La Palestine au temps de Jésus-Christ

LIVRE PREMIER — LA VIE SOCIALE

CHAPITRE VIII — LA VIE PRIVÉE (suite)


LE MARIAGE : Les promesses de mariage. — Les fiançailles. — Les conditions. — La cérémonie des fiançailles. — Les noces. — Les cérémonies du mariage. — Il n'y avait point de service religieux.
LA MORT ET LES FUNÉRAILLES : Les Juifs ensevelissaient les corps et ne les brûlaient pas. — Le cercueil — Les funérailles aujourd'hui chez les Arabes. — Le cortège funèbre au premier siècle. — Les tombeaux. — L'intérieur d'un sépulcre. — Le deuil. — Sa durée.

LE MARIAGE

Jésus a souvent parlé du mariage dans ses paraboles[1] ; il a assisté à des noces à Cana[2] ; il s'est comparé lui-même à un époux[3] ; et les renseignements que les Talmuds nous ont conservés sur la manière dont les mariages se célébraient chez les Juifs confirment, d'une manière intéressante, l'exactitude des récits évangéliques.

La loi de Moïse n'avait laissé aucune direction pour les coutumes à observer, mais nous trouvons çà et là dans l'Ancien Testament et dans les Talmuds des détails précis qui nous permettent de reconstituer toutes les cérémonies en usage au premier siècle. Nous savons exactement ce qui se passait avant et pendant le mariage.

On distinguait trois phases :

  1. la promesse,
  2. les fiançailles,
  3. le mariage.

La promesse était un simple engagement qui n'avait rien de définitif. Il pouvait y en avoir un certain nombre de rompues avant les fiançailles proprement dites. Les jeunes gens et les jeunes filles se promettaient le mariage, puis ils se fréquentaient, apprenaient à mieux se connaître et décidaient s'ils voulaient en venir aux fiançailles véritables ou non. Nous avons un joli passage de la Mischna sur ces promesses passagères qui précédaient toujours l'engagement définitif : « R. Siméon, fils de Gamaliel, disait : il n'y avait point de fête en Israël comme celle du 15 d'Ab et de Kippour. Dans ces deux jours, les jeunes filles de Jérusalem, vêtues de blanc, en robes fraîchement lavées, mais qu'elles se prêtaient mutuellement afin de ne point faire honte à celles qui n'en avaient point en propre, sortaient pour aller danser dans les vignes. Et quels discours y tenaient-elles ? Jeune homme, vois donc et tâche de bien choisir ; ne t'attache point à la beauté, mais consulte plutôt la famille ; car la grâce est mensongère et la beauté vaine :

« C'est la femme qui craint Dieu qui sera louée[4] ». Parfois le père disposait de sa fille mineure sans son consentement ; ce qui n'avait pas grande importance puisque l'engagement pouvait être rompu. Si la jeune fille était majeure son consentement était nécessaire[5].

Les fiançailles venaient ensuite, c'était un acte de la plus grande importance, elles devaient durer une année entière et avaient un caractère aussi définitif que le mariage lui-même. La jeune fille fiancée qui manquait à sa promesse était lapidée comme la femme adultère. Toute une cérémonie avait lieu qui cimentait les engagements pris et leur donnait quelque chose d'absolu.

Chez les anciens Hébreux on se fiançait en se donnant mutuellement sa parole ; on s'engageait de vive voix[6]. A partir de l'exil ou, en tout cas, à l'époque de la Mischna, on prit l'habitude des contrats écrits et signés[7], mais l'usage de considérer les deux jeunes gens comme liés par les fiançailles était très ancien[8]. Avant la cérémonie, on réglait les conditions auxquelles se ferait le mariage. C'étaient quelquefois les frères aînés qui négociaient avec le père de la jeune fille[9], laquelle du reste devait consentir aussi à tout ce qu'on déciderait[10].

La grosse question n'était pas de savoir si les jeunes gens se connaissaient, car souvent ils ne s'étaient jamais vus[11] et rien n'était rare comme les mariages d'inclination[12]. Il s'agissait purement et simplement de fixer ce que le jeune homme donnerait pour avoir sa femme, c'est-à-dire à quel prix il l'achèterait, car ces mariages, où ce n'était pas le père qui dotait sa fille mais le fiancé qui apportait de l'argent, se trouvaient être de véritables ventes. Les parents et amis réglaient entre eux la somme à laquelle on estimait la jeune fille, et les cadeaux qu'elle devait recevoir. Le total s'appelait Mohar. Aujourd'hui encore, chez les Arabes, le mariage est une vente. Le Mohar n'était point fixe.

Le père de la jeune fille en indiquait le montant et c'était au jeune homme à l'accepter ou à le refuser. S'il acceptait, il s'acquittait de sa dette soit en argent soit en nature. Parfois il se mettait au service de son futur beau-père et la durée de ce service était celle des fiançailles[13].

La cérémonie des fiançailles se faisait ainsi : les deux familles se réunissaient avec quelques témoins étrangers[14] et le fiancé remettait à la fiancée, ou a son père, si elle était mineure, soit un anneau d'or[15], soit un objet de prix, soit enfin un simple écrit par lequel il s'engageait à l'épouser ; puis il lui disait : « Voici, par cet anneau (ou cet objet) tu m'es consacrée, selon la loi de Moïse et d'Israël[16] ».

Ensuite on laissait passer au moins une année ; mais l'anneau était donné, et le divorce ou la mort pouvaient seuls séparer les futurs époux[17].

Les Talmuds donnent un singulier motif à cette longue durée des fiançailles : il fallait laisser à la jeune fille « le temps de faire son trousseau[18] ».

Si la fiancée était veuve on réduisait le temps où elle devait attendre à un mois au minimum. Du reste le fiancé était dispensé du service militaire et depuis le jour de la promesse définitive jusqu'à un an après le mariage, les jeunes gens n'étaient point tenus d'assister à des enterrements et d'entrer dans les cimetières. « La joie seule doit remplir leur cœur. » Il va sans dire qu'un festin de réjouissances terminait la journée[19].

A l'époque de la Mischna l'usage pour le père de doter sa fille a commencé à s'établir. Les Talmuds en firent plus tard une obligation[20] et le minimum en fut fixé à cinquante zouz[21], (mais le don du mari restait toujours le plus élevé, il était au minimum de deux cents zouz[22].

Les fiançailles finies, on célébrait les noces. Le jeune homme devait avoir au moins dix-huit ans[23] et la jeune fille douze. Elles se faisaient le quatrième jour de la semaine ; le cinquième si la fiancée était veuve[24].

Les noces de Cana ont donc été célébrées un mercredi ou un jeudi. La cérémonie avait toujours lieu le soir[25] au coucher du soleil. Le moment le plus solennel, celui qui marquait l'accomplissement du mariage était celui où la fiancée entrait dans la maison de son fiancé, sa nouvelle demeure. Aussi appelait-on le mariage : « réception » ou « introduction de l'épouse » (dans la maison de l'époux). Les parents de la jeune fille venaient la prendre chez son père pour la conduire chez son mari. Parfois le fiancé venait la chercher lui-même comme dans la parabole des dix vierges[26]. Ses parents lui donnaient leur bénédiction[27]. Elle sortait de chez son père parfumée, parée, avec une couronne sur la tête[28]. Elle était entourée de ses amies qui lui faisaient cortège et agitaient au-dessus de sa tête de longues branches de myrte. Chacune de ces jeunes filles avait une lampe, qu'elle avait apportée. Cette lampe était formée d'un bâton de bois, terminé par un petit vase ou une sorte de plateau dans lequel il y avait une mèche avec de l'huile et de la poix.

L'Evangile parle de « dix vierges ; » il y en avait parfois bien davantage, mais rarement moins.

L'épouse pendant le trajet avait les cheveux flottants et le visage caché sous un voile. Devant elle ses parents distribuaient aux enfants des épis grillés. La joie éclatait de toutes parts sur son passage. Si l'époux était venu la chercher, il s'était paré lui aussi et portait une couronne. Tous deux marchaient ensemble sous un dais ; dans le cortège on jouait du tambour ou d'autres instruments ; plusieurs portaient des flambeaux et des torches. D'autres chantaient et dansaient[29].

La joie ou la tristesse se manifestent toujours en Orient par de bruyantes démonstrations. Cependant, on arrivait à la maison de l'époux ; des matrones coiffaient l'épouse et lui cachaient ses cheveux épars sous un voile épais ; désormais elle n'aura plus jamais la tête découverte en public. On la reconduisait ensuite sous le dais soit dans la maison soit en plein air suivant la saison. Elle s'y plaçait à côté de son mari et tous deux entendaient de nouvelles paroles de bénédiction prononcées soit par un des deux pères, soit par un assistant notable. Enfin venait le repas de noces[30]. On fournissait à chaque convive un « habit de noces » à son entrée dans la salle[31]. Le repas était dirigé par un personnage que l'Évangile de saint Jean appelle dans le récit des noces de Cana, c'était celui qui disait les actions de grâces et prononçait les formules de bénédiction tout le temps que durait la fête. Entre autres, il bénissait le vin. Pendant le festin la gaîté et l'animation étaient de commande. De même qu'aux enterrements on avait des pleureurs et des pleureuses payées, de même à un mariage on montrait par politesse une joie quelquefois forcée. Il était de bon ton de vanter la fiancée on lui attribuait sans scrupule des mérites qu'elle n'avait pas « agréable, belle et gracieuse fiancée », disait-on de toutes parts[32].

Les hommes les plus graves dansaient devant le marié pour lui faire fête. « Lorsque Mar, fils de Rabbena, fit les noces de son fils, il y invita des rabbins, et comme ils étaient trop gais, il fit apporter un vase valant quatre cents zouz et le brisa pour qu'ils fussent attristés[33]. » Singulière manière d'arrêter la joie de ses convives et de les empêcher de commettre des excès !

Le lecteur aura remarqué qu'il n'y avait aucune cérémonie religieuse au mariage. La bénédiction des parents et des assistants était seule donnée aux nouveaux époux[34]. Les Talmuds réprouvent énergiquement les unions libres[35], mais Moïse n'avait institué aucun rite ni laissé aucun ordre sur la manière dont on devait célébrer les mariages.

Après le festin, le mari était conduit par ses amis (« les amis de l'époux » ou « les fils de l'époux ») dans la chambre nuptiale où sa femme l'avait précédé.

Les fêtes de la noce duraient sept jours pour les parents et les amis des nouveaux mariés[36], sept jours de réjouissances[37] appelés les « sept jours du repas de noces » ; mais le nombre complet de ce qu'on appelait les jours de noces était de trente[38].

LA MORT ET LES FUNÉRAILLES

Un des évangélistes nous raconte que Jésus rencontra un jour un convoi funèbre qui sortait d'un village. « On portait en terre un jeune homme, fils unique de sa mère qui était veuve[39]. »

Les Juifs, en effet, avaient horreur de la crémation. L'usage de brûler les corps, si répandu dans l'antiquité, leur était en abomination. Ils ensevelissaient et l'Eglise chrétienne a toujours suivi cette coutume. La croyance à la résurrection du corps s'opposait à sa destruction par le feu ; elle s'y oppose encore aujourd'hui aux yeux de la grande majorité des chrétiens. Ils préfèrent confier la dépouille des leurs à la terre ; là elle se consumera lentement, il en restera toujours quelque chose, et la pensée d'un anéantissement possible de celui qui a disparu, ne viendra pas les hanter et les troubler avec la même insistance que s'il ne restait plus rien de son être physique.

Les Arabes de nos jours ne brûlent pas non plus les corps ; le Coran s'y oppose et leurs cérémonies funèbres, en Palestine du moins, ressemblent à s'y méprendre à celles des Juifs telles que la Bible nous les décrit. Voici quels étaient les usages des Palestiniens au premier siècle. Aussitôt après le décès le corps était placé dans « la chambre haute[40] » ; là, les mains et les pieds étaient entourés de bandes et la tête couverte d'un suaire[41]. Le corps entier était ensuite enveloppé d'un linceul et était parfumé avec de la myrrhe et de l'aloès[42]. Ces parfums seront aussi plus tard déposés près du corps dans le tombeau. On agira surtout ainsi lorsque l'ensevelissement aura été précipité, et que cette espèce d'embaumement n'aura pas été possible avant les funérailles. Le corps ainsi préparé était placé, les mains croisées, dans un cercueil ouvert ou plutôt sur une bière appelée Mittah (lit)[43].

Aujourd'hui les indigènes arabes de Palestine observent les mêmes coutumes au pied de la lettre. Après la mort ils ferment les yeux du défunt[44] ; ils attachent les pieds et les mains avec des bandelettes et enveloppent le corps dans un linceul. Tous les assistants baisent le mort une dernière fois. Puis il est déposé dans une bière ouverte par en haut pour qu'on puisse voir encore son visage[45]. L'ensevelissement se fait huit heures au plus après le décès. Il en était certainement ainsi autrefois ; dans les pays chauds on est obligé de hâter l'enterrement. Les Juifs n'avaient pas de porteurs attitrés ; des amis se chargeaient de porter le corps[46]. Ils tenaient à donner au défunt ce dernier témoignage d'affection, et ils se relayaient quand ils étaient nombreux. « Un enfant qui meurt avant le trentième jour de son âge est porté dans les bras et il est enseveli par une femme et deux hommes. Un enfant de trente jours est porté dans une bière, non une bière que l'on place sur les épaules, mais une bière que l'on porte dans les bras. Un enfant de trois ans est porté dans un lit et il en est de même pour les autres âges[47] ».

Les porteurs chargeaient donc la Mittah sur les épaules[48]. Les parents et amis suivaient avec les démonstrations bruyantes de douleur et les lamentations dont les Juifs étaient toujours si prodigues[49]. Ils poussaient des cris affreux, se roulaient par terre, déchiraient leurs vêtements et se jetaient de la poussière sur la tête. On faisait plus, on ne se bornait pas à ces manifestations qui pouvaient être sincères chez les amis et les parents du mort, on louait des pleureuses de profession qui versaient des larmes en jetant des cris aigus[50]. En outre, on louait des musiciens qui jouaient de la flûte sur un ton lugubre[51]. Le plus pauvre Israélite était obligé par les convenances à avoir à la mort de sa femme au moins deux joueurs de flûte et une pleureuse[52]. S'il était riche, dit Maïmonide, il faisait tout selon « ce qui était le plus digne ».

Les Arabes, nos contemporains, n'ont pas de joueurs de flûte aux funérailles. Sur ce point seul leurs cérémonies différent de celles des Juifs et encore si le défunt est un grand dignitaire ils ont des musiciens. Les femmes arabes poussent les mêmes cris désespérés que les Juives jetaient il y a tant de siècles. Elles s'arrachent les cheveux[53] et chantent sur un ton lamentable[54].

Il n'y avait pas plus de cérémonie religieuse aux enterrements qu'aux mariages. Quelquefois on prononçait un discours sur la vie du défunt[55] ou un prêtre improvisait une complainte[56].

Les tombeaux étaient toujours hors des villes.

Il est remarquable que cette mesure hygiénique, qui passe pour moderne, soit formellement exigée par la Mischna[57]. Le sépulcre le plus rapproché du mur d'enceinte devait en être encore éloigné d'au moins cinquante coudées (22 m. 50).

Les cimetières communs étaient rares ; il n'y en avait guère que pour les pauvres et les étrangers[58]. Les familles riches avaient leurs tombes dans leurs propriétés particulières. La description d'un sépulcre de ce genre nous est minutieusement faite par les Talmuds[59]. Elle nous intéresse au plus haut point : c'est un tombeau semblable à celui de Joseph d'Arimathée qui nous est ici décrit. Le sépulcre était une caverne ou chambre taillée dans un rocher. On y entrait de plein pied comme dans une grotte. L'ouverture en était carrée et fermée par une énorme pierre qui s'engageait dans une feuillure. L'intérieur de l'une des tombes qui nous sont décrites avait quatre coudées sur six (1 m. 80 sur 2 m. 70) et on y avait fait huit sépultures ; trois de chaque côté et deux au fond. Une autre avait quatre coudées de longueur (1 m. 80) et sept de hauteur (3 m. 15). Le caveau proprement dit était précédé d'une sorte de vestibule où s'arrêtaient les porteurs, puis « ils se baissaient vers le sépulcre[60] », et là se trouvaient les excavations où l'on mettait les corps. Leurs places étaient marquées par des sortes de couchettes pratiquées dans la paroi.

L'emplacement du tombeau était indiqué soit par un monument, soit par un monceau de pierres. De nos jours on élève ces tas de pierres avec grand soin pour garantir les tombes des hyènes. Or, elles étaient plus nombreuses encore autrefois qu'aujourd'hui[61]. Tous les ans, en Adar, le dernier mois de l'année, on blanchissait l'extérieur du monument avec de la chaux[62] macérée et mélangée d'eau[63] ; nous en savons la raison. « Pourquoi, dit un des Talmuds, blanchit-on les sépulcres au mois d'Adar ? parce que de même que le lépreux crie : « le souillé, le souillé », de même par cette couleur blanche on le dit : « n'approche pas[64] ». En effet, le contact d'un sépulcre était une souillure. Jésus compare les Scribes et les Pharisiens tantôt à ces tombeaux blanchis « qui paraissent beaux au dehors[65] », tantôt aux sépulcres abandonnés dont on ne distingue plus l'emplacement[66].

La famille dans le deuil se réunissait au retour des funérailles, et on prenait un repas en commun. Il était offert aux parents du mort par leurs amis. C'était « le pain de deuil[67]. » Le nombre des coupes bues à la ronde et à certains moments fixes était réglé comme dans le repas pascal. Il y en avait dix : deux avant qu'on se mit à table, cinq pendant le festin et trois après[68]. A la mort de Rabbi Siméon, fils de Gamaliel, on en ajouta trois, mais on s'enivra et le Sanhédrin interdit de dépasser à l'avenir le nombre réglementaire[69]. Ce repas n'était pas le seul rite pratiqué le jour même de l'enterrement. On venait aussi consoler les affligés comme le firent les amis de Lazare entourant ses sœurs Marthe et Marie pendant les premiers jours de leur deuil[70]. « Quand on revient du sépulcre on entoure l'affligé et on le console[71]. » Dans les visites de condoléances on observait un cérémonial fixé d'avance. « Quand on revient du sépulcre on s'avance et on s'assied les tins pour consoler, les autres pour pleurer, les autres pour méditer sur la mortalité. Puis on se lève, on s'approche un peu et on s'assied, et ainsi de suite sept fois[72] ». On ne pouvait ouvrir la bouche pour consoler que si l'affligé avait parlé le premier[73].

Le deuil durait trente jours. Le premier jour on ne pouvait porter ses phylactères ; les trois premiers on ne devait se livrer à aucun travail et ne pas répondre à une salutation. Les sept premiers on ne pouvait ni mettre de sandales, ni se laver[74], ni s'oindre d'huile, ni lire la Loi, la Mischna ou les Talmuds, ni se voiler la tête. Pendant les trente jours il était interdit de se raser, de mettre des vêtements neufs ou récemment blanchis, de recoudre une robe déchirée[75]. En général, on prenait « le sac et la cendre. » Le sac était une sorte de robe grossière, couverte de poils, étroite, sans manches et sans plis. Une corde servait de ceinture[76]. Pour la mort de son père ou de sa mère on portait le sac pendant les trente premiers jours. Les veuves le gardaient toute leur vie[77]. Tous les parents étaient tenus de le porter au moins les sept premiers jours.


[1] Ev. de Matth., XXV, 1 et suiv. ; XXII, 2 et suiv. ; Luc, XII, 36.

[2] Ev. de Jean, II, 1 et suiv.

[3] Ev. de Matth., IX, 15 et parall.

[4] Mischna Taanith. IV, 5. Proverbes, XXXI, 30 et suiv.

[5] Kidduschin, 41 a. Nous ne savons à quel âge l'homme et la femme étaient majeurs. Il est souvent question dans les Talmuds de majorité et de minorité, mais nous n'avons trouvé nulle part d'indication précise de l'âge où la minorité finissait.

[6] Ezéchiel, XVI, 8. Malachie, II, 14.

[7] Cet écrit stipulant les promesses du mari à sa femme s'appelait Ketoubah.

[8] Deutéronome, XXII, 23.

[9] Genèse, XXXIV, 11.

[10] Genèse, XXIV, 57.

[11] Genèse, XXIV, 3, 4 ; XXXVIII, 6.

[12] Le mariage de Samson est une exception presque unique&p;; Juges, XIV, 2. il en est de même du mariage de Jacob avec Rachel ; Genèse, XXIX, 18.

[13] Genèse, XXIX, 18, 27 ; XXXIV, 12. Voir aussi 1 Samuel, XVIII 25-27 ; Osée, III. 2 ; Josué, XV, 16. 17.

[14] Kidduschin, 65 a.

[15] Kidduschin, Il 1.

[16] Kidduschin, 5 b. Cette cérémonie se fait encore chez les Israélites modernes, mais seulement au mariage.

[17] Kidduschin, II, 1.

[18] Mischna, Ketouboth 5, 2 ; et Jérus., Ketouboth, 57 b. Ce motif ne paraîtra peut-être plus aussi singulier quand ou saura qu'aujourd'hui encore, en pays basque et ailleurs, il est invoqué pour justifier les longues fiançailles.

[19] Genèse, XXIV, 54 ; XXIX, 22.

[20] Ketouboth, 52, a.

[21] Mischna, Ketouboth, VI, 6. Le zouz valait à peu près quatre-vingt-dix centimes.

[22] S'il y avait eu séduction, le séducteur devait épouser la jeune fille et payer sa dot. Exode, XXII, 16.

[23] Pirké Aboth, V, 21.

[24] Ketouboth, I, 1.

[25] Mischna, Ketouboth, II, 1 et Talm., id. 17, a et b.

[26] Ev. de Matth., XXV, 1 et suiv. Voir aussi Esaïe, LXI, 10 ; Cant III, 11.

[27] Genèse, XXIV, 60.

[28] Ezéchiel, XVI, 9, 13. Voir aussi Esaïe, LXI, 10 ; Jérémie, II, 32.

[29] Jérémie, VII, 34 ; 1 Macch., IX, 37, 39. Matth., XXV, 1 et suiv.

[30] Juges, XIV, 10 ; Jean, II, 9, 10.

[31] Ev. de Matth., XXII, 12.

[32] Ketouboth, 17 a et b.

[33] Bab., Berakoth, fol. 31, 1.

[34] Ruth IV, 11. Tobie, VII, 15.

[35] Kidouschin, 12, b.

[36] Ev. de Matth., IX, 15.

[37] Genèse, XXIX, 27 ; Juges, XIV, 10.

[38] Joma, ch. I, 1. Le mariage se célébrait, parait-il avec plus de décorum en Galilée qu'en Judée (Tosiftah. ch. I).

[39] Ev. de Luc, VII, 12.

[40] Actes, IX, 37.

[41] Jean. XI, 44.

[42] Jean, XIX, 40. Matth. XXVII, 59.

[43] Cette bière n'était pas toujours de bois. L'usage général était au premier siècle de se servir de cercueils d'osier, on les appelait Kélibah.

[44] Ce détail se trouve déjà Genèse, XLVI, 4.

[45] Luc, VII, 14 ; Genèse, XXIII, 19 ; Juges, XVI, 31 ; 1 Macch., II, 70.

[46] Actes, V, 6, 10. Mischna, Berakhoth, 3, 1. Aujourd'hui ce sont les invités à tour de rôle. On distinguait à quelques signes extérieurs la situation particulière du défunt. Le cercueil d'un célibataire ou ceux d'époux morts sans laisser d'enfants étaient désignés à l'attention par une plume ou une clef ou encore par un encrier. Celui d'une jeune fille fiancée était porté au cimetière sous un baldaquin. Il en était de même pour un jeune homme fiancé.

[47] Moed Katon, fol. 24, 1.

[48] Quelques femmes précédaient le cercueil ; c'était l'usage en Galilée. « Elles ont introduit la mort dans le monde, disait-on, elles doivent donc conduire ses victimes au tombeau. »

[49] II Samuel, III, 32.

[50] Jérémie, IX, 17.

[51] Jérémie, XLVIII, 36 ; Ev. de Matth., IX. 23.

[52] Ketouboth ch. IV, halac., 6. Voir aussi Barva Metsia, ch. VI, hal. 1.

[53] Voir Genèse, XXXVII, 33, 34, 35. ">II Samuel, XIII, 19 ; XII, 15 et suiv. I Samuel, XXX, 3, 4, 6. II Samuel, I, 11, 12.

[54] Voir II Samuel, III, 32 ; 1 Rois, XIII, 30 ; Jérémie, XXII, 18 ; XXXIV, 5.

[55] Comme David sur Abner, II Samuel, III, 33, 34.

[56] Amos. V, 16.

[57] Mischna, Bava bathra, ch. 2, § 9.

[58] II Rois, XXIII, 6 ; Jérémie, XXVI, 23.

[59] Bava bathra, ch. 6.

[60] Ev. de Jean XX, 5... « s'étant baissé ».

[61] Jérémie, XII, 9.

[62] On restaurait surtout ceux des prophètes, Ev. de Matth., XXIII, 27.

[63] Maasar Scheni, ch. V, § 1, voir aussi Shekalin, I, 1 « le 15 du mois d'août, on répare les routes, les rues, les places, on restaure les réservoirs d'eau et on peint les sépulcres. »

[64] Jérus. Maasar Scheni, fol. 55 c.

[65] Ev. de Matth., XXIII, 27.

[66] Ev. de Luc, XI, 44.

[67] Osée IX, 4. II Samuel. III, 35. Ezéchiel, XXIV, 17.

[68] Jérus., Berakhoth, foi. 6, 1.

[69] Babyl. Berakhoth, foi. 18, 1.

[70] Ev. de Jean, XI, 19.

[71] Chetub., fol. 8, 2.

[72] Bava bathra fol. 100, 2.

[73] Cf. Job ch. II, 13 et III, 1.

[74] Gamaliel se dispensa de cette interdiction à cause de sa santé. Berakhoth, trad. Schwab. p. 45.

[75] Voir Lightfoot, Horae hebraïcae et p. 1072.

[76] Esaïe, III, 24.

[77] Genèse, XXXVIII, 14. Judith, X, 2.

chapitre précédent retour à la page d'index chapitre suivant