On a coutume de diviser notre épître en deux parties : la première, qu’on appelle la partie dogmatique, qui se compose des trois premiers chapitres ; la seconde, qu’on appelle la partie morale, qui se compose des trois derniers. Nous ne rejetons pas cette division, pourvu qu’on ne l’entende pas à la manière de certains catéchismes, qui traitent le dogme et la morale comme deux branches distinctes et parallèles de la religion chrétienne, et dont on pourrait intervertir l’ordre sans trop d’inconvénient. Rien de semblable chez notre Apôtre. Pour lui, la foi chrétienne donne naissance à la vie chrétienne, comme l’arbre porte son fruit ; et comme on ne saurait avoir ni l’arbre sans le fruit ni le fruit sans l’arbre, la première partie de son épître n’est pas sans application morale (2.10), ni la seconde sans principes de doctrine (4.24). De plus, nous l’avons déjà fait remarquer, il s’est moins proposé d’exposer la doctrine du salut dans sa première partie, que de glorifier la grâce toute gratuite et toute puissante par laquelle nous avons été sauvés ; et l’on entrerait mieux dans l’esprit qui a présidé à l’arrangement de son épître en disant, avec Harless, « qu’après avoir rappelé à ses lecteurs ce que l’Évangile leur a donné, il leur montre ce que ce même Évangile demanded’eux ; » ou, avec Théodoret, « qu’après leur avoir déployé les richesses de la bienfaisance divine, il les excite à accomplir les devoirs de la vertu chrétienne. » On pourrait intituler la première partie : Action de grâces, et la seconde Exhortation. Cet ordre, admirablement expliqué dans Tite 2.11-12, se retrouve assez généralement dans les écrits de notre Apôtre, et il n’y est nulle part plus marqué que dans l’épître aux Éphésiens, où l’on ne peut méconnaître, en passant du chapitre 3 au chapitre 4, un changement de ton et de sujet. Néanmoins, comme ce changement se fait sans interruption ni secousse, que la seconde partie se lie à la première, comme les subdivisions de l’une et de l’autre se lient entre elles, et que l’Apôtre n’a probablement jamais songé à cette division, nous avons cru mieux faire de nous en abstenir et de ne voir dans l’épître entière que le développement d’une seule matière, dont les diverses parties s’engendrent mutuellement, et qui, prenant son origine dans les hauteurs célestes de l’élection et de la prédestination, descend par degrés jusqu’aux humbles détails de la vie domestique. Pourquoi rompre le cours de cette unité si belle et en même temps si instructive ?
Au reste, voici l’ordre que l’Apôtre a suivi dans les trois derniers chapitres. Nous y trouverons d’abord l’unité fraternelle, qui doit régner dans l’Église chrétienne (4.1-16) ; puis la vie nouvelle, à laquelle sont appelés les Gentils qui ont cru (4.17 à 5.20) ; après cela, les préceptes particuliers de la vie domestique (5.21 à 6.9) ; enfin les moyens de grâce, par lesquels le chrétien peut se maintenir dans la foi et dans l’obéissance (6.10-20). Suit la conclusion de l’épître (6.21-fin).