Souvent la terrasse était couverte ; elle formait alors une grande salle spacieuse, commode les jours de pluie, et que l'on appelait la chambre haute[36] ou chambre d'en haut[37]. Quand Jésus n'enseignait pas en plein air, le seul endroit où il pût se tenir était la chambre haute, et c'est là qu'il se trouvait certainement le jour où on lui amena un paralytique, et que la foule, qui se pressait autour de lui, empêchait les porteurs du brancard de passer[38]. On comprend fort bien ce qui arriva ; le malade fut monté par l'escalier extérieur de la maison jusque sur le toit de la chambre haute, d'une construction légère et facile à percer. Un des Talmuds nous rapporte un fait presque semblable[39] : Quand Rabbi Honna mourut, la civière ne put passer par la porte qui était trop étroite, et on dut découvrir « le toit et le sortir par là. »
On se réunissait souvent dans la chambre haute pour enseigner : « Rabbi Jochanan et ses disciples montèrent dans la chambre haute, et ils lurent et ils commentèrent[40]. »
Cet usage de couvrir au moins une partie de la terrasse et de s'en faire une chambre était très général. Quand elle était entièrement découverte, on ne pouvait s'y tenir que le soir à cause du soleil, et c'est le désir de s'y réunir en tout temps qui y faisait construire cette sorte de pavillon ajouté à la maison, élevé sur le toit et ou on se retirait pour se reposer, pour prier ou pour être seul. On y logeait aussi les étrangers auxquels on donnait l'hospitalité[41]. La chambre haute donne encore aujourd'hui son caractère distinctif à la maison syrienne[42]. C'est la chambre à donner, la chambre d'ami ; la vie privée étant murée, l'hôte se trouve ainsi logé en dehors de la partie de la maison habitée par le maître et par les siens. Le pauvre se contentait d'ordinaire de laisser sa terrasse découverte, mais le premier luxe que l'on se donnait était celui d'une chambre haute. La riche Sunamite en fit une pour Elisée[43]. C'était la pièce la plus commode de la maison, parce qu'elle était grande, comparée aux chambres de l'intérieur et parce qu'elle était entièrement indépendante du reste de la construction, aussi le nombre des usages auxquels elle servait était-il varié à l'infini. On y déposait les corps avant l'ensevelissement[44]. C'est dans une chambre haute que Jésus se réunit avec ses apôtres pour leur faire ses adieux, manger la Pâque juive une dernière fois avec eux et instituer la sainte Cène. Quant aux repas ordinaires, il les prenait, sans doute, comme cela se fait encore aujourd'hui, dans la cour de la maison et en public. Après la mort de Jésus, les apôtres logeaient dans une chambre haute prêtée ou louée par des amis[45]. la même peut-être que celle où Jésus-Christ avait institué la Cène, car ils étaient étrangers à Jérusalem.
Le mobilier de la maison était d'une extrême simplicité. Le confort moderne était absolument inconnu des orientaux. En général, celui-ci est d'autant plus grand que le climat est plus rigoureux ; la nécessité de se garantir du froid et de la pluie oblige l'homme à construire des maisons solides ; et comme il doit les habiter souvent, il cherche à s'y rendre la vie agréable.
Les peuples du Nord sont beaucoup plus confortablement logés que ceux du Midi. En Palestine, on vit en plein air et la maison de l'homme du peuple était, au premier siècle, aussi vide, aussi nue, que celle du plus misérable Arabe de nos jours. Elle se composait, avons-nous dit, d'une seule pièce où tout était réuni : la cuisine, les tapis sur lesquels on s'étendait pour dormir, ou le lit, simple couchette portative[46], les instruments de travail du père, sans parler des bestiaux, qui, parfois, partageaient la chambre commune. Des nattes et des coussins sur lesquels on s'asseyait à la mode orientale, quelques vases d'argile pour les besoins du ménage et un coffre ou grande armoire complétaient le mobilier. Dans cette armoire on mettait, durant la saison chaude, les couvertures et le tapis qui étaient toujours en laine et qu'il fallait garantir des insectes. « Les vers et la teigne gâtaient tout » pendant l'été[47]. En hiver, c'était la rouille[48] qui se développait facilement dans ces maisons sans cave et rongeait les outils du père de famille. Enfin il fallait se garder des voleurs qui pouvaient facilement venir « la nuit », à l'heure « où on ne les attendait pas » et qui « perçaient » sans difficultés les minces murailles d'argile séchée[49]. La maison n'avait point de cheminée, et, quand il faisait froid, on se bornait à allumer au milieu de la chambre un grand brasier[50].
Outre ces objets, chaque maison avait une lampe, un boisseau, des outres pour le vin, un balai et un moulin. Il est à remarquer que ces ustensiles divers sont toujours nommés dans l'Evangile avec l'article : le chandelier, dit le Christ, le boisseau[51]. Il n'y en avait qu'un seul par demeure. Ce chandelier ou plutôt cette lampe était très élevée et on la posait à terre.
Quelquefois on se servait, comme aujourd'hui, d'une pierre faisant saillie dans le mur et sur laquelle on la plaçait. La lampe portait un ou plusieurs becs dans lesquels on brûlait de l'huile. Celle du pauvre était d'argile. Le boisseau était aussi un objet essentiel dans l'humble demeure du villageois. Il servait de mesure comme son nom l'indique, mais aussi de tiroir et de sac. Placé à terre et retourné, il remplaçait la table absente, et on posait la lampe « sur le boisseau et non pas dessous[52]. » Les habitants, assis autour à l'orientale, voyaient la lumière et « toute la chambre était éclairée[53]. » Aujourd'hui encore, le boisseau sert de table et même de plat, car on y apporte le lait caillé[54]. Le balai servait à la femme qui « balayait toute la maison[55] », c'est-à-dire l'unique chambre dont elle se composait, et les outres[56] de peau de chèvre servaient à conserver le vin en lui communiquant ce goût affreux, mais très apprécié des Orientaux, et qu'elles lui donnent toujours partout où on les emploie encore aujourd'hui.
Chaque maison avait un moulin à bras[57]. La meule intérieure (Pelack) était immobile et très dure[58]. La supérieure (Pelach-Récheb)[59] était mise en mouvement par une manivelle assez semblable à celle des moulins à café de nos jours. Deux vases en pierre servaient à conserver le grain. Ces usages n'ont point varié ; le moulin à bras et les deux vases pour le grain font encore aujourd'hui partie essentielle du mobilier chez l'Arabe de Palestine.
Tourner la meule était fort pénible. Parfois on avait une « meule d'âne[60] », mais, d'ordinaire, la meule était à la main. Le soin de la tourner était laissé aux femmes esclaves de la dernière condition[61] ou aux prisonniers[62]. Les femmes étaient toujours deux ensemble à la meule, et travaillaient tour à tour[63]. Souvent, dans la journée, le bruit du moulin se faisait entendre ; il égayait la maison, et son interruption prolongée était l'image de la désolation et de la mort[64].
Il nous reste, pour terminer ce que nous avons à dire du mobilier, à nommer la mésusa, que nous décrirons en détail en parlant de la prière[65] ; c'était une petite boîte allongée suspendue aux portes des maisons et des chambres contenant un rouleau de parchemin sur lequel étaient écrits, en vingt-deux lignes, deux fragments de la Loi (Deut., VI, 4-9, et XI, 13-21).
Nous n'avons point à parler ici des maisons luxueuses habitées à Jérusalem par les classes aisées. L'inférieur de l'habitation du grand-prêtre, par exemple, ressemblait sans doute à la maison d'un patricien romain et de telles demeures ont été souvent décrites dans des ouvrages spéciaux. Là il y avait des meubles magnifiques, de splendides candélabres, des tapis d'Orient plus beaux encore que ceux de nos jours, des lits garnis de couvertures, de matelas, de coussins[66]. Ils étaient en bois de cèdre[67], et parfumés[68]. Les sofas sur lesquels on s'étendait pour les repas étaient déjà employés du temps des prophètes[69]. Au premier siècle, on s'en servait partout à Jérusalem ; nous allons les décrire en traitant des repas chez les juifs du premier siècle.
Ici, l'immobilité de l'Orient nous apparaît aussi étonnante que partout. La nourriture des Arabes qui peuplent la Palestine du XIXe siècle est la même que celle des anciens Hébreux et on croirait écrits de notre temps les détails épars çà et là dans l'Ancien Testament. Les pauvres mangeaient du pain d'orge[70], les riches du pain de froment. On pétrissait la pâte dans la huche[71] et on la faisait lever, sauf le cas où il fallait faire le pain sans levain[72]. Les pains étaient en forme de disques, ronds ou ovales, et pas très grands[73]. On les appelait Kiccar (cercle) et on disait « un cercle de pain » (Kiccar Léhem). Ils étaient très minces et on ne les coupait jamais, on les rompait[74]. Les pains des Arabes sont exactement semblables aujourd'hui[75]. Le four appelé Tannour[76], le même dont on se sert maintenant en Palestine, était petit, le pain y cuisait, posé sur de la braise, et si sa forme n'est pas indiquée dans la Bible, nous pouvons remarquer que celui des Arabes de nos jours est en tout semblable à celui des Grecs et des Égyptiens décrit par Hérodote[77].
Outre le pain, les Juifs avaient ce qu'ils appelaient des « gâteaux » (Ouggôth), sorte de galettes azymes faites de fleur de farine, pétrie avec de l'huile[78]. Elles servaient surtout pour les offrandes au Temple. Il est encore parlé de beignets faits de farine et de miel frits dans la poêle avec de l'huile[79]. Toutes ces pâtisseries se trouvent encore en Palestine. Nommons enfin les Halloth, gâteaux percés de plusieurs petits trous comme les pains azymes des Juifs d'aujourd'hui.
La cuisine s'appelait Kiraim ; ce mot auquel suppose deux réchauds pour deux marmites. La vaisselle en terre cuite, considérée comme impure, n'était pas employée ; on se servait de vaisselle de cuivre[80] et on connaissait l'étamage[81]. Les ustensiles ordinaires étaient le çannaath (cruche de terre), le Gabia (cratère, calice), le Côs (coupe, gobelet), le Séphèl (tasse), le mizrah (grande coupe).
Le repas principal, le dîner se prenait à midi[82]. Cette heure est toujours restée celle des pays chauds, le repos au milieu du jour étant rendu nécessaire par le climat. Nous savons que les Esséniens prenaient vers onze heures un bain suivi d'un repas qui était précisément le dîner de midi : il est appelé dans le Nouveau Testament, ***[83] ; ***[84] était le repas du matin, le déjeuner. Jésus-Christ fut un jour invité par un pharisien à prendre chez lui ce premier repas[85]. Les Juifs, nous l'avons dit en parlant de la maison, mangeaient d'habitude en plein air, dans la cour ouverte à tous venants ; nous comprenons ainsi qu'une femme put entrer sans difficulté et briser un vase de parfums aux pieds du Christ[86].
Avant de se mettre à table on se lavait les mains[87]. Voici quel était l'usage aux repas de cérémonie : chaque convive, à son arrivée, lavait une de ses mains, celle qui lui servait ensuite à manger. Cette ablution avait, comme toujours en Orient, un caractère religieux. Quelques personnes se plongeaient entièrement dans l'eau, c'était le bain essénien ; nous en parlerons en traitant des purifications chez les Juifs du premier siècle. Le pharisien qui avait invité Jésus à manger chez lui s'étonne de ce qu'il ne se soit pas plongé dans l'eau avant le repas[88]. Ce pharisien était donc un de ces esséniens séculiers très nombreux alors en Palestine[89].
L'heure venue, on se mettait à table ; on commençait par s'asseoir et, une fois assis, chacun rendait grâces séparément et à voix basse, puis on se couchait à demi, suivant la mode orientale, sur des coussins et des sofas ; et, lorsqu'on était ainsi étendu, un seul des convives rendait grâces à haute voix et pour tous les autres[90], qui disaient ensuite amen ou même répétaient quelques-unes des paroles prononcées. On était couché sur le côté gauche, et le coude gauche se plaçait sur la table : on mangeait et on buvait dans cette position ; les pieds touchaient la terre, et chacun avait un lit et parfois même une petite table séparée des autres[91]. La bénédiction prononcée au commencement et à la fin du repas était ordonnée par la Loi[92]. C'était une formule, toujours la même, tirée du Deutéronome et la Mischna nous affirme[93] qu'elle était usitée au premier siècle. Nous ne savons si Jésus se bornait à prononcer cette formule quand il rendait et rompait le pain on s'il improvisait une prière.
Les convives couchés autour de la table[94], formaient un cercle ; le maître de la maison se tenait au milieu. Les Juifs aimaient beaucoup les repas de famille et les invitations étaient fréquentes[95]. Quand le repas avait un caractère religieux, ou simplement quand on voulait honorer particulièrement un des hôtes. on répandait sur sa tête une huile aromatique[96]. La viande était apportée coupée en morceaux, et les autres mets dans des plats séparés. Le chef de famille distribuait les portions[97], chacun mettait la sienne sur le pain rond qu'il avait devant lui et mangeait avec ses doigts. Un seul plat de sauce servait pour tous et chacun à son tour y trempait son pain[98]. Il n'est question dans la Bible ni de fourchette[99] ni de cuiller. Le couteau est nommé une seule fois dans le livre des Proverbes[100].
Quels étaient les aliments ? Les viandes nommées dans la Bible sont le bœuf, le veau, le mouton, la chèvre, la volaille et le gibier[101]. Les seuls légumes mentionnés sont les fèves et les lentilles[102]. On faisait la cuisine avec de l'huile d'olive et du sel. Du temps du roi David, on voyait figurer dans un repas : le froment, l'orge, le grain rôti, le pain, le vin, les fèves, les lentilles, l'huile d'olive, le bœuf, le mouton, le chevreau, le miel, le lait, le fromage, le raisin, la figue et les fruits secs[103]. Tous ces aliments, sauf le bœuf qui est devenu rare, se trouvent encore en Palestine, et il est certain qu'ils étaient au temps de Jésus-Christ. Le lait, le beurre et le miel, nourriture des enfants[104], étaient au nombre des aliments les plus communs[105].
La Palestine « découle de lait et de miel », disaient les anciens Hébreux. Ce miel sauvage, « découlant » des creux d'arbres et des rochers et qui a presque entièrement disparu, était encore très commun au temps des croisades ; au premier siècle Jean-Baptiste en faisait sa nourriture habituelle. Parmi les mets les plus communs sur les bords du lac de Tibériade nous nommerons encore le poisson, le pain et les œufs. Les pauvres s'en contentent aujourd'hui et un passage de l'enseignement de Jésus-Christ semble indiquer que les riverains du lac ne se nourrissaient pas autrement de son temps : « Quel est le père d'entre vous qui, si son fils lui demande du pain, lui donne une pierre ? et s'il lui demande du poisson lui donnera-t-il un serpent ! s'il lui demande un œuf lui donnera-t-il un scorpion[106] ? »
Le lac, avons-nous dit, était très poissonneux. Les pêcheurs vendaient le produit de leur pêche à Jérusalem et, près de la porte dite « des poissons[107] », se tenait un grand marché alimenté par le lac de Tibériade, et sans doute aussi par Jaffa et les villes du littoral. Les Tyriens se livraient volontiers à ce commerce. Il va sans dire qu'il est tombé aujourd'hui et ce n'est que sur les bords mêmes du lac que le poisson fait maintenant partie de la nourriture.
Parmi les mets usités alors, il ne faut pas oublier de nommer les sauterelles. Il est dit, dans le Nouveau Testament, que Jean-Baptiste s'en nourrissait[108]. Le fait n'a rien d'extraordinaire. Quatre espèces de sauterelles étaient comestibles[109]. Un des Talmuds parle même de huit cents espèces de sauterelles pures[110] ; ceux qui ont avancé ce fait auraient sans doute été assez embarrassés pour nommer ces huit cents espèces, mais leur dire prouve que cette alimentation n'était nullement condamnée par les docteurs de la Loi. « Celui qui chasse les sauterelles, les frelons et les mouches le jour du sabbat, est coupable », dit encore un des Talmuds[111], montrant par là que tous les jours de la semaine on s'occupait de prendre et de détruire ces insectes. Les mœurs arabes contemporaines nous apprennent comment les Juifs préparaient les sauterelles. Quelquefois ils les faisaient simplement rôtir et les mangeaient à l'eau et au sel ; « sous cette forme, la sauterelle, dit un voyageur[112], est un mets agréable au goût et rappelant celui des petites écrevisses de mer ». Mais d'ordinaire la préparation était plus compliquée ; après avoir pris et tué les sauterelles, on les faisait sécher au soleil, on ôtait la tête et les pattes, on réduisait le corps en poudre soit avec un moulin soit dans un mortier. On mêlait de la farine à cette poudre et on en faisait une sorte de pain un peu amer, mais dont on corrigeait l'amertume avec du lait de chamelle ou du miel.
Les boissons en usage au temps de Jésus-Christ étaient très nombreuses. On trouvait à Jérusalem la bière de Médie ou de Babylone[113], mais l'eau mêlée de vin formait une boisson plus recherchée[114]. Le cantique des cantiques parle de vin « mêlé d'aromates[115] et du moût des grenade »[116]. Le vin vieux était, comme partout, plus apprécié que le nouveau, mais on ne laissait pas vieillir le vin plus de trois ans[117]. L'eau fraîche était la boisson du pauvre et quand Jésus-Christ parle du verre d'eau fraîche donné en son nom, il prononce une parole bien naturelle dans un pays chaud et sous un soleil de feu. Cependant le peuple buvait volontiers le Scechar, vin factice, préparé avec du froment et des fruits. C'est sans doute la « cervoise » dont parlent nos traductions françaises du Nouveau Testament et dont il est dit que Jean-Baptiste n'en buvait pas[118]. Les Latins appelaient en effet Cervisia (de Cérès) une boisson faite de blé eu d'orge macéré, séché, rôti et moulu qu'on faisait tremper et cuire avec du houblon. C'était donc aussi une sorte de bière. Enfin dans les grandes chaleurs les travailleurs des champs buvaient du vinaigre mêlé d'eau et y trempaient leur pain[119].
Le vin était conservé dans des outres de peau de chèvre[120] ou dans des vases de terre[121] faits au tour.
Aujourd'hui, personne ne voyage sans qu'une outre pleine d'eau fasse partie de ses bagages. Elle est petite et on l'accroche à la selle de son cheval ou même à sa ceinture si l'on est à pied.
Josèphe parle de vases poreux qui rafraîchissaient l'eau ; ces vases étaient déjà usités du temps de Gédéon[122]. Les vases de verre n'étaient pas inconnus mais ils étaient rares et précieux. La Bible nomme le verre à côté de l'or[123]. Les vases représentés sur les monnaies asmonéennes ont des anses et point de couvercles et ceux dont font usage les Arabes aujourd'hui sont identiquement semblables.
On se servait pour boire de coupes ou de tasses parfois assez grandes[124], mais auparavant on filtrait les boissons, le vin aromatisé pour ne pas avaler les moucherons qui y étaient tombés[125].
Comment donc se composait le repas de midi dans une maison bourgeoise de Jérusalem au premier siècle ? On y trouvait du poisson du lac, des sauterelles rôties dans la farine ou dans le miel, des oignons, de la viande de boucherie ; comme boisson, de la bière de Médie ou du vin mêlé d'eau, et au dessert les fruits à bon marché étaient le raisin et la figue. Les gens du peuple devaient se nourrir plus sobrement. Les pêcheurs du lac en particulier ne mangeaient sans doute que rarement de la viande ; c'étaient le pain, les œufs durs et le produit de leur pêche qui devait avec des sauterelles et de l'eau faire le fond de leur alimentation ordinaire.[126]
[1] Voir la description de Rome dans le savant ouvrage de Friedloender : Mœurs romaines d'Auguste aux Antonin.
[2] Ev. de Luc, XV, 8.
[3] Nahum, III, 14.
[4] Exode, V, 7.
[5] Nahum, III, 14. II Samuel XII, 31.
[6] Esaïe, IX, 9, 10.
[7] Sous David et sous Salomon, on revêtait de marbres certains édifices, 1 Rois, VII, 9, 10, 11 ; I chron., XXIX, 2.
[8] Job, IV, 19.
[9] Lévitique, XIV, 33 et suiv.
[10] II Sam., XVII, 18.
[11] II Sam., XI, 2.
[12] Proverbes, XXVI. 14. 1 Rois, VII, 50.
[13] Cant., V, 5. Juges, III, 24, 25.
[14] Juges, XVI 3. Amos, 1, 5.
[15] Voilà, pourquoi Jésus après avoir dit à Pierre : « Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux », ajoute : « ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux ». Ev. de Matth., XVI, 19.
[16] Jérémie, XXII, 14.
[17] 1 Samuel, IX, 22.
[18] 2 Samuel , IV, 7.
[19] Voir notre chapitre sur Jérusalem, page 67.
[20] La Mischna donne le prix approximatif de l'achat et du loyer de certaines maisons. Une habitation modeste aurait coûté 250 deniers (225 francs environ). Le loyer d'un logement ordinaire pouvait varier entre une dizaine de francs au minimum, une cinquantaine au maximum. Quant à celui d'une vaste maison il pouvait s'élever à plus de deux cents francs.
[21] Juges, V, 28. Cant., II, 9.
[22] II Rois, XIII, 17.
[23] Proverbes, XIX, 13 ; XXVII, 15.
[24] Deutéronome, XXII, 8. Elle devait avoir un mètre environ au minimum.
[25] Pierre s'y retire pour prier. Actes des Apôtres, X, 9. Les terrasses sont semblables aujourd'hui en Orient.
[26] Esaïe, LXV, 3.
[28] Psaume CXXIX, 6.
[28] De là viennent les expressions de Jésus-Christ : « Que celui qui est sur le toit ne rentre pas.... etc. » Ev. de Matth, XXIV, 16, 17 ; de Marc. XIII, 15, etc., etc.
[29] Josué, II, 6.
[30] I Samuel, IX, 26.
[31] Esaïe, XV, 3.
[32] Proverbes, XXI, 9 et XXV, 24.
[33] Esaïe, XXII, 1.
[34] Juges, IX, 51.
[35] Néhémie, VIII, 16.
[36] Nous avons deux termes dans le Nouveau Testament pour désigner la chambre haute : (Actes des Ap., I, 13) littéralement ce qui est en haut, et (Ev. de Luc, XXII, 12) littéralement ce qui est au-dessus de terre. En hébreu Alijah.
[37] Nous avons dans la Mischna l'indication de quelques mesures qui permettent de se rendre compte de la dimension des chambres hautes. Elles pouvaient avoir jusqu'à 4 mètres sur 5 ; mais d'habitude étaient plus petites : 3 m. sur 4.
[38] Ev. de Luc, V. 18, 19 et Ev. de Marc, II, 4.
[39] Babyl., Moed Katon fol. 25, 1.
[40] Schabbath, ch. 1, halac., 7, Juchasin, fol. 23, 2, Cf., Ev. de Marc, XIV, 15. Actes des apôtres, I, 13 et XX, 8.
[41] I Rois, XVII, 19.
[42] Bovet, Voyage en Terre Sainte, p. 121.
[44] Actes des Ap., IX, 37.
[45] Actes des Apôtres, I, 13, 14.
[46] dans le Nouveau Testament, en hébreu Mittah ou Erès. « Prends ton lit, dit le Christ, et marche », Ev. de Marc, II, 9.
[47] Ev. de Matth. VI, 19. Ev. de Luc, XII, 33.
[48] id. Id, id.
[49] Ev. de Matth., VI, 20.
[50] Jérémie, XXXVI, 22.
[51] Ev. de Matth., V, 15.
[52] Ev. de Matth., V, 15 ; de Marc, IV, 21 ; de Luc, XI, 33.
[53] Id. id. id.
[54] Les petites tables turques, que l'on voit à Paris chez les marchands de curiosités orientales, étaient, à l'origine, des boisseaux retournés.
[55] Ev. de Luc, XV, 8.
[56] Ev. de Matth., IX, 17 ; de Marc, II. 22 ; de Luc, V, 38.
[57] Nombres, XI, 8. Deut., XXIV, 6.
[58] Job, XLI, 15. (Son cœur est dur comme la pierre, dur comme la meule inférieure.)
[59] Juges, IX. 53. II Sam., XI, 21.
[60] Les Talmuds distinguent la meule d'âne et la meule à la main ; voir aussi Ev. de Luc, XVII, 2.
[61] Exode, XI. 5. Esaïe, XLVII, 2.
[62] Juges, XVI, 21. Lam. de Jérém., V, 13.
[63] Ev. de Luc, XVII, 35.
[64] Jérémie, XXV, 10.
[65] Voir livre II, chapitre X, la Prière.
[66] Prov. VII, 16. Ezéchiel XIII, 18, 20.
[67] Cant. des cant., III, 9, 10.
[68] Proverbes VII, 17.
[69] Ezéchiel, XXIII, 41 ; Amos VI, 4.
[70] 2 Rois, IV, 42.
[71] Exode, XII, 34.
[72] Exode, XII, 39 ; Genèse XIX, 3.
[73] Le pain était l'aliment inévitable, obligatoire ; il devait faire partie de tout repas et en était la base fondamentale ; prendre un repas se disait en hébreu : manger le pain et cette expression se retrouve souvent dans le Nouveau Testament.
[74] Esaïe, LVIII, 7 ; Lam. de Jérémie, IV, 4 ; Ev. de Matth. XIV, 19 ; XV, 36 ; XXVI, 26 ; de Luc XXIV, 30 ; Actes XX, 11.
[75] Bovet, Voyage en Terre Sainte, p. 41.
[76] Lévit. XXVI, 26.
[77] Hérodote, liv. II. ch. 92.
[78] Lévit II, 4.
[79] Lév., II, 7 ; Exode, XVI, 31.
[80] Lévit., VI, 21 ; XI, 33 ; XV, 12 ; Nombres XXXI, 22 ; Ezéch. XXIV, 11.
[81] Pline. H. N., 34, 17.
[82] Genèse, XLIII, 16, 32 ; 1 Rois, XX, 16 ; Ruth. II, 14-17 ; Actes. X, 9, 10.
[83] Ev. de Matth., XXIII, 6 ; de Marc, VI, 21 ; de Luc, XIV, 12, 16 ; de Jean, XII. 2 ; XXI, 20.
[84] Ev. de Matth., XXII, 4 ; de Luc, XI, 38 ; XIV, 12.
[85] Ev. de Luc, XI, 38.
[86] Ev. de Matth., XXVI, 6 et suiv.
[87] Ev. de Matth. XV, 2 ; de Marc, VII, 3 ; de Luc, XI, 38.
[88] Ev. de Luc, XI, 38, il n'est pas question en effet, dans ce passage de se laver simplement les mains, mais de se ***.
[89] Voir Sur les Esséniens, livre II, chap. XIV.
[90] Berakhoth, IV, halac. 6 ; Ev. de Matth, XXVI, 20.
[91] Babyl. Berakhoth, fol. 46. 2. Autrefois on était simplement assis (Genèse XXVII, 25) ; mais déjà du temps des prophètes, le riche se couchait sur des divans ; Amos s'en plaint (VI. 4).
[92] Deut., VIII, 10.
[93] Traité Berakhoth, chap. 1. VII.
[94] L'usage des petites tables séparées ne semble pas avoir été suivi par les gens de condition ordinaire.
[95] Jos., Ant. Jud., XIV, 10, 8, 12.
[96] Cette remarque est importante et nous aide à comprendre le passage. Ev. de Matth., XXVI. 7 et suiv.
[97] 1 Sam. I. 4.
[98] Ev. de Matth. XXVI, 23.
[99] Il est parlé de « fourchettes » Exode, XXVII, 3 ; mais il s'agit dans ce passage de petites fourches dont faisaient usage le prêtres de service, à l'autel et nullement de l'ustensile qui nous sert aujourd'hui à manger.
[100] XXIII, 2.
[101] Genèse, XVIII, 7 ; Juges, VI, 19 ; 1 Rois, IV, 23.
[102] Genèse XXV, 34 ; Ezéch., IV, 9.
[103] I Sam. XXV, 18 ; I Chr. XII. 40.
[104] Esaïe, VII, 15.
[105] Il est parlé du miel sauvage Ps. LXXXI. 17 ; Juges XIV, 8, 14 ; I Sam., XIV, 25, 26, 27, 28 — du miel d'abeilles domestiques : Cant. des cantiques, V, 1 ; voir aussi II Chron., XXXI, 5 ; II Sam., XVII, 29 ; Prov., XXIV, 13 ; Ev. de Luc, XXIV, 42.
[106] Ev. de Matth., VII, 9 ; de Luc, XI, 11.
[107] II Chron., XXXIII, 14.
[108] Ev. de Matth., III, 4 et parall.
[109] Lévit., XI, 22.
[110] Jérus., Taanith, fol. 69, 2.
[111] Babyl., Schabbath, fol. 106, 2.
[112] Pierotti, la Palestine actuelle et la Palestine ancienne, p. 75.
[113] Pesachim, 3, 1.
[114] La Bible ne parle pas de vin mêlé d'eau, mais il en est souvent question dans les Talmuds.
[115] VIII, 2, voir aussi Esaïe, V, 22.
[116] On sait que les anciens mêlaient le vin d'aromates, ils y mettaient du poivre, du miel, ils y faisaient tremper des câpres.
[117] « Quel est le meilleur vin ? le vin vieux, celui qui a trois ans. » Schabbath, fol. 129, 1 ; Berakhoth, fol. 51. 1 voir Ev. de Luc, V, 39.
[118] Ev. de Luc. I, 15, Trad. d'Osterwald.
[119] Ruth II, 14.
[120] Genèse, XXI, 14 ; Job, XXXII, 19.
[121] Psaume II, 9 ; Jérémie, XVIII, 3.
[122] Juges VII, 16, 19, 20.
[123] Job, XXVIII, 17.
[124] Genèse, XLIV, 2, 12 ; 1 Rois, VII, 50 ; Cant. des cant. VII, 3.
[125] Ev. Matth. XXIII, 24.
[126] M. Gustave Flaubert, dans son conte « Hérodiade », s'est plu à décrire, avec un grand luxe d'érudition, le repas que donna Hérode Antipas aux grands de sa cour, le jour anniversaire de sa naissance quand Salomé entra dans la salle du festin et charma les convives par sa danse. Nous n'avons pas à parler de cette description ni à la reproduire ici ; nous n'avons voulu décrire que la nourriture ordinaire de la population. Il va sans dire que les rois et les tétrarques pouvaient se faire servir ce qu'on ne mangeait qu'à Rome et à la table de César.