En examinant l’histoire de la rédemption, nous avons montré comment cette œuvre s’est poursuivie pendant les deux premières des trois grandes périodes dans lesquelles nous avons divisé ce grand espace de temps, savoir : de la chute à l’incarnation de Christ, et de là à la fin de l’humiliation de Christ. Dans la première de ces périodes, nous avons surtout expliqué comment Dieu prépara la voie pour l’apparition de Christ et pour l’accomplissement de l’œuvre de rédemption ; et dans la seconde période, nous avons vu comment ce rachat fut fait et accompli. Je voudrais maintenant tirer quelque instruction de ce qui a été dit sur ces deux sujets, considérés conjointement.
Tout cela est un reproche continuel pour les incrédules, pour ceux qui sont encore dans leur propre justice et pour tous ceux qui négligent le salut qui est en Christ.
Combien toutes ces choses accusent tous ceux qui ne croient pas en notre Seigneur Jésus-Christ et qui le rejettent ! tous ceux qui ne le reçoivent pas de cœur. On peut le recevoir extérieurement, on peut souhaiter quelques-uns des avantages qu’il a acquis, sans pourtant le recevoir dans son cœur. Il est possible qu’ils ne fassent rien de cœur pour Christ, qu’ils n’aient pour Lui ni estime, ni respect sincère ; il est possible qu’ils ne lui aient jamais ouvert la porte de leur cœur, mais qu’ils l’aient tenu fermé tous les jours de leur vie depuis que son salut leur a été offert. Bien que leurs cœurs aient toujours et en tout temps été ouverts à d’autres, Christ a continuellement été repoussé, et ils ont été sourds à tous ses appels. Ils n’ont jamais senti la moindre inclination à le recevoir, ils n’ont jamais eu de confiance en Lui.
Permettez-moi maintenant de vous inviter à réfléchir au grand péché que vous commettez en rejetant ainsi Jésus-Christ. Vous méprisez le grand personnage dont la venue a été préparée de Dieu, depuis la fondation du monde, par une suite de dispensations providentielles admirables, et qu’après tous ces préparatifs il a envoyé dans le monde, accomplissant une chose jusqu’alors inouïe, l’union de la nature divine et de la nature humaine dans une personne. Vous vous êtes rendus coupables de mépris envers ce grand Sauveur qui, après cette préparation, accomplit en effet ce rachat, et qui, après avoir passé trente-trois ou trente-quatre ans dans la pauvreté, le travail et le mépris, occupé à acquérir la rédemption, finit le rachat en terminant sa vie au milieu de grandes souffrances, et qui ainsi par sa mort, et en restant pour quelque temps sous le pouvoir de la mort, acheva de tout accomplir. Tel est le Sauveur que vous rejetez et que vous méprisez. Vous faites peu de cas de la gloire de sa personne et de tout l’amour de Dieu en l’envoyant dans le monde, et de tout son amour admirable qui s’est manifesté dans l’ensemble de cette œuvre. Vous rejetez cette pierre précieuse que Dieu avait établie, par ces œuvres admirables, pour être une fondation en Sion.
Les pécheurs sont quelquefois disposés à s’étonner qu’on considère l’incrédulité comme un si grand péché ; mais si vous réfléchissez à ce qui vient d’être dit, comment pouvez-vous vous étonner encore ? Si ce Sauveur est si grand, son œuvre si grande, si de si grandes choses ont été faites en vue d’elle, en vérité il n’est pas surprenant que, pour Dieu, la réjection de ce Sauveur soit un si grand crime. Cela est un plus grand crime que les péchés des pires d’entre les païens qui n’ont jamais entendu parler de ces choses, et à qui ce Sauveur n’a jamais été offert.
Ce qui a été dit offre l’occasion de faire un grand reproche à ceux qui, au lieu de croire en Christ, se confient en eux-mêmes pour obtenir le salut. N’est-ce pas une chose très ordinaire, parmi les hommes, de prendre sur eux-mêmes d’accomplir cette grande œuvre que Christ est venu accomplir dans le monde ? de mettre leur confiance dans leurs prières, dans les peines qu’ils se donnent pour les choses religieuses, la réformation de leur vie, le renoncement à eux-mêmes, et de les recommander à Dieu comme une espèce d’expiation pour leurs péchés ? Que ceux-là considèrent trois choses :
1° Quelle grande entreprise que celle dont vous vous chargez quand vous vous mettez à la place du Sauveur ! Vous vous confiez en vos œuvres, afin d’apaiser Dieu au sujet de vos péchés et de disposer son cœur en votre faveur. Bien que vous soyez pauvres, indignes, vils et souillés, vous entreprenez d’accomplir vous-mêmes cette grande œuvre, pour laquelle le Fils unique de Dieu se fit homme, et dans laquelle Dieu a été engagé pendant quatre mille ans, préparant, par les divines dispensations de sa Providence, la venue de Christ qui devait l’accomplir. Voilà l’œuvre que, dans votre folie, vous supposez ne pas être au-dessus de vos forces, comme si vos prières et vos observances étaient suffisantes pour atteindre ce but. Considérez combien est vaine cette idée que vous avez de vous-mêmes. Combien grande cette arrogance doit paraître aux yeux de Christ, à qui cette œuvre coûte si cher. Il ne peut atteindre le but, lui personnage si grand et si glorieux, qu’en traversant une mer de sang et en passant au milieu de la fournaise de la colère de Dieu. Combien vaine doit paraître votre arrogance à Dieu, quand il voit que vous vous imaginez pouvoir suffire pour cette œuvre, et que vous supposez vos observances, indignes et souillées, assez bonnes pour accomplir l’œuvre de son Fils, qu’il a été employé lui-même à préparer pendant tant de siècles, en ordonnant dans ce but toutes les affaires du monde !
2° Si vous avez raison de vous confier, comme vous le faites, dans votre propre justice, alors tout ce que Christ a fait pour acquérir le salut, et tout ce que Dieu a fait depuis la fondation du monde pour préparer la voie, est inutile. Votre propre justice impute à Dieu la plus grande folie, puisqu’il aurait fait inutilement toutes ces choses, pour obtenir un résultat que vous seuls, au moyen de vos pauvres prières souillées et du peu de soins que vous apportez aux choses religieuses, vous êtes parfaitement en état d’obtenir ; car, si vous pouviez apaiser la colère de Dieu et vous recommander à Lui de cette manière-là, alors vous n’avez nul besoin de Christ. « Si la justice est par la loi, Christ est donc mort inutilement (Galates 2.21). »
Si vous pouvez obtenir ces choses par vos prières et vos bonnes œuvres, Christ aurait pu se dispenser de se donner tant de peine, il aurait pu épargner son sang, il aurait pu rentrer dans le sein du Père, sans venir dans ce monde méchant pour être méprisé, insulté et persécuté jusqu’à la mort. Dieu n’aurait pas eu besoin d’opérer tant de changements dans l’état du monde pendant quatre mille ans, pour accomplir ce que vous pouviez faire vous-mêmes en quelques jours au moyen de quelques cérémonies religieuses. Quelle plus grande folie auriez-vous pu imputer à Dieu que de prétendre qu’il aurait fait toutes ces choses inutilement, puisque, au lieu de faire tout cela, il aurait pu vous appeler et vous charger de ce qui vous semble si facile à faire. Hélas ! quel n’est pas l’aveuglement de l’homme naturel ! et surtout combien vaines sont les idées qu’il se fait de lui-même ! comme il ignore sa petitesse et sa souillure ! quelles grandes choses il prétend pouvoir faire !
3° Vous qui vous confiez en votre propre justice, vous vous attribuez l’honneur des plus grandes choses que Dieu ait jamais faites. Non content de vous croire en état d’accomplir des œuvres divines, vous êtes assez orgueilleux et assez vains pour vous attribuer les plus grandes œuvres que Dieu lui-même ait jamais faites. Vous voyez par ce qui a été dit combien Dieu a subordonné toutes ses autres œuvres à celle de la rédemption. Les œuvres de la Providence sont plus grandes que celles de la création, et toutes les œuvres de sa Providence, depuis le commencement des générations humaines, ont eu pour but de préparer la voie à la rédemption. Il vous est plus difficile d’accomplir votre rédemption qu’il ne le serait pour vous de créer un monde. Quelle figure vous feriez si vous entrepreniez sérieusement de créer un monde, ou si, vous drapant dans votre majesté, vous prétendiez prononcer une parole puissante, tirer un monde du néant, et vous écrier : « Que la lumière soit, qu’il y ait une étendue, etc » Mais réfléchissez donc qu’en essayant d’accomplir votre rédemption vous entreprenez une plus grande chose, et que vous êtes sérieux en le faisant, et qu’on ne peut vous dissuader de cette entreprise. Vous faites des efforts, vous êtes plein de la pensée que vous êtes suffisants pour cette œuvre, et vous avez l’espérance de l’accomplir.
Vous prenez sur vous d’accomplir la partie même la plus difficile de cette œuvre ; savoir, le rachat. Christ put accomplir d’autres parties de cette œuvre sans qu’il lui en coûtât rien ; mais cette partie-là lui coûta la vie, et des peines et des douleurs sans nombre. Et c’est pourtant là la portion que des hommes, dans leur propre justice, se proposent d’accomplir pour eux-mêmes. Si tous les anges du ciel avaient été suffisants pour cette œuvre, Dieu aurait-il fait tout ce qu’il a fait pour la réaliser ? Et aurait-il jamais envoyé dans le monde son propre Fils, le Créateur des anges, pour faire et souffrir ce qu’il a fait et souffert ?
Les personnes, dans leur propre justice, prennent sur elles-mêmes précisément cette œuvre que Christ accomplit quand il fut dans l’agonie, qu’il sua du sang quand il mourut sur la croix ; ce qui est le plus grand événement dont les anges aient jamais été témoins. Grande comme elle l’est, ils s’imaginent pouvoir faire cette œuvre que Christ accomplit ainsi. Dans le fait, leur propre justice déclare que le sacrifice que Christ fit de lui-même au milieu de ces souffrances fut le plus grand acte de folie dont les anges et les hommes aient jamais été témoins, au lieu d’être la plus magnifique manifestation de la sagesse et de la grâce divines. Oui, d’après la propre justice, tout ce que Christ a fait pendant le cours de sa vie, tout ce qu’il a dit et souffert, son incarnation même, non seulement cela, mais tout ce que Dieu a accompli par les grandes dispensations de sa Providence, depuis le commencement du monde, ne serait qu’une scène de la plus grande et de la plus extrême folie.
Y a-t-il rien d’étonnant donc qu’il soit parlé dans les Écritures de l’esprit de propre justice comme de la chose la plus fatale à l’âme de l’homme ? Est-il surprenant que les Écritures nous représentent Christ si irrité contre les pharisiens et d’autres qui se confiaient en eux-mêmes, se croyaient justes, s’enorgueillissaient de leur bonté et pensaient que leurs cérémonies avaient une valeur suffisante pour leur assurer la faveur et l’amour de Dieu.
Qu’on se tienne donc en garde contre un esprit de propre justice. Vous qui cherchez le salut et qui vous occupez de choses religieuses, prenez bien garde de ne pas mettre votre confiance dans ce que vous faites. Ne nourrissez pas des pensées comme celle-ci : que Dieu maintenant, voyant combien vous êtes réformé, combien vous êtes parfois ému, sera réconcilié avec vous et ne sera pas si irrité pour vos péchés passés ; que vous obtiendrez quelque chose de Lui par ce moyen, et que vous disposerez son cœur à la miséricorde avec vous ; ou qu’au moins Dieu devrait accepter ce que vous faites, pour être, dans une certaine mesure, disposé à vous pardonner et à vous faire miséricorde. Si vous pensez que Dieu est obligé de le faire et qu’il n’est pas juste en refusant d’avoir égard à vos prières et à votre travail ; si vous contestez avec Dieu, vous plaignant de ce qu’il ne le fait pas, tout cela montre l’idée que vous avez de votre propre justice ; que vous la tenez pour une rançon suffisante pour votre salut, et que Dieu devrait l’accepter à ce titre. De telles plaintes contre Dieu, de telles contestations, parce qu’il n’a pas égard à votre propre justice, montrent clairement que vous êtes coupables d’arrogance au point de penser que vous êtes en état d’acheter votre salut.
Ce qui a été dit sur ce sujet est un motif de reproche pour ceux qui ne font pas de cas du salut qui est en Jésus-Christ. Ceux-ci mènent une vie sans but ; ils négligent la religion et les intérêts de leur âme, ne s’inquiétant nullement de Christ, ni de ce qu’il a fait et souffert, ni d’avoir part à ce salut glorieux qu’il a acquis ; ils ont la tête pleine des affaires de ce monde, ou bien ils sont absorbés par les plaisirs de la jeunesse ; ils font peu de cas de ce qu’ils entendent dire du salut qui est en Christ, et, pour le moment, ils n’y prêtent pas la moindre attention. Permettez-moi de vous adresser ici quelques questions.
1° Tant de prophètes, de rois, de fidèles se sont tellement occupés de la pensée de cette acquisition du salut qui devait avoir lieu tant de siècles après leur mort, et vous la négligeriez maintenant qu’elle est accomplie ? Vous avez appris quel grand cas l’Église de tous les siècles a fait de la rédemption à venir de Christ, avec quelle joie ils l’ont attendue, comment ils en ont parlé, comment ils ont étudié et sondé ces choses, comment ils ont chanté des cantiques de réjouissance et combien leur cœur s’y est intéressé, bien qu’ils n’attendissent pas que ce fût accompli avant plusieurs siècles après leur mort (1 Pierre 1.10-12). Que de fois Esaïe, Daniel et d’autres prophètes ont parlé de la rédemption ! Combien leur cœur s’en est préoccupé et combien leur attention et leur étude se sont concentrées sur ce sujet ! Comme l’esprit de David était absorbé par ce sujet ! Il déclara que c’était tout son salut et tout son désir (2 Samuel 23.5). Comme il employa sa voix et sa harpe pour le célébrer, ainsi que le magnifique déploiement de la grâce divine dont il fut la manifestation ! Et tout cela, bien qu’ils ne contemplassent pas cette œuvre comme accomplie, mais qu’ils vissent qu’elle ne le serait que longtemps après eux. Et avant cela, comme Abraham et les autres patriarches se réjouissent à la pensée de la journée de Christ et de la rédemption qu’il devait accomplir ! Les fidèles, même avant le déluge, se réjouirent et se fortifièrent dans l’attente de cet événement glorieux, bien qu’il ne leur apparut que dans un avenir très lointain, et qu’il leur fût révélé à peine et d’une manière si obscure.
Or, ces choses vous sont annoncées à vous comme actuellement réalisées. L’Église a vu maintenant l’accomplissement de ces grandes choses qu’ils avaient prophétisées avec tant de joie, et on vous montre suffisamment comment ces choses se sont accomplies : « Car, en vérité, je vous dis que plusieurs prophètes et plusieurs justes ont désiré de voir les choses que vous voyez, et ils ne les ont point vues ; et d’ouïr les choses que vous entendez, et ils ne les ont point ouïes (Matthieu 13.17). » Et pourtant quand on vous montre clairement toutes ces choses qui ont déjà eu leur accomplissement, quel peu de cas vous en faites ! Combien peu tout cela vous intéresse ! Préoccupé d’autres choses, vous ne leur prêtez pas la moindre attention. En vérité, votre péché est excessivement grave aux yeux de Dieu. Dieu vous a placés dans des circonstances très favorables pour votre salut, infiniment plus favorables que celles dans lesquelles se trouvaient les fidèles des anciens temps. Il vous a placés sous une dispensation plus glorieuse ; il vous a donné une révélation plus claire de Christ et de son salut, et pourtant vous négligez tous ces avantages, vous continuez votre vie insouciante comme si rien n’avait été fait, comme si vous n’aviez reçu ni ces propositions ni ces offres.
2° Les anges se seront tellement occupés de ce salut par Christ depuis la chute de l’homme, bien qu’il ne les touchât pas directement, et vous, qui en avez besoin et à qui il est offert, en ferez-vous si peu de cas ? Vous avez appris comment, dès le commencement, les anges furent soumis à Christ comme Médiateur, et comment ils ont été des esprits administrateurs dans cette œuvre. Dans toutes les grandes dispensations dont vous avez entendu parler depuis le commencement du monde, ils ont été actifs et comme des flammes de feu, ils ont été très prompts à s’employer comme serviteurs de Christ pour l’accomplissement de cette grande œuvre de la rédemption de l’homme. Et quand Christ vint, comme ils s’occupèrent de cet événement ! Ils allèrent trouver Zacharie, pour lui annoncer la venue du précurseur de Christ. Ils apparurent à la vierge Marie, pour la prévenir de la naissance prochaine de Christ. Ils allèrent trouver Joseph, pour le prévenir des dangers qui menaçaient le Sauveur nouvellement né, et pour lui indiquer les moyens d’y échapper. Et comme ils s’intéressèrent à la naissance de Christ ! La multitude entière des armées célestes chante des louanges, disant : « Gloire soit à Dieu dans les lieux très hauts, que la paix soit sur la terre et la bonne volonté dans les hommes (Luc 2.14) ! » Plus tard, de temps à autre, pendant que Christ fut sur la terre, ils le servirent aussi : au moment de la tentation, à l’occasion de son agonie dans le jardin, à sa résurrection et à son ascension. Toutes ces choses montrent qu’ils s’occupaient beaucoup de cette œuvre, et les Écritures nous disent qu’ils les étudient avec soin : « Ces choses dans lesquelles les anges désirent de regarder jusqu’au fond. » Et dans l’Apocalypse, on les représente comme occupés dans les cieux à chanter les louanges de Celui qui siège sur le trône, et de l’Agneau. Or, ces anges s’occupèrent-ils tant de la rédemption et du Rédempteur, eux qui n’en ont pas besoin pour eux-mêmes, qui ne sont en rien intéressés d’une manière immédiate dans la chose, et vous à qui elle est offerte et qui en avez un si grand besoin, n’en ferez-vous pas de cas, négligerez-vous de vous en occuper ?
3° Christ a tellement travaillé et souffert pour procurer ce salut, et vous ne vous donnez pas la peine de vous en enquérir ! Christ s’est intéressé à notre salut au point de se faire homme et de souffrir la mort pour l’acquérir, et vous qui avez besoin de ce salut, qui, sans lui, êtes condamnés à périr éternellement, ne prendrez-vous pas la peine de Vous en occuper maintenant que tout est prêt ?
4° Le grand Dieu des cieux aura attaché assez d’importance à cette œuvre pour bouleverser plusieurs fois le monde, afin de la préparer ; et lorsqu’elle est accomplie il ne vaut pas la peine de s’en enquérir ? Quelles choses grandes et admirables n’a-t-il pas faites ! Il a renversé et établi des rois, suscité plusieurs peuples, mis à part un peuple particulier, renversé des nations et des royaumes, il a changé souvent la face du monde ; pendant cinquante siècles il n’a cessé d’amener révolution après révolution, dans le but de tout préparer pour ce salut. Et maintenant, au temps marqué, le grand Sauveur est venu subir une longue suite de souffrances et d’injures, s’exposer à toute la colère de Dieu contre les péchés des hommes, au point que son âme en a été accablée. Après que toutes ces choses ont été faites pour le salut des pécheurs, ne regarderez-vous pas ce sujet comme assez important pour ne pas le négliger complètement, et ferez-vous encore passer avant Lui vos intérêts terrestres, votre luxe, vos plaisirs de jeunesse, et d’autres choses tout aussi futiles ?
O vous qui négligez ce salut, si vous pouviez réfléchir à ce que vous faites ! Ce qui a été dit à ce sujet doit vous montrer combien l’Apôtre a raison de s’écrier : « Comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut (Hébreux 2.3) ? » « Voyez, contempteurs, et vous en étonnez, et soyez dissipés ; car je vais faire une œuvre en votre temps, une œuvre que vous ne croirez point, si quelqu’un vous la raconte (Actes 13.41). » Dieu vous considère comme de grands ennemis de la croix de Christ, comme les adversaires qui méprisent la gloire de cette grande œuvre. Et si Dieu a fait tant de cas du salut qu’il a détruit plusieurs nations pour préparer la gloire de son Fils qui devait éclater dans cette œuvre, combien peu de cas fera-t-il de la vie et des âmes de dix millions d’adversaires et de contempteurs comme vous, qui persévèrent dans leur impénitence, si votre bonheur est contraire à cette gloire ? Il est certain que vous serez mis en pièces comme le vaisseau d’un potier, et foulés aux pieds comme la boue des rues. Par suite de son admirable patience, Dieu peut supporter pendant quelque temps des pécheurs endurcis et négligents, mais il ne sera pas longtemps à supporter de tels contempteurs de son cher Fils et de son grand salut, dont la gloire lui tient tant à cœur, avant de les consumer entièrement sans remède et sans miséricorde.
Je terminerai en encourageant toutes les âmes travaillées et chargées à placer leur confiance en Christ pour leur salut. Quant à ceux qui ne sont ni insouciants ni négligents, mais qui font de la recherche de Christ leur principale affaire, qui sentent dans une certaine mesure le besoin qu’ils ont de Lui, et qui sont effrayés de la colère à venir, tout ce qui a été dit sur ce sujet est fait pour les encourager beaucoup à remettre au Seigneur Jésus-Christ le soin de leurs âmes. Je vous présenterai deux considérations en particulier qui doivent vous porter à le faire.
1° La plénitude du rachat qui a été accompli : vous savez que cette œuvre de rachat a été entièrement terminée pendant le temps de l’humiliation de Christ. Quand Christ ressuscita des morts, et sortit de cet abaissement auquel il s’était soumis pour notre salut, le rachat de la vie éternelle fut terminé, il n’y avait plus rien à faire. Mais les serviteurs furent envoyés avec ce message : « Voici, j’ai apprêté mon dîner ; mes taureaux et mes bêtes grasses sont tués, et tout est prêt ; venez aux noces (Matthieu 22.4). » Aussi vos péchés sont-ils grands et nombreux. Voilà, Christ a fait assez pour vous en procurer le pardon. Vous n’avez besoin d’aucune justice propre pour obtenir le pardon et la justification ; non, vous pouvez venir librement, sans argent et sans aucun prix. Puisqu’une invitation si libre et si miséricordieuse vous est adressée, venez, venez donc tous, comme vous êtes ; venez comme un pauvre criminel condamné ; venez et jetez-vous, aux pieds de Christ, comme un homme justement condamné et impuissant. Voici un salut complet accompli par Christ, qui vous est offert par son moyen. Venez donc, acceptez-le et soyez sauvés.
2° Pour Christ, rejeter un de ceux qui viennent ainsi à Lui, ce serait rendre inutile toutes ces grandes choses que Dieu a accomplies depuis la chute de l’homme jusqu’à l’incarnation. Cela rendrait également inutile tout ce que Christ a fait et souffert pendant qu’il était sur la terre ; il y a plus, l’incarnation elle-même serait rendue inutile. Toutes ces grandes choses ont été faites pour que ceux qui viendraient à Christ pussent être sauvés. Vous pouvez donc être assurés que Christ ne se refusera pas à sauver ceux qui viennent à Lui et qui se confient en Lui, car il n’a nul désir de se rendre inutile, Lui et son œuvre. Dieu le Père ne vous repoussera pas non plus, car il n’a pas le moindre désir de rendre inutile tout ce qu’il a fait pendant tant de centaines et de milliers d’années, pour préparer le salut des pécheurs par Christ. Venez donc, prêtez l’oreille à l’appel doux et sérieux que Christ adresse à votre âme. Agissez conformément à son invitation et à son commandement : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai. — Chargez mon joug sur vous, et apprenez de moi, parce que je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez le repos de vos âmes. — Car mon joug est aisé, et mon fardeau est léger (Matthieu 11.28-30). »